Giovanni di Paolo, « Madonna dell’umiltà con angeli musicanti ; Cristo in pietà ; santa Lucia, san Nicola da Bari e angelo annunciante ; sant’Agostino, santa Caterina d’Alessandria e Vergine annunciata. La piccola Maestà »

Giovanni di Paolo (Sienne, documenté de 1403 à 1482)

Madonna dell’umiltà con angeli musicanti ; Cristo in pietà ; santa Lucia, san Nicola da Bari e angelo annunciante ; sant’Agostino, santa Caterina d’Alessandria e Vergine annunciata. La piccola Maestà (Vierge de l’humilité avec anges musiciens ; Christ de piété ; Lucie et Nicolas de Bari et ange annonciateur, Augustin, Catherine d’Alexandrie et Vierge de l’Annonciation. La Petite Maestà), 1445-1450. [1]Datation proposée par Pietro Torriti (TORRITI 1977, p. 314. John Pope-Hennesy considérait l’œuvre sensiblement plus tardive, et proposait 1463.

Tempera et or sur panneau, 56 x 52 cm (volets ouverts).

Provenance : Istituto di Belle Arti (1930)

Sienne, Pinacoteca Nazionale, inv. 178.

Les petites dimensions de l’œuvre comme l’extrême raffinement de son exécution indiquent qu’elle dédié à un usage dans le cadre d’une dévotion privée. Faite pour être observée de près (comme il est possible de le faire dans la salle de la Pinacothèque), elle offre à la vue un véritable déploiement des savoirs de Paolo di Giovanni, servis par une technique qui se révèle éblouissante, tant dans le traitement très élaboré des matières, en particulier des tissus, que dans l’art de graver sur l’or, mais plus encore, dans la capacité du peintre à travailler selon la technique de la miniature sans pour autant renoncer à doter chacune de ses figures d’une personnalité particulière faite, le plus souvent, de gravité et d’une réelle profondeur psychologique. Dans les volets, les deux saints évêques (Nicolas et Augustin) ont des allures, l’un (Antoine [2]Les trois boules d’or, attribut symboliques du saint, sont à peine visibles, noyées dans l’or des parements du vêtement qu’il porte.), d’un vieux sage pétri de connaissances, l’autre (Augustin), d’un ascète au regard brûlant de foi ; les deux saintes qui les accompagnent, Catherine d’Alexandrie et Lucie [3]Leurs attributs habituels, discrètement figurés, permettent de les identifier sans risque d’erreur : Catherine maintient le fragment brisé d’une énorme roue, presque entière caché par le manteau d’Augustin ; Lucie, d’une royale élégance, vêtue selon une mode typique du XVe siècle, porte un vase où l’on discerne nombre d’yeux., assument pleinement la splendeur de leur présence féminine.

Au centre, les anges musiciens parfois rieurs ne semblent pas parvenir à rassurer l’Enfant-Jésus qui s’est hissé debout sur les genoux de sa Mère. La musique de ce quatuor instrumental accompagné de chanteurs n’a pas réussi à sortir Marie de ses pensées mélancoliques : le motif en est visible dans la présence du Christ au tombeau en même temps que le mystère de l’Incarnation s’opère dans les deux gâbles latéraux. Dans ce triptyque de petite taille, où le temps est compressé, c’est l’intégralité du mystère de la Rédemption auquel assiste le spectateur, à l’instar des figures de saints qui font de même à leurs places respectives.

Envers du triptyque. Cliché réalisé alors que le triptyque était exposé dans une vitrine au centre de la salle.

Notes

Notes
1 Datation proposée par Pietro Torriti (TORRITI 1977, p. 314. John Pope-Hennesy considérait l’œuvre sensiblement plus tardive, et proposait 1463.
2 Les trois boules d’or, attribut symboliques du saint, sont à peine visibles, noyées dans l’or des parements du vêtement qu’il porte.
3 Leurs attributs habituels, discrètement figurés, permettent de les identifier sans risque d’erreur : Catherine maintient le fragment brisé d’une énorme roue, presque entière caché par le manteau d’Augustin ; Lucie, d’une royale élégance, vêtue selon une mode typique du XVe siècle, porte un vase où l’on discerne nombre d’yeux.