Bartolomeo di David (Sienne, 1482 (?) – 1544)
Testate di bara della Compagnia di Sant’Onofrio (Têtes d’un brancard funéraire de la Compagnie de Sant’Onofrio), 1532.
- Madonna col Bambino (Vierge à l’Enfant)
- Sant’Onofrio (Saint Onuphre)
- Sant’Andrea (Saint André )
- Cristo morto tra due angeli (Le Christ mort entre deux anges)
Huile sur panneau, diam. : 43 cm (chaque panneau).
Provenance : ancien orphelinat San Marco, église de Santa Marta, Sienne.
Sienne, Palazzo Pubblico, Museo Civico [1]Œuvres actuellement (novembre 2022) non exposées..
La série est composée de quatre tondi. Le nombre de ces derniers, de même que la figuration de thèmes iconographiques tels que le Christ miséricordieux et la Vierge à l’Enfant, indiquent avec de très fortes probabilités, selon Fabio Bisogni [2]« Il est certain que ces quatre tondi constituent les têtes d’un cataletto d’une église ou d’une compagnie : nous déduisons cela du fait que le Christ mort est un incontournable dans ce type d’objet de même que la Vierge à l’enfant ainsi que les saints titulaires de l’église ou de l’oratoire. Il est vrai que le format habituel des têtes de lit … Poursuivre, que les quatre panneaux, aujourd’hui attribués à Bartolomeo di David, ont, par le passé, constitué les ornements historiés des têtes d’un brancard funéraire siennois [3]Bien qu’avec des attributions diverses (Beccafumi, Sodoma et Pacchiarotto), les sources confirment l’existence d’un cataletto appartenant à la Compagnie siennoise de Sant’Onofrio, à Sant Andrea. A ce stade de la recherche, il ne fait aucun doute que les quatre tondi parvenus au Museo Civico en provenance de l’église de Santa Marta aient initialement constitué les … Poursuivre. Dans les deux autres tondi figurent les saints André et Onuphre, ce dernier ayant été identifié initialement, de façon erronée, comme un saint Jérôme : « Il n’est pas dit que le [second] personnage doive nécessairement être saint Jérôme au prétexte qu’il est accompagné d’un lion. Il pourrait aussi bien s’agir d’Onuphre, de Macaire ou de Gerasimo [4]Gerasimo (Lycie, … – Jordanie, 475) : anachorète vénéré comme saint. Né en Lycie (Asie Mineure), il vécut à l’époque de l’empereur Zénon et fonda une communauté monastique près du Jourdain., dont Jérôme (Girolamo) a usurpé la légende du lion en raison de la similitude de leurs deux noms. Après un examen plus poussé, il apparaît que les feuilles attachées aux reins du personnage, sa béquille, le circulum praecatorium, la longue barbe et les cheveux qui descendent sur les épaules nous dirigent tout droit vers Onuphre auprès duquel selon la légende, seraient apparus, après sa mort, deux lions qui creusèrent avec leurs griffes la tombe dans laquelle le moine Paphnuce [5]Paphnuce : contemporain de saint Antoine le Grand, il vécut quatre-vingt ans dans le désert en ne portant qu’un seul et simple vêtement, et n’ayant aucun logement. déposa son corps. De plus il est impossible que pour l’autre saint, le poisson, la croix et surtout la touffe de cheveux ébouriffés sur le front jette un doute quant à l’identification avec saint André. »
Bisogni a souligné combien les peintures ornementales du cataletto témoignent « des influences claires de Sodoma (en particulier dans le Christ mort et les deux anges) et de Beccafumi (dans des éléments tels que l’enfant Jésus et la torsion de son corps, et même dans son visage) quelque chose d’autonome ou bien qui se définit comme le sens de la forme et du bonheur naturel dans les positions et les attitudes des personnages qui renvoie à l’enseignement de Raphaël tel qu’il est visible dans le visage de saint André qui semble provenir directement de l’Ecole d’Athènes. La belle Madone a une telle consistance naturaliste qu’elle évoque des peintres comme Pacchia, le plus réaliste des peintres siennois de l’époque. On retrouve aussi une implication directe du spectateur, surtout dans les deux saints et dans au moins un des personnages des deux autres tondi et on le remarque à travers les signaux directs des regards et le naturel des poses. Une autre caractéristique singulière est l’utilisation de la lumière et de l’ombre qui servent à rendre naturel le positionnement des personnages dans l’espace. En ce sens, saint André s’appuie pathétiquement sur sa croix, qui est violemment éclairée par la lumière. Et, surtout, le poisson qui constitue une vraie nature morte est mis en valeur par des effets d’ombre et de lumière. Également inédite à Sienne, […], la forme circulaire des testate, cette forme a certainement été empruntée aux médaillons aux quatre évangélistes de Pontormo et Bronzino de 1526, qui se trouvent à Santa Felicita à Florence. Il est tout aussi évident que Bartolomeo tient compte de Bronzino et de Pontormo dans le naturel de la pose d’Onophrius et le jeu des mains du Christ. » [6]Fabio BISOGNI, op. cit..
