De nos jours encore, tous les Siennois connaissent la victoire de Monteaperti. Un monument en commémore la mémoire dans la campagne de Monteaperti [1]Voir : La piramide della battaglia di Monteaperti., et le Palio, courut deux fois par an à Sienne, en perpétue le mythe. Cet épisode historique vécu comme le plus glorieux de l’histoire de la République de Sienne, est relaté dans un manuscrit, La sconfitta di Monte Aperto [2]Le manuscrit est conservé à la Biblioteca Comunale degli Intronati (Sienne)., rédigé et illustré par Niccolò di Giovanni di Francesco di Ventura.
Les guerres entre Sienne et Florence étaient intermittentes depuis 1082, année du premier affrontement. L’animosité se trouvait renforcée depuis peu par le fait que Sienne avait mis au pouvoir en 1234 le Gouvernement des Vingt-Quatre de la faction des Gibelins, grands ennemis des Guelfes toscans. En mars 1260, Sienne, qui avait reçu en renfort une compagnie de cavaliers allemands, tenta de reconquérir Grosseto, Montemassi et Monteano que les Guelfes avaient poussées à se rebeller. En avril, la ligue guelfe se porta au secours de la Maremme avec une armée de 30 000 hommes et, le 18 mai, elle dressa son campement à proximité du monastère de Sainte-Pétronille, voisin de la porte nord de Sienne, la porte Camollia. La cavalerie gibeline attaqua le jour même le camp ennemi. Pris par surprise, les Florentins tentèrent de fuir dans le plus grand désordre et perdirent 1 300 hommes [3]« Non. Sept. 1260 afflicti sunt Florentini Pistorienses Lucenses Pratenses Aretini Volterani cum toto ipsorum exfortio ac alii quam plures cum militibus Urbevetanis a Senensibus inter turrim de Monte Selvole et castrum de Monte Aperto. Ubi de parte Florentinorum ultra decem milia ceciderunt, et fuerunt plus quam quindecim milia capti, fugatis ultra quatuor miliaria reliquis, tentoriis … Poursuivre. Le 20 mai, la majeure partie de l’armée guelfe leva le siège puis s’employa dans les semaines suivantes à affaiblir les alliés de Sienne. Montepulciano fut conquise en juillet et, au mois d’août, les Guelfes envoyèrent une armée de 30 000 fantassins et 3000 cavaliers à Montalcino que les Siennois assiégeaient.
Lucques, Bologne, Pistoia, Prato, San Miniato, San Gimignano, Volterra, Arezzo, Pérouse, Orvieto et Colle Val d’Elsa participaient à l’expédition aux côtés de Florence. L’armée guelfe installa son campement à proximité immédiate de Sienne. Le 2 septembre, deux ambassadeurs florentins furent envoyés pour remettre un ultimatum au Conseil des vingt-quatre qui gouvernait Sienne. Le Conseil opta pour le conflit armé et décida alors d’octroyer une double solde aux Allemands. Le puissant banquier siennois Salimbene de’ Salimbeni fournit les fonds nécessaires : 18 000 florins.
Le 3 septembre, les troupes gibelines (l’armée siennoise et l’armée allemande de l’empereur Frédéric II, représenté par son fils Manfred Ier, roi de Sicile), fortes de 18 000 soldats et 1800 cavaliers [4]Ces chiffres sont des estimations qui peuvent varier sensiblement selon les sources. menées par Provenzano Salvani (Capitaine du Peuple) et Farinata degli Uberti (condottière), sortirent de la ville. Le 4 septembre au matin, après avoir franchi la rivière Arbia, elle se disposa en ordre de bataille à côté de Montaperti, petite bourgade de la vallée située à environ huit kilomètres de Sienne. La bataille dura toute la journée et son issue fut incertaine durant plusieurs heures. Elle se conclut par la victoire de la coalition gibeline. Le campement guelfe fut pillé et 9 000 chevaux et autant de bêtes de somme furent capturés. Les drapeaux et les étendards, dont celui de Florence, furent pris. Les exilés gibelins rentrèrent à Florence le 27 septembre et Guido Novello, qui les commandait, fut nommé podestat. Tous les Florentins durent jurer fidélité à Manfred.
Il y eut 10 600 morts environ. Du côté des Florentins, 10 000 moururent et 15 000 furent faits prisonniers, parmi lesquels un grand artiste florentin, Coppo di Marcovaldo, qui influença la première génération des peintres siennois. Les pertes siennoises furent relativement légères : 600 morts et 400 blessés. Sienne annexa Montalcino, Montepulciano, Casole d’Elsa et Abbadia San Salvatore. C’est à partir de ce jour que la ville se plaça sous le patronage de la Vierge.
