Le « Duomo Nuovo »

Ce nom est donné au projet d’agrandissement de la Cathédrale (Duomo) élaboré et mis en œuvre au début du XIVe siècle, avant d’être définitivement abandonné après le milieu du même siècle. Si ce projet d’agrandissement né de l’ancestrale rivalité avec Florence [1]À la même époque, Florence construisait l’immense Cathédrale de Santa Maria del Fiore. avait été mené à son terme, la Cathédrale serait devenue l’un des plus importants édifices de la chrétienté. Il en demeure aujourd’hui plusieurs traces plus ou moins visibles parmi lesquelles l’imposant « facciatone », le bas-côté droit muré (siège de l’actuel Museo dell’Opera del Duomo), la Porte de Vallepiatta, la façade latérale gauche du palais du Gouvernement et, plus discrète, l’emprise au sol des colonnes de la nef.

Porte de Vallepiatta.
Le “Facciatone” et, à gauche, le collatéral droit dont les trois premières arcades ont été murées pour y installer le Museo dell’Opera del Duomo.
Le Duomo Nuovo en quelques dates
  • 1299
    • Décision est prise de prolonger le chœur de la cathédrale sur une longueur correspondant à deux travées ; il est prévu de construire une puissante substructure permettant de compenser l’importante déclivité du terrain à cet emplacement et de supporter le poids du nouvel édifice. Ces travaux sont probablement conduits par Camaino di Crescentino (fils de Tino da Camaino), devenu maître d’œuvre à partir de cette date.
  • 1317
    • De nouveaux travaux d’extension à l’est, vers Vallepiatta, sont commencés dès le 1er mai avec la construction de la façade du baptistère.
  • À partir de 1331
    • De nombreux bâtiments sont achetés dans la zone urbaine située à l’avant de l’hôpital de Santa Maria della Scala, en direction de la Piazza Postierla, afin d’obtenir, après leur démolition, l’espace nécessaire à l’aménagement du nouveau bâtiment.
  • 23 août 1339
    • Le Conseil général de la Campana approuve officiellement, par 212 voix pour et 172 contre, la résolution d’agrandir la cathédrale de Sienne, dont la construction partielle dure jusqu’en 1357. En réalité, cette décision sanctionne un travail qui a déjà commencé quelques mois auparavant (le 2 février 1339, selon la narration donnée par le chroniqueur Andrea Dei), avec la pose de la première pierre de la façade de la « Nouvelle Cathédrale ». La cérémonie de bénédiction est présidée par deux prélats, Donusdeo Malavolti, évêque de Sienne, et Galgano Pagliaresi, évêque de Massa, devant tout le clergé réuni. Le projet pharaonique prévoit que l’église pré-existante devienne le transept de la nouvelle cathédrale, dont les immenses nefs doivent se développer dans l’actuelle piazza Jacopo della Quercia [2]Ce beau nom sert actuellement de cache misère à un énorme parc de stationnement automobile., anciennement dite « des Manetti » (« per planum Sancte Marie versus plateam Manettorum » [le long du plan de Sainte-Marie [3]Santa Maria Assunta : nom du Duomo de Sienne., vers la large place des Manetti]), comme le montrent deux dessins de l’agrandissement de la cathédrale conservés dans les archives de l’Opera della Metropolitana. Ces deux projets prévoient le maintien de l’église existante, devenue transept, la modification du dôme, la création d’un vaisseau comportant trois nefs sur une longueur de six travées, ainsi qu’une nouvelle abside au-delà du dôme remanié. La démolition du clocher fait également partie de ce programme. 
  • Décembre 1339 
    • La direction des travaux d’agrandissement est confiée à Lando di Pietro [4]Orfèvre d’une polyvalence exceptionnelle, Lando di Pietro s’est déjà distingué dans les travaux d’ingénierie, dans la construction de la catapulte (battifolle) de Montemassi (1328) et dans celle des murailles de Paganico (1334).. Celui-ci est rappelé de Naples où il était au service du roi Robert d’Anjou, mais il meurt peu de temps après son retour. 
