Simone Martini (Sienne, 1284/90 – Avignon, 1344)
Il Beato Agostino Novello e quattro suoi miracoli : un bambino morso da un cane ; un bambino caduto da un altana ; un cavaliere caduto da un burrone ; il figlio di Margherita e di Minguccio Paganelli caduto dalla culla (Le Bienheureux Agostino et quatre de ses miracles : un enfant mordu par un chien ; un enfant tombé d’un balcon ; un cavalier tombé d’une falaise ; le fils de Margharita et de Minguccio Paganelli tombé de son berceau), 1324-1328.
Tempéra sur bois, 198 x 257 cm.
Inscriptions (sur le bas du cadre) : “B. Augustini Novi imago haec, quae paulo posi ejus obitum in ara ipsi sacra genti Ptholomei attributa : colebatur in nova ecclesiae extrutione, huc raslertur A. D. MDCCLIV”
Provenance : Dépôt de l’Église de Sant’Agostino, Sienne (auparavant, Monteriggioni. Ermitage de San Leonardo al Lago ?).
Sienne, Pinacoteca Nazionale.
Le retable représente, au centre, le Bienheureux [1]Dans la religion catholique, on nomme « Bienheureux » celui qui, au Paradis, jouit de la vision de Dieu (du moins suppose-t-on que tel est le cas). Agostino Novello. Dans un contre-jour efficacement lié au jeu de la lumière sur le fond doré, apparaît Matteo da Termini [2]D’autres villes de Sicile (Trapani, Taormine ou Palerme) se disputent la gloire d’être sa ville de naissance … qui choisit ce nouveau nom lors de son entrée en religion. L’échelle de la représentation du bienheureux par rapport aux petits arbres qui constituent le paysage, et le fait qu’il envahit l’espace disponible du support, confère à sa silhouette un caractère réellement imposant. Plusieurs oiseaux évoluent dans les arbres de ce paysage sommairement figuré. L’un d’eux, qui se révèle être un tout petit ange aux ailes vertes (fig.1), murmure à l’oreille d’Agostino un message que celui-ci écoute avec la plus grande concentration. Quelques auteurs ont interprété cette scène comme une invitation, faite par quelque autorité divine, à mieux prendre en compte le sort misérable qui était le lot quotidien des siennois. Une autre interprétation, tout aussi valide et probablement plus sûre que la précédente, est possible : ce qu’écoute Agostino, ce sont les termes de la nouvelle Constitution de l’Ordre (dont il tient le volume à la main) que lui inspirent le messager divin. Il y a lieu, bien sûr, de remarquer la présence, dans les deux médaillons de part et d’autre du saint, des deux figures d’Antoine Abbé, à gauche et d’Augustin, à droite qui, par le prestige de leur présence ici, marquent leur approbation du texte élaboré par Agostino Novello. On le voit une nouvelle fois ici, la composition du polyptyque ne se résume pas à une accumulation indifférenciée de panneaux figurés mais constitue une véritable structure apte à organiser des relations de distance ou de proximité générant à leur tour du sens.

Quatre historiettes accompagnent la figure principale du bienheureux dont on dit qu’il faisait l’objet d’une grande vénération de son vivant. Ces quatre scènes représentent cependant quatre miracles accomplis seulement après sa mort. Tous les quatre auraient fait l’objet de vérifications de la part de l’autorité religieuse qui en a attesté la véracité … Si éventuellement l’on peine à accepter celle-ci tout cru, il n’est pas difficile, en revanche, d’éprouver l’indicible charme ainsi que la poésie qui émanent de ces courtes narrations. Chacune d’elles est construite selon le même principe : elles donnent à voir simultanément la cause de l’intervention du bienheureux, son intervention proprement dite, et l’action de grâce qui vient conclure la réalisation du miracle. Dans chacune de ses interventions (il importe de rappeler que celles-ci se déroulent après sa mort), Agostino, toujours vêtu de son habit sombre, fait irruption dans l’espace de la narration en provenance des cieux, sous une apparence qui, par anachronisme, nous fait voir une sorte de “saint à réaction”, capable de venir sauver de malheureuses victimes d’accident en un rien de temps.
Ce sont ces quatre scènes de miracle qui valent essentiellement au retable la célébrité qui est la sienne, et qui nous montrent un Simone Martini capable de décrire minutieusement tous les détails nécessaires à la narration, allant des expressions des personnages (terreur, surprise, reconnaissance, …) aux formes des rues, des maisons et jusqu’à celles des intérieurs aperçus à travers les portes. Grâce à quoi il nous est donné d’effectuer un voyage dans le temps, à une époque et dans un lieu qui ne peuvent être que Sienne dans les premières années du XIVe siècle.
Les quatre miracles :
- Un bambino morso da un cane
- Un cavaliere caduto da un burrone
- Un bambino caduto da un altana
- Il figlio di Margherita e di Minguccio Paganelli caduto dalla culla
A partir de l’inscription qui figure sur le cadre de l’œuvre, on a fait l’hypothèse, suggérée par Cavalcaselle en 1885, que le retable, qui provient de l’église siennoise de Sant’Agostino, ait d’abord été installé au-dessus de l’autel abritant la sépulture monumentale du Bienheureux Agostino à San Leonardo al Lago. C’est là que ce dernier a été enseveli après sa mort, avant que sa dépouille mortelle ne soit transférée en Sicile.