Évangélistes

Les « Évangélistes » sont les trois apôtres, Matthieu, Marc, Jean, et le disciple Luc, traditionnellement considérés comme les auteurs présumés des quatre évangiles canoniques. Les textes des Évangiles étant anonymes, il n’existe aucune preuve avérée que les quatre apôtres en soient historiquement les auteurs.

Dans le chapitre premier du livre d’Ézéchiel, lion, taureau, aigle et homme, tous quatre appelés à devenir chacun deux le symbole d’un évangéliste, sont réunis dans la vision de la gloire de Dieu : dans une nuée de feu, Ézéchiel voit en effet « quatre êtres vivants » portant chacun quatre ailes et présentant quatre faces, une face d’homme, une face de lion à droite, une face de taureau à gauche et une face d’aigle en arrière ; ils se déplacent ensemble avec quatre roues [1]Dès les premières lignes de sa prophétie, Ézéchiel (Ez 1, 1-14) décrit une vision : « le ciel s’ouvrit et je fus témoin de visions divines » (Ez 1, 1). « Au centre, je discernais quelque chose qui ressemblait à quatre êtres vivants » (Ez 1, 5). « Ils avaient chacun quatre faces et chacun quatre ailes […], leurs sabots étaient comme des sabots de bœuf » (Ez 1, … Poursuivre.
Dans l’Apocalypse, dont Jean est l’auteur présumé, l’image du tétramorphe réapparaît dans la vision du trône de Dieu [2]Jean relate une vision dont la parenté avec celle d’Ézéchiel est évidente : « Au milieu et autour du trône se tiennent quatre êtres vivants couverts d’yeux devant et derrière. Le premier être vivant ressemble à un lion, le deuxième à un taureau, le troisième a le visage d’un homme et le quatrième ressemble à un aigle en plein vol. Les quatre êtres vivants ont … Poursuivre.
Les quatre « Vivants » sont enfin associés aux quatre évangélistes par les Pères de l’Église dans les premiers siècles du christianisme, et ont depuis lors été considérés comme leur attribut [3]Le premier auteur à avoir mis en relation les quatre évangiles et les quatre vivants est Irénée de Lyon (Contre les hérésies [v. 180 ap. J.-C.], livre III,11,8 (édition et traduction par A. ROUSSEAU et L. DOUTRELEAU, Paris, Cerf, collection « Sources chrétiennes » n° 211, 1974, p. 160-171). Il le fait en suivant l’ordre d’Ap. 4, 7 et établit les correspondances suivantes … Poursuivre :

  • l’homme ailé [4]Homme ailé et non pas ange : les quatre « Vivants » décrits par Ézéchiel avaient « chacun quatre ailes » : ainsi, les ailes portées par l’homme ne font pas de lui un ange., symbole de l’Incarnation, accompagne Matthieu qui commence son Évangile par la généalogie du Christ [5]« Livre de la genèse de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham : Abraham engendra Isaac […] » (Mt 1, 1-2).
  • le lion, symbole de la Résurrection, désigne Marc, qui commence son texte en évoquant la voix qui crie dans le désert [6]« Commencement de l’Évangile de Jésus Christ, fils de Dieu. Selon qu’il est écrit dans Isaïe le prophète : « Voici que j’envoie mon messager en avant de toi pour préparer ta route. Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur […] » (Mc 1, 1-3).
  • le bœuf ou le taureau, animal sacrificiel symbole de la Passion, est associé à Luc dont le texte débute par le sacrifice offert par le prêtre Zacharie au Temple [7]« Il y eut aux jours d’Hérode, roi de Judée, un prêtre du nom de Zacharie, de la classe d’Abia … » (Lc 1, 5). Les quatre premiers versets constitue une dédicace à Théophile.
  • l’aigle représente Jean qui compare la Parole de Dieu à la « véritable lumière » qui a fait le monde et qu’il faut contempler ; l’aigle est le seul animal à monter haut dans le ciel et à pouvoir regarder le soleil en face [8]Tout le Prologue porte sur le Verbe : « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne … Poursuivre

