Giotto, « Polittico di Badia »

Giotto (Vespignano del Mugello [1]Aujourd’hui frazione de Vicchio, près de Florence., v. 1267 – Florence, 1337)

Polittico di Badia (Polyptyque de la Badia), 1295-1297.

Tempéra et or sur panneau, 91 x 334 cm.

Inscriptions :

  • (sur le fond d’or de la figure de Nicolas de Bari) : « SANCTUS / NICO/LA » [2]Saint Nicolas.
  • (sur le fond d’or de la figure de Jean l’Évangeliste) : « SANCTUS / JOHAN/NES EV » [3]Saint Jean l’Évangéliste.
  • (sur le fond d’or de la figure de la Madonna con il Bambino) : « VIRGINE MARIA » [4]La Vierge Marie.
  • (sur le fond d’or de la figure de Pierre) : « SANCTUS / PETR/US APL » [5]Saint Pierre apôtre.
  • (sur le fond d’or de la figure de Benoît) : « SANCTUS / BENED/ICTUS » [6]Saint Benoît.

Provenance : église de la Badia Fiorentina, maître-autel. [7]Provenant de l’église de la Badia Fiorentina, le polyptyque est passé en 1810 dans la Galerie de l’Académie ; elle a ensuite été affecté à l’église de Santa Croce en 1813, d’où il est parvenue aux Offices
en 1966.

Florence, Gallerie degli Uffizi, Galleria delle Statue e delle Pitture.

L’œuvre de Giotto constitue un jalon de première importance dans l’histoire de la peinture avant la période qualifiée de Renaissance, qu’elle prépare et anticipe. Il s’agit de l’un des tout premiers exemples de polyptyque, forme spécifique de retable constitué de compartiments séparés et maintenus ensemble grâce au cadre et aux traverses dissimulées au verso de l’œuvre. L’apparence du cadre, dont les formes évoquent les arcades d’une loggia gothique, confèrent aux figures, dont les reliefs et les rondeurs accrochant la lumière, un espace unitaire et concret qu’elles emplissent de leur volume, et dans lequel, ayant acquis une liberté nouvelle en même temps qu’un corps de chair dont on perçoit le poids, elles existent dorénavant, et se meuvent.

De part et d’autre de la Vierge à l’Enfant, figurent les saints Nicolas de Bari, Jean l’Evangéliste, Pierre et Benoît. Les gâbles contiennent des tondi où apparaissent des anges en buste et, au centre, le Christ bénissant. L’une de ces figures attire le regard plus que les autres : celle de l’Enfant-Jésus, dont le mouvement est rendu de manière parfaitement intelligible ; assis sur le bras de sa mère, il s’ingénie à attirer son attention, agrippe le décolleté de sa robe et, de l’autre main, serre le bout des doigts de la main de Marie, détournant au passage le geste initial du modèle iconographique dans lequel on reconnaît celui de l’Odigitria. Tout le petit corps de l’Enfant est tendu vers celui de sa Mère. Ses tout petits pieds dépassant sous sa longue robe rose semblent lui donner des coups légers tandis qu’il s’efforce de la tirer par le col pour attirer son attention [8]L’Enfant donnant des coups de pied et recherchant l’attention de sa mère rappelle un autre panneau, réalisé par Cimabue, dans lequel la critique reconnaît également la main d’un Giotto alors très jeune : selon cette hypothèse, l’Enfant que l’on voit dans la Vierge à l’Enfant de Castelfiorentino aurait été réalisée par ce dernier, lui seul, à cette … Poursuivre.

La typologie du polyptyque de la Badia a eu une grande influence dans la peinture florentine du XIVe siècle, comme l’indique le fait qu’elle a été reprise par de nombreux artistes parmi lesquels le Maître de Santa Cecilia, Lippo di Benivieni, Taddeo Gaddi, par Bernardo Daddi, et d’autres encore.

Notes

Notes
1 Aujourd’hui frazione de Vicchio, près de Florence.
2 Saint Nicolas.
3 Saint Jean l’Évangéliste.
4 La Vierge Marie.
5 Saint Pierre apôtre.
6 Saint Benoît.
7 Provenant de l’église de la Badia Fiorentina, le polyptyque est passé en 1810 dans la Galerie de l’Académie ; elle a ensuite été affecté à l’église de Santa Croce en 1813, d’où il est parvenue aux Offices
en 1966.
8 L’Enfant donnant des coups de pied et recherchant l’attention de sa mère rappelle un autre panneau, réalisé par Cimabue, dans lequel la critique reconnaît également la main d’un Giotto alors très jeune : selon cette hypothèse, l’Enfant que l’on voit dans la Vierge à l’Enfant de Castelfiorentino aurait été réalisée par ce dernier, lui seul, à cette époque, étant capable de rendre l’enfant si “vivant” et en mesure d’exprimer des sentiments avec autant de vraisemblance.