‘Maestro dell’Osservanza’

‘Maître de l’Observance’ : peintre ou groupe de peintres actif durant le second quart du XVe siècle, auquel est attribué un corpus d’œuvres réunies en 1942 par Alberto Graziani [1]Alberto Graziani, « Il Maestro dell’Osservanza (1942) », dans Propozioni, II, 1948, pp. 75-87 (réédité dans Proporzioni. Scritti e Lettere di Alberto Graziani, a cura di T. Graziani Longhi, 2 vol. Bologne, 1993 à partir de caractéristiques stylistiques communes ou approchantes, « […] sans aucun doute l’un des plus extraordinaires artistes siennois du second quart du XVe siècle. » [2]« […] unquestionably one of the outstanding Sienese artists of the second quarter of the fifteenth century ». Keith Christiansen, Painting in Renaissance Siena 1420–1500 (cat. d’exposition). New York, The Metropolitan Museum of Art, 20 décembre 1988 – 19 Mars 1989, p. 99.

Le nom du peintre dérive de celui du triptyque de la Vierge à l’Enfant entre les saints Ambroise et Jérôme, également appelée Pala dell’Osservanza (Basilique de San Bernardino dell’Osservanza, à proximité de Sienne), peinte initialement pour l’église de San Maurizio, fondée en 1436, comme le rappelle une inscription lisible sur la base du cadre de l’œuvre. [3]La date de 1436 renvoie bien à la fondation de la chapelle et non à la création du triptyque. L’inscription sur la base précise : « MANUS . ORLANDI . FIERI . FECIT . hCMC . TAbVLAM . CVM . TOTA . CAPELLA . MCCCC36. »

C’est l’historien de l’art Roberti Longhi [4]Roberto Longhi, « Fatti di Masolino e di Masaccio », dans La Critica d’Arte, XXV-XXVI, juillet-décembre 1940, pp. 145-191 (traduit de l’Italien par Alain Madeleine-Perdrillat, « À propos de Masolino et Masaccio : quelques faits », dans Masolino et Masaccio, Paris, Pandora Editions, 1981. Ci-après, texte intégral de la note « 26. Sassetta », pp. 141-142 : « Pope-Hennessy, … Poursuivre qui, le premier, a proposé de traiter à part un « premier catalogue » composé de quelques œuvres initialement attribuées à Sassetta par Berenson [5]Bernard Berenson, A Sienese painter of the Franciscan legend, Londres, J. M. Dent & Son Ltd., 1909., suivi de Cavalcaselle et Pope-Hennessy [6]Dans son analyse du triptyque de l’Observance, Pope-Hennesy note : « Instead of the strong colours and fiery flesh tones of the Duomo altarpiece [that is, the Madonna of the Snow, later acquired for the Contini Bonacossi collection and now in the Gallerie Fiorentine] the corollary of three-dimensionalism, we find pale pinks and blues, whites and thin golds, the luminous adjuncts of a more … Poursuivre. En 1942, il est revenu à Alberto Graziani [7]Alberto Graziani, « Il Maestro dell’Osservanza (1942) », dans Propozioni, II, 1948, pp. 75-87 (réédité dans Proporzioni. Scritti e Lettere di Alberto Graziani, a cura di T. Graziani Longhi, 2 vol. Bologna, 1993). Avant la proposition de Longhi-Graziani, les œuvres réunies dans le corpus du ‘Maître de l’Observance’ étaient considérées, sauf exception, comme ayant été … Poursuivre, de développer la proposition de Roberto Longhi, dont il avait été l’élève, de constituer un corpus d’œuvre donnant quelque consistance à la personnalité du Maitre fictif, et d’émettre l’hypothèse, encore admise jusqu’à une période récente, que le nom de Vico di Luca [8]Vico (Ludovico) di Luca est documenté avec Sassetta entre 1426 et 1442. Cette précision est rapportée par Milanesi : « Vico di Luca è pittore nominato dal 1426 al 1442. Eccone i documenti. 1436. A Lodovico di Lucha e compagni dipintori, lire sesantadue — per dipintura di quatro agnoletti stanno a l’allare magiore di duomo e dietro : e di mettare a oro più fighure al pergholo di … Poursuivre, un assistant de Sassetta, pouvait se cacher derrière celui de ‘Maître de l’Observance’.