Le retentissement de cette bataille immédiatement entrée dans la légende devait être immense, bien que la victoire de Montaperti ait été, en quelque sorte, neutralisée neuf ans plus tard par la défaite de Colle di Val d’Elsa [5]« La bataille de Montaperti […] aboutit à la défaite militaire la plus éclatante jamais subie par les Florentins, mais n’entraîna pas de changement dans le rapport de force » (Luigi SPAGNOLO [éd.], La Sconfitta di Monte Aperto. Una cronaca e un cantare trecenteschi, Sienne, Betti, 2004). Après la bataille, « l’aristocratie et les Gibelins qui [revinrent] à … Poursuivre.
Les habitants de Florence, suivant le mauvais conseil que leur avait donné leur hôte, demandèrent de l’aide à leurs amis, parmi lesquels, les habitants de Lucca vinrent comme un seul peuple avec des cavaliers, ceux de Bologne, de Pistoia, et de Prato, et de Volterra, et de San Miniato, et de San Gimignano et Colle di Val d’Elsa qui étaient à la taille de la Commune et des Florence ; et à Florence il avait quatre-vingts cavaliers de citoyens et plus de cinq cent soldats. Et après avoir rassemblé ledit peuple à Florence, l’aubergiste partit à la fin du mois d’août, et par pompe et grandeur, ils apportèrent le carroccio et une cloche qui s’appelait Martinella dans une charrette avec un château en bois sur roues, et pour y aller presque tous les gens avec les insignes des compagnies, et pas une seule maison ou famille ne restait à Florence qui ne s’y rendît à pied ou à cheval, au moins un par maison, et de ces deux, et plus, selon la façon dont ils étaient puissants. Et lorsqu’ils se trouvèrent dans la campagne de Sienne dans le lieu ordonné sur la rivière Arbia, au lieu-dit Monte Aperti, avec Perugini et Orbitani qui y rejoignirent les Florentins, ils se trouvèrent plus de trois mile chevaliers et plus de XXX mille soldats. Dans cette préparation de l’armée florentine, les susdits maîtres du traité qui étaient à Sienne, pour qu’il puisse être pleinement approvisionné, envoyèrent également d’autres frères à Florence pour traiter de trahison avec certains grands et roturiers gibelins restés à Florence, et ils durent venir en commune à l’armée, et dès qu’ils furent rassemblés, ils durent fuir diverses parties des troupes, et revenir à leurs côtés, pour effrayer l’armée des Florentins, car il leur semblait que ils avaient peu de troupes comparées aux Florentins ; et ainsi cela fut fait. Il arriva que, puisque ladite armée se trouvait sur les collines du Monte Aperti, les sages guides âgés de l’armée et du traité attendirent que leur soit donnée la porte promise pour les traîtres à l’intérieur. Un grand populaire de Florence des portes de San Piero, qui était Gibelin et s’appelait Razzante, ayant respiré quelque chose de l’attente de l’armée florentine, avec la volonté des Gibelins du camp qui étaient perfides, fut commis son entrée à Sienne, après quoi il s’enfuit à cheval au camp pour faire connaître aux exilés de Florence comment la ville de Sienne devait être trahie, et comment les Florentins étaient bien dans la carrière, et avec beaucoup de puissance de chevaliers et de peuple et pour dites à ceux qui sont à l’intérieur qu’ils ne vont pas se battre. Et étant arrivés à Sienne, et ayant découvert ces choses auprès desdits messieurs Farinata et messer Gherardo, ils lui dirent : « Vous nous tueriez si vous répandiez ces histoires dans toute Sienne, parce que vous effrayeriez tout le monde, mais nous voulons que vous le fassiez. dites le contraire; car si maintenant que nous avons ces Allemands nous ne combattons pas, nous sommes morts et nous ne reviendrons jamais à Florence ; et pour nous, il vaudrait mieux mourir et être vaincu que d’errer à travers le monde»; et fait pour eux de se mettre dans la chance de la bataille. Le Razzante, garni de paroles, comprit et promit de le dire ; et avec une guirlande sur la tête, avec celui-ci à cheval, montrant une grande joie, il se rendit au parlement au palais où se trouvaient tous les habitants de Sienne, les Allemands