
‘Maître de l’Observance’ (peintre ou groupe de peintres actif durant le second quart du XVe siècle, auquel est attribué un corpus d’œuvres réunies en 1942 par Alberto Graziani [1]Alberto Graziani, « Il Maestro dell’Osservanza (1942) », dans Propozioni, II, 1948, pp. 75-87 (réédité dans Proporzioni. Scritti e Lettere di Alberto Graziani, a cura di T. Graziani Longhi, 2 vol., Bologne, 1993. à partir de caractéristiques stylistiques communes ou approchantes)
Saint Anthony blessed by an Old Ermit (Saint Antoine béni par un vieil ermite), v. 1432-1433. [2]« Cette œuvre, certainement datable de 1432-1433, fournit une référence solide pour la datation de la série Saint Antoine, qui devait être peinte quelques années plus tard. » Keith Christiansen, « Saint Anthony Leaving His Monastery is blessed by an Old Ermit », dans Keith Christiansen, Laurence B. Kanter, Carl Brandon Strehlke, Painting in Renaissance. Siena. … Poursuivre
Tempéra et or sur panneau, 46 x 34 cm.
Provenance : Probablement famille Aloisi-Vicoli-Caccialupi, San Severino Marche ; parvenue par héritage au comte Augusto Caccialupi Olivieri (1834-1897), Macerata, vers 1870 [3]Filippo Raffaelli, Catalogo di quadri di varie scuole pittoriche raccolti dal Sig. Conte Augusto Caccialupi in Macerata, Macerata, 1870, 6, nos. V, VI. La famille du comte Augusto Caccialupi hérita, outre les propriétés Caccialupi, également celles des familles Aloisi et Vicoli de San Severino. Les Caccialupi étaient aussi originaires de cette ville ; le comte Augusto, cependant, vivait … Poursuivre ; acquis par Robert Jenkins Nevin (1839-1906), Rome [4]Dans la préface du Catalogo della vendita della collezione del fu reverendo Dottor Roberto I. Nevin, Rettore della Chiesa Americana di S. Paolo in Roma : Maioliche, Oggetti di scavo, Mobili, Arazzi, Stoffe, Libri, Quadri del Crivelli, del Vivarini, di Neri di Bicci, di Giovani Boccati, di Taddeo Bartoli, di Sano di Pietro, ecc, ecc, Galleria Sangiorgi, Rome, 22-27 avril 1907, p. 8, … Poursuivre ; Dan Fellows Platt (1873-1938), Englewood, New Jersey, en 1906 [5]Les panneaux ont été vus dans cette collection par Frederick Mason Perkins, « Quattro tavole inedite del Sassetta », Rassegna d’Arte Senese 7 (1907), pp. 45-46. ; vendu en novembre 1943 par les sociétés fiduciaires ou fiducies (trustees) des domaines Platt à la Samuel H. Kress Foundation, New York [6]L’acte de vente de six tableaux d’Ethel Bliss Platt, en tant que fiducie de la succession de Dan Fellows Platt, à la Fondation Kress est daté du 30 novembre 1943. Une lettre de la Fondation adressée à la même date à Mme Platt confirme que l’achat est « fait avec la compréhension que [les peintures] doivent être cédées à la National Gallery of Art, Washington, … Poursuivre ; don à la National Gallery of Art en 1952.
Washington, National Gallery of Art.
Le jeune Antoine, tenant son bâton emblématique en forme de tau, apparaît à l’extérieur de bâtiments conventuels, saluant respectueusement un vieil ermite [7]Le moine âgé porte un habit identique à celui des Augustins, rappelant le fait que les Antonins suivent au quotidien la règle augustinienne. à barbe blanche et tenant un livre qui, sur le pas de la porte de l’église, lui donne la bénédiction au moment du départ. Un second moine, plus jeune et portant un habit noir, se tient légèrement en arrière. Au-delà du mur d’enceinte, on aperçoit les arcades d’un cloître. Aucun de ces détails pourtant très précis ne se rapporte au récit d’Athanase [8]Celui-ci mentionne que le saint, après avoir distribué ses biens, quitte la ville. « Il n’y avait pas encore à cette époque de véritables monastères en Égypte, mais celui qui voulait travailler à sa perfection s’y exerçait à part en se retirant à quelque distance de son village. Il y avait alors dans le village voisin un vieillard qui, dès sa jeunesse, avait embrassé la vie … Poursuivre. Ce constat ne peut s’expliquer que par la volonté, déjà manifestée dans les scènes précédentes, d’inscrire la série d’épisodes dans l’actualité du XVe s. en lui donnant une connotation contemporaine.