Par la suite, prenant appui sur certaines des œuvres plus tardives du ’Maître de l’Observance’ [9]Il s’agit notamment des Storie di Sant’Antonio abate et, plus particulièrement, des compartiments de la prédelle du Polyptyque de la Passion, aujourd’hui répartis entre plusieurs musées essentiellement américains (Cambridge (Mass.), Harvard University, Fogg Art Museum ; Detroit, Detroit Institute of Arts ; Kiev, Khanenko Museum ; Philadelphie, Johnson Collection ; Rome, Musei … Poursuivre, certains critiques (Brandi [10]Cesare Brandi, « Introduzione alla pittura senese del primo Quattrocento », La Rassegna d’Italia, 1946, p.31 ; Quattrocentisti senesi. Milan, Ulrico Hoepli, 1949, pp. 69–87., Berenson [11]Bernard Berenson, Sassetta, un pittore senese della leggenda francescana, Florence, Electa, 1946, pp. 32, 51-2)., Boskovitz et, plus récemment, De Marchi [12]Andrea De Marchi, dans Da Jacopo della Quercia a Donatello. Le Arti a Siena nel primo Rinascimento, Milan, Federico Motta Editore, 2010, pp. 272-275.) ont considéré que les œuvres regroupées par Graziani autour du ’Maître de l’Observance’ pour la cohérence de leur style devaient être rendues au jeune Sano di Pietro, parfois même à un peintre, lui aussi enveloppé de mystère, nommé Francesco di Bartolomeo Alfei (Alessi et Scapecchi [13]Cecilia Alessi et Piero Scapecchi, « Il ‘Maestro dell’Osservanza’ : Sano di Pietro o Francesco di Bartolomeo ? », dans Prospettiva, n° 42, 1985, pp. 13–37.), bien que Enzo Carli [14]CARLI, Enzo, Sassetta e il « Maestro dell’Osservanza ». Milan, 1958 (trad. fr. Sassetta et le Maître de l’Observance. Milan, Aldo Martello, 1958). ait alerté sur la probabilité forte que plusieurs mains soient à l’origine du corpus élaboré par Graziani. Il semble établi que Sano ait été formé dans l’atelier de Sassetta. Considérant également le fait – difficilement compréhensible – qu’aucune œuvre d’importance de Sano ne soit connue avant 1444 (bien qu’il soit né en 1405), ces éléments ont semblé plaider en faveur d’une identification entre le ‘Maître de l’Observance’ et le jeune Sano di Pietro. En 2011, Maria Falcone [15]Maria Falcone, « La giovinezza dorata di Sano di Pietro : un nuovo documento per la Natività della Vergine di Asciano », in Prospettiva, n° 138, 2010, pp. 28–48., doctorante à l’université de Sienne, a publié un document d’archives attestant d’un paiement à Sano di Pietro pour le retable de la Nativité de la Vierge du Musée d’Asciano, rendant apparemment encore plus probable, sans cependant mettre un terme à la discussion [16]On notera que les point nodaux de cette discussion portent non seulement sur les différents de style observables au sein du groupe d’œuvres mais sur le fait que le paiement effectué au nom de Sano di Pietro pourrait parfaitement concerner une œuvre commandée a Sano et réalisée par l’atelier, selon une pratique courante à l’époque., la paternité du jeune Sano sur l’ensemble des œuvres réunies depuis 1948 sous celui du ‘Maître de l’Observance’.

