Ce concours de sculpture, vrai historiquement, est cependant rapidement entré dans la légende. Il est organisé en 1401 par l’Arte di Calimala, riche corporation du Change et de la Laine qui joue le rôle d’une banque européenne et commande de nombreuses œuvres aux artistes de l’époque. Il s’agit, soixante-cinq ans après l’achèvement de la porte sud de l’édifice par Andrea Pisano, de donner au baptistère une porte du côté nord, ainsi que le mentionne Vasari au tout début de la Vie qu’il consacre à Filippo Brunelleschi. [1]« Dopo queste cose, l’anno 1401 fu deliberato, vedendo la scultura essere salita in tanta altezza, di rifare le due porte di bronzo del tempio e batistero di S. Giovanni: perché da la morte d’Andrea Pisano in poi, non avevono avuti maestri che l’avessino sapute condurre. Onde fatto intendere a quelli scultori che erano allora in Toscana l’animo loro, fu mandato per essi e dato loro … Poursuivre
Sept sculpteurs plus ou moins célèbres, et plus ou moins expérimentés, y participent : outre Filippo Brunelleschi et Lorenzo Ghiberti, Niccolò di Piero Lamberti [2]Niccolò di Pietro Lamberti ou Niccolò di Piero Lamberti dit Nicolò Aretino (Florence, 1370 – 1451) : sculpteur et un architecte florentin de la Renaissance, dont l’œuvre porte encore empreinte du style gothique., Francesco di Valdambrino et Jacopo della Quercia, Simone da Colle [3]Simone da Colle di Val d’Elsa (Colle di Val d’Elsa, … – XIVe s.) : orfèvre et sculpteur toscan. et Niccolò di Luca Spinelli [4]Niccolò di Luca Spinelli, dit Niccolò d’Arezzo (Arezzo, v. 1340 – Florence, v. 1420-27) : orfèvre et sculpteur arétin, frère de Spinello.. Chaque candidat doit présenter un relief en bronze sur le thème du Sacrifice d’Isaac.
On le sait, ce sont les reliefs de Brunelleschi et de Ghiberti qui retiennent finalement l’attention des jurés. Aucun des deux artistes ne se dépare totalement du style gothique en vigueur. Il est vrai que les deux compositions sont incluses dans un cadre au format quadrilobé imposé [5]Ce format contraignant a certainement été imposé afin de s’harmoniser avec la porte sud existante., rendant peu propices les expérimentations spatiales. Le paysage n’étant que partiellement évoqué, la perspective, qui ne serait d’ailleurs d’aucune utilité de ce fait, y est quasiment inexistante.
Tous deux, cependant, ont en commun leur jeunesse et leur désir de renouveler les modèles de la sculpture, et tous deux accèdent à la nouveauté en faisant clairement référence à la sculpture de l’Antiquité classique : Brunelleschi reproduit, dans l’angle bas, à gauche, le Tireur d’épine en bronze, d’époque romaine, et précieusement conservé à Rome depuis toujours ; Ghiberti, quant à lui, reprend pour son Isaac un Torse de centaure au modelé également antiquisant.
Notes
1↑ | « Dopo queste cose, l’anno 1401 fu deliberato, vedendo la scultura essere salita in tanta altezza, di rifare le due porte di bronzo del tempio e batistero di S. Giovanni: perché da la morte d’Andrea Pisano in poi, non avevono avuti maestri che l’avessino sapute condurre. Onde fatto intendere a quelli scultori che erano allora in Toscana l’animo loro, fu mandato per essi e dato loro provisione et un anno di tempo a fare una storia per ciascuno; fra i quali furono richiesti Filippo e Donato, di dovere ciascuno di essi da per sé fare una storia, a concorrenza di Lorenzo Ghiberti, Iacopo della Fonte, Simone da Colle, Francesco di Valdambrina e Niccolò d’Arezzo. Le quali storie finite l’anno medesimo e venute a mostra in paragone, furon tutte bellissime et intra sé differenti; chi era ben disegnata e mal lavorata, come quella di Donato, e chi aveva bonissimo disegno e lavorata diligentemente, ma non spartito bene la storia col diminuire le figure, come aveva fatto Iacopo della Quercia; e chi fatto invenzione povera e figure, nel modo che aveva la sua condotto Francesco di Valdambrina; e le peggio di tutte erano quelle di Niccolò d’Arezzo e di Simone da Colle, e la migliore quella di Lorenzo di Cione Ghiberti. La quale aveva in sé disegno, diligenza, invenzione, arte e le figure molto ben lavorate; né gli era però molto inferiore la storia di Filippo, nella quale aveva figurato un Abraam che sacrifica Isaac; et in quella un servo, che mentre aspetta Abraam, e che l’asino pasce, si cava una spina di un piede, che merita lode assai. Venute dunque le storie a mostra, non si satisfacendo Filippo e Donato se non di quella di Lorenzo, lo giudicarono più al proposito di