Giovanni di Paolo, « Tre storie di Gesù »

Giovanni di Paolo (Sienne, v. 1400 – 1482)

Tre storie di Gesù (Trois épisodes de la vie de Jésus), 1427 (?).

Compartiments de la prédelle du Polyptyque Branchini. Tempéra sur bois, respectivement : 50 x 50,7 x 3,3 cm ; 49,3 x 52,2 x 1,6 cm ; 50 x 50,7 x 1,6 cm.

Inscriptions : /

Provenance : Don de l’abbé Ciaccheri. À l’origine, chapelle Branchini, basilique de San Domenico, Sienne.

Sienne, Pinacoteca Nazionale.

Les trois panneaux de format carré, qui représentent des Épisodes de la vie de Jésus, proviennent de la collection personnelle de l’abbé Giuseppe Ciaccheri, et appartiennent donc au noyau historique de l’institution appelée à devenir la Pinacoteca Nazionale de Sienne. Ainsi que l’écrit Dóra Sallay, ces trois panneaux sont « d’une beauté éthérée et d’une exécution si raffinée qu’ils n’ont pas d’équivalent dans le catalogue des œuvres de Giovanni di Paolo. » [1]Dóra SALLAY, dans SEIDEL, Max (sous la direction de), Da Jacopo della Quercia a Donatello. Les arti a Siena nel primo Rinascimento. Catalogue d’exposition, Milano, Motta Editore, 2010, p. 212.

Grâce à Cesare Brandi [2]BRANDI 1941 ; BRANDI 1947, pp. 11-14., dont les conclusions sont reprises dans les études les plus récentes, il est admis qu’il s’agit le plus vraisemblablement de trois panneaux provenant d’une prédelle, laquelle, probablement, est celle du polyptyque Branchini exécuté vers 1427 pour l’autel de basilique de San Domenico appartenant à la famille du même nom (voir ci-dessous : « Reconstitution du polyptyque Branchini »).

Les compartiments que l’on peut voir à la Pinacothèque de Sienne représentent trois sujets empruntés à la vie de Jésus et de la Vierge :

Compte tenu des dimensions probables du retable, la prédelle complète devait nécessairement comporter cinq compartiments du même format : outre les trois scènes mentionnées ci-dessus, présentes à la Pinacothèque nationale de Sienne, s’ajoutait l’Adoration des Mages qui figure dans un panneau (fig. ci dessous) conservé aujourd’hui au Kröller-Müller Museum d’Otterlo (Pays-Bas). Ni le sujet, ni la localisation actuelle du panneau manquant ne sont connus. Compte tenu de la chronologie des épisodes représentés, son sujet pourrait avoir été l’Annonciation ou encore, la Nativité [3]On notera que la Crucifixion, placée au centre de la prédelle (selon une pratique constante à Sienne) échappe à cette chronologie, la place d’honneur lui revenant comme étant jugée la plus digne..

Comme cela se produit le plus souvent, les panneaux de petit format de la prédelle du retable constituent le lieu où se développe le plus librement la créativité et la capacité de l’artiste à inventer des solutions nouvelles, à la fois dans la technique picturale et dans la conception du sujet représenté. L’observateur, dans un rapport de proximité nécessaire avec l’œuvre, n’en éprouve que plus intimement l’enchantement.

Reconstitution du polyptyque Branchini

Fondé en 1423, l’autel Branchini était situé en seconde position à gauche en entrant dans l’église de San Domenico (Sienne). Le panneau central – daté et signé – de ce qui devait être un pentaptyque se trouve aujourdhui au Norton Simon Museum (Pasadena).

D’après Dóra Sallay, dans SEIDEL 2010, p. 212.

PANNEAU CENTRAL

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Giovanni di Paolo, « Branchini Madonna ». Tempéra et or sur panneau, 182,9 x 99,1 cm. Pasadena, The Norton Simon Museum.

