Assomption

Après sa mort (ou Dormition), alors qu’elle a été ensevelie dans son tombeau, Marie est emportée dans les cieux par une cohorte d’anges venue la chercher. Son tombeau, une fois privé de la dépouille mortelle de la Vierge, demeure empli de fleurs, des roses et des lys disent les textes.

L’Assomption se distingue de l’Ascension sur le plan du sens comme sur celui de l’événement miraculeux auquel il renvoie. C’est ce que traduit l’étymologie de chacun des deux termes : assomption vient du latin ad sumere, qui signifie « être transporté vers », tandis qu’ascension, du latin assumptionem (de assumere), veut dire « assumer, enlever ». Ainsi, Marie ne s’élève pas toute seule vers le ciel ; selon la tradition chrétienne, c’est Dieu qui fait le choix de l’« assumer », corps et âme, en la réunissant à son Fils sans attendre la résurrection finale, tant elle a su s’unir, corps et âme, à Lui au cours de sa vie terrestre. [1]Jacques de Voragine, se fondant sur un écrit apocryphe attribué à Jean l’Évangéliste, raconte la façon dont eut lieu l’Assomption de la Vierge : « Quand la Vierge vit tous les apôtres réunis, elle bénit le Seigneur et s’assit au milieu d’eux, parmi des lampes allumées. Or, vers la troisième heure de la nuit, Jésus arriva avec la légion des anges, la troupe des patriarches, … Poursuivre Pour d’autres exégètes, l’Assomption corps et âme de la Vierge résulte nécessairement de l’impossibilité que le corps de celle-ci puisse être soumis à la moindre corruption après sa mort.

C’est généralement dans les représentations de l’Assomption que les peintres toscans font surgir la figure de saint Thomas, l’incrédule, à qui Marie envoie du haut des cieux sa propre ceinture comme preuve que l’événement a bien eu lieu. L’anecdote fait l’objet d’une dévotion particulière en Toscane, probablement du fait que la Vera Cintola (la Vraie Ceinture !) est conservée dans la Cathédrale de Prato où la relique fait encore, chaque année, au mois de septembre, l’objet d’une ostension effectuée par l’évêque de la ville.

I. Sources textuelles de l’épisode

Voir le lien ci-dessus.

II. Iconographie

Jusqu’au XVe s., les caractéristiques iconographiques principales d’une Assomption sont les suivantes :

  • La Vierge est vue frontalement, dans une attitude d’orante, les mains jointes
  • Assise dans une mandorle qui s’élève vers le ciel portée par des anges ; cette mandorle peut être constituée de séraphins, plus rarement de chérubins
  • Elle n’est plus vêtue de son habituel manteau bleu mais a revêtu un manteau de couleur blanche
  • Au-dessous, le tombeau ouvert est maintenant rempli de fleurs, des roses et des lis qui, « d’après Jean Damascène, exhalent un parfum délicieux. » [2]REAU 1958, II, 1, p. 617.
  • Les apôtres rassemblés autour du tombeau vide assistent à l’Assomption
  • Thomas, seul ou accompagné d’autres disciples, recueille la ceinture que Marie lui envoie du ciel pour lui prouver la véracité de l’événement auquel lui-même n’a pas assisté en personne

À partir du XVIe s., par suite de la perte progressive de l’origine et du sens des symboles iconographiques, l’Assomption, qui est nécessairement passive, tend à être confondue avec l’Ascension qui est nécessairement le contraire. C’est ainsi que l’Assomption de la Vierge du Titien, peinte en 1518 pour l’église des Frari à Venise, dans laquelle la Vierge s’élève seule, les bras tendus vers le ciel, entourée d’anges qui se bornent à lui faire cortège sous le regard étonné des apôtres, « ne justifie plus le nom d’Assomption ». [3]REAU 1958, II, 1, p. 618.

Notes

Notes
1 Jacques de Voragine, se fondant sur un écrit apocryphe attribué à Jean l’Évangéliste, raconte la façon dont eut lieu l’Assomption de la Vierge : « Quand la Vierge vit tous les apôtres réunis, elle bénit le Seigneur et s’assit au milieu d’eux, parmi des lampes allumées. Or, vers la troisième heure de la nuit, Jésus arriva avec la légion des anges, la troupe des patriarches, l’armée des martyrs, les cohortes des confesseurs et les chœurs des vierges ; et toute cette troupe sainte, rangée devant le trône de Marie, se mit à chanter des cantiques de louanges. Puis Jésus dit : « Viens, mon élue, afin que je te place sur mon trône, car je désire t’avoir près de moi ! » Et Marie : « Seigneur, je suis prête ! » Et toute la troupe sainte chanta doucement les louanges de Marie. Après quoi Marie elle-même chanta : « Toutes les générations me proclameront bienheureuse, en raison du grand honneur que me fait Celui qui peut tout ! » Et le chef du chœur céleste entonna : « Viens du Liban, fiancée, pour être couronnée ! » Et Marie : « Me voici, je viens, car il a été écrit de moi que je devais faire ta volonté, ô mon Dieu, parce que mon esprit exultait en toi ! » Et ainsi l’âme de Marie sortit de son corps, et s’envola dans le sein de son fils, affranchie de la douleur comme elle l’avait été de la souillure. Et Jésus dit aux apôtres : « Transportez le corps de la Vierge dans la vallée de Josaphat, déposez-le dans un monument que vous y trouverez, et attendez-moi là pendant trois jours ! » Et aussitôt le corps de Marie fut entouré de roses et de lys, symbole des martyrs, des anges, des confesseurs et des vierges. Et ainsi l’âme de Marie fut emportée joyeusement au ciel, où elle s’assit sur le trône de gloire à la droite de son fils. » Jacques de Voragine, La Légende dorée, chap. 115, « L’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie. ».
2 REAU 1958, II, 1, p. 617.
3 REAU 1958, II, 1, p. 618.