Nativité

Lorsqu’il est employé hors de tout contexte, et orthographié avec une majuscule, le mot « Nativité » (lat. : nativitas : naissance) désigne nécessairement la naissance de Jésus. Dans la Bible, il n’est utilisé que pour désigner, outre celle de Jésus, la venue au monde de Marie ainsi que celle de Jean l’Évangéliste. Pour tous les autres, c’est le vocable « naissance », et non celui de « Nativité » qu’il convient d’utiliser.

I. Sources écrites de l’épisode

Voir lien ci-dessus.

Duccio di Buoninsegna, “Nativité et Adoration des bergers” (Compartiment de l’une des deux prédelles de la « Maestà »). Washington, National Gallery of Art, Andrew W. Mellon Collection
II. Iconographie de la Nativité

« On sait que l’iconographie de la Nativité connaît entre le XIVe et le XVe siècle une évolution significative : on passe de la représentation dite ’byzantine’ dans laquelle la Vierge est couchée, l’Enfant étendu dans la crèche, et saint Joseph au pied du lit de Marie, en général assez éloigné et un peu à l’écart, inspirée semble-t-il par les Révélations de sainte Brigitte, dans laquelle les deux parents sont agenouillés et les mains jointes, de façon presque symétrique, au-dessus de l’Enfant couché nu sur le sol. Ce type est très largement majoritaire dans la deuxième moitié du XVe siècle, il se diffuse à partir des années 1420-1430, mais on en trouve déjà quelques exemples au XIVe siècle. [1]Paul PAYAN, « Ridicule ? L’image ambiguë de saint Joseph à la fin du Moyen Âge », dans Médiévales, Année 2000, 39, pp. 96-111. »

Dans les plus anciennes représentations, Marie est allongée sur une couche de couleur rouge. A l’instar de toutes les accouchées, elle prend un peu de repos. Les détails qui se rapportent à la vie quotidienne sont très tôt multipliés dans la peinture siennoise, opérant pour une part le charme particulier qui en est l’une des caractéristiques.

Jusque tardivement, Joseph semble demeurer à l’écart et ne prendre part à la scène qu’avec réticence. Les Apocryphes ont largement contribué à créer ce type iconographique en argumentant sur le doute de Joseph quant au caractère miraculeux de la maternité de la Vierge, son épouse, doute qui perdurera jusqu’à ce qu’un ange lui rende visite. [2]Il faudra attendre la seconde visite de l’ange pour que Joseph soit rassuré sur ce point.

  • L’Enfant-Jésus

Acteur principal de la Nativité, la variété des attitudes dans lesquelles il est représenté est innombrable. L’auréole crucifère dont il peut être nimbé évoque à la fois son futur destin d’homme et son statut particulier d’Enfant divin.

  • Les sages femmes

Dans un souci de précision typique de l’art siennois, les sages femmes peuvent participer à la scène afin d’y jouer leur propre rôle. Leur présence est induite par le récit du Protévangile de Jacques : celui-ci les fait intervenir pour constater constater la virginité de Marie. L’une d’elles, Salomé, est incrédule. À cause de cela, sa main se dessèche. Mais un ange, lui commande de toucher l’Enfant, et elle guérit aussitôt.

Dès lors que les sages femmes qui lui donne son premier bain sont présentes, l’enfant Jésus peut être figuré deux fois : une première fois dans sa couche, une seconde aux mains des femmes.

  • La crèche (mangeoire)

Initialement mangeoire pour animaux dans laquelle, selon l’Évangile de Luc l’enfant Jésus est déposé après sa naissance, la crèche tend peu à peu à évoquer l’idée d’un tombeau avant que la représentation de celui-ci ne devienne parfaitement explicite au XVe siècle. A ce stade de l’évolution, le tombeau devient lui-même le symbole prémonitoire de la Passion du Christ.