Le monastère ressemble beaucoup à une version actualisée de l’ermitage augustinien de San Leonardo al Lago (XIVe siècle). Il partage avec ce bâtiment [9]On peut encore voir ces bâtiments dans la campagne siennoise, quelques kilomètres à l’ouest de Sienne, et les visiter. non seulement ses caractéristiques architecturales générales, mais son agencement d’ensemble dans lequel s’articulent perpendiculairement la façade d’entrée du monastère et celle de l’église. Au départ, la ressemblance devait être encore plus grande. En effet, les lignes incisées du dessin sous-jacent, parfaitement visible sur le fronton de la façade verte [10]Tous les panneaux de la série ont été élaborés à partir d’un dessin finement gravé dans le gesso utilisé comme couche de préparation., révèlent que cette partie de la façade de l’église aurait dû être ornée d’une grande fenêtre circulaire. D’autre part, un tympan en arc de cercle apparaît au-dessus de la porte, comme à San Leonardo. On ne peut affirmer avec certitude que cette allusion directe ait été intentionnelle mais il est parfaitement conforme à l’approche de la narration propre au ‘Maître de l’Observance’ d’associer l’adoption par Antoine d’une vie ascétique à l’un des ermitages siennois les plus célèbres.
Si l’image des bâtiments de l’arrière-plan présente un aspect improvisé, la vue oblique de l’église, pour laquelle Enzo Carli [11]1957, pp. 121-122. a trouvé des parallèles dans des peintures du XIVe siècle, a été soigneusement projetée à partir d’un point de fuite situé le long du bord droit de l’image à environ les deux cinquièmes de la hauteur. Cette combinaison d’une approche à la fois rationnelle et empirique de l’espace est typique du ‘Maître de l’Observance’. Dans la Pietà du ‘Maître de l’Observance’ (Collection du Monte dei Paschi, Sienne [12]Selon Keith Christiansen (« Saint Anthony Leaving His Monastery is blessed by an Old Ermit », dans Keith Christiansen, Laurence B. Kanter, Carl Brandon Strehlke, Painting in Renaissance. Siena. Catalogue d’exposition, New-York, The Metropolitan Museum of Art, 1988, p. 113), cette œuvre, certainement datable de 1432-1433, fournit une référence solide pour la datation de la série Saint … Poursuivre), saint Sébald tient dans ses mains la maquette d’une église similaire, bien que davantage primitive.
Notes
1↑ | Alberto Graziani, « Il Maestro dell’Osservanza (1942) », dans Propozioni, II, 1948, pp. 75-87 (réédité dans Proporzioni. Scritti e Lettere di Alberto Graziani, a cura di T. Graziani Longhi, 2 vol., Bologne, 1993. |
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2↑ | « Cette œuvre, certainement datable de 1432-1433, fournit une référence solide pour la datation de la série Saint Antoine, qui devait être peinte quelques années plus tard. » Keith Christiansen, « Saint Anthony Leaving His Monastery is blessed by an Old Ermit », dans Keith Christiansen, Laurence B. Kanter, Carl Brandon Strehlke, Painting in Renaissance. Siena. Catalogue d’exposition. New-York, The Metropolitan Museum of Art, 1988, p. 113. |
3↑ | Filippo Raffaelli, Catalogo di quadri di varie scuole pittoriche raccolti dal Sig. Conte Augusto Caccialupi in Macerata, Macerata, 1870, 6, nos. V, VI. La famille du comte Augusto Caccialupi hérita, outre les propriétés Caccialupi, également celles des familles Aloisi et Vicoli de San Severino. Les Caccialupi étaient aussi originaires de cette ville ; le comte Augusto, cependant, vivait à Macerata ; voir Vittorio Spreti, Enciclopedia storico-nobiliare italiana, Milan, 1929, 2, pp. 226-229, et Aldo Adversi, Dante Cecchi, Libero Paci, Storia di Macerata, 5 vols., Macerata, 1971-1977, 2 (1972), p. 59. |
