Sources écrites de l’épisode de la Nativité

Parmi les Évangélistes, seul Luc développe un récit quelque peu circonstancié de la naissance de Jésus. Matthieu ne fait que mentionner l’événement, rien de plus. Les deux textes présentent une seconde différence notable : Luc met en avant, dans son récit, la présence des bergers qui, par l’entremise des anges, ont reçu les premiers l’annonce de l’événement (voir Adoration des bergers).

  • Luc (Lc 2, 1-7)

En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre.[…] Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine. Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.

  • Matthieu (Mt 2, 1) :

Quand Jésus fut né à Bethléem de Judée, aux jours du roi Hérode […].

  • Reprenant le Protévangile de Jacques (IIe siècle), l’Évangile du « Pseudo-Matthieu »  (chapitre 13) précise :

L’ange fit arrêter la monture et invita Marie à descendre de la bête et à entrer dans une grotte où régnait une obscurité complète, car elle était totalement privée de la lumière du jour. Mais, à l’entrée de Marie, toute la grotte se mit à briller d’une grande clarté […]. Et cette lumière ne s’éteignit ni le jour ni la nuit, aussi longtemps que Marie y accoucha d’un fils, que des anges entourèrent pendant sa naissance, et qu’aussitôt né et debout sur ses pieds ils adorèrent en disant : “Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté.”

Deux jours après la naissance du Seigneur, Marie quitta la grotte, entra dans une étable et déposa l’enfant dans une crèche, et le boeuf et l’âne, fléchissant les genoux, adorèrent celui-ci. Alors furent accomplies les paroles du prophète Isaïe disant : “Le boeuf a connu son propriétaire, et l’âne, la crèche de son maître” et ces animaux, tout en l’entourant, l’adoraient sans cesse. Alors furent accomplies les paroles du prophète Habacuc disant : “Tu te manifesteras au milieu de deux animaux.”

  • Comme à son habitude, Jacques de Voragine (La Légende dorée) développe une narration qui n’omet aucun détail :

La nativité de Notre-Seigneur J.-C. selon la chair arriva, au dire de quelques-uns, 5228 ans accomplis depuis Adam […]. Or, quand le fils de Dieu a pris chair, l’univers jouissait d’une paix si profonde que l’empereur des Romains était le seul maître du aronde. Son premier nom fut Octave ; on le surnomma César de Jules César dont il était le neveu. II fut encore appelé Auguste parce qu’il augmenta la république, et empereur de la dignité dont il fut honoré. C’est le premier des rois qui porta ce titre. […]. Or, César-Auguste, qui gouvernait l’univers, voulut savoir combien de provinces, de villes, de forteresses, de bourgades, combien d’hommes renfermait son empire ; il ordonna, en outre, ainsi qu’il est dit dans l’Histoire scholastique que tous les hommes iraient à la ville d’où ils étaient originaires, et que chacun, en donnant un denier d’argent au président de la province, se reconnaîtrait sujet de l’empire romain. (Le denier valait dix sols ordinaires, ce qui l’a fait appeler denier). En effet, la monnaie portait l’effigie et le nom de César. On déclarait aussi sa profession : on faisait le dénombrement, mais pour diverses considérations. On déclarait donc sa profession, parce que chacun ‘en rendant, comme on disait, la capitation, c’est-à-dire un denier, le plaçait sur sa tête et professait de sa propre bouche qu’il était le sujet de l’empire, romain ; d’où vient le mot de profession, professer de sa propre bouche ; et cela avait lieu en présence de tout le peuple. On faisait le dénombrement, parce que le nombre de ceux qui portaient la capitation était désigné sous un chiffre particulier et inscrit sur les registres. […]

[…] Or, Joseph étant de la race de David, partit de Nazareth à Bethléem, et comme le temps des couches de la bienheureuse Marie était proche, et qu’il ignorait l’époque de son retour, il la prit et la mena avec lui à Bethléem, ne voulant pas remettre entre les mains d’un étranger le trésor que Dieu lui avait confié, jaloux qu’il était de s’en charger lui-même avec une sollicitude de tous les instants. Comme il approchait de Bethléem (ainsi l’attestent frère Barthélemi dans sa compilation et le récit du Livre de l’Enfance), la bienheureuse Vierge vit une partie du peuple dans la joie et une autre dans les gémissements : ce qu’un ange lui expliqua ainsi : « La partie du peuple qui est dans la joie, c’est le peuple gentil qui recevra bénédiction éternelle par le sang d’Abraham; et la partie qui est dans les gémissements, c’est le peuple juif réprouvé de Dieu, comme il l’a mérité. » Arrivés à Bethléem, parce qu’ils étaient pauvres, et parce que tous les autres venus pour le même motif occupaient les hôtelleries, ils ne trouvèrent aucun logement ; ils se mirent donc sous un passage public, qui se trouvait […] entre deux maisons, ayant toiture, espèce de bazar sous lequel se réunissaient les citoyens soit pour converser, soit pour se voir, les jours de loisir, ou quand il faisait mauvais temps. Il se trouvait que Joseph y avait fait une crèche pour un boeuf et un âne, ou bien, d’après quelques auteurs, quand les gens de la campagne venaient au marché, c’était là qu’ils attachaient leurs bestiaux, et pour, cette raison, on y avait établi une crèche. Au milieu donc de la nuit du jour du Seigneur, la bienheureuse vierge enfanta son fils et le coucha dans la crèche sur du foin ; et ce foin […] fut dans la suite apporté à Rome par sainte Hélène. Le bœuf et l’âne n’avaient pas voulu le manger.