Giovanni di Paolo (actif à Sienne vers 1400 – 1482)
San Girolamo nello studio (Saint Jérôme à son pupitre), vers 1430.
Tempéra sur panneau, dimensions ?
Inscriptions : /
Sienne, Pinacoteca Nazionale.
Au sujet de cette œuvre, Pietro Torriti évoque “un petit panneau où un dessin d’une grande finesse, exalté par la préciosité de la couleur, évoque encore les souvenirs du plus pur gothique volontairement souligné par la présence singulière d’un cas de perspective inversée. [1]” (TORRITI 1977, p. 304). Ce petit panneau démontre à quel point Giovanni di Paolo était passé maître dans l’exécution des petits formats destinés à la dévotion privée.
Le peintre, encore jeune, dut probablement assister à l’exécution du cycle des Docteurs de l’Église par Benedetto di Bindo dans la sacristie de la Cathédrale de Sienne. Il en retient deux motifs : le siege précieusement décoré de têtes et de pattes de lions et recouvert d’un drap d’or finement incisé, ainsi que le motif de l’habit rouge du saint dont le pan inférieur couvre partiellement l’estrade de bois.
Jérôme s’est interrompu dans son travail d’écriture, peut-être à la recherche de l’inspiration, afin de rédiger la formulation la plus appropriée des textes grecs qu’il est en train de traduire en latin [2]. À moins qu’il ne lève plus prosaïquement les yeux pour contrôler les textes installés bien en vue sur le pupitre placé sur la partie supérieure de l’écritoire. On admirera non seulement la beauté du meuble monumental sur lequel Jérôme effectue son travail, ainsi que de sa marqueterie aux formes géométriques polychromes, mais aussi sa parfaite adéquation à la fonction à laquelle il est destiné. Qui ne rêverait de travailler sur un tel mobilier ?
La présence du lion allongé aux pieds du saint n’a pas lieu de surprendre puisqu’il s’agit du fidèle compagnon du cardinal traducteur [3] ; plus étonnante est la manière dont son chapeau cardinalice, autre symbole iconographique, flotte au-dessus de sa tête, comme maintenu en suspension dans l’air par les rayons concentriques émanant de l’auréole qui marque la sainteté de Jérôme.
[1] Les lignes de fuite du monumental bureau devant lequel travaille Jérôme, s’écartent en s’éloignant du premier plan, au lieu de faire l’inverse.
[2] La traduction des quatre Évangiles fut commandée à Jérôme en 382 par le pape Damase Ier in 382 afin de réviser l’ancienne version latine à partir des à partir des meilleurs textes grecs, traduction qui aboutira à la publication Vulgate qui est, pour une large part, le fruit de son travail.
[3] Le lion est l’un des symboles iconographiques de Jérôme.
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