Bartolomeo Carosi ou Bartolomeo da Petroio, dit Brandano (Petroio, V. 1486 – Sienne, v. 1554) : prédicateur, prophète et pénitent, il vécut à Sienne au cours de la première moitié du XVIe siècle.
Les prédications de Brandano se caractérisaient par la violence et la force avec lesquelles il s’élevait contre les puissants, y compris les papes et les rois, ce qui lui valu une certaine renommée en même temps que la sympathie du peuple et des plus pauvres. C’est à la suite d’un sermon prononcé à Radicofani qu’il a été désigné comme le « Fou du Christ ». La violence des diatribes et des prophéties prononcées par lui font du « Fou du Christ » l’une des figures les plus singulières du mysticisme siennois.
Le sentiment patriotique de Brandano envers Sienne, qui n’est sans doute pas complètement étranger à l’affection dont le personnage bénéficie encore parmi les siennois, se révèle clairement dans un avertissement [1]Cet avertissement est rapporté par Piero Mischiatelli (Piero MISCIATTELLI, Mistici senesi, Sienne, Libreria Giuntini Bentivoglio, 1914, pp. 252 sq). qu’il adresse au pape Jules III alors que le neveu de celui-ci, le condottiero Ascanio della Cornia, vient de faire une descente dans la campagne de Sienne l’année précédente : « Je vous préviens, Saint-Père, vraiment Pasteur, que vous ne preniez pas d’initiative contre l’antique cité de Sienne, qui est la ville de la Grande Reine [2]La « grande reine » désigne la Vierge Marie, considérée à Sienne comme souveraine, pour ainsi dire, effective de la ville. qui a veillé et veillera, et quiconque est mécontent contre nous sera chassé. » Et enfin, dans un crescendo menaçant : « Tremblez, tremblez comme le vieil homme dans l’eau, de peur d’avoir une plus grande faiblesse que le pape Clément [3]Clément VII avait lui-même, en son temps, subit les foudres du prédicateur et l’avait d’ailleurs envoyé un temps en prison.. […] pas un cheveu ne restera attaché sur la tête de la justice, puisque la miséricorde est oubliée de tous. Malheur au pape, malheur aux cardinaux, malheur aux vivants qui mangent le pain de la Douleur, craignez, tremblez, tremblez, faites cette sainte paix entre l’Empereur et le Roi de France. » [4]Charles Quint (l’Empereur) et Henri II (le roi de France) s’affrontent alors dans l’un des derniers conflits de la période des guerres d’Italie, connu sous le nom de guerre de Sienne.
Iconographie
Bien que Brendano ait jouit, pendant environ un siècle après sa mort, d’une sorte de culte officieux, ce dernier n’a laissé que quelques rares traces dans la production iconographique siennoise. [5]L’essentiel de cette production est conservé dans la Collégiale de Santa Maria in Provenzano, à Sienne, où l’on peut voir un portrait de lui, peint par un petit-neveu, et plusieurs scènes dans lesquelles il est impliqué.
Un buste en terre cuite, aujourd’hui conservé au Musée de l’Opera del Duomo de Sienne, a longtemps été identifié comme un portrait de Brandano. S’il est dorénavant considéré comme une image de Saint Antoine Abbé, il donnait une idée précise de l’apparence donnée au personnage dans les représentations locales. Hirsute, doté d’une longue barbe emmêlée, il est généralement représenté vêtu d’un habit blanc et allant nus pieds, toujours porteur de son Crucifix personnel et d’un crâne, symbole de la vanité de toutes choses ici-bas.
Notes
1↑ | Cet avertissement est rapporté par Piero Mischiatelli (Piero MISCIATTELLI, Mistici senesi, Sienne, Libreria Giuntini Bentivoglio, 1914, pp. 252 sq). |
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2↑ | La « grande reine » désigne la Vierge Marie, considérée à Sienne comme souveraine, pour ainsi dire, effective de la ville. |
3↑ | Clément VII avait lui-même, en son temps, subit les foudres du prédicateur et l’avait d’ailleurs envoyé un temps en prison. |
4↑ | Charles Quint (l’Empereur) et Henri II (le roi de France) s’affrontent alors dans l’un des derniers conflits de la période des guerres d’Italie, connu sous le nom de guerre de Sienne. |
5↑ | L’essentiel de cette production est conservé dans la Collégiale de Santa Maria in Provenzano, à Sienne, où l’on peut voir un portrait de lui, peint par un petit-neveu, et plusieurs scènes dans lesquelles il est impliqué. |