
‘Maestro di Tressa’ (actif à Sienne entre 1215 et 1240)
Madonna col Bambino o Madonna di Tressa (Vierge à l’Enfant, également dite Vierge de Tressa), v. 1235.
Tempéra et or sur panneau, 75,5 x 56,5 cm.
Inscriptions : /
Provenance : Église de Santa Maria, à Tressa (Sienne) [1]Le nom conventionnel, ‘Maestro di Tressa’, donné au peintre auteur de ce panneau, dérive de la présente œuvre, laquelle provient de l’église du hameau de Tressa, au-dehors de la Porte San Marco..
Sienne, Museo diocesano di Arte sacra.
Ce panneau est vraisemblablement le fragment central d’un devant d’autel, ou antependium, scié dans la longueur, sur ses deux côtés, à une époque incertaine, sans doute afin de l’intégrer dans un encadrement de dimensions plus restreintes et pourvoir ainsi l’utiliser dans un contexte liturgique différent [2]Dans tout l’art siennois, il n’existe qu’un seul exemple de ce type très particulier d’ornement d’autel qui ait survécu intact depuis sa création au Duecento : il s’agit le Christ Rédempteur (Sienne, Pinacoteca Nazionale) également peint par le ‘Maître de Tressa’.. Contrairement à ce que l’on peut observer dans la Madonna dagli occhi grossi (Pinacothèque de Sienne), autre dossale peint par le ‘Maître de Tressa‘ lui aussi amputé de chaque côté, la découpe du panneau a été faite non pas le long des bords de l’image centrale mais en plein milieu des scènes peintes de chaque côté de la Madone. Cette brutale intervention est responsable de la disparition du bas des jambes et des pieds de celle-ci, ainsi que d’une grande partie de chacune des scènes latérales, lesquelles représentaient six Episodes de la Vie de la Vierge.
Grâce aux rares fragments encore lisibles dans les six scènes latérales, on parvient à reconnaître les épisodes de l’Annonciation, de la Visitation, de la Fuite en Égypte, de l’Adoration des Mages et de la Présentation de Jésus au temple. La sixième scène, en revanche, demeure impossible à identifier faute d’indices suffisamment précis. De l’Annonciation (fig. 2), il ne demeure que le personnage de la servante occupée à filer. Témoin de la scène que l’on rencontrera à plusieurs reprises chez Giotto [3]Chapelle des Scrovegni, Padoue ; la fileuse est également présente dans l’Annonciation du cycle du Nouveau Testament peint par Memmi dans la collégiale de San Gimignano., le personnage n’apparaît dans aucun texte évangélique. Dans la Visitation (fig. 3), une figure féminine (Elisabeth ou sa servante ?) fait signe d’entrer à un personnage invisible. Dans ce contexte spécifique, le personnage à qui s’adresse cette invitation est nécessairement Marie. De la représentation de l’Adoration des Mages (fig. 4), ne subsistent que les figures de deux rois couronnés s’approchant de la mangeoire où se trouve l’Enfant-Jésus. Dans celle de la Présentation de Jésus au temple (fig. 5), la silhouette masculine de Joseph apportant l’offrande traditionnelle des deux colombes sacrificielles identifie à coup sûr la scène. Enfin, le fragment de paysage qui, dans l’angle inférieur gauche, localise la narration en extérieur, dans un paysage de collines, invite à reconnaître la scène de la Fuite en Égypte à laquelle la Sainte Famille a été contrainte pour fuir le massacre des nouveaux-nés ordonné par Hérode.

Le principe même d’une recherche de naturalisme est quasiment inexistant dans la peinture du Duecento. La bidimensionnalité et l’affirmation du plan y sont omniprésentes, ainsi que leur corollaire : la frontalité. C’est ainsi que la Vierge et l’Enfant sont vus parfaitement de face. Marie, assise sur un trône doté d’un gros coussin rouge qui en améliore le confort, regarde le spectateur droit dans les yeux, instaurant une sorte de dialogue avec le spectateur auquel il n’est pas aisé d’échapper. Le Christ enfant, vêtu à la mode des philosophes antiques, comme le laissent apparaître les lignes des plis de sa toge initialement gravés dans le bois [4]Visiblement, comme dans le cas de l’auréole de la Vierge, la surface sur laquelle a été peint le vêtement de l’Enfant a été grattée, probablement pour en extraire une infime quantité de matériau précieux, or ou lapis lazzuli., adresse un geste de bénédiction.
Notes
1↑ | Le nom conventionnel, ‘Maestro di Tressa’, donné au peintre auteur de ce panneau, dérive de la présente œuvre, laquelle provient de l’église du hameau de Tressa, au-dehors de la Porte San Marco. |
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2↑ | Dans tout l’art siennois, il n’existe qu’un seul exemple de ce type très particulier d’ornement d’autel qui ait survécu intact depuis sa création au Duecento : il s’agit le Christ Rédempteur (Sienne, Pinacoteca Nazionale) également peint par le ‘Maître de Tressa’. |
3↑ | Chapelle des Scrovegni, Padoue ; la fileuse est également présente dans l’Annonciation du cycle du Nouveau Testament peint par Memmi dans la collégiale de San Gimignano. |
4↑ | Visiblement, comme dans le cas de l’auréole de la Vierge, la surface sur laquelle a été peint le vêtement de l’Enfant a été grattée, probablement pour en extraire une infime quantité de matériau précieux, or ou lapis lazzuli. |
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