
Ermitage de San Leonardo al Lago
Strada dell’Osteriaccia, 4, località Santa Colomba (Monteriggioni).
Informations :
- Tél. : +39 0577 317021
- drm-tos.eremosanleonardo@beniculturali.it
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Présentation
Le long de l’un des parcours de la via Francigena qui passe tout près de Santa Colomba, au beau milieu des forêts de chênes et de chênes verts accrochées sur les pentes de la colline de Montecagnano qui surplombe l’emplacement de l’ancien lac Verano, dans un lieu qui était et demeure un désert, s’élève l’ermitage de San Leonardo al Lago. Il s’agit du plus ancien des ermitages médiévaux [1]On peut voir dans le pays siennois un assez grand nombre d’ermitages (l’italien romitorio est synonyme d’ermitage) : Ermitage de Montesiepi (Chapelle-romitorio, XIIe s.) ; Ermitage de Camerata (Église-romitorio, XIIIe s.). Loc. Camerata di Monticiano ; Ermitage de Montespecchio (Ruines d’une église-romitorio, XIIIe s.). Loc. Murlo ; Ermitage de … Poursuivre subsistant aujourd’hui dans le pays siennois.
Les premières informations relatives à la présence d’une communauté d’ermites datent de l’année 1112. Cependant, la présence de cette communauté semble remonter à une époque plus lointaine. En 1239, l’ermitage devient propriété des Augustiniens, puis, en 1250, une bulle papale le réunit à celui, plus ancien et plus célèbre, de San Salvatore de Lecceto. La présence dans ces lieux d’importantes personnalités religieuses locales, parmi lesquelles le bienheureux Agostino Novelli, qui y passa les dernières années de sa vie et y mourut en 1309, a contribué à transformer par la suite San Leonardo en lieu de pèlerinage.
Les restes d’une enceinte fortifiée et deux tours, l’une ronde, l’autre carrée, attestent du fait qu’en 1366, l’ermitage a été fortifié pour accueillir les populations voisines de Santa Colomba en périodes de troubles. Le développement architectural du complexe monastique reflète l’adhésion des premiers ermites à un principe de construction propre aux Ordres situés dans la mouvance augustinienne : des édifices de plan rectangulaire articulés autour d’un cloître.
Le monastère connut une période de grande prospérité grâce aux donations de terres et aux offrandes des dévots, sans compter les contributions provenant des institutions publiques parmi lesquelles, en premier lieu, l’Ospedale di Santa Maria della Scala et la République de Sienne, qui promurent toutes deux son rayonnement. Au Trecento, la petite église romane primitive a été agrandie et transformée en une nouvelle structure gothique à nef unique, divisée en trois travées et comportant une abside rectangulaire.
L’ermitage en quelques dates
Fin du XIe s. | Les sources attribuent au moine Benedetto [2]On ne sait rien de ce moine sinon qu’il décida un beau jour de s’aventurer jusqu’à la forêt proche du lac pour vivre dans la solitude. l’initiative d’édifier une église « dans le lieu désert appelé la Selva del Lago Verano (la forêt du lac Verano) » et de réunir autour de celle-ci une petite communauté religieuse. |
1168 | Le 7 mars, Rainerio, évêque de Sienne (1166 – 1170) émet un décret dans lequel, suivant l’exemple de son prédécesseur Gualfredo, il reconnaît « l’église de San Leonardo le Confesseur, que don Benedetto, prêtre et moine a construit sur volonté divine, dans un lieu désert, laquelle église est située dans la forêt du lac Verano ». |
1123 | On sait que le comte Uguccione degli Ardengheschi fait une donation de terres et de forêts à l’église de « San Leonardo nella Selva del Lago ». |
1144 | Par une bulle directement adressée au prieur Robusto, le pape Lucien III place sous la protection de Saint-Pierre le couvent et l’ensemble de ses biens. Il semble que ce dernier soit passé aux augustiniens peu après. |
1159 | Date généralement retenue pour la fondation de l’ermitage par un moine bénédiction du nom de Benedetto. |
1250 | Le couvent est gouverné par le prieur Palmiero et le chanoine Ugolino contre les droits des moines. |
1250 | Une bulle du pape Innocent IV unit le couvent de San Leonardo à celui de Lecceto, duquel la Congregazione Leccetana degli Eremiti agostiniani prend le nom. |
1309 | Le 19 mai, le Bienheureux Agostino Novelli, qui fut conseiller du roi Manfred, puis Pénitencier [3]À partir du XIIIe siècle la pratique se développe d’avoir à Rome un cardinal ‘pénitencier’ recevant les confessions de pèlerins ‘au nom du pape’, c’est-à-dire ayant la faculté de donner l’absolution sacramentelle pour les péchés les plus graves (avortement, apostasie, etc.). du pape Nicolas III et Prieur général des Augustiniens [4]Agostino Novelli est représenté par Simone Martini, entouré de quatre de ses miracles, dans un retable (Il Beato Agostino Novello e quattro suoi miracoli) aujourd’hui conservé à la Pinacoteca Nazionale de Sienne. Ce retable « provient probablement de San Leonardo », indique Enzo Carli (CARLI, Lippo Vanni à San Leonardo al Lago. Firenze, Adam, 1969, p. 3. s’éteint à San Leonardo. |