et les autres amis ; et en cela, avec un visage heureux, il raconta les nombreuses nouvelles des Gibelins et des traîtres du camp, et comment l’aubergiste tenait mal, et ils étaient mal guidés, et pire en harmonie, et qu’en les attaquant franchement, ils étaient certainement vaincu. Et après avoir fait un faux rapport à Razzante, au cri du peuple, ils prirent tous les armes en disant : « Bataille, bataille ! Les Allemands voulaient une promesse de double solde, et c’est ce qui fut fait ; et leurs rangs se mirent en avant de l’assaut par ladite porte de San Vito, qui devait être donnée aux Florentins ; et les autres cavaliers et les gens sortirent ensuite. Quand ceux de l’aubergiste qui attendaient que la porte leur soit donnée virent les Allemands et les autres cavaliers et les gens quitter Sienne vers eux en vue de combattre, ils furent fortement étonnés et non sans un grand étonnement, voyant l’événement soudain et non provoqué. agression; et cela les rendit encore plus stupéfaits lorsque plusieurs des Gibelins qui étaient en campagne à cheval et à pied, voyant approcher les rangs de l’ennemi, au moment où la trahison était ordonnée, s’enfuirent de l’autre côté ; et c’étaient ceux de della Pressa, et des Abbés, et bien d’autres. C’est pourquoi les Florentins et leurs autres amis ne cessèrent de former leurs rangs et d’attendre la bataille. Et comment les rangs des Germains frappèrent désastreusement les rangs des chevaliers florentins où se trouvait l’insigne de la cavalerie de la Commune, qui était porté par Messer Jacopo del Naca de la maison des Pazzi à Florence, homme d’une grande valeur, le Le traître Messer Bocca degli Abati, qui était dans ses rangs et près de lui, s’en prit audit Messer Jacopo avec son épée et lui coupa la main avec laquelle il tenait ledit étendard, et le voilà mort à l’instant. Et cela fait, la cavalerie et le peuple, voyant l’enseigne renversée, et ainsi trahie par eux, et si fortement attaquée par les Allemands, tombèrent bientôt invaincus. Mais comme la cavalerie florentine se rendit compte pour la première fois de la trahison, il ne resta plus que ceux-là.
[6]« LXXVIII. Come i Fiorentini feciono oste per fornire Monte Alcino, e furono sconfitti dal conte Giordano e da’ Sanesi a Monte Aperti. Preso il mal consiglio per lo popolo di Firenze che l’oste si facesse, richiesono loro amistadi d’aiuto, i quali, i Lucchesi vennero per comune popolo e cavalieri, e’ Bolognesi, e’ Pistolesi, e’ Pratesi, e’ Volterrani, e’ … Poursuivre
Notes
1↑ | Voir : La piramide della battaglia di Monteaperti. |
---|---|
2↑ | Le manuscrit est conservé à la Biblioteca Comunale degli Intronati (Sienne). |
3↑ | « Non. Sept. 1260 afflicti sunt Florentini Pistorienses Lucenses Pratenses Aretini Volterani cum toto ipsorum exfortio ac alii quam plures cum militibus Urbevetanis a Senensibus inter turrim de Monte Selvole et castrum de Monte Aperto. Ubi de parte Florentinorum ultra decem milia ceciderunt, et fuerunt plus quam quindecim milia capti, fugatis ultra quatuor miliaria reliquis, tentoriis vexillis armis omnibus et omni bellico apparatu et campana, quam pro charroccio ferebant, relictis. Quo postea anno castrum Podii Bonizi cepit rehedificari, quod Florentini proditores dolo destruxerant prius. Et castrum de Monte Alcino fecerunt Senenses funditus destrui » (Le 9 septembre 1260, les Florentins, les habitants de Pistoia, Lucques, Prato, Arezzo et Volterra sont affligés de tous leurs efforts, et d’autres et plus que quelques-uns avec les soldats d’Orvieto dans le pays siennois, entre la tour de Monte Selvole et le castello de Monte Aperto. Du côté des Florentins, plus de dix mille sont tombés, et il y a eu plus de quinze mille capturés, le reste, plus de quatre mille, étant mis en fuite, laissant derrière eux leurs tentes, leurs drapeaux, et toutes leurs armes et tout leur équipement de guerre, et la cloche qu’ils portaient sur le carroccio. L’année suivante, le château de Podii Bonizi a commencé à être reconstruit, que les traîtres florentins avaient auparavant détruit par ruse. Et les Siennois ont complètement détruit le château de Monte Alcino. » Annales Senenses (1107-1479), Johann Friedrich Boehmer (éd.), MGH SS (Monumenta Germaniae Historica. Scriptores), 19 (1866), p. 230. |
