Lorenzo di Niccolò di Martino (Florence, documenté de 1391 à 1411)
San Gregorio, Santa Fina e storie della sua vita (Saint Grégoire, sainte Fina et épisodes de sa vie), 1402.
Volets de l’ancien tabernacle destiné à contenir le buste-reliquaire de Santa Fina. Tempera sur panneau.
Inscriptions :
- (sous la figure de Grégoire) : “S[AN]C[TU]S GI …”
- (sous la figure de Fina) : “S[AN]C[T]A FINA VIR …”
- (sur la maquette tenue par Fina) : “S[AN]C[TU]S GIMIGNANO”
Provenance : Collégiale de San Gimignano.
San Gimignano, Palazzo Comunale, Pinacoteca.
Ce panneau, peint sur chacune de ses deux faces par Lorenzo di Niccolò di Martino, constituait la façade du tabernacle de bois qui protégeait initialement le reliquaire de Santa Fina dans la Collégiale de San Gimignano.
FACE AVANT

Les saints Grégoire et Fina se tiennent debout côte à côte dans les deux volets centraux simulant deux niches de style strictement gothique. La présence des deux saint figurés conjointement s’explique par une apparition du saint pape à la jeune fille étendue sur son lit de douleurs huit jours avant la mort de celle-ci. [1] Chacun des deux saints est identifié grâce à l’inscription de son nom sur le piédestal où ils se tiennent. Leurs attributs iconographiques viennent redoubler l’information. Grégoire est représenté en habits pontificaux, coiffé d’une couronne papale (il ne s’agit pas de la tiare), et muni d’une clé qui le désigne en tant que pape par excellence, à l’image de saint Pierre (qui, lui, est muni de deux clés) ; la colombe de l’Esprit-Saint qui inspire les écrits du saint pape est visible, chuchotant à son oreille. Fina porte une maquette de San Gimignano, sa ville natale, et un bouquet de fleurs faisant allusion au miracle des violettes survenu à l’instant de sa mort.

Les deux personnages sont flanqués de quatre scènes narratives dont l’origine se trouve dans la légende de Fina [2]. Ces quatre épisodes dépeignent les événements prodigieux survenus après que la sainte ait été victime de la paralysie qui la contraignit à demeurer constamment allongée [3].
La chronologie des scènes est lisible de haut en bas et de droite à gauche :
- En présence de voisins qui observent la scène, la mère de Fina présente à sa fille de la nourriture qu’elle refuse de prendre. L’épisode résume à lui seul le très sévère régime ascétique auquel la jeune fille se serait astreinte pendant les cinq années de sa longue maladie [4].
- Vision de Fina : un démon tue sa mère. Alors qu’elle est allongée dans la cave où elle a choisi de finir ses jours au sein de la maison paternelle, Fina entend sa mère crier qu’on la tue. Au même instant, la vision de sa mère terrassée par un « serpent » lui apparaît ; ce serpent demeure ensuite juché sur l’une des poutres du plafond, au-dessus de la planche sur laquelle gît la jeune paralysée. [5]
- Arrivée des citoyens de San Gimignano devant la maison de Fina après sa mort ; actionnées par des anges, les cloches de la ville sonnent à toute volée à l’arrière-plan. [6]
- Le corps de Fina est transporté dans l’église. Sa main entre miraculeusement en contact avec celle de Beldia, la femme qui l’a accompagnée tout au long de sa maladie. [7]
FACE ARRIÈRE

Deux anges occupent le revers des deux panneaux centraux.

- Incendio
- La santa salva un muratore
- La santa salva i marinai
- Il demone espulso dal corpo di un posseduto davanti alla tomba del santo (Le démon expulsé du corps d’un possédé devant le tombeau de la sainte)
[1] Il s’agit de la scène représentée par Domenico Ghirlandaio sur la paroi droite de la chapelle de Santa Fina (collégiale de San Gimignano).
[2] Le dominicain Giovanni del Coppo est l’auteur de la première biographie de la sainte. Écrite au XIVe siècle, elle a été traduite du latin par Jacopo Manducci en 1575 sous le titre Vita e morte di Sancta Fina da San Gimignano. E miracoli fatti dopo quella in diverse persone.
[3] La légende précise qu’elle décida de passer ses jours sur une étroite planche de bois qui serait celle exposée de nos jours dans la chapelle qui lui est consacrée dans la Collégiale de San Gimignano.
[4] « Elle ne prenait que la portion nécessaire à sa propre subsistance et donnait le surplus aux pauvres ». Giovanni del Coppo, Vita e morte di Sancta Fina da San Gimignano. E miracoli fatti dopo quella in diverse persone (trad. anglaise : The Legend of the Holy Fina, Virgin of San Gimignano : now first translated from the Trecento Italian of Fra Giovanni di Coppo, with introduction and notes by M. Mansfield. New-York – Londonien, Chatto and Windsurf, 1908, p. 12).
[5] Un jour, alors qu’elle rentrait chez elle, Imperiera, mère de Fina fut « soudainement frappée par quelqu’un qui l’accosta avec violence, de telle manière qu’elle tomba au sol et demeura immobile comme une pierre ». La « bienheureuse Fina, entendant « le bruit des armes et un grand tumulte, éleva la voix pour appeler une bonne femme, nommée Bonaventura, qui la servait pour l’amour de Dieu ». Cette dernière se précipita et constata la mort de la mère de Fina. Au même moment, Fina leva les yeux et vit, sur une poutre du lieu où elle gisait, le démon qui venait de frapper à mort la pauvre femme. Giovanni del Coppo, Vita e Morte …, op. cit, pp. 12-16).
[6] La scène est longuement décrite dans le chapitre VII de la Légende de Fina : « […] à peine son âme se fut-elle séparée de son corps que les cloches […] de toutes les églises de San Gimignano, bien que non manipulées par des hommes mortels, se mirent à sonner à l’unisson le plus doux et le plus mélodieux. À cet étonnant signal, tous les habitants de la ville se rendirent en hâte dans la maison où la bienheureuse Fina venait de mourir et portèrent son corps dans l’église principale de ladite ville » où il resta plusieurs jours. « Et pendant tout ce temps, eurent lieu plusieurs miracles ». Giovanni del Coppo, Vita e Morte …, op. cit, pp. 21-23.
[7] L’auteur de la première biographie de la sainte rend compte de l’événement dans les termes suivants : « La femme qui était au service de la sainte jeune fille, Monna Beldì, dont nous avons déjà parlé, avait une main estropiée de telle sorte qu’elle ne pourrait plus l’utiliser ; pour cette raison, alors qu’elle se tenait à proximité de la dépouille, dans l’église principale, elle pria sincèrement le Seigneur pour qu’il guérisse sa main, par l’intercession de la vierge Fina, et voici : la sainte Fina, qui gisait sur le lit funéraire, leva le bras comme si elle était encore en vie, et, saisissant la femme qui avait été à son service, toucha les doigts de la main de Monna Beldì l’un après l’autre, et celle-ci fut délivrée de son affliction. Toute la multitude fut frappée d’étonnement à la vue d’une si grande merveille, et rendit grâce au Seigneur Tout Puissant ». Giovanni del Coppo, Vita e morte di Sancta Fina da San Gimignano. E miracoli fatti dopo quella in diverse persone (trad. anglaise : The Legend of the Holy Fina, Virgin of San Gimignano : now first translated from the Trecento Italian of Fra Giovanni di Coppo, with introduction and notes by M. Mansfield. New-York – Londres, Chatto and Windus, 1908, p. 22.
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