Lorenzo Vecchietta ou Francesco di Giorgio Martini (?), “Pio II impone il cappello cardinalizio al nipote Francesco Piccolomini Tedeschi”

Lorenzo di Pietro, dit ‘Il Vecchietta’ (Sienne, 1410 – 1480) ou Francesco di Giorgio Martini (Sienne, 1439 – 1501) ?

Pio II impone il cappello cardinalizio al nipote Francesco Piccolomini Tedeschi (Pie II donne le chapeau cardinalice à son neveu Francesco Piccolomini Tedeschini), 1460. [1]Par sa date d’exécution, cette tablette de la Gabelle constitué une référence fondamentale pour les débuts de Francesco di Giorgio en tant que peintre alors dans l’entourage de Vecchietta.

Tempéra et or sur panneau, 49,3 x 34,5 cm.

Inscriptions :

« QUESTA E’ L’ENTRATA E L’USCITA DELLA GENERA[LE] KABELLA DEL COMUNO DI SI/ENA AL TEMPO DE’ SAVI HUOMINI GIOVANNI DI MISSERE PIETRO PECCI KAMARLENGO DI KABELLA, MATHEO DI GHUIDO, GIOVANNI DI CIECHO THOMASI, MISSER BINDO DI SER / GIOVANNI BINDI, GABRIOCCIO DI NICHOLÒ THOLOMEI, ESSEGUITHORI DI KA / BELLA, MARIANO DI MEIO DI NANDO ISCRIPTORE DI KABELLA, SER GHUASPARRE D’ANTO/NIO NOTAIO DI KABELLA PER SEI MESI COMINCIATI A Dĺ PRIMO DI GENNAIO 1459 E FINITI / A DÌ ULTIMO DI GIUGNO 1460 » [2]« Ceci est [le registre] de l’entrée et de la sortie [les recettes et les dépenses] de la Municipalité de Sienne au temps des sages Giovanni de messire Pietro Pecci, camerlingue de la Gabelle, Matteo di Guido, Giovanni di Ciecho Thomasi, messires Bindo di ser Giovanni Bindi, Gabrioccio di Nicholo Tholomei, officiers de la Gabelle, Mariano di Meio di Nardo, secrétaire de la Gabelle, … Poursuivre

Provenance : Commune de Sienne, Office de la Gabella, janvier-juin 1460.

Sienne, Palazzo Piccolomini, Museo delle Biccherne, Archivio di Stato di Siena, n° 33.