Un grand nombre de spécialistes étudiant l’énigme du ‘Maître de l’Observance’, ont, de longue date, fait état d’une évolution notable du style dans les travaux de celui-ci, depuis des débuts plutôt « sassettesques » jusqu’à une manière plus tardive, très proche en effet de celle de Sano di Pietro. Initié depuis des lustres, le débat portant sur les personnalités multiples que dissimule la fiction du ’Maître de l’Observance’ est donc loin d’être clos à l’heure actuelle. Dernièrement, le retour à Sienne d’une précieuse tablette de Gabelle attribuée au ’Maître de l’Observance’ (La Flagellation, 1441 [17]L’œuvre a d’abord été publiée comme étant de la main de Pietro di Giovanni d’Ambrogio dans le catalogue d’exposition d’Oertel de 1953. Cette attribution a été rejetée par Pope-Hennessy (« Rethinking Sassetta », dans The Burlington Magazine, XCVIII, no 643, 1953, p. 346) mais maintenue par Klesse, en 1973, dans son catalogue de la collection du … Poursuivre, a contribué à raviver le débat. À cette occasion, Alessandro Bagnoli, dans une communication orale [18]18 juin 2022, Sienne, Archivio di Stato. a proposé à son tour d’identifier dans ce panneau la main de l’auteur anonyme des fresques de Monticiano [19]Bagnoli l’appelle ‘Maestro dei Monocromi di Monticiano’, en référence aux fresques de la salle capitulaire du couvent augustinien de cette ville. et du Lamento della Vergine sul Christo deposto, il donatore Peter Volckamer, San SinibaldoPietà ’ex Serristori’ (Sienne, Collection du Monte dei Paschi, Museo di San Donato), démontrant ainsi qu’il existe une pluralité de personnalités à l’œuvre derrière le pseudo ’Maître de l’Observance, dénomination qui recouvre un groupe d’œuvres réalisées par des artistes proches du cercle de Sassetta, sans toutefois que l’on parvienne encore à les identifier tous nommément.

Œuvres Attribuées au maÎtre de l’observance Visibles a Sienne et dans le pays siennois
œuvres dispersées

  • Flagellazione di Cristo. Rome, Musei Vaticani.
  • Il Redentore. Venise, Fondation Cini.
  • Il Battesimo di Sant’Agostino. Los Angeles, J. Paul Getty Museum.
  • Cristo che porta la croce. Philadelphie, Philadelphia Museum of Art.
  • Résurrection. Detroit, Institute of Arts.
  • The Descent into Limbo. Cambridge (Massachusetts), Fogg Art Museum.
  • Crocifissione con la Vergine e San Giovanni Battista. Boston, Museum of Fine Arts.
  • Adorazione dei pastori con San Giovanni Battista e San Bartolomeo. El Paso, Museo d’Arte.