  • 23 mars 1340 
    • Le sculpteur siennois Giovanni d’Agostino lui succède ; son intervention coïncide avec une accélération du chantier de construction du « Duomo Nuovo », destiné à devenir le chef-d’œuvre de l’art gothique siennois. Son travail dure jusqu’en 1348, année probable de sa mort, sans doute en raison de l’épidémie de peste. Alors que Lando di Pietro était une sorte de « surintendant » des travaux, également rémunéré par la municipalité de Sienne, Giovanni d’Agostino a été engagé comme maître d’œuvre.
  • 1348 
    • Violente épidémie de peste. Les deux tiers de la population est décimée. 
  • Après la crise de 1348
    • Le processus de construction (déjà assez avancé) subit un grave revers qui finira par conduire à l’arrêt définitif du chantier. Les raisons en sont connues : d’importants problèmes statiques non résolus ont mis en péril la stabilité du nouveau bâtiment dont le gigantisme rend plus délicates les recherches de solutions ; la situation désastreuse créée par l’épidémie de peste entraîne d’importantes difficultés à trouver la main-d’œuvre nécessaire ; vient s’ajouter le problème des matériaux de construction, qui atteignent désormais des coûts exorbitants. Agnolo di Tura del Grasso écrit : « On abandonna à Sienne le grand et noble bâtiment destiné à accroître la cathédrale, lequel avait été commencé quelques années plus tôt et on avait déjà construit la façade de l’entrée principale sur toute sa hauteur, laquelle façade arrive jusqu’à la place Manetti et donne sur la rue latérale de la via di piaza Manetti, et la moitié des colonnes avec la voûte étaient déjà faites [5]« […] s’abandonò in Siena el grande e nobile edifitio de l’acrescimento del Duomo di Siena, el quale era cominciato pochi anni inanzi ed era fatto già l’altezza de la facciata dell’entrata principale e la qual viene a piaza Manetti, che riusciva ne la strada a lato a la via di piaza Manetti, ed erano fatte già la metià de le colonne co’ la volta. » Agnolo di Tura … Poursuivre
  • Juin 1357 
    • Après l’abandon du projet de la nouvelle cathédrale, les douze gouverneurs de la République ordonnent que soient abattues les parties du bâtiment déclarées dangereuses. Seuls la grande façade (il facciatone), le mur et les colonnes du collatéral donnant au nord-est [6]Murée, cette portion du collatéral droit est devenue le siège du Museo dell’Opera del Duomo. demeurent, souvenir de l’impressionnant projet de construction définitivement abandonné. Les arcades, les fenêtres à meneaux pointus et le parement de marbre dans la partie basse restent de la nef exposée sud-ouest. Le remplissage en brique a été réalisé pour la construction du Palais Royal, aujourd’hui siège de la Préfecture.
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  • À partir de 1331
    • De nombreux bâtiments sont achetés dans la zone urbaine située à l’avant de l’hôpital de Santa Maria della Scala, en direction de la Piazza Postierla, afin d’obtenir, après leur démolition, l’espace nécessaire à l’aménagement du nouveau bâtiment.
    23 août 1339
    • Le Conseil général de la Campana approuve officiellement, par 212 voix pour et 172 contre, la résolution d’agrandir la cathédrale de Sienne, dont la construction partielle dure jusqu’en 1357. En réalité, cette décision sanctionne un travail qui a déjà commencé quelques mois auparavant (le 2 février 1339, selon la narration donnée par le chroniqueur Andrea Dei), avec la pose de la première pierre de la façade de la « Nouvelle Cathédrale ». La cérémonie de bénédiction est présidée par deux prélats, Donusdeo Malavolti, évêque de Sienne, et Galgano Pagliaresi, évêque de Massa, devant tout le clergé réuni. Le projet pharaonique prévoit que l’église pré-existante devienne le transept de la nouvelle cathédrale, dont les immenses nefs doivent se développer dans l’actuelle piazza Jacopo della Quercia [2], anciennement dite « des Manetti » (« per planum Sancte Marie versus plateam Manettorum » [le corps le long du plan de Sainte-Marie [3], vers la large place des Manetti]), comme le montrent deux dessins de l’agrandissement de la cathédrale conservés dans les archives de l’Opera della Metropolitana. Ces deux projets prévoient le maintien de l’église existante, devenue transept, la modification du dôme, la création d’un vaisseau comportant trois nefs sur une longueur de six travées, ainsi qu’une nouvelle abside au-delà du dôme remanié. La démolition du clocher fait également partie de ce programme.
