Giovanni di Paolo, « San Giovanni Battista » ; « San Domenico »

Giovanni di Paolo (Sienne, v. 1400 – 1482)

San Giovanni Battista, San Domenico (Saint Jean Baptiste, saint Dominique), 1426.

Volets latéraux du polyptyque Pecci-Paganucci-Malavolti [1]Voir note 3. Ces panneaux étaient, à l’origine, surmontés de gâbles., tempéra et or sur panneau, respectivement 125,5 x 41,5 cm ; 125,5 x 42,5 cm.

Inscriptions :

  • (dans le nimbe de Dominique) : “SANCTUS DOMENICUS ORDINUS PREDICANTI” [2]« Saint Dominique, ordre des Prêcheurs. »
  • (dans le nimbe de Jean Baptiste) : “SANCTUS JOHANN(E)S BAPTISTA”

Provenance : Église de San Domenico [3]Autel Pecci-Paganucci jusqu’au milieu du XVIe s. ; autel Malavolti au début du XVIIe s. ? (voir note 3) ; réfectoire du couvent de San Domenico du début du XVIIe jusque, peut-être, à la fin du XVIIIe s., Sienne.

Sienne, Pinacoteca Nazionale.

Ces deux panneaux latéraux proviennent d’un polyptyque qui ornait l’un des autels de la Basilique de Saint Dominique à Sienne. [4]On lit généralement que ce polyptyque a d’abord orné la chapelle Pecci (Sienne, Sant’Agostino) devenue, plus tard, la chapelle Malavolti. L’historienne de l’art Ilaria Sciascia, se fondant sur un document notarié, considère quant à elle que les deux autels étaient distincts, situés à côté l’un de l’autre, et que le polyptyque de Giovanni di Paolo ornait la chapelle … Poursuivre Ils en constituent, à Sienne même, l’unique souvenir. Leur splendeur ravive la nostalgie d’un ensemble dont les différents éléments sont aujourd’hui dispersés entre Castelnuovo Berardenga pour le compartiment central, en Allemagne et aux États-Unis s’agissant de la prédelle). [5]Voir ci-après : Reconstitution du polyptyque.

Voici un nouvel exemple de l’extraordinaire sophistication visuelle de l’art de Giovanni di Paolo, tel que l’on peut l’observer, en particulier, dans la figure de Jean Baptiste désignant de l’index l’image d’un Sauveur, désormais absente. [6]La figure de l’Enfant-Jésus dans les bras de sa mère était, en effet, représentée dans les bras de sa Mère dans le panneau central du polyptyque.

À la préciosité des vêtements du saint, semblant ciselès dans la matière, fait écho la lumière réverbérée sur le fond d’or uni, fond d’or qui peut pourtant paraître anachronique dans le troisième quart du Quattrocento, tant il participe d’une esthétique singulière, propre au Gothique international. Cachant le corps nu de l’ermite, la mélote [7]Mélote : « Ce mot purement grec qualifie en général la peau de toutes sortes de quadrupèdes à poil ou à laine ; mais il désigne en particulier une peau de mouton ou une peau de brebis avec sa toison : car il signifie brebis. Les premiers anachorètes se couvraient les épaules avec une mélote, et erraient ainsi dans les déserts » (définition donnée dans l’Encyclopédie ou … Poursuivre elle-même, avec ses boucles aux formes stylisées, revêt un caractère étrangement précieux.

Le dessin qui scrute au scalpel les formes du visage, des mains et des jambes du prophète, et semble tailler les chairs jusqu’à faire apparaître les veines, les os et les ligaments, souligne avec une sorte de réalisme qui va jusqu’à la cruauté, l’anatomie d’un corps souffrant. Le puissant contraste né de la confrontation de ce corps meurtri, dans lequel s’impose une réalité trop quotidienne, avec la splendeur inouïe du rendu du manteau aux plis métalliques et aux reflets mordorés qui le dissimulent, et dont on ne verra jamais aucun exemple dans la réalité, ce contraste produit une image véritablement troublante, qui s’imprime avec force, et durablement, dans l’esprit du spectateur.

