Simone Martini et Lippo Memmi, « Annunciazione con due Santi. Pala di Sant’Ansano »

Simone Martini (Sienne, 1284 – Avignon, 1344) et Lippo Memmi (Sienne, 1291 – 1356)

Annunciazione con due santi. Pala di Sant’Ansano (Annonciation avec deux saints. Retable de Sant’Ansano), v. 1333.

Panneaux du registre principal du Retable de Sant’Ansano, tempera et or sur panneau, 265 x 305 cm.

Inscriptions :

  • (en oblique au centre de l’œuvre) : « AVE MARIA GRATIA PLENA DOMINVS TECVM » [1]Évangile selon Luc : « [Et ingressus angelus ad eam dixit] : Ave gratia plena, Dominus tecum[, benedicta tu in mulieribus] » ([L’ange entra chez elle et dit :] « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi[, bénie sois-tu entre toutes les femmes]) » Lc 1, 28.
  • (sur le revers de la manche de l’archange) : « GABRIEL »
  • (sur l’étole de l’archange) :
    • à l’épaule : « NE [TI]MEAS [MARIA] » [2]Évangile selon Luc : « [Et ait angelus ei:] Ne timeas, Maria[, invenisti enim gratiam apud Deum] » ([L’ange lui dit alors :] « Sois sans crainte, Marie[, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu]). Lc 1, 30. Issue d’un verset de l’Évangile de Luc, l’allusion à la crainte de la Vierge est bel et bien à l’origine de l’extraordinaire invention iconographique … Poursuivre
    • sous son bras : « ECCE C[ON]CIPIES IN [UTERO] » [3]Évangile selon Luc : « Ecce concipies in utero[, et paries filium, et vocabis nomen ejus Jesum] » (Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils et tu lui donneras le nom de Jésus]). Lc 1, 31.
    • tombant le long de son corps : « SPIRITUS S[AN]C[TV]S SVP[ER]VENIET I[N] TE ET VIRTVS ALTIS[SIMI OBVMBRABIT TIBI] » [4]Évangile selon Luc : « [Et respondens angelus dixit ei] : Spiritus Sanctus superveniet in te, et virtus Altissimi obumbrabit tibi. Ideoque et quod nascetur ex te sanctum, vocabitur Filius Dei » (L’ange lui répondit : Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils … Poursuivre
  • (dans le médaillon de Jérémie) : « NOVVM FACIET DOMINVS SVP[ER] TER[R]AM MULIER CIRCVNDABIT VIRVM » [5]Interprétation libre du Livre de Jérémie : « [Usquequo deliciis dissolveris, filia vaga? quia] creavit [novum faciet] Dominus novum super terram femina [mulier] circumdabit virum » ([Combien de temps, fille rebelle, vas-tu encore vagabonder ?] Le Seigneur crée du nouveau dans le pays : la femme entourera l’homme !). Jr 31, 22.
  • (dans le médaillon d’Ezéchiel) : « VIDI PORTA[M] IN DOMO DO[MIN]I CLAVSAM ET VIR NO[N] TRA[N]SIVIT P[ER] EA[M] Q[VI]A D[OMI]N[V]S I[N]TROI[TVS EST] » [6]Livre d’Ézéchiel : « Vidi portam in domo Domini clausam[, et dixit ad me angelus : Solus Dominus veniet, ingrediens et egrediens, et erit semper clausa. Et dixit Dominus ad me : Porta haec clausa erit non aperietur], et vir non transibit per eam, quoniam Dominus Deus Israel ingressus est [per eam eritque clausa] » (Je vis la porte du sanctuaire, et elle était fermée. Et … Poursuivre
  • (dans le médaillon d’Isaïe) : « ECCE VIRGO CONCIPIE[T] ET PARIET FILIVM ET VOC[ABITVR NOMEN EIVS EMMANVEL] » [7]Livre d’Isaïe : « [Propter hoc dabit Dominus ipse vobis signum] : ecce virgo concipiet, et pariet filium, et voc[abitur nomen ejus Emmanuel] » (C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel [c’est-à-dire : Dieu-avec-nous]). Es 7, 14.
  • (dans le médaillon de Daniel) : « ASPICIEBAM … ET ECCE CV[M] NVB[IBVS] CELI Q[VAS]I FILI[VS] HO[MIN]I VENIEBAT » [8]Livre de Daniel : « Aspiciebam [ergo in visione noctis], et ecce cum nubibus caeli quasi filius hominis veniebat[, et usque ad antiquum dierum pervenit et in conspectu ejus obtulerunt eum » (Je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme ; il parvint jusqu’au Vieillard, et on le fit avancer devant lui). Da 7, … Poursuivre
  • (sous les pieds de la sainte figurée dans le panneau de droite, dans le cadre néogothique datant de 1894) : « SANTA IULITTA » [9]« Sainte Julitte ou Juliette ».
  • (au bas du panneau central) : « SIMON MARTINI ET LIPPVS MEMMI DE ANNO DOMINI MCCCXXXIII SENIS ME PINXERVNT » [10]La dernière restauration de l’œuvre, en 2012, a permis de confirmer que l’inscription (« Simon Martini et Lippus Memmi de / anno domini MCCCXXXIII / Senis me pinxerunt »), lisible aujourd’hui, résulte de l’interversion de l’ordre des trois fragments, qui proviennent effectivement de la signature originale, lorsqu’ils ont été intégrés dans le cadre néogothique : … Poursuivre

