Cappella della Madonna del Voto

Chapelle de la Madone du Vœu ou chapelle Chigi

La chapelle de la Madonna del Voto est située à l’extrémité du bras droit du transept de la Cathédrale avec lequel elle communique. Il s’agit du sanctuaire marial le plus important de la ville : c’est ici que les fidèles peuvent vénérer l’image – difficilement visible – de Maria Santissima delle Grazie Advocata Senensium [1]« La très sainte Marie des Grâces, Protectrice de Sienne ». que l’histoire de l’art connaît sous le titre de Madonna del Voto, œuvre de Dietisalvi di Speme (v. 1270).

Installée initialement sur l’un des autels de la nef droite, l’effigie devint rapidement un objet de vénération si important que vers le milieu du XVe s., à l’initiative de la Commune, il fut décidé de construire une chapelle dans le but de donner au panneau un cadre digne de lui [2]Dans l’intervalle, l’œuvre avait hélas été découpée et extraite du retable dont elle faisait partie afin d’être présentée aux foules lors de processions.. Cette première construction, financée sur des fonds publics, fut alors dénommée Cappella delle Grazie. Deux siècles plus tard, au cours de la seconde partie du XVIIe s., le pape siennois Alexandre VII (Chigi), souhaitant donner davantage de splendeur à un lieu dont sa famille était propriétaire [3]La chapelle est demeurée propriété des descendants de la famille Chigi, et sous leur patronage, jusqu’à la fin du XXe siècle, époque à laquelle celle-ci a été vendue au chapitre métropolitain. décida de faire construire une nouvelle chapelle dont il confia l’exécution du projet à Gian Lorenzo Bernini [4]Sur le décor de la chapelle, voir Alessandro Angelini, Gian Lorenzo Bernini e i Chigi tra Roma e Siena. Cinisello Balsamo, Silvana Editoriale, 1998, pp. 155-173. et l’exécution des dessins du Bernin à Johan Paul Schor [5]Johan Paul Schor (Innsbruck, 1615 – Rome, 1674), appelé en Italie Giovan Paolo Schor ou Giovan Paolo Tedesco : peintre et architecte autrichien. Influencé par Le Bernin et par Pierre de Cortone, il participa à l’élaboration du décor des salles du Palais du Quirinale supervisé par ce dernier, sur commande d’Alexandre VII, et travailla aux décorations en bronze doré de la chaire … Poursuivre. C’est ainsi que fut projeté l’écrin de plan circulaire dont la réalisation, exécutée sous la conduite du siennois Benedetto Giovanelli Orlando, s’acheva en 1660 [6]1660 : date à laquelle la lanterne fut posée sur la coupole., et dans lequel fut déployé un décor fondé sur une profusion de sculptures et de précieux marbres de couleur. En 1661, Alexandre VII prend personnellement en main la conduite des affaires relatives à la chapelle familiale et impose que celle-ci soit dédiée à la Madonna Immacolata et non à Ansano comme l’auraient souhaité les siennois [7]Alessandro Angelini, « La decorazione scultorea della cappella Chigi tra Seicento e Settecento », dans Lorenzoni 2009, p. 73., excluant par la même occasion les anciens patrons de la ville : Ansano, Savino, Vittore et Crescenzio. Alessandro Angelini,[8]Alessandro Angelini, op. cit., p. 73. explique qu’ayant assisté, dans sa jeunesse, à la construction du temple de la Madonna di Provenzano, voulue par la famille grand-ducale des Médicis comme une « alternative tacite à l’antique culte de la Madonna delle Grazie vénérée dans la Cathédrale », Alexandre VII entendait, en quelque sorte, restaurer l’importance de l’ancienne « image vénérée par le peuple siennois » en l’inscrivant dans un cadre nouveau et digne d’elle.

Le volume cylindrique de la chapelle, qui résulte de son plan circulaire, est sommé d’une coupole sur tambour, et ponctué de huit colonnes de marbre vert antique du Latran. Celles-ci, qui furent envoyées de Rome, constituèrent le premier élément décoratif sculpté mis en place dans ces lieux. Elles encadrent quatre niches où l’on peut voir aujourd’hui quatre figures de saints sculptées en grandeur naturelle dans un marbre blanc, parmi lesquelles, les célèbres San Girolamo et Santa Maria Maddalena, toutes deux réalisées par le Bernin à Rome entre 1661 et 1663, ainsi que San Bernardino et Santa Caterina da Siena, respectivement sculptés par Antonio Raggi et Ercole Ferrata, tous deux milanais, élèves et collaborateurs de Gian Lorenzo Bernini.