L’importante cérémonie représentée sur la tablette a eu lieu à Sienne lors d’un Consistoire secret tenu dans la Cathédrale le 5 mars 1460 ; elle est mentionné par Pie II lui-même dans ses Commentarii. A l’issue du concile de Mantoue, début février 1460, sur le chemin du retour à Rome, Silvio Enea Piccolomini s’arrête quelques jours à Sienne [3]Alessandro Lisini, « Onoranze à Pio II nelle sua venuta a Siena », Miscellana storica senese, III, 1885, p. 176.. L’évêque de la ville étant mort au même moment, Pie II choisit pour lui succéder son neveu Francesco Todeschini, fils de sa sœur Laudomia, jeune homme de vingt-trois ans encore étudiant en droit pontifical à Pérouse. Celui-ci devient archevêque de Sienne, avant d’être fait cardinal quelques jours plus tard. [4]Le pape avait quitté Florence le 29 janvier 1460 et arriva à Sienne le 31. La narration de l’événement écrite par son principal protagoniste ne manque pas de saveur : « Ses concitoyens l’y attendaient avec l’ardeur la plus vive. Il fit une entrée quasi triomphale dans la ville et fut reçu avec les honneurs les plus grands et les plus incroyables. Ce n’était que … Poursuivre À cette occasion, le pape siennois Pie II consacra cinq cardinaux [5]Dans le récit de l’épisode, Pie II mentionne la nomination non pas de cinq mais de six cardinaux, dans la liste desquels figure Burkhard von Weisbriach (Weißpriach, entre 1420 et 1423 – Salzbourg, 1466), prince-archevêque de Salzbourg. Celui-ci était estimé par le pape qui le créa cardinal in pectore (c’est-à-dire sans faire connaître sa décision) au titre … Poursuivre qu’il venait de créer en leur remettant le chapeau : Angelo Capranica [6]Angelo Capranica (Capranica Prenestina, v. 1415 – Rome, 1478) : nommé par Pie II cardinal prêtre de Santa Croce in Gerusalemme (Rome) en succession de son frère Domenico, mort en 1458, et légat de la Romagne., Berardo Eroli [7]Berardo Eroli, surnommé « le cardinal de Spolète » (Narni [Ombrie], 1409 – Rome, 1479) : investi cardinal lors du consistoire du 5 mars 1460, le cardinal Eroli est abbé commendataire de l’abbaye de San Paolo alle Tre Fontane à Rome et nommé légat a latere à Pérouse. En 1466-1467, il … Poursuivre, Niccolò Forteguerri [8]Niccolò Forteguerri (Pistoia, 1419 – Viterbe, 1473) : apparenté à Enea Silvio Piccolomini (la propre mère du futur pape était Forteguerri), il fut créé cardinal prêtre de Santa Cecilia (Rome) par ce dernier une fois devenu lui-même le pape Pie II., Alessandro Oliva [9]Alessandro Oliva (Sassoferrato, 1407 – Tivoli, 1463) : maître en théologie qu’il enseigne à Pérouse pendant vingt ans, Provinciale des Marchés, Prieur de Pérouse, Vicaire Général, élu Prieur Général (1458), créé cardinal par Pie II (1460). ainsi que son propre neveu, Francesco Tedeschini Piccolomini, devenu en un temps record cardinal-archevêque de Sienne. Cette cérémonie est loin d’être anodine dans le contexte siennois, et il était parfaitement logique qu’un événement de la sorte, revêtant une importance particulière aux yeux de la cité, fasse l’objet de l’illustration du registre de biccherne du semestre écoulé. « L’épisode est mis en scène dans une élégante salle vue en perspective, ornée dans un goût antiquisant, et dans laquelle le mur du fond fait apparaître d’un côté les armoiries papales rouges avec les clés de saint Pierre et de l’autre celles de la famille Piccolomini, à laquelle appartenait le pape, toutes deux surmontées de la tiare. Au centre se trouve une absidiole, devant laquelle – en véritable souverain – Pie II siège en qualité pontificale ; à ses côtés se trouvent quatre cardinaux [10]Tête nue, les cardinaux attendent agenouillés que le pape pose sur leur crâne l’un des chapeaux que l’on voit entre les mains de quatre pages., tandis que deux couples de très élégants pages se disposent sur l’avant-scène, portant un galero pour chacun des quatre personnages agenouillés en attendant l’investiture (la robe noire des augustins permet de reconnaître Alessandro Oliva au premier plan). Avec l’imposition du chapeau, le pontife vient de nommer cardinal, avec le titre de Saint-Eustache, le prélat agenouillé à ses pieds, également identifié en raison de la valeur civique du panneau (par Mussini, en 1877) en la personne de Francesco Tedeschini Piccolomini. » [11]Gabriele Fattorini, dans Alessandro Angelini, Gabriele Fattorini e Giovanni Russo (dir.), Federico da Montefeltro e Francesco di Giorgio : Urbino crocevia delle arti (cat. d’exp.), Venise, Marsilio, 2022, p. 59.

