Hiérarchie angélique

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Jean Fouquet, « La Trinité et tous les saints », enluminure extraite des Heures d’Étienne Chevalier. Chantilly, Musée Condé.

L’expression désigne ce qui doit avant tout être considéré comme une opinion formulée, au Ve siècle de notre ère, par le Pseudo-Denys. Pour celui-ci, par analogie avec la hiérarchie observée dans l’Église, et, d’une certaine manière, pour justifier celle-ci, la foule des créatures angéliques seraient classée selon divers niveaux liés à leur rôle. Si cette systématisation de la sphère des anges, qui a été reformulée par Thomas d’Aquin, est encore enseignée dans les universités catholiques, notamment lorsqu’il s’agit d’étudier l’œuvre du Pseudo-Denys, elle a cependant connu une désaffection progressive en Occident, à partir de la fin du Moyen Âge.

Selon la logique de ce classement, la hiérarchie des anges se composerait de neuf « chœurs » répartis dans trois « degrés » en fonction de leur rôle mais également de leur proximité plus ou moins grande avec Dieu. [1]Voir Barbara BRUDEGER EICHBERG, Les neuf choeurs angéliques. Origine et évolution du thème dans l’art du Moyen Âge (Thèse de doctorat dirigée par Yves Christe et soutenue à l’Université de Genève, le 22 février 1997), Civilisation Médiévale, Année 1998, 6.

  • PREMIER DEGRÉ
    • La triade supérieure est formée d’anges qui ont le privilège de servir Dieu, de l’approcher et de le contempler. Les Séraphins, Chérubins et Trônes personnifient trois dimensions spirituelles immanentes et transcendantes suivant lesquelles se manifeste Dieu pour l’Homme :
      • les Séraphins personnifient l’amour
      • les Chérubins personnifient la raison
      • les Trônes personnifient la justice et l’autorité de Dieu
  • SECOND DEGRÉ
    • La triade intermédiaire a pour fonction de frayer un passage vers la lumière divine. Elle comprend :
      • les Puissances, qui aident l’homme dans sa progression spirituelle
      • les Vertus, qui donnent à l’homme la faculté nécessaire pour pouvoir agir
      • les Dominations, qui règlent la manière dont les directives données pourront être accomplies par les intéressés
  • TROISIÈME DEGRÉ
    • Cette triade représente Dieu dans son action au-dehors : sage gouvernement, sublimes révélations, constantes témoignages de bonté. Elle échappe à la raison humaine, seule la sainteté permet d’en percevoir les membres. Elle comprend :
      • les Principautés, qui dirigent et éclairent les anges et les archanges
      • les Archanges : ce sont les messagers extraordinaires de Dieu auprès des hommes
      • les Anges : ils sont ainsi appelés parce qu’ils sont envoyés du ciel pour annoncer certaines nouvelles aux hommes 

Dans cette organisation complexe, et pour rajouter un nouvel élément de complexité, chaque chœur est dirigé par un archange qui prend le nom de recteur d’Ordre. Certains archanges dirigent donc des ordres célestes plus élevés que le leur dans la hiérarchie …

« Au XIIIe s., la Toscane devient […] particulièrement attentive à la thématique de la hiérarchie angélique. Ainsi, la vaste mosaïque exécutée à partir de 1270 sur la coupole du baptistère San Giovanni à Florence figure dans le dernier registre les neuf chœurs d’anges – anges, archanges, principautés, puissances, vertus, dominations, trônes, chérubins et séraphins – qui convergent vers le Christ. » A Pise, « le portail central de San Michele degli Scalzi […] comprend un relief datant de 1203-1204 qui figure neuf anges en buste correspondant aux neuf chœurs, comme l’indique explicitement l’inscription [2]« ORDO ANGELORU[M] / OR[DO] POTESTATUM / OR[DO] DOMINATIONUM / OR[DO] CHERUBIN[ORUM] / OR[DO] SERAPHIN[ORUM] / OR[DO] THRONORUM / OR[DO] PRINCIPATUM / OR[DO] VIRTUTUM / OR[DO] ARCHANGELO[RUM] » Sur le portail de San Michele degli Scalzi, voir M. BACCI, « Pisa bizantina. Alle origini del culto delle icone in Toscana », Anna Rosa CALDEROLI MASETTI, Colette DUFOUR BOZZO, Gerhard WOLF … Poursuivre qui les accompagne. » [3]Bertrand COSNET, « La Foi de Nicola Pisano au Louvre une identification à reconsidérer », La Revue des musées de France. Revue du Louvre, n. 4, 2018, pp. 40-50.

« Les neuf chœurs d’anges », 1203-1204. Marbre. Pise. église de San Michele degli Scalzi.

Notes

Notes
1 Voir Barbara BRUDEGER EICHBERG, Les neuf choeurs angéliques. Origine et évolution du thème dans l’art du Moyen Âge (Thèse de doctorat dirigée par Yves Christe et soutenue à l’Université de Genève, le 22 février 1997), Civilisation Médiévale, Année 1998, 6.
2 « ORDO ANGELORU[M] / OR[DO] POTESTATUM / OR[DO] DOMINATIONUM / OR[DO] CHERUBIN[ORUM] / OR[DO] SERAPHIN[ORUM] / OR[DO] THRONORUM / OR[DO] PRINCIPATUM / OR[DO] VIRTUTUM / OR[DO] ARCHANGELO[RUM] » Sur le portail de San Michele degli Scalzi, voir M. BACCI, « Pisa bizantina. Alle origini del culto delle icone in Toscana », Anna Rosa CALDEROLI MASETTI, Colette DUFOUR BOZZO, Gerhard WOLF (dir.), Intorno al Sacro Volto. Genova, Bisanzio e il Mediterraneo (secoli X-XV), Venise, 2007, p. 63-78.
3 Bertrand COSNET, « La Foi de Nicola Pisano au Louvre une identification à reconsidérer », La Revue des musées de France. Revue du Louvre, n. 4, 2018, pp. 40-50.

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