Mastro Guglielmo (XIIe siècle)
Croce dipinta detta Croce di ‘Mastro Guglielmo’ (Croix peinte dite Croix de ‘Maître Guglielmo’), 1138. [1]L’inscription lisible au-dessus de la figure du Christ comporte à la fois la date de l’exécution (1138) et le nom du peintre, un maître Guilielmus inconnu mais appartenant à l’école de Lucca.
Tempéra sur lin contrecollé sur panneau, 299 x 214 cm.
Inscriptions :
- (dans le titulus crucis) : « I(ESUS) [NA]ZARENUS RE[X] IUDEORU(M) »
- (sous le titulus crucis) : « ANNO MILLENO CENTENO / TER QUOQ(UE) DENO / OCTAVO PIN/X(IT) / GUILLE(L)M(US) ET H(AEC) METRA FINX(IT) » [2]« En l’an 1138, Guglielmo (Guillaume) peignit (cette œuvre) et composa ces vers. »
- (à l’extrémité inférieure du bras gauche de la croix, dans le cartel déployé par le prophète Jérémie) : « Spiritus oris nostri, Christus Dominus, captus est in peccatis nostris » [3]« Celui qui nous faisait respirer, l’oint de l’Eternel, a été pris dans leurs fosses, [Lui de qui nous disions : Nous vivrons sous son ombre parmi les nations]. » (Jr 4, 20).
- (à l’extrémité inférieure du bras gauche de la croix, dans le cartel déployé par le prophète Isaïe) : « Sicut ovis ad occisionem ducetur » [4]« [Oblatus est quia ipse voluit et non aperuit os suum] sicut ovis ad occisionem ducetur [et quasi agnus coram tondente obmutescet et non aperiet os suum] » (« [Il a été maltraité et opprimé, et il n’a point ouvert la bouche.] Semblable à un agneau qu’on mène à la boucherie[, à une brebis muette devant ceux qui la tondent, il n’a point ouvert la … Poursuivre
Provenance : ancienne cathédrale de Luni ou église de Sant’Andrea, Sarzana.
Sarzana, Concathédrale de Santa Maria Assunta.
Le Crucifix de mastro Guglielmo [5]Le maître, que l’on ne connaît que par le prénom (Guillielmus) avec lequel il signe l’œuvre, est un artiste actif à Pise au XIIe siècle. est la plus ancienne des croix peintes encore conservées. L’œuvre, réalisée sur un panneau en bois de châtaignier façonné, a été en grande partie repeinte au début du XIVe siècle.
Pour la première fois dans l’art, Jésus est représenté nu, portant un simple tissu (appelé perizonium) autour des hanches. Il s’agit d’un élément significatif, car jusqu’alors, le Christ était représenté vêtu du colobium, la longue tunique à manches courtes traditionnellement utilisée par les premiers moines chrétiens. Cette figure du Christ, selon Piero Torriti, « présente une grandeur dilatée, une recherche vitale puissante et une liberté de mouvement qui semble dorénavant dissoudre la rigidité des formes orientales. » [6]Piero TORRITI, Ritorno a una vecchia città, Sarzana, Canale, 1977, p.72.
Dans les tabelloni :
- Baiser de Judas : le Christ, isolé au centre de la composition fait un signe de la main droite à Pierre que l’on voit agresser Malchus avec un couteau. Judas, à côté de lui, l’embrasse.
- Flagellation et reniement de Pierre : toujours en position centrale, le Christ, les mains attachées à la colonne, est frappé par ses bourreaux (ces derniers sont représentés à une échelle plus petite) ; au-dessus, apparaissent deux anges de profil portant de grands manteaux ; à l’extrême droite, se trouve la figure de Pierre reniant Jésus, (cette figure est également peinte à une échelle réduite).
- Montée au Calvaire : le Christ est suivi de la foule et des femmes (parmi lesquelles Marie). La scène est statique, seul un Juif désigne le Christ du doigt le long de la via dolorosa (route douloureuse).
- Jésus est dépose de la croix : la figure du Christ sans vie est soutenue par Joseph d’Arimathie tandis que Nicodème, au-dessous, arrache les clous de la croix ; les disciples et les saintes femmes sont également présents.
- Mise au tombeau : avec cette scène se conclut le cycle de la Passion : Nicodème et Joseph d’Arimathie deposent Jésus dans le tombeau en présence des saintes femmes et de Marie.
- Les Marie au sépulcre : commence le cycle de gloire : un ange annonce la résurrection et indique aux femmes le tombeau vide ainsi que le linceul abandonné.
- Ascension : dans la cimaise sont figurés les onze apôtres et la Vierge entre deux anges. Au-dessus, dans une mandorle, trône le Christ dont la figure est représentée plus grande que les autres.
- Tétramorphe : dans la partie supérieure des extrémités des bras de la croix, à droite : l’ange de Matthieu, le lion de Marc ; à gauche : l’aigle de Jean et le bœuf de Luc.

Notes
1↑ | L’inscription lisible au-dessus de la figure du Christ comporte à la fois la date de l’exécution (1138) et le nom du peintre, un maître Guilielmus inconnu mais appartenant à l’école de Lucca. |
---|---|
2↑ | « En l’an 1138, Guglielmo (Guillaume) peignit (cette œuvre) et composa ces vers. » |
3↑ | « Celui qui nous faisait respirer, l’oint de l’Eternel, a été pris dans leurs fosses, [Lui de qui nous disions : Nous vivrons sous son ombre parmi les nations]. » (Jr 4, 20). |
4↑ | « [Oblatus est quia ipse voluit et non aperuit os suum] sicut ovis ad occisionem ducetur [et quasi agnus coram tondente obmutescet et non aperiet os suum] » (« [Il a été maltraité et opprimé, et il n’a point ouvert la bouche.] Semblable à un agneau qu’on mène à la boucherie[, à une brebis muette devant ceux qui la tondent, il n’a point ouvert la bouche.] » (Es 53, 7). |
5↑ | Le maître, que l’on ne connaît que par le prénom (Guillielmus) avec lequel il signe l’œuvre, est un artiste actif à Pise au XIIe siècle. |
6↑ | Piero TORRITI, Ritorno a una vecchia città, Sarzana, Canale, 1977, p.72. |
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.