1336 | Le Conseil Général de la Commune de Sienne délibère sur la « nécessité de fortifier le lieu de San Leonardo della Selva del Lago des frères ermites, afin que les habitants de Santa Colomba puisse s’y retirer comme ils avaient l’habitude de le faire pour des raisons de sécurité, obligeant les frères à les recevoir chaque fois que nécessaire [5]« […] doversi fortificare il luogo di San Leonardo della Selva del Lago dei frati eremitani, acciò vi si potesse ritirare gli uomini di Santa Colomba confirme per sicurezza erano soliti fare, obbligandosi detti frati a riceverli ogni volta che occorresse ». Cité par E. Carli, op. cit., p. 4. ». |
1360-1370 | Lippo Vanni peint les fresques du chœur de l’église. [6]Ettore Romagnoli affirme que « le cloître [de San Leonardo] fut orné de peintures en 1360 par ordre de Jacopo di Vanni, Recteur de l’Ospedale [di Santa Maria della Scala] » (E. Romagnoli, Cenni storici-artistici di Siena e de’ suoi suburbi. Sienne, 1836, p. 114). |
Vers 1445 | Giovanni di Paolo peint la grande fresque en grisaille du réfectoire des moines. |
XVIIIe s. | Le lac voisin, que de nombreux textes anciens qualifient de marais, est asséché afin de permettre de cultiver les terres particulièrement fertiles. |
1782 | Lors de la fermeture des petites maisons ordonnée par Pietro Leopoldo, Grand-duc de Toscane, la communauté monastique de San Leonardo, dont le nombre de membres avait préalablement considérablement réduit, est supprimée et fusionne une nouvelle fois avec celle de Lecceto (la communauté de Lecceto est supprimée à son tour en 1810). L’ensemble immobilier est acquis par une famille de la noblesse siennoise, les De Vecchi. |
1962 | Exerçant son droit de préemption, l’État, à l’instigation d’Enzo Carli, alors Surintendant à Sienne, acquière l’ensemble de ce qui demeure du complexe pour la somme de 2.000.000 lires. Lors des travaux de restauration alors entrepris, on découvre sous le pavement de l’église les restes de la petite église romane primitive, adaptée pour servir de sépulture aux membres de la famille De Vecchi [7]E. Carli, op. cit., p. 4.. |
L’église
Le maître mot qui caractérise l’aspect extérieur des bâtiments est l’austérité. Les hautes murailles de l’église sont plates et privées de tout ornement superflu, à l’exception de trois bandeaux de pierre venu souligner la structure de l’édifice.
Précédée d’un escalier d’une dizaine de marches qui peinent à suivre la pente du terrain, la façade élancée en hauteur est d’une simplicité proprement biblique, et présente une surface régulière que ne viennent animer que les quelques ouvertures percées dans la pierre : le porche, l’oculus et quatre étroites meurtrières.
Une même simplicité extrême se retrouve sur les deux flancs de l’église aux pierres splendidement taillées et appareillées, aux murailles entièrement nues, seulement percées de trois étroites fenêtres (des monofores exemptes de toute ornementation), et surtout, sur la paroi de l’abside rectangulaire dont le beau profil purement linéaire surplombe la pente qui se déverse en direction du lac aujourd’hui asséché.
Intérieur de l’église
L’intérieur de l’église, « semplicissimo ma di miracolose proporzioni [8]« […] d’une simplicité extrême mais de proportions miraculeuses […] » (E. Carli, op. cit., p. 4. », est constitué d’une nef unique s’étirant sur la longueur de ses trois travées. Ces travées sont couvertes de voûtes à croisées d’ogives dont les arcs de décharge reposent sur des demi-pilastres de faible relief. Les voûtes et différents éléments architectoniques conservent des fragments d’une ornementation faite de motifs géométriques et floraux que l’importante restauration conduite dans les bâtiments après leur achat par l’Etat (1962) a permis de remettre au jour. À cette occasion, les murs ont retrouvé l’intégralité de leur décor d’origine, grâce aux intégrations réalisées dans les lacunes, elles-mêmes qualifiées de « peu nombreuses » par E. Carli qui a dirigé les travaux [9]Ce décor singulier, victime des variations de la mode et du goût, a été dissimulé durant plusieurs siècles sous une couche de chaux grâce à laquelle, cependant, il a été heureusement préservé.. Ce décor, qui « confère à l’église un aspect gai et lumineux », est fait de rangées de blocs de pierre feints, de couleur vert très clair, et ornés en leur centre d’un relief en losange.
