Sassetta, « Frammenti del polittico dell’Arte della Lana »

Stefano di Giovanni dit ‘Il Sassetta’ (Sienne, documenté de 1426 à 1450)

Frammenti del polittico dell’Arte della Lana (Fragments du polyptyque de l’Arte della Lana), 1423-1426.

Eléments du polyptyque de l’Arte della Lana ; tempéra sur panneau, 53 x 20 cm chacun.

Inscriptions :

  • (Sous le panneau central) : « Hinc opus omne ad Patres Stefanus construxit aras Senensis Johannis agent citra lapsus adultos » [1]L’interprétation de cette inscription est est très controversée.

Provenance : Chapelle de l’Arte della Lana (détruite), Sienne.

Sienne, Pinacoteca Nazionale.

Le Polyptyque de l’Arte della Lana [2]Arte della Lana : Corporation des arts et métiers qui regroupait tous les métiers qui produisaient ou travaillaient la laine. Ce fut pendant un temps l’une des plus puissantes et les plus riches de son époque. a été peint par Sassetta entre 1423 et 1426 pour la chapelle de l’Arte della Lana de Sienne. Ce fut la première commande d’importance pour l’artiste. « Œuvre d’importance exceptionnelle pour toute la peinture siennoise du Quattrocento, et d’une exceptionnelle beauté, ainsi que l’attestent les différents fragments conservés, où sont déjà visibles les toutes premières des nouveautés révolutionnaires de la Renaissance, tant pour ce qui concerne la perspective des architectures, qui ne sont plus gothiques, que pour l’importante recherche de naturalisme dans les différentes figures et dans les paysages aux ciels cristallins dont la couleur se dégrade progressivement vers l’horizon. Cela est particulièrement vérifiable dans les historiettes de la prédelle qui sont fort heureusement parvenues jusqu’à nous, bien qu’il ne s’agisse que de fragments. » [3]TORRITI 1977, p. 240. Pietro Torriti ne manque pas de relever le caractère exceptionnel de l’œuvre et de souligner qu’entre 1423 et 1426, Sassetta doit être considéré comme « le peintre le plus moderne d’Europe » : en effet, on ne connaît, à la même période, soit avant 1423, aucune œuvre de Masaccio ni de Fra Angelico, les seuls qui auraient alors pu rivaliser avec lui sur le terrain de la représentation spatiale et de l’illusion de la profondeur qu’il est possible de créer, en peinture, sur un support plan.

Le panneau central était consacré à la Gloire de l’Eucharistie sous la forme d’un grand ostensoir. Il est aujourd’hui perdu, de même qu’il ne subsiste rien des panneaux latéraux.

Les fragments du polyptyque de l’Arte della Lana conservés dans les collections de la Pinacoteca Nazionale sont regroupés dans une vitrine :

D’autres fragments du même polyptyque sont actuellement identifiés dans des collections italiennes ou étrangères.

Reconstitution du polyptyque de l’arte della lana

De ce grand retable, démembré en 1777 après la suppression des guildes, il reste, on le sait, outre le compartiment de prédelle qui nous intéresse ici, un nombre important de fragments que la Pinacothèque Nationale a réuni dans une même vitrine.

C’est Federico Zeri qui a identifié les panneaux ayant appartenu au polyptyque de l’Arte della Lana, proposant également d’intégrer à l’ensemble les deux petits paysages aujourd’hui attribués eux aussi à Sassetta par la Pinacoteca Nazionale de Sienne (après l’avoir été longtemps à Ambrogio Lorenzetti …), même si leur intégration à l’ensemble soulève encore de nombreuses questions liées notamment à leur emplacement dans l’œuvre, à leur format et à leur signification dans ce contexte.

Sassetta. Arte della Lana. Reconstitution.jpg
Hypothèse de reconstitution du polyptyque, d’après Machtelt Israëls, dans SEIDEL 2010, p. 222.
  • Sant’Antonio Abate (volet latéral droit ?). Sienne, Museo di San Donato, Banca Monte dei Paschi. 
Eléments du couronnement
Eléments de la prédelle

Dans l’économie générale d’un polyptyque consacré au mystère de l’Eucharistie, la prédelle donnait logiquement à voir la Cène, dernier repas du Christ et des apôtres avant l’Arrestation au Jardin des oliviers, au cours duquel, précisément, fut institué le sacrement eucharistique. La prédelle était constituée de sept compartiments comportant, dans cet ordre, deux Scènes de la vie de saint Antoine dont la Tentation (Sienne, Pinacoteca Nazionale), l’Exécution d’un hérétique sur un bûcher (Musée de Melbourne), La Cène (Sienne, Pinacoteca Nazionale), le Miracle du Saint Sacrement (Barnard Castle, Bowes Museum), Saint Thomas d’Aquin en prière devant l’autel de la Vierge (Budapest, Musée des Beaux-Arts) et enfin Saint Thomas d’Aquin en prière devant le Crucifix (Vatican, Pinacothèque).

Si elle pouvait être reconstituée provisoirement, ce qui ne serait déjà pas si mal, la prédelle aurait une organisation visuelle que le montage ci-dessous tente de traduire (un premier panneau tout à gauche, qui était également consacré à saint Antoine, semble définitivement perdu) :

  1. Sant’Antonio battuto dai diavoli, Sienne, Pinacoteca Nazionale.
  2. The burning of a heretic (Bûcher d’un hérétique avec l’élévation de l’hostie). Fragment de prédelle. Melbourne, National Gallery Victoria.
  3. Ultima Cena, Sienne, Pinacoteca Nazionale.
  4. A Miracle of the Eucharistic (Un miracle du saint Sacrement). Fragment de prédelle. Barnard Castle, Bowes Museum.
  5. San Tommaso d’Aquino in preghiera (Saint Thomas d’Aquin en prière). Fragment de prédelle. Budapest, Musée National.
  6. San Tommaso d’Aquino innanzi al Crocifisso (Saint Thomas d’Aquin devant le Crucifix). Fragment de prédelle. Roma, Musei Vaticani.
Pilastres latéraux

Le polyptyque comprenait encore huit petit panneaux oblongs sur les pilastres extérieurs du grand retable, représentant quatre Docteurs de l’Eglise, Jérôme, Grégoire, Ambroise et Augustin, et les quatre saints patrons de Sienne, Ansano, Victor, Savino et Crescentius. Enfin deux pinacles surmontaient l’ensemble, représentant les prophètes Elie et Elisée (pinacothèque de Sienne).

Notes

Notes
1 L’interprétation de cette inscription est est très controversée.
2 Arte della Lana : Corporation des arts et métiers qui regroupait tous les métiers qui produisaient ou travaillaient la laine. Ce fut pendant un temps l’une des plus puissantes et les plus riches de son époque.
3 TORRITI 1977, p. 240.

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