  • Le lieu de l’action

La crèche doit-elle être située dans une grotte ou dans une étable ? Dans les arts visuels, il est impossible d’échapper à la description du lieu de l’action dès lors que l’enjeu de l’image est de raconter une histoire. C’est pour répondre aux besoins de la narration que l’événement est localisé. Cependant, ce lieu n’est pas mentionné dans l’Évangile de Luc qui dit sans plus de précision que la Vierge « accoucha son fils premier-né, l’enveloppa de langes et le coucha dans une crèche, parce qu’ils manquaient de place dans la salle commune » [3]Évangile de Luc (Lc 2, 7).. Fort heureusement, les Apocryphes viennent au secours des peintres en leur permettant de situer la Nativité dans l’un ou l’autre de ces lieux, tous deux mentionnés dans le Protévangile de Jacques : « Deux jours après la naissance du Seigneur, Marie quitta la grotte, entra dans une étable […] [4]Pseudo-Matthieu, chapitre 14.. » Certains peintres résolvent le dilemme de devoir choisir en figurant la scène dans un endroit qui peut être à la fois une grotte et une étable, parfois même une grotte contenant une étable (voir figure ci-dessus).

Il figure dans les œuvres conformément aux récits de Luc et du Pseudo-Matthieu (voir lien ci-dessus).

  • Le bœuf et l’âne

Selon le ‘Pseudo-Matthieu’, « […] deux jours après la naissance du Seigneur, Marie quitta la grotte, entra dans une étable et déposa l’enfant dans une crèche, et le bœuf et l’âne, fléchissant les genoux, adorèrent celui-ci. Alors furent accomplies les paroles du prophète Isaïe disant : ‘Le bœuf a connu son propriétaire, et l’âne, la crèche de son maître’ (Is 1, 3), et ces animaux, tout en l’entourant, l’adoraient sans cesse. Alors furent accomplies les paroles du prophète Habaquq disant : ‘Tu te manifesteras au milieu de deux animaux.’ (Hab 3, 2) Et Joseph et Marie, avec l’enfant demeurèrent au même endroit pendant trois jours [5]Pseudo Matthieu, Livre de la naissance de la naissance de la bienheureuse Vierge Marie et de l’enfance du Sauveur, chap. 14.. »

Les deux bêtes sont des acteurs indispensables de la scène. Leur présence est mentionnée dans les textes canoniques comme dans la littérature qui en fait l’exégèse, dans laquelle on peut lire qu’ils furent parmi les premiers à s’agenouiller devant l’enfant…

  • L’étoile

Le symbole de l’étoile présente dans la Nativité comme dans les deux scènes d’Adoration est mentionné par Isaïe, qui écrit : « le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière », évoquant la lumière que Dieu est réputé apporter à l’univers et qu’il est lui‑même. L’Apocalypse est plus explicite : « La cité n’a besoin ni du soleil ni de la lune pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’illumine, et son flambeau, c’est l’Agneau » (Ap 21, 23 ). Un peu plus loin on lit : « Moi, Jésus […], je suis le rejeton et la lignée de David, l’étoile brillante du matin » (Ap 22, 16). On retrouve ce même langage chez Luc : « C’est l’effet de la bonté profonde de notre Dieu ; grâce à elle nous a visité l’astre levant venu d’en haut, il est apparu à ceux qui se trouvent dans les ténèbres et l’ombre de la mort » (Lc 1, 78).

  • Dieu

La présence divine à l’événement de la Nativité est induite par un certain nombre de symboles qui vont de l’étoile à la colombe de l’Esprit Saint, et qui peut aussi être signifiée, comme chez Duccio (figure ci-dessus), par une portion de cercle de couleur bleue dont la plus grande partie est dissimulée hors champ.

  • Les bergers

La présence des bergers dans la scène de la Nativité est assez fréquente et ne surprend pas puisque ce sont eux qui, selon les textes de référence, ont été informés les premiers de l’événement qui vient d’avoir lieu.

III. Épisodes connexes

Notes

Notes
1 Paul PAYAN, « Ridicule ? L’image ambiguë de saint Joseph à la fin du Moyen Âge », dans Médiévales, Année 2000, 39, pp. 96-111.
2 Il faudra attendre la seconde visite de l’ange pour que Joseph soit rassuré sur ce point.
3 Évangile de Luc (Lc 2, 7).
4 Pseudo-Matthieu, chapitre 14.
5 Pseudo Matthieu, Livre de la naissance de la naissance de la bienheureuse Vierge Marie et de l’enfance du Sauveur, chap. 14.

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