Provenance : Sienne, Cathédrale, autel de Sant’Ansano.

Florence, Galleria degli Uffizi.

Il ne subsiste de ce retable que les trois panneaux qui en constituaient le registre principal. L’Annonciation, au centre, est encore pourvue de ses deux volets latéraux sur lesquels apparaissent les figures de deux saints peints en pied (par Lippo ?).

Du fait qu’elle a quitté le territoire de la province de Sienne, cette œuvre excède le champ d’action – déjà immense – que s’est fixé le présent travail. Pourtant, son importance est telle qu’il fallait nécessairement l’intégrer dans le corpus des chefs-d’œuvre de la peinture siennoise, en compagnie de tous ceux – ils sont nombreux – qui ont marqué d’une empreinte indélébile, tant sur les plans historique, artistique que religieux, l’identité d’une civilisation médiévale dont les échos demeurent aujourd’hui partout perceptibles : dans l’architecture, l’urbanisme, les paysages et peut-être même, d’une certaine manière, dans les esprits et dans les mentalités.

C’est pourquoi notre choix se limitera à apporter quelques indications d’ordre iconographique et à souligner le contexte dans lequel, après avoir été victime des variations de la mode et du goût, comme tant d’autres productions médiévales, ce véritable symbole a fini par quitter le territoire pour lequel il avait été créé afin de rejoindre définitivement Florence, dans des conditions qui s’apparentent à celles d’un marché de dupes, sinon d’une spoliation.

Rappelons succinctement que le Polyptyque de Sant’Ansano, duquel proviennent les trois panneaux qui nous préoccupent, a fait partie du vaste programme d’embellissement de la Cathédrale qui a pris forme à une époque (1330-1350) contemporaine de celle de la mise en œuvre du projet du Duomo Nuovo, rapidement abandonnée. Avec la Naissance de la Vierge de Pietro Lorenzetti et la Présentation au Temple d’Ambrogio Lorenzetti, toutes deux datées de 1342, et l’Adoration des bergers attribuée à Bartolomeo Bulgarini (1351), l’œuvre de Simone Martini, à laquelle a participé Lippo Memmi, visait à honorer les quatre Patrons de la ville en leur consacrant quatre autel dans le transept de la Cathédrale. Ce qui fut fait au moyen de quatre chefs-d’œuvre venus créer une véritable scénographie autour de la Maestà de Duccio qui les avait précédés vingt ans auparavant.

Cette vue rasante de la surface picturale fait apparaître le relief du traitement « a pastiglia » avec lequel sont traitées les paroles prononcées par Gabriel.