La structure architecturale de la salle où se déroule la cérémonie frappe par l’efficacité de la perspective définissant l’espace dans lequel évoluent les protagonistes. L’espace de cette salle est encadré, de part et d’autre, par deux lésènes qui trouvent un « prolongement dans la large frise à la base du plafond et « possèdent une délicate couleur rose qui contraste avec le vert foncé des fines colonnes, elles aussi ornées de marbre, que l’on voit autour du trône. Les parois sont recouvertes de tentures noires aux motifs végétaux. Sur la frise, est feint un bas-relief monochrome illustrant des histoires anciennes : il s’agit d’un véritable cycle figuratif en miniature, dont il est même possible d’identifier certains des sujets. Dans l’ordre, de gauche à droite du trône, nous devinons une scène bachique et un sacrifice païen avec deux personnages adorant à un autel, et deux trompettistes jouant de leur instrument. Sur le mur de droite on aperçoit une scène de combat, tandis que sur celui de gauche, un homme porte sur ses épaules un autre personnage (étant donné le contenu dionysiaque de l’ensemble, il pourrait s’agir d’un satyre portant Silène ivre). Sur les deux lésènes latérales sont représentées des petites figures nues, véritables contorsionnistes qui soutiennent des médaillons aux profils d’empereurs romains. » [12]Alessandro Angelini, dans Luciano Bellosi (dir.), Francesco di Giorgio Martini e il Rinascimento a Siena. 1450-1500(Catalogue d’exposition, 25 aprile-31 luglio 1993). Milan, Electa, 1993, p. 114.

« Alors que les érudits du début du XXe siècle attribuaient la tablette à Francesco di Giorgio avec une bonne certitude (P. Schubring, 1907ª; E. Jacobsen, 1908), l’attribution, à partir de Berenson (1909), a été déplacée sur Vecchietta. Mais, malgré le fait que les pertes de couleur créent des difficultés considérables dans la lecture du tableau, en nous reliant à la plus ancienne tradition des études, nous pouvons confirmer la référence à Francesco di Giorgio, sur la base des analogies stylistiques avec certaines de ses premières œuvres telles que les Storie di Susanna e i vecchioni, la miniature du code De animalibus [13]Francesco di Giorgio, De Animalibus, Miniature de frontispice, v. 1463. Tempéra sur parchemin, 39 x 28 cm. Sienne, Museo Aurelio Castelli (provenant de la Basilique de l’Observance)., ou encore le panneau du Ratto di Elena [14]Francesco di Giorgio, Il ratto di Elena. partagé entre le Musée Stibbert et la collection Berenson à Settignano, extraordinaire par ses couleurs transparentes et lumineuses. Le temple qui apparaît dans ce tableau dont les dimensions ont été raccourcies reste, avec son système de perspective rigoureux et sa reconstitution attentive des détails architecturaux, le point de référence le plus précis pour notre tablette. La recherche ‘philologique’ du thème archéologique, qui s’observe dans les détails décoratifs du tableau, s’accorde très bien avec l’esprit exploratoire qui caractérise le jeune Francesco di Giorgio dans la reconstitution des souvenirs antiques. L’idée de copier et d’agrandir les gravures de camées romains, comme cela se produit ici dans la frise, aurait pu être suggérée à Francesco, en particulier, par l’activité contemporaine d’Antonio Federighi qui, au cours des mêmes années, a sculpté la fontaine du samedi saint de la Cathédrale de Sienne, insérant les panneaux de pierre figurant des épisodes de la Genèse et d’Hercule dans un cadre comportant des bas-reliefs à l’antique d’une modernité qui n’a pas d’égal dans la sculpture toscane contemporaine. » [15]Alessandro Angelini, dans Luciano Bellosi (dir.), op., cit., p. 114.

Au dessous de la surface historiée de la tablette apparaissent les six blasons des familles des différents officiers en fonction, lesquels sont mentionnés, selon une habitude ancienne, dans l’inscription tout en bas de la biccherne : Pecci, Tolomei, Tommasi, Bindi, Savini, Nardi. A droite de l’inscription, figure l’écu du notaire Gaspare di Antonio.

