Polyptyque mural

Dans la Toscane de la fin du XIVe siècle, les deux techniques picturales de prédilection étaient la peinture murale (généralement à fresque) et la peinture à la détrempe sur bois (le plus souvent du peuplier), dont les panneaux pouvaient être réunis pour former un polyptyque. Il existait aussi une option, plus rare et plus singulière, qui visait à créer un effet d’illusion du réel par la création d’une fresque ayant l’apparence aussi précise que possible d’un véritable retable. [1]Dans ce cas de figure, le peintre avait l’entière responsabilité du style et des formes de la menuiserie encadrant les divers compartiments du polyptyque feint. Pour augmenter le réalisme de la charpenterie dorée des retables sur bois, on faisait adhérer des fines lames d’étain à la surface du mur préalablement peinte. [2]La dorure des polyptyques muraux n’a rien en soi de surprenant puisque l’effet scintillant de l’or a longtemps été associé aux décorations de l’autel (voir : Lois Heidmann Shelton, Gold in altarpieces of the early Italiam Renaissance. A Theological and Art Historical Analysis of Its Meaning and of the Reasons for Its Disappearance, Yale University, 1988 La feuille d’étain pouvait être appliquée, une fois meccata, seule ou au moyen d’un procédé plus coûteux, et servait à son tour de support à une très fine feuille d’or. Cette feuille composite, faite d’or et d’étain, était préalablement préparée, puis découpée et mise en place grâce à une miction oléo-résineuse permettant l’adhésion. Subissant une altération considérable au fil du temps, ces feuilles se déformaient, provoquant le détachement de l’or superficiel, et devenaient gris-noir, ton qui caractérise le fond de nombre de peintures murales anciennes [3]Cennino Cennini expose en détail la technique de la dorure murale à l’aide de feuilles d’étain pur ou doré [Cennino CENNINI, Il libro dell’arte, a cura di F. Frezzato, Vicenza, 2003, pp. 132-135]).. Le type de figure obtenu est appelé polyptyque mural. [4]Sur ce sujet, voir : Elisa CamporealePolittici murali del Trecento e del Quattrocento : un percorso dall’Umbria alla Toscana, Florence, Olschki, 2012 ; Jacques Bousquet, « Des antependiums aux retables : le problème du décor des autels et de son emplacement », Les cahiers de Saint-Michel de Cuxa, 13, 1982, pp. 201-232.

« L’emplacement le plus répandu pour les polyptyques muraux est à l’intérieur de chapelles-niches. Il s’agit de niches obtenues dans l’épaisseur du mur, qui reprennent d’une certaine manière la forme, de dérivation antique tardive, de l’arcosolium. Ces derniers étaient caractérisés par leur connotation funéraire, mais aucune évidence de fonction sépulcrale n’a émergé dans les cas des chapelles-niches ornées de polyptyques muraux traités dans cette étude. Nous sommes face à des commandes privées et des usages de cette forme particulière d’image d’autel sacrée, avec une récupération par les laïcs d’éléments mobiliers et figuratifs liés à ceux du maître-autel et à l’action liturgique. » [5]Elisa CAMPOREALE, op. cit., p. 12.

Polyptyques muraux visibles à Sienne et dans le pays siennois

Notes

Notes
1 Dans ce cas de figure, le peintre avait l’entière responsabilité du style et des formes de la menuiserie encadrant les divers compartiments du polyptyque feint.
2 La dorure des polyptyques muraux n’a rien en soi de surprenant puisque l’effet scintillant de l’or a longtemps été associé aux décorations de l’autel (voir : Lois Heidmann Shelton, Gold in altarpieces of the early Italiam Renaissance. A Theological and Art Historical Analysis of Its Meaning and of the Reasons for Its Disappearance, Yale University, 1988
3 Cennino Cennini expose en détail la technique de la dorure murale à l’aide de feuilles d’étain pur ou doré [Cennino CENNINI, Il libro dell’arte, a cura di F. Frezzato, Vicenza, 2003, pp. 132-135]).
4 Sur ce sujet, voir : Elisa CamporealePolittici murali del Trecento e del Quattrocento : un percorso dall’Umbria alla Toscana, Florence, Olschki, 2012 ; Jacques Bousquet, « Des antependiums aux retables : le problème du décor des autels et de son emplacement », Les cahiers de Saint-Michel de Cuxa, 13, 1982, pp. 201-232.
5 Elisa CAMPOREALE, op. cit., p. 12.