Comme on le constate peut-être plus fréquemment à Sienne qu’ailleurs, l’abondance de l’écriture joue ici un rôle singulier. Elle vient, sur un mode allusif, expliciter et, d’une certaine manière, élargir la signification contenue dans l’image. Parmi tous les inscriptions présentes dans l’œuvre, l’une d’elles, la plus visible rapporte les paroles de salutation prononcées, selon la narration qu’en fait l’Evangéliste Luc, par l’archange Gabriel en introduction au colloque qu’il s’apprête à avoir avec la Vierge. Les larges lettres majuscules prennent corps physiquement en s’inscrivant en relief sur la surface dorée, selon une diagonale qui matérialise le dialogue qui vient d’être initié entre Gabriel et Marie. Selon une tradition bien ancrée, la présence de ces quelques mots manifeste l’actualité du mystère chrétien de l’Incarnation au moment même où celui-ci advient dans la représentation picturale. Mais ici, cela ne suffit pas. Ce serait sans compter la présence de médaillons que l’on pourrait confondre avec des ornements destinés à agrémenter l’encadrement doré. [11]Le cadre original, sculpté par un certain ‘Maestro Paolo di Camporegio’ avant d’être doré (et orné de figures) par Lippo Memmi, a été changé vers 1420, puis une seconde fois à la fin du XIXe siècle. Toutefois, les quatre médaillons représentant des prophètes, peints par Lippo Memmi, ont été conservés. Dans ces médaillons figurent les quatre prophètes Jérémie, Ézéchiel, Isaïe et Daniel. Chacun des prophètes arbore un cartouche où l’on devine une inscription : toutes rapportent une prophétie faisant allusion au mystère de l’Incarnation, sur un mode qui peut parfois sembler très direct tant la formulation est éloquente. 

L’Annonciation est une pierre de touche de la peinture du Trecento : aucune œuvre n’illustre mieux l’amour siennois pour la ligne sinueuse, la lumière chatoyante, les riches brocarts et les glacis diaphanes. « En plus de révéler la maîtrise stylistique de Simone, l’Annonciation est également un merveilleux exemple de sa virtuosité technique et de son inventivité, car en plus de la belle harmonie de l’orfèvrerie et des glaçures, on trouve, dans le manteau de Gabriel, la première tentative siennoise de simuler de complexes textiles de brocarts d’or chinoises en sgraffite, procédé technique qui, au cours des décennies suivantes, deviendra l’une caractéristique de la peinture siennoise. Bien que Simone ne soit pas à l’origine de cette invention, il l’a utilisée d’une manière nouvelle qui a incité de nombreux autres artistes siennois à suivre son exemple [12]. »

Les prophètes Jérémie et Ezéchiel.
Les prophètes Isaïe et Daniel.

Nous ne nous arrêterons pas sur la scène principale dont l’image a été tant célébrée et si souvent commentée, sinon pour signaler une nouvelle fois, après bien d’autres, sa beauté parfaite, son élégance absolue, et, bien sûr, la complète nouveauté de l’attitude manifestement craintive de la Vierge, appelée à un avenir remarquable [12]Le premier à reproduire fidèlement l’invention de Simone est Lippo Memmi lui-même, dans l’Annonciation de la collégiale de San Gimignano. On retrouve ensuite la même attitude de la Madone martinienne dans un chef-d’œuvre d’Ambrogio Lorenzetti, l’Annonciation de l’Ermitage de Montesiepi, où la Vierge est effrayée au point de s’accrocher à une … Poursuivre. Sur les compartiments latéraux de l’Annonciation sont représentés le jeune martyr Ansano, portant la bannière aux couleurs de Sienne dont il était l’un des saints patrons, et une sainte martyre, probablement Massima, qui directement liée à Sant’Ansano dont elle fut, selon les sources, la mère, ou encore la marraine depuis le baptême de ce dernier. Elle est parfois encore identifiée avec Marguerite en raison de la mention de son nom dans un inventaire daté de 1458. L’inscription lisible à ses pieds qui, dans le cadre néo-gothique datant de 1894, l’identifie à Giulitta semble erronée.