Notes

Notes
1 Par sa date d’exécution, cette tablette de la Gabelle constitué une référence fondamentale pour les débuts de Francesco di Giorgio en tant que peintre alors dans l’entourage de Vecchietta.
2 « Ceci est [le registre] de l’entrée et de la sortie [les recettes et les dépenses] de la Municipalité de Sienne au temps des sages Giovanni de messire Pietro Pecci, camerlingue de la Gabelle, Matteo di Guido, Giovanni di Ciecho Thomasi, messires Bindo di ser Giovanni Bindi, Gabrioccio di Nicholo Tholomei, officiers de la Gabelle, Mariano di Meio di Nardo, secrétaire de la Gabelle, ser Ghuasparre d’Antonío, notaire de la Gabelle pour les six mois commencés le premier janvier 1459 et achevés le dernier jour de juin 1460. »
3 Alessandro Lisini, « Onoranze à Pio II nelle sua venuta a Siena », Miscellana storica senese, III, 1885, p. 176.
4 Le pape avait quitté Florence le 29 janvier 1460 et arriva à Sienne le 31. La narration de l’événement écrite par son principal protagoniste ne manque pas de saveur : « Ses concitoyens l’y attendaient avec l’ardeur la plus vive. Il fit une entrée quasi triomphale dans la ville et fut reçu avec les honneurs les plus grands et les plus incroyables. Ce n’était que verdoiement, bien que février déployât sa froidure ordinaire, et il n’y avait nulle place qui ne fût décorée de fleurs, ni de rue qu’on ne vît jonchée d’herbes parfumées. Peu de temps auparavant, était survenu le décès de l’archevèque de la ville, Antonio, alors qu’il séjournait à Bagni pour rétablir sa santé. Le pape lui substitua, à titre d’administrateur pontifical, son neveu Francesco, le fils de sa soeur, âgé de vingt-trois ans.

Au même moment, le pape reçut la visite de Federico d’Urbino, un homme d’esprit et de grande éloquence, privé d’un œil qu’il avait perdu lors d’un tournoi. Il l’écouta multiplier les promesses, après lui avoir délivré des fonds pour qu’il fit passer dans son camp les soldats de la compagnie de Piccinino et s’opposat à toute intrusion de l’ennemi de Ferdinand dans le royaume [de Naples]. On approchait de l’époque du carême, un moment considéré comme dévolu à l’élection des cardinaux. On vit alors maints solliciteurs avancer leurs requêtes : l’empereur [proposa le nom d’]un cardinal, auquel le pape opinait favorablement ; le roi de France, deux ; le roi d’Aragon, un ; le roi de Sicile Ferdinand et le duc de Milan Francesco, plusieurs chacun ; le duc de Savoie, un ; le duc de Bourgogne, un ; le marquis de Montferrat, un ; les Florentins et Cosme, un. Parmi les noms avancés, rares étaient ceux qui plaisaient au pape ; d’autres, qu’il pensait devoir lui être fidèles, lui semblaient plus dignes à ses yeux. Une fois assuré qu’on lui donnerait satisfaction sur l’essentiel, il convoqua le consistoire secret pour le mercredi, jour où l’on discute habituellement de la création des cardinaux. À cette occasion, il prononça les paroles suivantes : ‘Il nous faut veiller, pour difficile que ce soit, à élire des candidats dignes d’une telle charge. Or, nous sommes surpris d’une telle foule de candidats. Cette dignité s’est avilie à l’excès, puisque même des enfants estiment qu’elle leur est due. En élire, nos prédécesseurs l’ont fait, qui promurent maints personnages fort indignes. Il est permis de parler des morts : vous avez connu le cardinal de Saint-Marc que d’aucuns ont appelé le bouffon de votre ordre. Vous êtes en cause vous aussi, qui n’observez pas la dignité et la sainteté qui seraient dignes de ce haut rang, puisque vous vivez de telle sorte qu’on vous croit non point élus en vue du gouvernement de l’Église, mais appelés aux plaisirs et à leur jouissance. Vous n’évitez ni les chasses, ni les spectacles, ni la compagnie des femmes. Vous commandez des festins plus riches qu’il ne conviendrait, vous endossez des vêtements d’un luxe excessif, vous regorgez d’or et d’argent, vous entretenez des chevaux et des serviteurs plus qu’à suffisance. Pensez à choisir des candidats aptes. Pour leur nombre, nous en jugerons nous-même, en veillant à éviter que trop grand, il n’avilisse cette dignité ou que, trop petit, il ne suffise pas aux besoins du gouvernement.’