La troisième travée donne sur un chœur de plan rectangulaire, éclairé par une fenêtre ébrasée ouverte dans la paroi du fond. On accède à l’intérieur du chœur après avoir franchi l’arc triomphal et gravi l’unique marche qui permet de surélever le maître-autel.

Après avoir longtemps été laissée vide de tout mobilier susceptible de parasiter la beauté simple de ses formes et de ses proportions, l’église est dorénavant (juillet 2021) encombrée de vilaines chaises aux formes pesantes et impersonnelles, évidemment mieux adaptées à une salle de conférences qu’à la nef d’un édifice religieux du XIIIe s. [10]La justification de la présence de cette forêt de chaises tient au fait que d’hypothétiques concerts doivent être organisés dans ces lieux.. Il faut donc tenter de faire abstraction de cette faute étonnante pour pouvoir s’abandonner à la contemplation des lieux.
LES FRESQUES DU CHŒUR
Le chœur et l’arc triomphal qui y donne accès sont ornées d’un important cycle de fresques attribuées à Lippo Vanni. Celui-ci est principalement consacré à des Épisodes de la vie de la Vierge, à Augustin d’Hippone en tant que chef de l’Ordre auquel a appartenu l’ermitage, et à Léonard de Limoges à qui est dédiée l’église.
On ne sait rien des raisons qui ont conduit à choisir les sujets mariaux figurés sur les parois du chœur. À tout le moins peut-on inférer qu’ici, il ne s’agit pas tant d’illustrer la vie de la Vierge, comme ce fut le cas dans d’autres cycles [11]On pense ici, en particulier, au célèbressime cycle peint par Piero et Ambrogio Lorenzetti à Sienne, sur le flanc de l’église de Santa Maria Annunciata della Scala, face à la Cathédrale. Ou encore, à celui, peint par Bartolo di Fredi, dans la chapelle Guglielmi à San Gimignano, autre église de l’ordre agostinien., que de glorifier Marie comme incarnation du lien entre l’ancienne Loi et la nouvelle. L’absence de la Naissance de la Vierge et de la Dormition, deux thèmes pourtant fréquents à l’intérieur des cycles mariaux, permet de mettre davantage en relief les deux épisodes qui se font face sur les parois latérales : la Présentation de Marie au Temple et son Mariage avec Joseph. Ces deux moments de la vie de la Vierge se déroulent à l’intérieur ou à l’avant du Temple, tous deux supposent la participation active du prêtre, et tous deux participent rituellement de la religion judaïque, faisant de Marie le trait d’union entre deux traditions, l’une judaïque, l’autre chrétienne. La place d’honneur réservée à l’Annonciation se révèle, quant à elle, conforme à une tradition siennoise.
ORGANISATION DU PROGRAMME ICONOGRAPHIQUE
VOÛTE
PAROIS DE L’ABSIDE
Colom-ba
Marie Made-leine
Cécile
Agnès
Agathe
Ursule [12]Ursule et non Catherine d’Alexandrie. Voir plus bas : Neuf figures de saintes.
Lucie
Marthe
Margue-rite
ARC TRIOMPHAL
LES SCÈNES REPRÉSENTÉES
- Lippo Vanni, Angeli musicanti e cantanti
- Lippo Vanni, Lo Sposalizio della Vergine
- Lippo Vanni, Annunciazione
- Lippo Vanni, La Presentazione della Vergine al Tempio
- Lippo Vanni, Nove figure di Sante
- Lippo Vanni, Assunzione della Vergine
- Lippo Vanni, Apostoli
- Lippo Vanni, Quattro Virtù cardinali, Umiltà e Costanza
- Lippo Vanni, San Leonardo
- Lippo Vanni, Quattro miracoli di San Leonardo
- Lippo Vanni, Santa Caterina d’Alessandria ; Autoritratto (?)