La disposition particulièrement équilibrée des figures, leur caractère expressif, énergique et concentré, l’accentuation profonde des yeux et des orbites, toutes ces caractéristiques trouvent leurs racines dans le domaine du langage “classique”, sans pourtant marcher sur les traces de Sodoma. La Vierge robuste portant Jésus, contrainte dans l’espace étroit du tondo, évoque plutôt le Raphaël de la Madone à la chaise que les inventions compositionnelles instables de Beccafumi. De ce dernier, il reste l’écho d’un trait pictural aux tracés rapides et souples, le clair-obscur très mobile ainsi que l’élégance expressive des longues mains articulées du Christ réunies sur sa poitrine ou celles du lugubre saint André qui, appuyé sur les bras de la croix placée de biais avec une sensation illusionniste surprenante, tient entre ses doigts la ligne au bout de laquelle pend, encore attaché à l’hameçon, le poisson qu’il vient de prendre.
Notes
1↑ | Œuvres actuellement (novembre 2022) non exposées. |
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2↑ | « Il est certain que ces quatre tondi constituent les têtes d’un cataletto d’une église ou d’une compagnie : nous déduisons cela du fait que le Christ mort est un incontournable dans ce type d’objet de même que la Vierge à l’enfant ainsi que les saints titulaires de l’église ou de l’oratoire. Il est vrai que le format habituel des têtes de lit des cercueils n’est pas circulaire mais seulement cintrée au sommet, mais en tout cas l’iconographie ne laisse pas d’autre choix. » Fabio BISOGNI, « Del cataletto di Sant’Onofrio ossia di Bartolomeo di David », dans Raffaele ARGENZIARIO et Maria CORSI (éd.), Lo specchio della storia anzi la storia allo specchio. Saggi di storia dell’arte medievale e moderna, Sienne, Nuova immagine editrice, 2016, pp. 266-281, https://www.studocu.com/it/document/universita-degli-studi-di-siena/iconografia-e-iconologia/cataletto-di-santonofrio/12401085. |
3↑ | Bien qu’avec des attributions diverses (Beccafumi, Sodoma et Pacchiarotto), les sources confirment l’existence d’un cataletto appartenant à la Compagnie siennoise de Sant’Onofrio, à Sant Andrea. A ce stade de la recherche, il ne fait aucun doute que les quatre tondi parvenus au Museo Civico en provenance de l’église de Santa Marta aient initialement constitué les éléments ornementaux de ce meuble à la fonction très particulière. |
4↑ | Gerasimo (Lycie, … – Jordanie, 475) : anachorète vénéré comme saint. Né en Lycie (Asie Mineure), il vécut à l’époque de l’empereur Zénon et fonda une communauté monastique près du Jourdain. |
5↑ | Paphnuce : contemporain de saint Antoine le Grand, il vécut quatre-vingt ans dans le désert en ne portant qu’un seul et simple vêtement, et n’ayant aucun logement. |
6↑ | Fabio BISOGNI, op. cit. |
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