Un événement extérieur survenu le 26 mai 1798 a très certainement influencé de manière décisive la destinée de ces trois panneaux. Ce jour-là, un violent tremblement de terre frappe Sienne, provoquant des secousses qui perdurent pendant les six jours suivants. Comme tous les édifices de Sienne, la Cathédrale a subi des dommages importants. Il faut donc trouver les fonds pour en entreprendre la restauration. Le recteur de l’Opera Metropolita, Adriano Gori Pannilini, juge alors bon de proposer au Grand-duc de Toscane, Ferdinando III, l’acquisition de l’Annonciation qui viendrait ainsi enrichir les collections de l’Imperiale e Reale Galleria degli Uffizi. La correspondance [13]Cette correspondance a été déposée dans le dossier Restauri di fabbriche per il terremoto del 26 maggio 1798. échangée lors du projet de transfert des trois panneaux, alors séparés, entre le recteur Adriano Gori Pannilini et Giovan Battista Cellesi, auditeur de la Segreteria del Regio Diritto, fait apparaître que ce transfert aurait dû avoir lieu, du moins dans les intentions du premier, en échange d’un paiement, et non d’un échange d’œuvres. Visiblement, le second, ainsi que le Grand-duc à travers lui, voient les choses tout autrement. Alors qu’il s’adresse au recteur par lettre du 13 octobre 1798, la compensation demandée sous une forme financière devient « « une compensation équivalant à une ou plusieurs toiles appartenant à la même Galerie [des Offices], après la concertation qui doit avoir lieu entre Votre Illustre Seigneurie et le Directeur [des Offices], Monsieur le chevalier Puccini [14]« Un equivalente compenso in uno, ò più quadri di pertinenza della stessa Galleria [degli Uffizi], previo il concerto da tenersi da Vostra Signoria Illustrissima con il Direttore [degli Uffizi] Signore cavaliere Puccini ». ». Quelques jours plus tard, le 27 octobre, c’est le directeur Puccini qui écrit au recteur siennois. Il lui demande de lui indiquer « le sujet, les mesures qui vous conviendraient le plus quant au tableau, ou aux différents tableaux, à vous envoyer afin de vous satisfaire au mieux [15]« […] il soggetto, le misure che più gli tornerebbero a grado del quadro, o quadri da inviarsegli onde corrispondere il meglio che mi sarà possibile alla sua gentilezza ». ». Le 5 novembre, le recteur, répondant au directeur, lui écrit que « « quelle que soit la valeur que l’on peut donner à ladite peinture, sans m’opposer aux Ordres Souverains, je vous fais respectueusement savoir qu’il pourrait être plus utile que le Lieu Pieux (le Duomo) le reçoive en espèces, plutôt que sous la forme d’une compensation au moyen des autres [peintures] qui me sont proposées [16]« Qualunque adunque sia il valore, che possa esser dato al detto quadro, senza oppormi agli Ordini Sovrani, mi farei lecito di rispettosamente proporle, che potrebbe esser più utile al Luogo Pio di riceverlo in contante effettivo, piuttosto che in compenso di altri che mi si esibiscono ». ». Le directeur lui fera savoir qu’il n’est que le « simple exécuteur des ordres souverains [17]Le « […] semplice esecutore degli ordini Sovrani », autrement dit, le « simple exécutant » des ordres reçus du Grand-duc. ». L’affaire est donc close. L’insigne chef-d’œuvre quitte définitivement Sienne pour Florence.

En échange, deux toiles de Luca Giordano (Cristo davanti a Pilato et Deposizione [18]Toutes deux sont encore visibles à Sienne, au Museo dell’Opera del Duomo.) arrivent à Sienne le 3 février 1799, comme en témoigne une note du Recteur à Puccini (8 février 1799), dans laquelle il conclue : « Les toiles mentionnées ci-dessus ont rencontré non seulement mon approbation, mais celle de tous [19]« I sopraccitati quadri hanno incontrato non solo la mia, ma l’approvazione di tutti ». ». Avec le recul, la malice sans doute involontaire (?) de cette formulation laisse un goût amère. Entre-temps, l’Annonciation, qui fit l’objet, en son temps, d’un commentaire de Bernardino Albizzeschi [20]« Avete voi veduta quella Annunziata che è al duomo a l’altare di santo Sano, allato a la sagrestia? Per certo, quello mi pare il più bell’atto, il più reverente e ’l più vergognoso che vedesse mai più in Annunziata. Vedi ch’ella non mira l’angiolo; anco sta con un atto quasi pauroso. Ella sapeva bene ch’elli era angiolo. Che bisognava ch’ella si turbasse? Che arebbe … Poursuivre, est arrivée au bureau des douanes de Florence le 15 janvier 1799 mais elle ne sera exposée, dans le premier couloir de la Galerie, qu’à partir de la fin du mois d’août 1799.

