Michelangelo Buonarotti (Caprese, 1475 – Rome, 1564)
I santi Pietro, Paolo, Agostino, Gregorio (Les saints Pierre, Paul, Augustin, Grégoire), 1501-1504.
Marbre blanc de Carrare, h. : 124 cm (Pierre) ; 127 cm (Paul) ; 134 cm (Augustin [1]Initialement, la statut représentait saint Pie (san Pio).) ; 136 cm (Grégoire)
Provenance : In situ.
Sienne, Cathédrale de Santa Maria Assunta, Autel Piccolomini.
Le 19 juin 1501, est signé, par l’intermédiaire du banquier Jacopo Galli [2]Jacopo Galli, banquier du cardinal Riario et ami de Michel-Ange, a joué un rôle de premier plan lors des commissions confiées à l’artiste au cours de ses débuts., un contrat avec le jeune Michel-Ange, alors âgé de vingt-six ans, qui vient de remporter un immense succès (celui-ci dure encore !) avec la présentation de la très délicate et immensément célèbre Pietà vaticane. Par ce contrat, l’artiste s’engage à réaliser la totalité des sculptures – une quinzaine – devant être installées dans les niches ménagées à cet effet dans le monument de marbre blanc connu sous l’appellation de Chapelle Piccolomini. Celle-ci est demeurée inachevée après la défaillance, puis la disparition d’Andrea Bregno, son créateur, et l’abandon, sans raison connue, de Pietro Torrigiani [3]Pietro Torrigiani ou Torrigiano (Florence, 1472 – Séville [Espagne], 1528), sculpteur florentin, principalement actif à Rome (1492-1506), dans d’autres villes italiennes ainsi que dans le sud de la France. En Angleterre où il séjourna entre 1511 et 1522 (ou 1525), il réalisa dans l’abbaye de Westminster ses œuvres les plus célèbres (tombe de Margaret Beaufort et … Poursuivre après avoir réalisé le Saint François d’Assise. Michel-Ange se met rapidement au travail mais ne tarde pas à recevoir, dans le même temps, plusieurs offres prestigieuses parmi lesquelles celle du gigantesque David destiné à veiller au seuil de l’entrée du Palazzo Vecchio, à Florence. Il est probable que l’entreprise siennoise ait souffert de cette soudaine réputation acquise par le grand Florentin, qu’elle ne soit plus en mesure de satisfaire des ambitions qui le portaient désormais vers des projets d’une ambition bien supérieure [4]Michel-Ange travaille déjà au David à la même époque., et que celui-ci ait été conduit à donner la priorité aux propositions formulées par les édiles de sa ville natale plutôt qu’à celle reçue du cardinal-archevêque de Sienne, son commanditaire, en dépit du prestige personnel attaché à sa famille comme à sa fonction. En tous cas, à partir de cet instant, Michel-Ange semble travailler de manière sporadique pour le projet siennois.
En 1503, le cardinal est élu pape et meurt après un règne de vingt-six jours. Se héritiers, sur contrat en date du 11 octobre 1504, convainquent Michel-Ange de livrer les premières statues destinées à la Chapelle Piccolomini. C’est ainsi que l’autel s’enrichit des quatre figures des saints Pierre (fig. 3), Paul (fig. 4), Augustin (fig. 1) et Grégoire (fig. 2) qui s’y trouvent encore après avoir été réalisées grâce à une forte intervention de l’atelier. Malgré les demandes réitérées des Piccolomini, aucune autre sculpture provenant de l’atelier florentin ne sera livrée à Sienne. Dans les années trente du Cinquecento, le nouvel archevêque de Sienne Francesco Bandini Piccolomini finit par annuler le contrat liant Michel-Ange au projet initié près de trente ans plus tôt, libérant l’artiste des préoccupations morales et économiques liées à d’éventuelles pénalités à verser pour réparer le dommage, et au remboursement des paiements déjà reçus.
Les statues envoyées de Florence pour orner la Chapelle Piccolomini apparaissent plus modestes que la plupart des œuvres achevées précédemment par l’artiste, probablement en raison de leur localisation dans les niches aux dimensions un peu étriquées auxquelles elles étaient destinées.
Des quatre figures, celle de Paolo est sans doute la plus réussie. Le personnage enveloppé dans un ample manteau au drapé pesant, dérivé du style « mouillé » (bagnato) d’Andrea del Verrocchio, et adoptant une pose en contrapposto dans laquelle l’orientation de la tête vers la droite crée une énergie et une tension parfaitement perceptibles, à l’instar des figures sculptées par Donatello. Sa chevelure épaisse et bouclée, son visage à l’expression concentrée et ferme constituent des éléments déjà traduits dans le marbre du San Procolo de Bologne, et anticipent, bien qu’à une tout autre échelle, le David de la Piazza della Signoria.
Le saint Grégoire, à l’opposé, est la figure la plus faible de la série, sans doute en raison de l’utilisation massive de l’atelier. Le saint pape, exprimant un certain pathétisme, porte le diadème et tient à la main un grand livre qu’il semble montrer au spectateur.
Notes
1↑ | Initialement, la statut représentait saint Pie (san Pio). |
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2↑ | Jacopo Galli, banquier du cardinal Riario et ami de Michel-Ange, a joué un rôle de premier plan lors des commissions confiées à l’artiste au cours de ses débuts. |
3↑ | Pietro Torrigiani ou Torrigiano (Florence, 1472 – Séville [Espagne], 1528), sculpteur florentin, principalement actif à Rome (1492-1506), dans d’autres villes italiennes ainsi que dans le sud de la France. En Angleterre où il séjourna entre 1511 et 1522 (ou 1525), il réalisa dans l’abbaye de Westminster ses œuvres les plus célèbres (tombe de Margaret Beaufort et surtout, tombe du roi Henri VII et de son épouse Elizabeth d’York). |
4↑ | Michel-Ange travaille déjà au David à la même époque. |
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