Notes

Notes
1 Alberto Graziani, « Il Maestro dell’Osservanza (1942) », dans Propozioni, II, 1948, pp. 75-87 (réédité dans Proporzioni. Scritti e Lettere di Alberto Graziani, a cura di T. Graziani Longhi, 2 vol. Bologne, 1993
2 « […] unquestionably one of the outstanding Sienese artists of the second quarter of the fifteenth century ». Keith Christiansen, Painting in Renaissance Siena 1420–1500 (cat. d’exposition). New York, The Metropolitan Museum of Art, 20 décembre 1988 – 19 Mars 1989, p. 99.
3 La date de 1436 renvoie bien à la fondation de la chapelle et non à la création du triptyque. L’inscription sur la base précise : « MANUS . ORLANDI . FIERI . FECIT . hCMC . TAbVLAM . CVM . TOTA . CAPELLA . MCCCC36. »
4 Roberto Longhi, « Fatti di Masolino e di Masaccio », dans La Critica d’Arte, XXV-XXVI, juillet-décembre 1940, pp. 145-191 (traduit de l’Italien par Alain Madeleine-Perdrillat, « À propos de Masolino et Masaccio : quelques faits », dans Masolino et Masaccio, Paris, Pandora Editions, 1981. Ci-après, texte intégral de la note « 26. Sassetta », pp. 141-142 : « Pope-Hennessy, dans le livre qu’il a récemment consacré à ce maître (Londres, 1939), s’est finalement décidé à relever les nombreux et précoces « florentinismes » qui se trouvent dans son œuvre, et du coup, il l’a délivrée de cette atmosphère pseudo-boudhiste dans laquelle l’avaient confinée les chercheurs décadents qui l’ont précédé. J’ai indiqué dans le présent essai une autre citation florentine, qui vient de Masaccio : il s’agit du mendiant au pied du Crucifix de l’église San Martino (Longhi rattache cette figure à celle du « nu qui tremble » du Baptême des néophytes de la Chapelle Brancacci – N. d. T.). Pope-Hennessy n’a pas manqué non plus de noter avec quelle liberté d’esprit Sassetta utilise les nouvelles recherches de son temps. J’observerai seulement, à propos de la formation de l’artiste, que ce critique n’a pas insisté comme il l’aurait fallu sur la profonde analogie qui existe entre Sassetta et son aîné Masolino. Je crains d’autre part qu’il n’ait voulu expliquer trop simplement le passage entre les formes utilisées par l’artiste dans ses premières œuvres (les retables de la collection Contini-Bonacossi et de Cortone) et celles du polyptyque d’Asciano et du triptyque de la basilique de l’Osservanza, ce qui l’amène nécessairement à conclure que Sassetta serait tout d’un coup devenu un peintre gothique. Etant donné que ses œuvres certaines de dates plus tardives se rattachent à nouveau à la veine des premières, ne serait-il pas plus prudent de supposer que cette parenthèse gothique appartient à un autre artiste, auquel semblent revenir de fait nombre de peintures presque toujours attribuées au pseudo-Pellegrino di Mariano et maintenant au « Vatican Master», et parmi celles-ci justement la prédelle du Polyptyque de l’Osservanza, conservée à la Pinacothèque de Sienne, qui ne diffère en rien, ni au point de vue du style ni en qualité, de l’œuvre qui la surmontait à l’origine ? Un premier catalogue assuré de ce très grand artiste, d’une culture parallèle à celle de Sassetta, mais d’un archaïsme plus insistant, pourrait comprendre pour le moment, outre le polyptyque d’Asciano (avec le fragment qui en faisait partie, conservé à la Galerie de Milan) et le retable de l’Osservanza (avec la prédelle qui lui correspond) : le triptyque n. 177 de la Pinacothèque de Sienne ; les trois panneaux d’une même prédelle, l’un conservé au Fogg Art Museum de Cambridge (le Christ aux Limbes), l’autre dans la collection Johnson (la Montée au Calvaire) et le troisième à la Pinacothèque Vaticane (la Flagellation) ; le Saint Antoine Abbé, peint en demi-figure, conservé au Louvre, que l’on attribue aussi à Giovanni di Paolo ou a Neroccio ; et le Rédempteur du Musée de Minneapolis, qui nous intéresse tout particulièrement parce qu’il a parfois été rapproché de Masolino. Si je devais enfin exprimer le fond de ma pensée sur ce maître, pour l’heure on n’ajouterait pas foi à mes paroles ; c’est pourquoi je me limiterai ici à conseiller à quelque jeune chercheur de mettre également en rapport les Scènes de la vie de Saint Antoine, qui sont partagées entre plusieurs collections américaines, avec le noble esprit de cet artiste ; leur insertion sincère dans le « corpus » de Sassetta me paraît en effet aussi dificile que celle des retables d’Asciano et de la basilique de l’Osservanza. (Cette note de Longhi est à l’origine de la reconstitution du « Maître de l’Observance » opérée par Alberto Graziani en 1942 – N. d. T.). »
5 Bernard Berenson, A Sienese painter of the Franciscan legend, Londres, J. M. Dent & Son Ltd., 1909.
6 Dans son analyse du triptyque de l’Observance, Pope-Hennesy note : « Instead of the strong colours and fiery flesh tones of the Duomo altarpiece [that is, the Madonna of the Snow, later acquired for the Contini Bonacossi collection and now in the Gallerie Fiorentine] the corollary of three-dimensionalism, we find pale pinks and blues, whites and thin golds, the luminous adjuncts of a more strictly ornamental purpose. The conclusion to which they lead us needs to be stated at no length. Between 1432 and 1436 Sassetta had become a Gothic painter. » John Pope-Hennessy, Sassetta, 1939, pp. 59-60.
7 Alberto Graziani, « Il Maestro dell’Osservanza (1942) », dans Propozioni, II, 1948, pp. 75-87 (réédité dans Proporzioni. Scritti e Lettere di Alberto Graziani, a cura di T. Graziani Longhi, 2 vol. Bologna, 1993). Avant la proposition de Longhi-Graziani, les œuvres réunies dans le corpus du ‘Maître de l’Observance’ étaient considérées, sauf exception, comme ayant été réalisées au cours d’un (étrange) interlude gothique dans la carrière de Sassetta (voir note 3).
8 Vico (Ludovico) di Luca est documenté avec Sassetta entre 1426 et 1442. Cette précision est rapportée par Milanesi : « Vico di Luca è pittore nominato dal 1426 al 1442. Eccone i documenti.