4↑ | Dans la préface du Catalogo della vendita della collezione del fu reverendo Dottor Roberto I. Nevin, Rettore della Chiesa Americana di S. Paolo in Roma : Maioliche, Oggetti di scavo, Mobili, Arazzi, Stoffe, Libri, Quadri del Crivelli, del Vivarini, di Neri di Bicci, di Giovani Boccati, di Taddeo Bartoli, di Sano di Pietro, ecc, ecc, Galleria Sangiorgi, Rome, 22-27 avril 1907, p. 8, Frederick Mason Perkins mentionne qu’un groupe de peintures provenant de la collection Caccialupi a été acquis par Nevin. Selon Giusepe Vitalini Sacconi (Pittura marchigiana. La scuola camerinese, Trieste, 1968, p. 238, n. 285), Nevin acheta tout ce qui restait de la collection, dont une partie considérable était déjà vendue avant 1870. La provenance de NGA 1952.5.20 et NGA 1952.5.21 de la collection Nevin a d’abord été indiquée par Lionello Venturi, Pitture italiane in America, Milan, 1931, n. CXXV. Les deux panneaux ont dû être vendus avant la mort de Nevin car ils ne figurent pas dans le catalogue de sa vente immobilière de 1907. |
5↑ | Les panneaux ont été vus dans cette collection par Frederick Mason Perkins, « Quattro tavole inedite del Sassetta », Rassegna d’Arte Senese 7 (1907), pp. 45-46. |
6↑ | L’acte de vente de six tableaux d’Ethel Bliss Platt, en tant que fiducie de la succession de Dan Fellows Platt, à la Fondation Kress est daté du 30 novembre 1943. Une lettre de la Fondation adressée à la même date à Mme Platt confirme que l’achat est « fait avec la compréhension que [les peintures] doivent être cédées à la National Gallery of Art, Washington, DC. » Notes 2, 3, 4 et 5 d’après « Master of the Osservanza (Sano di Pietro?), Saint Anthony Leaving His Monastery, c. 1430/1435 », https://www.nga.gov/collection/art-object-page.41631.html. Consulté le 12.07.2022. |
7↑ | Le moine âgé porte un habit identique à celui des Augustins, rappelant le fait que les Antonins suivent au quotidien la règle augustinienne. |
8↑ | Celui-ci mentionne que le saint, après avoir distribué ses biens, quitte la ville. « Il n’y avait pas encore à cette époque de véritables monastères en Égypte, mais celui qui voulait travailler à sa perfection s’y exerçait à part en se retirant à quelque distance de son village. Il y avait alors dans le village voisin un vieillard qui, dès sa jeunesse, avait embrassé la vie solitaire. Antoine alla le voir et rivalisa de vertu avec lui ; il se fixa d’abord dans un endroit qui était en face de son village, et là, s’il venait à entendre parler de quelque homme vertueux, tel qu’une industrieuse abeille, il se mettait à sa recherche, ne revenait point chez lui sans l’avoir vu et ne le quittait qu’après avoir reçu de lui, pour ainsi dire, un secours de voyage pour marcher dans le chemin de la vertu. Il demeura là dans les commencements, se fortifiant dans la résolution de ne plus retourner dans les possessions de ses pères et d’oublier ses parents. Tout son désir, toute son ardeur, tendaient à la perfection ascétique ; il travaillait de ses mains, se souvenant de cette parole de l’apôtre : « Que celui qui ne travaille pas ne mange pas. » (2Th 3, 10). Ce qu’il gagnait, il l’employait à ses besoins et au soulagement des indigents ; il priait continuellement, car il avait appris qu’on doit prier en particulier sans interruption (1Th 3, 10). Il s’appliquait tellement à la lecture des livres saints qu’il n’en laissait rien échapper ; il retenait tout ce qu’il lisait au point que sa mémoire dans la suite lui tenait lieu de livre. » Saint Athanase, Vie de saint Antoine (traduction littérale du texte grec par Charles de Rémondange), Mâcon, Imprimerie d’Émile Protat, 1874. Pour une édition récente : Athanase d’Alexandrie, Vie d’Antoine (G. J. M. Bartelink éd.), Paris, Les éditions du Cerf, 1994, pp. 369-371. |
9↑ | On peut encore voir ces bâtiments dans la campagne siennoise, quelques kilomètres à l’ouest de Sienne, et les visiter. |
10↑ | Tous les panneaux de la série ont été élaborés à partir d’un dessin finement gravé dans le gesso utilisé comme couche de préparation. |
11↑ | 1957, pp. 121-122. |
12↑ | Selon Keith Christiansen (« Saint Anthony Leaving His Monastery is blessed by an Old Ermit », dans Keith Christiansen, Laurence B. Kanter, Carl Brandon Strehlke, Painting in Renaissance. Siena. Catalogue d’exposition, New-York, The Metropolitan Museum of Art, 1988, p. 113), cette œuvre, certainement datable de 1432-1433, fournit une référence solide pour la datation de la série Saint Antoine, qui devait être peinte quelques années plus tard. |
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