- Lippo Vanni, Santa Monica ; Il committente
- Lippo Vanni, Sant’Agostino
- Lippo Vanni, Santa Monica che prega e Sant’Agostino
Le bâtiment conventuel
Le réfectoire
Dans l’ancien réfectoire, dont la présence d’un cloisonnement a considérablement réduit les dimensions, on peut voir une admirable fresque de Giovanni di Paolo. Chef-d’œuvre de la peinture siennoise du Quattrocento, cette fresque représente une Crucifixion qui, hélas, est parvenue jusqu’à nous à l’état fragmentaire.

Le cloître
Notes
1↑ | On peut voir dans le pays siennois un assez grand nombre d’ermitages (l’italien romitorio est synonyme d’ermitage) : Ermitage de Montesiepi (Chapelle-romitorio, XIIe s.) ; Ermitage de Camerata (Église-romitorio, XIIIe s.). Loc. Camerata di Monticiano ; Ermitage de Montespecchio (Ruines d’une église-romitorio, XIIIe s.). Loc. Murlo ; Ermitage de San Leonardo al Lago (Église et romitorio, XIIe s.). Loc. Santa Colomba di Monteriggioni ; Ermitage de Lecceto (Complexe cénobitique, XIVe s.). Loc. Sovicille ; Romitorio de la Scala Santa (Complesso eremitico, XVIIe s.). Loc. Sovicille ; Romitorio de Motrano (Romitorio semi-rupestre, XIIe s.). Loc. Motrano di Sovicille ; Ermitage de Santa Lucia a Rosia (Ruines d’une église et d’un romitorio, XIIe s.). Loc. Rosia di Sovicille ; Ermitage de La Bandita (Ruines d’une chapelle-romitorio, XVe s.). Loc. Farnetella di Sinalunga ; Ermitage de Vivo (Église-romitorio, XIe s.). Loc. Vivo d’Orcia di Castiglione d’Orcia ; Romitorio de Pienza (Romitorio rupestre, XIVe s.). Loc. : Pienza ; Buca del Beato (Romitorio rupestre, XIVe-XVe s.). Loc. : Monticchiello di Pienza. |
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2↑ | On ne sait rien de ce moine sinon qu’il décida un beau jour de s’aventurer jusqu’à la forêt proche du lac pour vivre dans la solitude. |
3↑ | À partir du XIIIe siècle la pratique se développe d’avoir à Rome un cardinal ‘pénitencier’ recevant les confessions de pèlerins ‘au nom du pape’, c’est-à-dire ayant la faculté de donner l’absolution sacramentelle pour les péchés les plus graves (avortement, apostasie, etc.). |
4↑ | Agostino Novelli est représenté par Simone Martini, entouré de quatre de ses miracles, dans un retable (Il Beato Agostino Novello e quattro suoi miracoli) aujourd’hui conservé à la Pinacoteca Nazionale de Sienne. Ce retable « provient probablement de San Leonardo », indique Enzo Carli (CARLI, Lippo Vanni à San Leonardo al Lago. Firenze, Adam, 1969, p. 3. |
5↑ | « […] doversi fortificare il luogo di San Leonardo della Selva del Lago dei frati eremitani, acciò vi si potesse ritirare gli uomini di Santa Colomba confirme per sicurezza erano soliti fare, obbligandosi detti frati a riceverli ogni volta che occorresse ». Cité par E. Carli, op. cit., p. 4. |
6↑ | Ettore Romagnoli affirme que « le cloître [de San Leonardo] fut orné de peintures en 1360 par ordre de Jacopo di Vanni, Recteur de l’Ospedale [di Santa Maria della Scala] » (E. Romagnoli, Cenni storici-artistici di Siena e de’ suoi suburbi. Sienne, 1836, p. 114). |
7↑ | E. Carli, op. cit., p. 4. |
8↑ | « […] d’une simplicité extrême mais de proportions miraculeuses […] » (E. Carli, op. cit., p. 4. |
9↑ | Ce décor singulier, victime des variations de la mode et du goût, a été dissimulé durant plusieurs siècles sous une couche de chaux grâce à laquelle, cependant, il a été heureusement préservé. |
10↑ | La justification de la présence de cette forêt de chaises tient au fait que d’hypothétiques concerts doivent être organisés dans ces lieux. |
11↑ | On pense ici, en particulier, au célèbressime cycle peint par Piero et Ambrogio Lorenzetti à Sienne, sur le flanc de l’église de Santa Maria Annunciata della Scala, face à la Cathédrale. Ou encore, à celui, peint par Bartolo di Fredi, dans la chapelle Guglielmi à San Gimignano, autre église de l’ordre agostinien. |
12↑ | Ursule et non Catherine d’Alexandrie. Voir plus bas : Neuf figures de saintes. |