
Baldassare Peruzzi (Ancaiano [Sovicille], 1481 – Rome, 1536)
Giudizio di Paride (Jugement de Pâris), v. 1525-1530.
Fresque,
Provenance : In situ.
Belcaro (Sienne), Château de Belcaro, voûte de l’atrium d’entrée.
La scène mythologique du Jugement de Pâris, peinte à la voûte de l’atrium du château de Belcaro, est attribuée à Baldassare Peruzzi qui l’aurait exécutée immédiatement après la fin des travaux de construction de la villa d’après ses propres dessins.
La compétition entre Héra, Athena et Aphrodite, née du désir de vengeance d’Éris, déesse de la Discorde, et que Zeus a ordonné à Pâris de trancher, s’achève au moment où celui-ci remet à Vénus la pomme d’or destinée à la plus belle des déesses de l’Olympe.
Debout face à Pâris, les trois déesses viennent d’être départagées par le berger devenu juge pour l’occasion. La présence, aux pieds de chacune d’elles de diverses figures (oiseaux, objets, enfant ailé) constitue autant d’attributs symboliques venus accompagner la narration pour l’éclairer ou la commenter. Ainsi, chaque oiseau confirme l’identité de la déesse qu’il accompagne : Héra (Junon) est accompagnée d’un paon, Pallas Athéné (Minerve) d’une chouette, alors qu’Aphrodite (Vénus) se reconnaît à l’enfant (Éros) qui s’accroche à elle. Cette dernière apparaît souriante, certaine qu’elle était, de la victoire qu’elle remporte en cet instant où Paris, assis sur un rocher, lui tend la pomme que convoitait aussi ses deux rivales.
Dans le lointain, parmi les nuées, le conseil des dieux porté sur les épaules d’Atlas, est réuni pour assister au triomphe de Vénus.
L’œuvre constitue l’un des maillons d’une longue chaîne signifiante reliant un bas-relief hellénistique du IIIe s. siècle après J-C, son dessin par Raphaël, qui a pu voir l’œuvre sur l’un des sarcophages présents, en 1510 dans le jardin d’antiques du cardinal Andrea della Valle, à Rome, la gravure qu’en a fait Marcantonio Raimondi, et au-delà, les nombreuses peintures réalisées à partir de la gravure de Marcantonio (voir, par exemple le Giudizio di Paride, œuvre d’un artiste italien anonyme). À la fin du XIXe s., le célèbre et scandaleux Déjeuner sur l’herbe d’Édouard Manet s’inspire à nouveau de la gravure pour créer une œuvre qui sera appelée à son tour, comme si le cycle ne pouvait être interrompu, à être réinterprétée à diverses reprises (et avec un succès inégal) au cours du XXe siècle. Quoi qu’il en soit, Peruzzi se distingue par son choix d’adopter une voie médiane : en ne reprenant pas intégralement les modifications et les ajouts apportés par Raphaël à son modèle antique [1]Dans la fresque de Peruzzi, hormis un groupe compact que l’on ne trouve pas dans le modèle créé par Raphaël, aucune des figures de dieux ajoutées dans le ciel par celui-ci n’est conservée, peut-être du fait des contraintes d’un format oblong qui n’aurait pas permis de peupler autant les cieux., il se montre plus fidèle à l’esprit de celui-ci en conservant l’horizontalité de la composition en frise ainsi que la gracilité des figures dont les attitudes sont d’une élégance venue tout droit de l’âge classique. Toutefois, il adopte en leur imprimant son style propre, certaines des inventions de Raphaël, telle la splendide silhouette d’une déesse fluviale qui, sur la gauche, se retourne pour converser avec ses pairs.
Le style de l’œuvre, d’une délicate élégance, doit beaucoup à la beauté des rapports chromatiques associée au raffinement des fines silhouettes aux proportions allongées qui se répartissent dans l’espace figuré. Le rapport des vides et des pleins créé par cette composition s’articule admirablement avec l’esprit des grotesques qui, en encadrant la scène, ne forme en réalité qu’un même ensemble avec elle.
Œuvres en rapport avec la fresque de Peruzzi
- Bas-relief hellénistique du IIIe s.
- Marcantonio Raimoni (d’après Raphaël), Giudizio di Paride
- Anonimo artista italiano, Giudizio di Paride
- Dessinateur français du XVIIe s. (copie d’après Raffaello Santi, dit Raphaël), Jugement de Pâris
- Edouard Manet, Le déjeuner sur l’herbe
Notes
1↑ | Dans la fresque de Peruzzi, hormis un groupe compact que l’on ne trouve pas dans le modèle créé par Raphaël, aucune des figures de dieux ajoutées dans le ciel par celui-ci n’est conservée, peut-être du fait des contraintes d’un format oblong qui n’aurait pas permis de peupler autant les cieux. |
---|
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.