Notes

Notes
1 Évangile selon Luc : « [Et ingressus angelus ad eam dixit] : Ave gratia plena, Dominus tecum[, benedicta tu in mulieribus] » ([L’ange entra chez elle et dit :] « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi[, bénie sois-tu entre toutes les femmes]) » Lc 1, 28.
2 Évangile selon Luc : « [Et ait angelus ei:] Ne timeas, Maria[, invenisti enim gratiam apud Deum] » ([L’ange lui dit alors :] « Sois sans crainte, Marie[, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu]). Lc 1, 30. Issue d’un verset de l’Évangile de Luc, l’allusion à la crainte de la Vierge est bel et bien à l’origine de l’extraordinaire invention iconographique qui caractérise le personnage peint par Simone Martini.
3 Évangile selon Luc : « Ecce concipies in utero[, et paries filium, et vocabis nomen ejus Jesum] » (Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils et tu lui donneras le nom de Jésus]). Lc 1, 31.
4 Évangile selon Luc : « [Et respondens angelus dixit ei] : Spiritus Sanctus superveniet in te, et virtus Altissimi obumbrabit tibi. Ideoque et quod nascetur ex te sanctum, vocabitur Filius Dei » (L’ange lui répondit : Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu). Lc 1, 35.
5 Interprétation libre du Livre de Jérémie : « [Usquequo deliciis dissolveris, filia vaga? quia] creavit [novum faciet] Dominus novum super terram femina [mulier] circumdabit virum » ([Combien de temps, fille rebelle, vas-tu encore vagabonder ?] Le Seigneur crée du nouveau dans le pays : la femme entourera l’homme !). Jr 31, 22.
6 Livre d’Ézéchiel : « Vidi portam in domo Domini clausam[, et dixit ad me angelus : Solus Dominus veniet, ingrediens et egrediens, et erit semper clausa. Et dixit Dominus ad me : Porta haec clausa erit non aperietur], et vir non transibit per eam, quoniam Dominus Deus Israel ingressus est [per eam eritque clausa] » (Je vis la porte du sanctuaire, et elle était fermée. Et l’Éternel me dit : cette porte restera fermée ; on ne l’ouvrira pas ; personne n’entrera par là ; car le Seigneur, le Dieu d’Israël, est entré par là ; elle restera fermée). Ez 44, 1-2.
7 Livre d’Isaïe : « [Propter hoc dabit Dominus ipse vobis signum] : ecce virgo concipiet, et pariet filium, et voc[abitur nomen ejus Emmanuel] » (C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel [c’est-à-dire : Dieu-avec-nous]). Es 7, 14.
8 Livre de Daniel : « Aspiciebam [ergo in visione noctis], et ecce cum nubibus caeli quasi filius hominis veniebat[, et usque ad antiquum dierum pervenit et in conspectu ejus obtulerunt eum » (Je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme ; il parvint jusqu’au Vieillard, et on le fit avancer devant lui). Da 7, 13.
9 « Sainte Julitte ou Juliette ».
10 La dernière restauration de l’œuvre, en 2012, a permis de confirmer que l’inscription (« Simon Martini et Lippus Memmi de / anno domini MCCCXXXIII / Senis me pinxerunt »), lisible aujourd’hui, résulte de l’interversion de l’ordre des trois fragments, qui proviennent effectivement de la signature originale, lorsqu’ils ont été intégrés dans le cadre néogothique : l’inscription d’origine devait se lire : « Simon Martini et Lippus Memmi de Senis me pinxerunt anno domini MCCCXXXIII » (Simone Martini et Lippo Memmi de Sienne m’ont peinte l’année du Seigneur 1333).
11 Le cadre original, sculpté par un certain ‘Maestro Paolo di Camporegio’ avant d’être doré (et orné de figures) par Lippo Memmi, a été changé vers 1420, puis une seconde fois à la fin du XIXe siècle. Toutefois, les quatre médaillons représentant des prophètes, peints par Lippo Memmi, ont été conservés.