quell’opera che non erano essi e gl’altri che avevano fatto le altre storie. E così a’ Consoli con buone ragioni persuasero che a Lorenzo l’opera allogassero, mostrando che il publico et il privato ne sarebbe servito meglio; e fu veramente questo una bontà vera d’amici et una virtù senza invidia, et uno giudizio sano nel conoscere se stessi, onde più lode meritorono, che se l’opera avessino condotta a perfezzione: felici spiriti che mentre giovavano l’uno all’altro, godevano nel lodare le fatiche altrui; quanto infelici sono ora i nostri, che mentre ch’e’ nuocono, non sfogati, crepano d’invidia nel mordere altrui. Fu da’ Consoli pregato Filippo che dovesse fare l’opera insieme con Lorenzo, ma egli non volle, avendo animo di volere essere più tosto primo in una sola arte, che pari o secondo in quell’opera. Per il che la storia, che aveva lavorata di bronzo, donò a Cosimo de’ Medici; la qual egli col tempo fece mettere in sagrestia vecchia di San Lorenzo, nel dossal dell’altare, e quivi si truova al presente, e quella di Donato fu messa nell’Arte del Cambio. Fatta l’allogazione a Lorenzo Ghiberti, furono insieme Filippo e Donato, e risolverono insieme partirsi di Fiorenza et a Roma star qualche anno, per attender Filippo all’architettura e Donato alla scultura. » (« Devant les sommets atteints par la sculpture, il fut décidé en 1401 de refaire les deux portes de bronze du baptistère Saint-Jean ; depuis la mort d’Andrea Pisano, aucun maître n’avait été capable d’une telle entreprise. Cette intention fut transmise à tous les sculpteurs qui se trouvaient en Toscane. Convoqués, ils reçurent une provision pour réaliser chacun une scène dans un délai d’un an. Filippo et Donato furent mis en concurrence avec Lorenzo Ghiberti, Jacopo della Fonte, Simone da Colle, Francesco di Valdambrina et Niccolò d’Arezzo. Ces scènes, terminées dans l’année, furent exposées afin qu’on puisse les comparer : elles étaient toutes très belles mais différentes. L’une était bien dessinée et mal travaillée comme celle de Donato ; l’autre était d’un très bon dessin et travaillée soigneusement, mais les raccourcis étaient mal agencés comme chez Jacopo della Quercia ; celle de Francesco di Valdambrina était pauvre dans l’invention comme dans les figures, les pires étaient celles de Niccolò d’Arezzo et de Simone da Colle, et la meilleure celle de Lorenzo di Cione Ghiberti qui unissait le dessin, le soin, l’invention, l’habileté à des figures bien travaillées. La scène de Filippo n’était pas loin d’atteindre la même perfection ; elle représentait Abraham qui sacrifie Isaac ; la figure du serviteur qui attend Abraham et se retire une épine du pied, pendant que l’âne paît, mérite beaucoup d’éloges. Devant les œuvres exposées, Filippo et Donato ne se trouvèrent satisfaits que de celle de Lorenzo. Ils le jugèrent plus apte à cette entreprise que tout autre concurrent. Aussi persuadèrent-ils les consuls de lui attribuer la commande, prouvant par de bons arguments que les intérêts public et privé en seraient mieux servis. Ils donnèrent là une véritable preuve d’amitié dénuée d’envie, et de jugement sain sur leur propre valeur. Ils acquirent ainsi plus de gloire que s’ils avaient conduit l’ouvrage. Heureux esprits ! qui, tout en s’entraidant, se réjouissaient de louer le travail des autres. Combien malheureux sont nos contemporains qui, non contents de nuire, crèvent d’envie de déchirer les autres à belles dents ! Filippo fut invité par les consuls à collaborer avec Lorenzo, mais il refusa, préférant être le premier dans un autre art que second ou ex aequo dans cette œuvre. Il fit don de sa scène en bronze à Cosme de Médicis qui, par la suite, la fit placer dans l’ancienne sacristie de Saint-Laurent, sur le devant d’autel, où elle se trouve toujours. » Giorgio Vasari, Vies…, |
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2↑ | Niccolò di Pietro Lamberti ou Niccolò di Piero Lamberti dit Nicolò Aretino (Florence, 1370 – 1451) : sculpteur et un architecte florentin de la Renaissance, dont l’œuvre porte encore empreinte du style gothique. |
3↑ | Simone da Colle di Val d’Elsa (Colle di Val d’Elsa, … – XIVe s.) : orfèvre et sculpteur toscan. |
4↑ | Niccolò di Luca Spinelli, dit Niccolò d’Arezzo (Arezzo, v. 1340 – Florence, v. 1420-27) : orfèvre et sculpteur arétin, frère de Spinello. |
5↑ | Ce format contraignant a certainement été imposé afin de s’harmoniser avec la porte sud existante. |
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