Sur ces paroles, il donna la liste des candidats qui se présentaient personnellement ou dont le nom était présenté par d’autres. Quand il eut achevé, Ludovico, cardinal d’Aquilée prit la parole : ‘J’ai honte de siéger à cette place que tout le monde estime lui être due. C’est aux hommes les plus en vue que la coutume réserve cette ascension. Sans tâche, sans ride, tel doit être l’homme susceptible d’obtenir le cardinalat. Cette dignité, haute entre toutes, n’admet aucune faute. Tes prédécesseurs ont eu coutume d’y élever des candidats de souche noble que distinguaient leur savoir et leur sainteté. Or, tu viens de nommer plusieurs personnes dont je ne voudrais pas à mon service, même à la cuisine ou à l’écurie. Et je ne vois pas de raison qui obligerait à créer de nouveaux cardinaux. Nous sommes suffisamment nombreux, que ton intention soit de nous dépêcher comme légats ou de nous garder auprès de toi pour te conseiller. Nous nous avilissons d’être en trop grand nombre. Nos ressources ne suffisent pas à notre entretien, et tu veux nous en adjoindre d’autres, qui nous enlèveraient notre subsistance ! Et jusqu’à présent, tu n’en as pas nommé un seul que je puisse juger digne du chapeau rouge. »

Mais le pape lui répondit : ‘Cardinal d’Aquilée, si Eugène, Nicolas et Calixte, à qui nous avons succédé, avaient suivi ta règle de désignation des cardinaux, ou bien tu ne serais pas cardinal, ou bien c’est dans une assemblée encore plus réduite que tu siégerais ici.’

Après maintes interventions de part et d’autre, les cardinaux s’accordèrent sur cinq noms, avec cette clause supplémentaire que le neveu du pape en ferait partie. Une fois ce résultat obtenu, Pie s’exprima ainsi : « Vous ne refuserez pas le sixième que je vais proposer car il est au-dessus de toute critique ; et sans aucun doute vous le louerez une fois que je l’aurai nommé. » Et les cardinaux de demander son nom avant de donner leur avis, et le pape d’exiger leur accord avant de donner son nom. Pie finit par l’emporter et, ayant recueilli leur accord, nomma comme sixième cardinal à créer Alessandro da Sassoferrato, général de l’ordre des Augustins, réputé pour son savoir théologique et bien connu pour la sainteté de sa vie.

La liste des nouveaux cardinaux fut dressée ainsi. En premier fut nommé Angelo, évêque de Rieti, frère du défunt cardinal de Fermo, homme à la conduite pure et sans tâche, que le pape avait imposé aux Bolonais comme légat avant de quitter Rome. Après lui, Berardo, évêque de Spolète, homme d’une grande distinction de mœurs et de culture, considéré comme un fidèle défenseur de la justice – originaire de Narni, il était alors référendaire et membre de la maison de Pie. Ensuite, Niccolò, évêque élu de Teano, originaire de Pistoia, connu pour ses connaissances juridiques, et jusqu’alors membre de la cour pontificale. En quatrième lieu, Burckard, prévôt de Salzbourg, pour lequel on décida de ne pas rendre le choix public tant qu’on n’aurait pas nommé d’autres cardinaux parmi les candidats transalpins. Le cinquième fut Alessandro, évoqué plus haut. Le sixième et dernier fut Francesco, neveu du pape qui se consacrait alors à l’étude du droit pontifical à l’université de Pérouse et qui avait déjà reçu les insignes du doctorat. Comme il était encore trop jeune, il ne reçu que la dignité de cardinal diacre. Tous les autres eurent l’honneur d’obtenir celle de cardinal prêtre. On considéra que le pape avait veillé pour le mieux aux intérêts de l’Italie, en créant cinq cardinaux qui en étaient originaires, et qu’il avait aussi agi de manière inédite, en élevant au cardinalat, durant le même consistoire, deux membres de la maison pontificale, ainsi que son propre neveu.