Le sol de marbre sur lequel se tiennent les deux saints se prolonge d’un panneau à l’autre. Le dessin tourmenté des veines de ce marbre semble à l’image des sentiments exprimés par les deux personnages sacrés. En se tournant maintenant vers le « frère prêcheur » (Dominique), et en dépit de son impassibilité apparente, on percevra un regard brûlant de fièvre.

[8]S.a., Mostra di opere d’arte restaurate nelle province di Siena e Grosseto, 2, 1981, n. 21. [9]Federico Zeri, Elisabeth C. G. Packard, Italian paintings in the Walters Art Gallery, Walters Art Gallery, 1976, catalogue no. 78a-d, pp. 116-121.

Reconstitution du polyptyque

L’œuvre, signée par Giovanni di Paolo, est datée de 1426. [10]Il s’agit de la première œuvre datée de l’artiste. Elle constituait un polyptyque en cinq parties comportant, dans le registre principal, au centre, une Vierge à l’Enfant au milieu d’anges. Ce panneau de la Madone se trouve aujourd’hui dans l’église paroissiale de Castelnuovo Berardenga (Sienne). Les deux panneaux latéraux gauches, représentant Jean-Baptiste et saint Dominique, sont conservés à la Pinacothèque de Sienne. Les deux panneaux de droite, où l’on voyait les figures des saints Paul et Laurent, sont perdus mais leur contenu nous est connu grâce à une description datant du 17ème siècle.

La prédelle comportait également cinq compartiments : la Crucifixion, au centre, et quatre scènes de la vie de Jésus, dont trois de la Passion, dans les compartiments latéraux.

REGISTRE PRINCIPAL

  • Giovanni di Paolo, Madonna col bambino tra angeli. Propositura dei SS. Clemente e Giusto, Castelnuovo Berardenga.
  • Giovanni di Paolo, San Domenico. Sienne, Pinacoteca Nazionale.
  • Giovanni di Paolo, San Giovanni Battista. Sienne, Pinacoteca Nazionale.

PRÉDELLE

Notes

Notes
1 Voir note 3. Ces panneaux étaient, à l’origine, surmontés de gâbles.
2 « Saint Dominique, ordre des Prêcheurs. »
3 Autel Pecci-Paganucci jusqu’au milieu du XVIe s. ; autel Malavolti au début du XVIIe s. ? (voir note 3) ; réfectoire du couvent de San Domenico du début du XVIIe jusque, peut-être, à la fin du XVIIIe s.
4 On lit généralement que ce polyptyque a d’abord orné la chapelle Pecci (Sienne, Sant’Agostino) devenue, plus tard, la chapelle Malavolti. L’historienne de l’art Ilaria Sciascia, se fondant sur un document notarié, considère quant à elle que les deux autels étaient distincts, situés à côté l’un de l’autre, et que le polyptyque de Giovanni di Paolo ornait la chapelle Malavolti, et non celle des Pecci. (Ilaria Sciascia, L’opera pittorica di Giovanni di Paolo realizzata nel 1426. Présentation orale, église des SS Giusto e Clemente, 8 mai 2022.).
5 Voir ci-après : Reconstitution du polyptyque.
6 La figure de l’Enfant-Jésus dans les bras de sa mère était, en effet, représentée dans les bras de sa Mère dans le panneau central du polyptyque.
7 Mélote : « Ce mot purement grec qualifie en général la peau de toutes sortes de quadrupèdes à poil ou à laine ; mais il désigne en particulier une peau de mouton ou une peau de brebis avec sa toison : car il signifie brebis. Les premiers anachorètes se couvraient les épaules avec une mélote, et erraient ainsi dans les déserts » (définition donnée dans l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers (1751 – 1772), sous la direction de Denis Diderot et, partiellement, de Jean Le Rond d’Alembert).
8 S.a., Mostra di opere d’arte restaurate nelle province di Siena e Grosseto, 2, 1981, n. 21.
9 Federico Zeri, Elisabeth C. G. Packard, Italian paintings in the Walters Art Gallery, Walters Art Gallery, 1976, catalogue no. 78a-d, pp. 116-121.
10 Il s’agit de la première œuvre datée de l’artiste.