1436. A Lodovico di Lucha e compagni dipintori, lire sesantadue — per dipintura di quatro agnoletti stanno a l’allare magiore di duomo e dietro : e di mettare a oro più fighure al pergholo di duomo, e dipintura una tenda a la madonna della cappella del Campo. (ARCHIVIO DELL’OPERA DEL DUOMO DI SIENA. Entrata e Uscita ad annum a carte 78 tergo.)

1427 (1428). 7 febbraio. A Vico di Luca e compagni dipentori a di 7 di feraio, lire 4. 10. per dipentura di due cassette per porre in su l’altare magiore del duomo, e per dipentura d’uno santo Andrea di marmo per la cappella del Campo ; cioè fregi d’oro. (Archivio detto. Entrata e Uscita ad annum a carte 65.)

1449. Vico di Luca e compagni pittori sono nominati in quest’ anno. (ARCHIVIO detto Entrata e Uscita ad annum a carte 18.) »Gaetano MILANESI, Documenti per la storia dell’arte senese, Vol. 1, Sienne, Presso Onorato Porri, 1854, p. 48.

9 Il s’agit notamment des Storie di Sant’Antonio abate et, plus particulièrement, des compartiments de la prédelle du Polyptyque de la Passion, aujourd’hui répartis entre plusieurs musées essentiellement américains (Cambridge (Mass.), Harvard University, Fogg Art Museum ; Detroit, Detroit Institute of Arts ; Kiev, Khanenko Museum ; Philadelphie, Johnson Collection ; Rome, Musei Vaticani, Pinacoteca). Les caractéristiques stylistiques de ces œuvres ont fait soupçonner à Berenson (Sassetta, un pittore senese della leggenda francescana, Florence, Electa, 1946, pp. 32, 51-2) et à Brandi (« Introduzione alla pittura senese del primo Quattrocento », La Rassegna d’Italia, 1946, p. 31 ; Quattrocentisti senesi. Milan, Ulrico Hoepli, 1949, p. 31) une identité avec la phase juvénile de Sano di Pietro, documentée depuis 1428 (plusieurs fois aux côtés de Sassetta, dont il achèvera la fresque de la Porta Romana après la mort du Maître) mais connue de nous seulement à partir du Polittico dei Gesuati, signé et de 1444. Une telle hypothèse, déjà venue à l’esprit de Graziani lui-même, « […] est grandement encouragée par l’existence d’un vaste groupe d’œuvres adiaphore (indifférent, qu’on admet ou qu’on rejette indifféremment), intermédiaire entre le ‘Maître de l’Observance’ et Sano di Pietro. C’est le cas, par exemple, du San Cristoforo de l’église siennoise du même nom, dont l’auteur ne peut être une personne distincte de celui qui a peint la Résurrection du musée de Détroit ; c’est aussi le cas du tondo avec le Christ mort de la Gemäldegalerie à Dresde, dont la chevelure nerveusement frisée peut encore rappeler la tête très intense du Christ de la Pietà ‘ex Serristori, mais qui semble surtout lié au Polittico dei Gesuati (le motif imprimé dans l’auréole, d’ailleurs, est celui qui revient à l’identique dans la bénédiction Christ, dans le Triptyque de l’Observance de 1436, ainsi que dans les Saints des piliers du retable signé par Sano en 1444). » Andrea de Marchi, « Lamento della Vergine sul Cristo deposto, il donatore Peter Volckamer, San Sinibaldo (Sinibaldus) », dans Francesco Gurrieri et al., La sede storica del Monte dei Paschi di Siena. Vicende costruttive e opere d’arte, Florence, Le Monnier-Monte dei Paschi di Siena, 1988, p. 301.