Le panneau central figurant une Vierge à l’Enfant, œuvre signée et datée au bas du cadre (« JOHANNES SENENSIS PAVULI FILIVS PINXIT MCCCCXXVII » [4]« Giovanni de Sienne, fils de Paolo peignit [ceci en] 1427 ».), est conservé aujourd’hui au Norton Simon Museum de Pasadena (États-Unis). Outre cette signature, Giovanni a laissé sur le panneau d’autres annotations personnelles, parmi lesquelles les premières lignes de l’Ave Maria, lisibles dans les broderies de l’ourlet de la robe de Marie, et une émouvante déclaration dissimulée dans l’auréole de celle-ci : « J’ai peint ceci pour vous, Vierge. Protégez cet homme ».

L’attention portée aux détails, les brillantes harmonies chromatiques, l’exploitation de l’or et de son scintillement, les éléments décoratifs somptueux ainsi que les premiers effets optiques pour rendre l’espace tridimensionnel et la progression du récit constituent les principales caractéristiques du style de Giovanni di Paolo dans les années 1420, alors qu’il est entré en contact avec l’œuvre de Gentile da Fabriano, présent et actif à Sienne en 1425 [5]Gabriele Fattorini, « Gentile da Fabriano, Jacopo della Quercia and Siena: the ‘Madonna dei banchetti’, The Burlington Magazine”, CLII, 2010, pp. 152- 161., dont la pénétration de la culture singulière transparaît nettement dans le rendu général de cette œuvre que caractérise une préciosité portée à l’extrême.


Gentile da Fabriano, « Coronation of the Virgin », v. 1420. Tempera and gold leaf on panel, 36 5/8 × 25 1/4 in. The J. Paul Getty Museum, Digital image courtesy of the Getty’s Open Content Program.

VOLETS DU POLYPTYQUE

Il est probable que deux saints représentés en pieds aient, selon une tradition héritée de Simone Martini [6]La structure du retable constitué d’une scène mariale, au centre, encadrée, de part et d’autres, de figures de saints représentées en pied est née avec la Pala di Sant’Ansano peinte vers 1333 par Simone Martini pour la Cathédrale de Sienne., été figurés de chaque côté du panneau central (certains spécialistes, parmi lesquels Dóra Sallay, pensent qu’un volet, aujourd’hui amputé de sa partie basse et représentant Saint Jean-Baptiste (Saint John the Baptist, Cambridge, Harvard University, Fogg Museum of Art) pourrait avoir compté parmi ceux-ci.

Giovanni di Paolo, « Saint John the Baptist ». Cambridge, Harvard University, Fogg Museum of Art.
  • Giovanni di Paolo, Saint John the Baptist. Cambridge, Harvard University, Fogg Museum of Art.

PRÉDELLE

Sous les cinq grands panneaux du retable principal se trouvaient cinq compartiments de plus petites dimensions, formant la prédelle mentionnée ci-dessus.

Adoration des Mages. Giovanni di Paolo
Giovanni di Paolo, « Adoration des Mages ». Otterlo, Musée Kröller Müller.

Notes

Notes
1 Dóra SALLAY, dans SEIDEL, Max (sous la direction de), Da Jacopo della Quercia a Donatello. Les arti a Siena nel primo Rinascimento. Catalogue d’exposition, Milano, Motta Editore, 2010, p. 212.
2 BRANDI 1941 ; BRANDI 1947, pp. 11-14.
3 On notera que la Crucifixion, placée au centre de la prédelle (selon une pratique constante à Sienne) échappe à cette chronologie, la place d’honneur lui revenant comme étant jugée la plus digne.
4 « Giovanni de Sienne, fils de Paolo peignit [ceci en] 1427 ».
5 Gabriele Fattorini, « Gentile da Fabriano, Jacopo della Quercia and Siena: the ‘Madonna dei banchetti’, The Burlington Magazine”, CLII, 2010, pp. 152- 161.
6 La structure du retable constitué d’une scène mariale, au centre, encadrée, de part et d’autres, de figures de saints représentées en pied est née avec la Pala di Sant’Ansano peinte vers 1333 par Simone Martini pour la Cathédrale de Sienne.

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