12 Le premier à reproduire fidèlement l’invention de Simone est Lippo Memmi lui-même, dans l’Annonciation de la collégiale de San Gimignano. On retrouve ensuite la même attitude de la Madone martinienne dans un chef-d’œuvre d’Ambrogio Lorenzetti, l’Annonciation de l’Ermitage de Montesiepi, où la Vierge est effrayée au point de s’accrocher à une colonne, puis encore dans l’Annonciation peinte par Andrea di Bartolo dans le polyptyque de la Pieve de Buonconvento de 1397, ou dans l’Annonciation de Taddeo di Bartolo (Sienne, Pinacoteca Nazionale). Cette attitude craintive de la Vierge traverse ensuite tout le XVe siècle (les scènes peintes par le ‘Maestro dell’Osservanza’ [Pala dell’Osservanza] et Vecchietta [Pienza, Museo Diocesano]), ou celle de l’Annonciation avec les saints Jean-Baptiste et Bernardino peinte par Giovanni di Pietro et Matteo di Giovanni) jusqu’au XVIe siècle avec l’Annonciation de l’église de San Martino in Foro (Sarteano), peinte par Domenico Beccafumi.
13 Cette correspondance a été déposée dans le dossier Restauri di fabbriche per il terremoto del 26 maggio 1798.
14 « Un equivalente compenso in uno, ò più quadri di pertinenza della stessa Galleria [degli Uffizi], previo il concerto da tenersi da Vostra Signoria Illustrissima con il Direttore [degli Uffizi] Signore cavaliere Puccini ».
15 « […] il soggetto, le misure che più gli tornerebbero a grado del quadro, o quadri da inviarsegli onde corrispondere il meglio che mi sarà possibile alla sua gentilezza ».
16 « Qualunque adunque sia il valore, che possa esser dato al detto quadro, senza oppormi agli Ordini Sovrani, mi farei lecito di rispettosamente proporle, che potrebbe esser più utile al Luogo Pio di riceverlo in contante effettivo, piuttosto che in compenso di altri che mi si esibiscono ».
17 Le « […] semplice esecutore degli ordini Sovrani », autrement dit, le « simple exécutant » des ordres reçus du Grand-duc.
18 Toutes deux sont encore visibles à Sienne, au Museo dell’Opera del Duomo.
19 « I sopraccitati quadri hanno incontrato non solo la mia, ma l’approvazione di tutti ».
20 « Avete voi veduta quella Annunziata che è al duomo a l’altare di santo Sano, allato a la sagrestia? Per certo, quello mi pare il più bell’atto, il più reverente e ’l più vergognoso che vedesse mai più in Annunziata. Vedi ch’ella non mira l’angiolo; anco sta con un atto quasi pauroso. Ella sapeva bene ch’elli era angiolo. Che bisognava ch’ella si turbasse? Che arebbe fatto se fusse stato uno uomo? Pigliane essempio, fanciulla, di quello che tu debbi fare tu. » (« Avez-vous vu cette Annonciation qui est dans la Cathédrale sur l’autel de Sant’Ansano, à côté de la sacristie ? Pour sûr, cela me semble l’acte le plus beau, le plus respectueux et le plus pudique que j’aie jamais vu dans l’Annunziata. Vous voyez qu’elle ne regarde pas l’ange ; elle se tient encore dans une attitude presque effrayée. Elle savait bien que c’était un ange. Que fallait-il pour qu’elle se trouble ? Qu’aurait-elle fait si cela avait été un homme ? Prends-en exemple, ma fille, de ce que toi tu dois faire. » Bernardin de Sienne, extrait d’un sermon prononcé en 1427 sur le Campo. Enzo Carli a vu dans le passage du sermon de saint Bernardin une sorte de texte critique avant la lettre puisque, selon lui, le saint avait « capté avec une acuité admirable ce mélange de révérence, de pudeur et de crainte qui s’empare de la Vierge au moment de la visite céleste et qui constitue l’une des raisons, nullement secondaire, de la fascination qui émane du retable de Martini ». Naturellement, l’interprétation de saint Bernardin, soulignait l’historien de l’art, était conditionnée par son sentiment religieux (et aussi moral, puisque la réticence de la Vierge que l’on peut admirer dans le chef-d’œuvre de Simone Martini et Lippo Memmi était envisagé comme un paradigme pour les jeunes femmes), mais ce sentiment n’a pas dû être si éloigné de la spiritualité de l’artiste, tout comme il a dû être largement accepté par les Siennois qui, à partir de 1333, ont pu voir pendant plusieurs siècles l’œuvre de l’autel de Sant’Ansano, saint patron de la ville, à l’intérieur de la cathédrale de Sienne.

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