    Décembre 1339
    • La direction des travaux d’agrandissement est confiée à Lando di Pietro [3]. Celui-ci est rappelé de Naples où il était au service du roi Robert d’Anjou, mais il meurt peu de temps après son retour.
    23 mars 1340
    • Le sculpteur siennois Giovanni d’Agostino lui succède ; son intervention coïncide avec une accélération du chantier de construction du « Duomo Nuovo », destiné à devenir le chef-d’œuvre de l’art gothique siennois. Son travail dure jusqu’en 1348, année probable de sa mort, sans doute en raison de l’épidémie de peste. Alors que Lando di Pietro était une sorte de « surintendant » des travaux, également rémunéré par la municipalité de Sienne, Giovanni d’Agostino a été engagé comme maître d’œuvre.
    1348
    • violente épidémie de peste. Les deux tiers de la population est décimée.
    Après la crise de 1348
    • Le processus de construction (déjà assez avancé) subit un grave revers qui finira par conduire à l’arrêt définitif du chantier. Les raisons en sont connues : d’importants problèmes statiques non résolus ont mis en péril la stabilité du nouveau bâtiment dont le gigantisme rend plus délicates les recherches de solutions ; la situation désastreuse créée par l’épidémie de peste entraîne d’importantes difficultés à trouver la main-d’œuvre nécessaire ; vient s’ajouter le problème des matériaux de construction, qui atteignent désormais des coûts exorbitants. Agnolo di Tura del Grasso écrit : « On abandonna à Sienne le grand et noble bâtiment destiné à accroître la cathédrale, lequel avait été commencé quelques années plus tôt et on avait déjà construit la façade de l’entrée principale sur toute sa hauteur, laquelle façade arrive jusqu’à la place Manetti et donne sur la rue latérale de la via di piaza Manetti, et la moitié des colonnes avec la voûte étaient déjà faites ». [5]
    Juin 1357
    • Après l’abandon du projet de la nouvelle cathédrale, les douze gouverneurs de la République ordonnent que soient abattues les parties du bâtiment déclarées dangereuses. Seuls la grande façade (il facciatone), les murs latéraux et la nef donnant au nord-est [6] demeurent, souvenir de l’impressionnant projet de construction définitivement abandonné. Les arcades, les fenêtres à meneaux pointus et le parement de marbre dans la partie basse restent de la nef exposée sud-ouest. Le remplissage en brique a été réalisé pour la construction du Palais Royal, aujourd’hui siège de la Préfecture.
  • Notes

    Notes
    1 À la même époque, Florence construisait l’immense Cathédrale de Santa Maria del Fiore.
    2 Ce beau nom sert actuellement de cache misère à un énorme parc de stationnement automobile.
    3 Santa Maria Assunta : nom du Duomo de Sienne.
    4 Orfèvre d’une polyvalence exceptionnelle, Lando di Pietro s’est déjà distingué dans les travaux d’ingénierie, dans la construction de la catapulte (battifolle) de Montemassi (1328) et dans celle des murailles de Paganico (1334).
    5 « […] s’abandonò in Siena el grande e nobile edifitio de l’acrescimento del Duomo di Siena, el quale era cominciato pochi anni inanzi ed era fatto già l’altezza de la facciata dell’entrata principale e la qual viene a piaza Manetti, che riusciva ne la strada a lato a la via di piaza Manetti, ed erano fatte già la metià de le colonne co’ la volta. » Agnolo di Tura del Grasso, Cronaca senese.
    6 Murée, cette portion du collatéral droit est devenue le siège du Museo dell’Opera del Duomo.