Notes

Notes
1 Dès les premières lignes de sa prophétie, Ézéchiel (Ez 1, 1-14) décrit une vision : « le ciel s’ouvrit et je fus témoin de visions divines » (Ez 1, 1). « Au centre, je discernais quelque chose qui ressemblait à quatre êtres vivants » (Ez 1, 5). « Ils avaient chacun quatre faces et chacun quatre ailes […], leurs sabots étaient comme des sabots de bœuf » (Ez 1, 6-7). « Quant à la forme de leurs faces, ils avaient une face d’homme, et tous les quatre avaient une face de lion à droite, et tous les quatre avaient une face de taureau à gauche, et tous les quatre avaient une face d’aigle. » (Ez 1, 10). Il s’agit donc de quatre créatures célestes identiques qui ont leur place au pied du trône de la gloire de Dieu.
2 Jean relate une vision dont la parenté avec celle d’Ézéchiel est évidente : « Au milieu et autour du trône se tiennent quatre êtres vivants couverts d’yeux devant et derrière. Le premier être vivant ressemble à un lion, le deuxième à un taureau, le troisième a le visage d’un homme et le quatrième ressemble à un aigle en plein vol. Les quatre êtres vivants ont chacun six ailes et ils sont couverts d’yeux tout autour et à l’intérieur. Ils ne cessent de dire, jour et nuit : « Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant, celui qui était, qui est et qui vient ! »  (Ap 4, 6-8).
3 Le premier auteur à avoir mis en relation les quatre évangiles et les quatre vivants est Irénée de Lyon (Contre les hérésies [v. 180 ap. J.-C.], livre III,11,8 (édition et traduction par A. ROUSSEAU et L. DOUTRELEAU, Paris, Cerf, collection « Sources chrétiennes » n° 211, 1974, p. 160-171). Il le fait en suivant l’ordre d’Ap. 4, 7 et établit les correspondances suivantes : « semblable à un lion » caractérise selon lui la puissance, la prééminence et la royauté du Christ-Logos, c’est-à-dire l’Évangile selon Jean, qui raconte « sa génération prééminente, puissante et glorieuse » (Jn 1, 1 ; 1,3) ; « semblable à un jeune taureau » manifeste sa fonction de sacrificateur et de prêtre, c’est-à-dire l’Évangile de Luc, qui est de caractère sacerdotal puisqu’il « commence par le prêtre Zacharie offrant à Dieu le sacrifice de l’encens » (Lc 1, 9) ; « un visage comme celui d’un homme » évoque sa venue humaine, c’est-à-dire l’Évangile selon Matthieu, qui raconte sa génération humaine (Mt 1, 1 ; 1, 18) ; « semblable à un aigle qui vole » indique le don de l’Esprit volant sur l’Église, c’est-à-dire l’Évangile selon Marc « qui commence par l’Esprit prophétique survenant d’en haut sur les hommes » (Mc 1,1-2) « selon qu’il est écrit dans le prophète Isaïe ».

Ce symbolisme s’est imposé grâce à l’autorité de Jérôme de Stridon : « La première face, celle d’un homme, désigne Matthieu qui, dans son début, semble écrire l’histoire d’un homme : “Livre de la généalogie de Jésus-Christ fils de David, fils d’Abraham”. La seconde désigne Marc, qui fait entendre la voix du lion rugissant dans le désert : “Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez la voie du Seigneur, aplanissez ses sentiers.” La troisième face, celle du jeune taureau, préfigure l’évangéliste Luc qui commence son récit au prêtre de Zacharie ; la quatrième, celle de l’évangéliste Jean qui prend des ailes d’aigle pour s’élancer encore plus haut encore et traiter du Verbe de Dieu » (Saint Jérôme, Préface « Plures fuisse » du Commentaire sur saint Matthieu [398], éd. et trad. de E. BONNARD, Paris Cerf (coll. « Sources chrétiennes », n° 242) , 1977, p. 64-67). Jérôme cite Ez 1, 10 et en suit l’ordre : homme = Matthieu ; Lion = Marc ; Taureau = Luc ; aigle = Jean.

4 Homme ailé et non pas ange : les quatre « Vivants » décrits par Ézéchiel avaient « chacun quatre ailes » : ainsi, les ailes portées par l’homme ne font pas de lui un ange.
5 « Livre de la genèse de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham : Abraham engendra Isaac […] » (Mt 1, 1-2).
6 « Commencement de l’Évangile de Jésus Christ, fils de Dieu. Selon qu’il est écrit dans Isaïe le prophète : « Voici que j’envoie mon messager en avant de toi pour préparer ta route. Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur […] » (Mc 1, 1-3).
7 « Il y eut aux jours d’Hérode, roi de Judée, un prêtre du nom de Zacharie, de la classe d’Abia … » (Lc 1, 5). Les quatre premiers versets constitue une dédicace à Théophile.
8 Tout le Prologue porte sur le Verbe : « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue. Il y eut un homme envoyé de Dieu : son nom était Jean. Il vint pour servir de témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui. Il n’était pas la lumière, mais il parut pour rendre témoignage à la lumière. Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme. Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l’a point connue. Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont point reçue. Mais à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père. Jean lui a rendu témoignage, et s’est écrié: C’est celui dont j’ai dit: Celui qui vient après moi m’a précédé, car il était avant moi. Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce ; car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ. Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui l’a fait connaître » (Jn 1, 1-18).