De part et d’autre de l’autel, deux arches plus hautes que les quatre niches sont occupées par la Visitazione peinte par Carlo Maratta, à gauche, qui faisait face, à droite, à la Fuga in Egitto attribuée au même auteur, aujourd’hui remplacée, à la demande du prince Sigismondo Chigi, par une copie réalisée en mosaïque datée de 1793.

Du point de vue de la religiosité siennoise, la pièce maîtresse demeure constituée de l’autel baroque renfermant l’image sacrée placé au centre, face à la grille qui ferme l’accès de la chapelle. Cette grille joue un rôle essentiel dans la scénographie du lieu, selon un principe typiquement baroque et particulièrement cher au Bernin ainsi qu’à Alexandre VII [9]À Rome, Alexandre VII est à l’origine de plusieurs commandes de projets réalisés par le Bernin, qui figurent parmi les plus spectaculaires réalisés dans la Ville Éternelle : la colonnade de Saint Pierre, le baldaquin de la Basilique, …, son principal commanditaire à cette époque. Fermée, elle laisse deviner la présence de l’image sacrée sans l’occulter tout-à-fait, imposant au fidèle une vision rapprochée à travers les interstices de son décor exubérant. Invisible et visible à la fois, proche et lointaine, l’image gagne en mystère ce qu’elle perd en visibilité.

PEINTURES

Plan de la Cathédrale. Détail de la Cappella del Voto. Emplacement des peintures. D’après Paolo Bianchini (Sienne, Opera della Metropolitana), dans LORENZONI, Mario (a cura di), « Le pitture del duomo ». Cinisello Balsamo (Milano), Silvana Editoriale, 2008.

SCULPTURES

Plan de la Cathédrale. Détail de la Cappella del Voto. Emplacement des sculptures. D’après Paolo Bianchini (Sienne, Opera della Metropolitana), dans LORENZONI, Mario (a cura di), « Le sculture del duomo ». Cinisello Balsamo (Milano), Silvana Editoriale, 2009.

Notes

Notes
1 « La très sainte Marie des Grâces, Protectrice de Sienne ».
2 Dans l’intervalle, l’œuvre avait hélas été découpée et extraite du retable dont elle faisait partie afin d’être présentée aux foules lors de processions.
3 La chapelle est demeurée propriété des descendants de la famille Chigi, et sous leur patronage, jusqu’à la fin du XXe siècle, époque à laquelle celle-ci a été vendue au chapitre métropolitain.
4 Sur le décor de la chapelle, voir Alessandro Angelini, Gian Lorenzo Bernini e i Chigi tra Roma e Siena. Cinisello Balsamo, Silvana Editoriale, 1998, pp. 155-173.
5 Johan Paul Schor (Innsbruck, 1615 – Rome, 1674), appelé en Italie Giovan Paolo Schor ou Giovan Paolo Tedesco : peintre et architecte autrichien. Influencé par Le Bernin et par Pierre de Cortone, il participa à l’élaboration du décor des salles du Palais du Quirinale supervisé par ce dernier, sur commande d’Alexandre VII, et travailla aux décorations en bronze doré de la chaire de Saint-Pierre sous la conduite du Bernin, ainsi qu’à de nombreux autres travaux dans les principaux palais romains.
6 1660 : date à laquelle la lanterne fut posée sur la coupole.
7 Alessandro Angelini, « La decorazione scultorea della cappella Chigi tra Seicento e Settecento », dans Lorenzoni 2009, p. 73.
8 Alessandro Angelini, op. cit., p. 73.
9 À Rome, Alexandre VII est à l’origine de plusieurs commandes de projets réalisés par le Bernin, qui figurent parmi les plus spectaculaires réalisés dans la Ville Éternelle : la colonnade de Saint Pierre, le baldaquin de la Basilique, …