10 Cesare Brandi, « Introduzione alla pittura senese del primo Quattrocento », La Rassegna d’Italia, 1946, p.31 ; Quattrocentisti senesi. Milan, Ulrico Hoepli, 1949, pp. 69–87.
11 Bernard Berenson, Sassetta, un pittore senese della leggenda francescana, Florence, Electa, 1946, pp. 32, 51-2).
12 Andrea De Marchi, dans Da Jacopo della Quercia a Donatello. Le Arti a Siena nel primo Rinascimento, Milan, Federico Motta Editore, 2010, pp. 272-275.
13 Cecilia Alessi et Piero Scapecchi, « Il ‘Maestro dell’Osservanza’ : Sano di Pietro o Francesco di Bartolomeo ? », dans Prospettiva, n° 42, 1985, pp. 13–37.
14 CARLI, Enzo, Sassetta e il « Maestro dell’Osservanza ». Milan, 1958 (trad. fr. Sassetta et le Maître de l’Observance. Milan, Aldo Martello, 1958).
15 Maria Falcone, « La giovinezza dorata di Sano di Pietro : un nuovo documento per la Natività della Vergine di Asciano », in Prospettiva, n° 138, 2010, pp. 28–48.
16 On notera que les point nodaux de cette discussion portent non seulement sur les différents de style observables au sein du groupe d’œuvres mais sur le fait que le paiement effectué au nom de Sano di Pietro pourrait parfaitement concerner une œuvre commandée a Sano et réalisée par l’atelier, selon une pratique courante à l’époque.
17 L’œuvre a d’abord été publiée comme étant de la main de Pietro di Giovanni d’Ambrogio dans le catalogue d’exposition d’Oertel de 1953. Cette attribution a été rejetée par Pope-Hennessy (« Rethinking Sassetta », dans The Burlington Magazine, XCVIII, no 643, 1953, p. 346) mais maintenue par Klesse, en 1973, dans son catalogue de la collection du Wallraf-Richard Museum de Cologne (pp. 99-100). Au cours des mêmes années cinquante du XXe s., Ruhmer avait associé ce petit panneau commémoratif au cercle de Sassetta (« Tavolette di Biccherna », Die Kunst und das schöne Heim, 1958, no. 7, p. 242 ff.), et Carli, développant cette suggestion dans une étude des artistes ayant peint des couvertures de bicchernes, avait proposé de retenir le nom du ‘Maître de l’Osservanza’ (E. Carli, dans Luigi Borgia, Enzo Carli, Maria Assunta Ceppari [et al.] (dir), Le Biccherne : tavole dipinte delle magistrature senesi (secoli 13.-18.), Rome, [Ministero per i beni culturali e ambientali, Ufficio centrale per i beni archivistici, 1984, p. 25). Graziani, quant à lui, avait, dès 1948, attribué au même maître le panneau une autre tablette de gabelle de 1444 représentant San Michele Arcangelo combatte contro il drago (« Il Maestro dell’Osservanza », Proporzioni, II, 1948, p. 87, reproduit fig. 106 ; L. Borgia et al., op. cit., 1984, p. 150).
18 18 juin 2022, Sienne, Archivio di Stato.
19 Bagnoli l’appelle ‘Maestro dei Monocromi di Monticiano’, en référence aux fresques de la salle capitulaire du couvent augustinien de cette ville.
20 Un Cristo nel sepolcro faisant partie de la prédelle de ce triptyque est conservé au Musée des Beaux-Arts de Dijon.