Guelfe

Guelfe est le nom de l’un des deux partis qui ont divisé d’abord l’Allemagne, puis l’Italie au cours des XIIe, XIIIe et XIVe siècles. [1]Gibelin désigne le parti opposé

En général, les Guelfes étaient partisans de la domination de l’Eglise, de la suprématie du Pape sur l’Empereur du Saint-Empire romain germanique et défendaient le pouvoir temporel de l’Église. Ils soutenaient une ligne politique d’autonomie contre tout type d’intervention extérieure et présentaient l’Eglise comme gage d’indépendance face à l’Empire.

Le terme Guelfe dérive de l’une des deux familles rivales pour la succession de l’Empereur Henri V en 1125 : la famille Welf de Saxe (all. : Welfen) qui a donné Guelfe (it. : Guelfo / Guelfi). « Guelfe » est devenu le cri de ralliement de ce parti lors des confrontations entre les deux partis.

A la mort de Henri V, les « papistes » l’emportent en désignant Empereur Lothaire, neveu de Welf, opposé à Conrad Hohenstaufen, seigneur de Wiblingen, excommunié par le pape en raison de son opposition à l’Eglise. En 1138, à la mort de Lothaire, les « impériaux » prennent leur revanche en installant Conrad sur le trône. Les Hohenstaufen vont dès lors durablement occuper le poste impérial. A partir de là, la rivalité entre les deux familles s’estompe et le conflit entre papistes et impériaux se déplace en Italie pour durer plusieurs siècles.

Le parti Guelfe, soutenu par le Pape, a trouvé des représentants dans presque toutes les villes d’Italie. La querelle entre les deux partis se traduisait par une lutte entre deux ou plusieurs cités, ou au sein d’une même cité, entre deux ou plusieurs familles.

La domination d’un parti au sein d’une cité pouvait basculer facilement. Ainsi, à Milan, les Torriani, Guelfes, furent contraints de céder le pouvoir aux Visconti, Gibelins, en 1277. Pise, Gibeline, fut abandonnée par les empereurs et tomba en 1284 entre les mains des Guelfes. Rome flottait entre les deux partis et le tribun Nicolas Rienzi donna un moment le pouvoir aux Guelfes.

Principales villes guelfes : Perugia, Milano, Mantova, Bologna, Firenze, Lucca, Padova.

Principales familles guelfes : Les Geremei bolognais, les Fieschi génois, les Della Torre milanais, les Malatesta de Rimini, les Dal Sale de Ravenne, les Este ferrarais et certaines branches des Malaspina.

LE CAS DE FLORENCE

Le parti guelfe de Florence s’est lui-même divisé en deux factions à la fin du XIIIème siècle : les Blancs et les Noirs, ces derniers très proches du Pape. Une bataille rangée a eu lieu en 1300 sur la place de la Sainte-Trinité qui a vu la domination des Noirs sur les Blancs, dès lors contraints à l’exil. Ce fut le cas de Dante, Guelfe de la faction des Blancs : le poète exécrait le Pape Boniface VIII qu’il destina dans la Divine Comédie à l’enfer pour simonie, et fonda de grands espoirs (malheureusement déçus) sur l’Empereur Henri VII que l’on rencontre au paradis dantesque. Ainsi, bien que guelfe, Dante était proche de la philosophie gibeline.

LE CAS DE SIENNE

Sienne est souvent identifiée comme une cité gibeline, contrairement à Florence, cité guelfe par excellence. Sienne, depuis l’instauration de la République en 1125 à toujours soutenu la suprématie de l’Empereur sur celle du Pape. Cette période faste a culminé avec la victoire inattendue sur les florentins, en 1260 à Montaperti. La revanche des florentins n’allait pas tarder puisqu’ils défaisaient les siennois en 1269 à Colle di Val d’Elsa. Les florentins ont dès lors imposé à la République de prendre les couleurs guelfes, ce qui a mis fin à la période gibeline de la ville. C’est la raison pour laquelle les créneaux du Palais Public, construit au début du Trecento par le gouvernement guelfe des Neuf (1289-1355), sont guelfes et non gibelins.

Notes

Notes
1 Gibelin désigne le parti opposé

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