Le pape fit ensuite retraite chez les Frères mineurs dits de l’Observance régulière, non loin de la ville de Sienne. » Silvio Enea Piccolomini (Pie II), Commentariis rerum memorabilium quae temporibus suis contigerunt, 1462-1463 (trad. abrégée en fr. : Les Commentarii de Pie II, présentés et annotés par Ivan Cloulas et Vito Castiglione Minischetti, Paris, Tallandier, 2001, pp. 198-202.

5 Dans le récit de l’épisode, Pie II mentionne la nomination non pas de cinq mais de six cardinaux, dans la liste desquels figure Burkhard von Weisbriach (Weißpriach, entre 1420 et 1423 – Salzbourg, 1466), prince-archevêque de Salzbourg. Celui-ci était estimé par le pape qui le créa cardinal in pectore (c’est-à-dire sans faire connaître sa décision) au titre des Santi Nereo ed Achilleo de lors du consistoire du 5 mars 1460, et ne publia cette création que le 31 mai 1462. C’est pourquoi Burkhard n’apparaît pas parmi les dignitaires agenouillés devant le pape dans l’œuvre de Francesco di Giorgio.
6 Angelo Capranica (Capranica Prenestina, v. 1415 – Rome, 1478) : nommé par Pie II cardinal prêtre de Santa Croce in Gerusalemme (Rome) en succession de son frère Domenico, mort en 1458, et légat de la Romagne.
7 Berardo Eroli, surnommé « le cardinal de Spolète » (Narni [Ombrie], 1409 – Rome, 1479) : investi cardinal lors du consistoire du 5 mars 1460, le cardinal Eroli est abbé commendataire de l’abbaye de San Paolo alle Tre Fontane à Rome et nommé légat a latere à Pérouse. En 1466-1467, il est camerlingue du Sacré Collège. 
8 Niccolò Forteguerri (Pistoia, 1419 – Viterbe, 1473) : apparenté à Enea Silvio Piccolomini (la propre mère du futur pape était Forteguerri), il fut créé cardinal prêtre de Santa Cecilia (Rome) par ce dernier une fois devenu lui-même le pape Pie II.
9 Alessandro Oliva (Sassoferrato, 1407 – Tivoli, 1463) : maître en théologie qu’il enseigne à Pérouse pendant vingt ans, Provinciale des Marchés, Prieur de Pérouse, Vicaire Général, élu Prieur Général (1458), créé cardinal par Pie II (1460).
10 Tête nue, les cardinaux attendent agenouillés que le pape pose sur leur crâne l’un des chapeaux que l’on voit entre les mains de quatre pages.
11 Gabriele Fattorini, dans Alessandro Angelini, Gabriele Fattorini e Giovanni Russo (dir.), Federico da Montefeltro e Francesco di Giorgio : Urbino crocevia delle arti (cat. d’exp.), Venise, Marsilio, 2022, p. 59.
12 Alessandro Angelini, dans Luciano Bellosi (dir.), Francesco di Giorgio Martini e il Rinascimento a Siena. 1450-1500(Catalogue d’exposition, 25 aprile-31 luglio 1993). Milan, Electa, 1993, p. 114.
13 Francesco di Giorgio, De Animalibus, Miniature de frontispice, v. 1463. Tempéra sur parchemin, 39 x 28 cm. Sienne, Museo Aurelio Castelli (provenant de la Basilique de l’Observance).
14 Francesco di Giorgio, Il ratto di Elena.
15 Alessandro Angelini, dans Luciano Bellosi (dir.), op., cit., p. 114.