« […] perciò ‘cataletto’ vuol dire letto da morti » (« donc ‘cataletto’ signifie ‘lit pour les morts’. »). » C’est ainsi qu’au XVIIIe s., Antonio Muratori concluait une courte démonstration [1]« I cadaveri de’ nobili una volta si portavano alla sepoltura, non già nella bara, ma in un letto, il qual costume oggidì solamente si costuma per li Vescovi ed altri insigni personaggi […] perciò ‘cataletto’ vuol dire ‘letto da morti‘. » (« Autrefois, les cadavres des nobles étaient portés vers leur sépulture, non déjà dans une bière, … Poursuivre. De fait, le terme italien cataletto désigne un brancard funéraire [2]Le cataletto est parfois improprement appelé « bara » (cercueil).. Autrefois utilisé par les confréries laïques, ce type particulier de mobilier funéraire permettait d’exposer le défunt au siège de la confrérie à laquelle il appartenait ainsi qu’à l’église, et de le transporter en cérémonie jusqu’au lieu de son inhumation. Apparus au XVe s, ces brancards ou civières, qui semblent avoir été d’usage purement siennois, comportaient, à chacune de leurs deux extrémités, un panneau de bois appelé testata di bara (tête de cercueil), orné sur ses deux faces de peintures représentant, à l’origine, des figures de personnages sacrés. [3]L’une des figures les plus souvent représentées sur les cataletti est celle du Christ mort, dont l’effigie pouvait être interprétée par les fidèles comme une promesse de résurrection du défunt après sa mort. Avec le temps, elles devinrent parfois de véritables scènes semblables à des retables en miniature.
Le format cintré au sommet ainsi que les dimensions réduites sont caractéristiques des peintures qui ornaient les deux faces de chaque tête des cataletti, selon une typologie qui rencontra un succès particulièrement vif à Sienne où toutes les compagnies laïques avaient leur propre brancard destiné à servir lors des obsèques de leurs membres, artisans la plupart du temps. Au XVIe siècle, face à une demande importante, les plus grands peintres actifs dans la ville s’essayèrent brillamment à l’exercice, certains d’entre eux à plusieurs reprises :
- Guidoccio Cozzarelli, « Due teste di bara per la confraternita dei disciplinati di Maria Santissima » Cozzarelli pour la Confraternité des disciplinati de Maria Santissima, 1494 (Sienne, Museo della Società di Esecutori di Pie Disposizioni)
- Girolamo di Benvenuto pour la Confraternité de Santa Caterina della notte, 1500-1520 (Sienne, Complesso museale di Santa Maria della Scala)
- Domenico Beccafumi pour la Confraternité de la Miséricorde (?), v. 1503 (Sienne, Pinacoteca Nazionale)
- Domenico Beccafumi pour un commanditaire inconnu, v. 1510 (Sienne, Pinacoteca Nazionale)
- Girolamo del Pacchia pour la Confraternité de San Bernardino, 1515 (Munich, Alte Pinakothek et Palerme, Collection Chiaramonte Bordonaro)
- Domenico Beccafumi pour la Compagnia dei Santi Niccolò e Lucia, 1521 (Sienne, Palazzo Salimbeni, Collezione Monte dei Paschi, Museo di San Donato)
- Sodoma pour la Compagnie de San Giovanni Battista della Morte, 1527 (Sienne, Museo dell’Opera del Duomo)
- Giorgio di Giovanni pour la Compagnie de l’Église de Santa Maria in Portico a Fontegiusta, 1527 (Sienne, Pinacoteca Nazionale)
- Sodoma pour la Compagnie de la Santissima Trinità, 1528 (Sienne, Museo Diocesano d’Arte Sacra)
- Bartolomeo di David pour la Confraternité de Sant’Onofrio, v. 1535 (Sienne, Museo Civico del Palazzo Pubblico)
- Domenico Beccafumi pour la Compagnie de Sant’Antonio abate, 1540 (Sienne, Pinacoteca Nazionale)
- Marco Bigio pour la Compagnia di San Rocco, 1540 (Sienne, Pinacoteca Nazionale)
- Lorenzo Brazzi, dit ‘Il Rustico’ pour la Compagnie de San Giovanni Battista a Pienza, 1559 (Pienza, Museo Diocesano)
- ‘Il Riccio’ pour la Compagnie nocturne de Sant’Ansano, 1569 (Sienne, Museo diocesano d’Arte sacra)
- Marco Pino pour la Archi-Confrérie de San Giovannino della Staffa o in Pantaneto, 1577 (Sienne, Palazzo Sansedoni, Fondazione Monte dei Paschi)
- Niccolò Betti, pour la Confraternité de Santa Caterina d’Alessandria a Montefollonico v, 1580 (Pienza, Musée diocésain)
- Francesco Vanni pour la Compagnie du Bienheureux Ambrogio Sansedoni, 1584 (Sienne, Palazzo Salimbeni, Collezione Monte dei Paschi), ou encore pour la Compagnie de Santa Caterina a Fontebranda (?)
- Alessando Casolani, pour la Compagnie du Bienheureux Andrea Gallerani, 1592 (Sienne, Museo diocesano d’Arte sacra)
- Ventura Salimbeni pour la Compagnie de Santo Stefano ai Pispini, 1604 (Sienne, Museo Civico)
- Rutilio Manetti, pour la Compagnia di san Nicola e santa Lucia, 1626. (Sienne, Église des Santi Nicola e Lucia)
- Simondio Salimbeni pour la Compagnie de San Pietro a Buonconvento, v. 1630-1640 (Buonconvento, Musée d’Art sacré du Val d’Arbia)
Notes
1↑ | « I cadaveri de’ nobili una volta si portavano alla sepoltura, non già nella bara, ma in un letto, il qual costume oggidì solamente si costuma per li Vescovi ed altri insigni personaggi […] perciò ‘cataletto’ vuol dire ‘letto da morti‘. » (« Autrefois, les cadavres des nobles étaient portés vers leur sépulture, non déjà dans une bière, mais sur un lit, coutume qui ne se pratique aujourd’hui que pour les évêques et autres personnages importants […] donc ‘cataletto’ signifie ‘lit pour les morts’. » Antonio Muratori, |
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2↑ | Le cataletto est parfois improprement appelé « bara » (cercueil). |
3↑ | L’une des figures les plus souvent représentées sur les cataletti est celle du Christ mort, dont l’effigie pouvait être interprétée par les fidèles comme une promesse de résurrection du défunt après sa mort. |