4↑ | Ces chiffres sont des estimations qui peuvent varier sensiblement selon les sources. |
5↑ | « La bataille de Montaperti […] aboutit à la défaite militaire la plus éclatante jamais subie par les Florentins, mais n’entraîna pas de changement dans le rapport de force » (Luigi SPAGNOLO [éd.], La Sconfitta di Monte Aperto. Una cronaca e un cantare trecenteschi, Sienne, Betti, 2004). Après la bataille, « l’aristocratie et les Gibelins qui [revinrent] à Florence [durent], bon gré mal gré, s’entendre avec les bourgeoisie qui [tenait] les rênes de la finance, qui contrôl[ait] la production et la distribution des produits sur les marchés internationaux » (Duccio Balestracci, « Una battaglia inutile », dans Il Chianti e la battaglia di Montaperti, Poggibonsi, Centro di Studi Chiantigiani « Clante », 1992, p. 17). À la suite de l’excommunication lancée sur Sienne par Alexandre IV (1261), « cent dix familles – et [c’étaient] pour la plupart des familles de banquiers – abandonn[èrent] la ville et embrass[èrent] la foi guelfe, qui les réadmet[raient] au sein de l’Église et ipso facto les réinstall[aient] sur les marchés commerciaux et financiers d’où l’excommunication […] les a[vait] balayés » (idem, p. 18.). La mort de Manfred (1266) et de Corradino (1268) marqua la fin du gibellinisme siennois : à Colle di Val d’Elsa (1269), Florence se racheta de l’humiliation qui lui avait été infligée neuf ans plus tôt, et « la tête coupée de Provenzan Salvani hissée sur un brochet florentin […] f[it] bien comprendre qu’à Montaperti, seule une parenthèse s'[était ouverte] et refermée immédiatement » (ibid., p. 19). |
6↑ | « LXXVIII. Come i Fiorentini feciono oste per fornire Monte Alcino, e furono sconfitti dal conte Giordano e da’ Sanesi a Monte Aperti.
Preso il mal consiglio per lo popolo di Firenze che l’oste si facesse, richiesono loro amistadi d’aiuto, i quali, i Lucchesi vennero per comune popolo e cavalieri, e’ Bolognesi, e’ Pistolesi, e’ Pratesi, e’ Volterrani, e’ Saminiatesi, e San Gimignano, e Colle di Valdelsa ch’erano in taglia col Comune e popolo di Firenze; e in Firenze aveva VIIIc cavallate de’ cittadini, e più di Vc soldati. E raunata la detta gente in Firenze, si partì l’oste all’uscita d’agosto, e menarono per pompa e grandigia il carroccio, e una campana che si chiamava Martinella in su uno carro con uno castello di legname a ruote, e andarvi quasi tutto il popolo colle insegne delle compagnie, e non rimase casa né famiglia di Firenze, che non v’andasse pedone a piè o a cavallo, il meno uno per casa, e di tali due, e più, secondo ch’erano potenti. E quando si trovaro in sul contado di Siena al luogo ordinato in sul fiume d’Arbia, nel luogo detto Monte Aperti, con Perugini e Orbitani che là s’aggiunsono co’ Fiorentini, si ritrovaro più di IIIm cavalieri e più di XXXm pedoni. In questo apparecchio dell’oste de’ Fiorentini, i sopradetti maestri del trattato ch’erano in Siena, acciò che pienamente venisse fornito, anche mandarono a Firenze altri frati a trattare tradimento con certi grandi e popolani ghibellini ch’erano rimasi in Firenze, e doveano venire per comune nell’oste, che come fossono assembiati, si dovessono da più parti fuggire delle schiere, e tornare dalla loro parte, per isbigottire l’oste de’ Fiorentini, parendo a·lloro avere poca gente a comparazione de’ Fiorentini; e così fu fatto. Avenne che, essendo la detta oste in su i colli di Monte Aperti, e’ savi anziani guidatori dell’oste e del trattato attendeano che per gli traditori d’entro fosse loro data la porta promessa. Uno grande popolare di Firenze di porte San Piero, ch’era Ghibellino, e avea nome il Razzante, avendo alcuna cosa spirato dell’attendere dell’oste de’ Fiorentini, con volontà de’ Ghibellini del campo ch’erano al tradimento, gli fu commesso ch’entrasse in Siena, ond’egli si fuggì a cavallo del campo per fare assapere agli usciti di Firenze come si dovea tradire la città di Siena, e come i Fiorentini erano bene in concio, e con molta potenza di cavalieri e di popolo, e per dire a que’ d’entro che non s’avisassono a battaglia. E giunto in Siena, e scoperte queste cose a’ detti messer Farinata e messer Gherardo trattatori, sì gli dissono: «Tu ci uccideresti, se tu ispandessi queste novelle per Siena, imperciò che ogni uomo faresti impaurire, ma vogliamo che dichi il contrario; imperciò che se ora ch’avemo questi Tedeschi non si combatte, noi siamo morti, e mai non ritorneremo in Firenze; e per noi farebbe meglio la morte e d’essere isconfitti, ch’andare più tapinando per lo mondo»; e facea per loro di mettersi a la fortuna della battaglia. Il Razzante assettato da’ detti, intese e promise di così dire; e con una ghirlanda in capo, co’ detti a cavallo, mostrando grande allegrezza, venne al parlamento al palagio ov’era tutto il popolo di Siena, e’ Tedeschi, e l’altre amistadi; e in quello con lieta faccia disse le novelle larghe da parte de’ Ghibellini e traditori del campo, e come l’oste si reggea male, e erano male guidati, e peggio in concordia, e che assalendogli francamente, di certo erano sconfitti. E fatto il falso rapporto per Razzante, a grido di popolo si mossono tutti ad arme dicendo: «Battaglia, battaglia!». I Tedeschi vollono promessa di paga doppia, e così fue fatto; e loro schiera misono innanzi all’asalto per la detta porta di San Vito, che dove’ a’ Fiorentini essere data; e gli altri cavalieri e popolo usciro appresso. Quando quegli dell’oste ch’attendeano che fosse loro data la porta vidono uscire i Tedeschi e l’altra cavalleria e popolo fuori di Siena inverso loro con vista di combattere, sì·ssi maravigliarono forte e non sanza isbigottimento grande, veggendo il sùbito avenimento e assalto non proveduto; e maggiormente gli fece isbigottire che più Ghibellini ch’erano nel campo a cavallo e a piè, veggendo appressare le schiere de’ nemici, com’era ordinato il tradimento, si fuggirono da l’altra parte; e ciò furono di que’ della Pressa, e degli Abati, e più altri. E però non lasciarono i Fiorentini e l’altra loro amistade di fare loro schiere, e attendere la battaglia. E come la schiera de’ Tedeschi rovinosamente percosse la schiera de’ cavalieri de’ Fiorentini ov’era la ’nsegna della cavalleria del Comune, la quale portava messer Jacopo del Naca della casa de’ Pazzi di Firenze, uomo di grande valore, il traditore di messer Bocca degli Abati, ch’era in sua schiera e presso di lui, colla spada fedì il detto messer Jacopo e tagliogli la mano co la quale tenea la detta insegna, e ivi fu morto di presente. E ciò fatto, la cavalleria e popolo veggendo abattuta la ’nsegna, e così traditi da·lloro, e da’ Tedeschi sì forte assaliti, in poco d’ora si misono inn-isconfitta. Ma perché la cavalleria di Firenze prima s’avidono del tradimento, non ne rimasono che XXXVI uomini di nome di cavallate tra morti e presi. Ma la grande mortalità e presura fue del popolo di Firenze a piè, e di Lucchesi, e Orbitani, però che si rinchiusono nel castello di Monte Aperti, e tutti furono presi; ma più di MMD ne rimasono al campo morti, e più di MD presi pur de’ migliori del popolo di Firenze di ciascuna casa, e di Lucca, e degli altri amici che furono a la detta battaglia. E così s’adonò la rabbia dell’ingrato e superbio popolo di Firenze; e ciò fu uno martedì, a dì IIII di settembre, gli anni di Cristo MCCLX; e rimasevi il carroccio, e la campana detta Martinella, con innumerabile preda d’arnesi di Fiorentini e di loro amistade. E allora fu rotto e annullato il popolo vecchio di Firenze, ch’era durato in tante vittorie e grande signoria e stato per X anni. » Giovanni VILLANI, Nuova Cronica [1348], 7, LXXVIII, mise en ligne : https://it.m.wikisource.org/wiki/Nuova_Cronica (https://it.m.wikisource.org/wiki/Nuova_Cronica/Libro_settimo). |
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.