Trinité

Le terme Trinité, qui ne figure pas dans la Bible [1]Les deux Testaments, s’ils n’emploient pas le mot Trinité, en évoquent fréquemment le principe., désigne le Dieu chrétien constitué de trois personnes, tel qu’il est induit dans l’Ancien et le Nouveau Testaments [2]Références empruntées à l’Ancien et au Nouveau Testaments : « Dès que Jésus eut été baptisé, il sortit de l’eau. Et voici, les cieux s’ouvrirent, et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et voici, une voix fit entendre des cieux ces paroles : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection » (Mt … Poursuivre. Pour tenter de se former une représentation de ce que recouvre le principe de la Trinité, le mieux est sans doute d’en rechercher l’idée à travers quelques textes bibliques, en prenant pour guides les questions 27 à 43 de la Somme théologique appelées traité De Deo trino (« du Dieu trine ») : Thomas d’Aquin y résume la foi trinitaire en postulant que l’on peut distinguer :

  • un seul Dieu, une seule essence, ou substance, ou nature [3]Références empruntées à l’Ancien et au Nouveau Testaments : « Ecoute, Israël, l’Eternel est notre Dieu, l’Eternel seul » (Dt 6, 4,1.) ; (1 Ch 8, 4.) ; « Un médiateur n’intervient pas quand il y a une seule partie, or là, Dieu est seul. » (Ga 3, 1) ; « Car il n’y a qu’un Dieu, et aussi qu’un médiateur entre Dieu et les … Poursuivre
  • deux processions [4](Théologie) Production éternelle d’une personne divine par une autre ; production du Fils par le Père ; production de l’Esprit procédant du Père dans le Fils ou par le Fils (chez les Latins et les Grecs) ou du Père et du Fils (uniquement chez les Latins). : la génération [5]Fonction par laquelle les êtres organisés se reproduisent ; reproduction. (du Fils) et la spiration [6](Théologie) Acte par lequel le Saint Esprit procède du Père et du Fils, dans la Trinité chrétienne. (du Saint Esprit), et deux actes notionnels : l’acte de connaissance qui constitue le Fils et l’acte de volonté qui constitue l’Esprit 
  • trois Personnes : le Père, le Fils et le Saint Esprit [7]Références empruntées à l’Ancien et au Nouveau Testaments : Le Père est Dieu : « Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui subsiste pour la vie éternelle, et que le Fils de l’homme vous donnera ; car c’est lui que le Père, que Dieu a marqué de son sceau. » (Jn 6, 27) Le Fils est Dieu : « à tous ceux qui, à Rome, sont … Poursuivre
  • quatre relations : la paternité, la filiation, la spiration active (du Père et du Fils à l’Esprit) et la spiration passive (de l’Esprit au Père et au Fils)
  • cinq propriétés : l’innascibilité [8](Théologie) Qualité de ce qui ne peut avoir de naissance ou ne peut naître. (du Père) ; la paternité (du Père) ; la filiation (du Fils) ; la spiration active (par le Père et le Fils) ; la procession passive (du Saint Esprit)

[9]Autres références empruntées à l’Ancien et au Nouveau Testaments :  Les membres de la Trinité. L’Ancien Testament emploie deux termes distincts pour « l’Éternel. » (Gn 19, 24 ; Os 1, 4) « L’Éternel » a un « Fils » (Ps 2, 7, 12) ; (Pr 30, 2-4) L’Esprit est distinct de « l’Éternel. » (Nb 27, 18) et de « Dieu. … Poursuivre

Dans le quinzième livre du De Trinitate, Augustin d’Hiponne conclut en observant que le chrétien ne peut apercevoir ici-bas la Trinité qu’en figure et en énigme, et que c’est dans l’autre vie seulement qu’il la contemplera dans les proportions immuables et infinies de son éternité. C’est sans doute la meilleure conclusion possible sur un sujet aussi énigmatique et complexe.

Iconographie

La figure géométrique du triangle équilatéral est aussi l’une des figures symboliques de la Trinité. Le nimbe qui apparaît fréquemment dans les représentations du Dieu chrétien peut prendre une forme triangulaire.

Il existe beaucoup de tentatives d’illustrer la triple personne de la Trinité, mais aucune ne correspond précisément au concept véhiculé par le dogme. « Les comparaisons de l’œuf et de la pomme sont fautives en ce sens que la coquille, le blanc et le jaune sont des parties de l’œuf, pas l’œuf lui-même, de même qu’avec la peau, le cœur et les pépins de la pomme. Le Père, le Fils et l’Esprit-Saint ne sont pas des parties de Dieu : chacun d’eux est Dieu. L’image de l’eau est quelque peu meilleure, mais échoue également à décrire adéquatement la Trinité. Le liquide, la vapeur et la glace sont des états de l’eau. Le Père, le Fils et l’Esprit-Saint ne sont pas des états de Dieu : chacun d’eux est Dieu. Ainsi, si ces images peuvent nous donner une idée de la Trinité, elles ne correspondent pas parfaitement. Un Dieu infini ne peut être entièrement décrit par une image finie. » [10]

De fait, la représentation de la Trinité dans les arts visuels se heurte à une difficulté majeure : comment représenter ce qui ne peut être représenté ? Comment le rendre visible à sa ressemblance ? Les peintres confrontés au problème ont fait preuve d’inventivité pour approcher cette dernière : ainsi, plusieurs solutions coexistent dans la peinture des XIV-XVe siècles, mais toutes ne sont que partiellement satisfaisantes au regard du dogme. Il est possible d’en retenir plusieurs types :

1. La solution la plus radicale (c’est aussi la plus étonnante) consiste à représenter les trois « personnes » de la Trinité sous une forme, une attitude, un habillement, etc. identiques (Master of the Codex Rossiano, The Trinity in an Initial B, détail ci-dessous), et portant généralement un nimbe crucifère.

Master of the Codex Rossiano, “The Trinity in an Initial B”, probablement 1387 (détail de la Trinité). New York, The Metropolitan Museum of Arts, Robert Lehman Collection.


2. Une seconde solution peut être celle adoptée par l’auteur provençal anonyme du Retable de Boulbon (détail ci-dessous) : le Dieu Trine est représenté sous l’apparence de deux figures humaines, le Père et le Fils, rendus distincts par l’âge, le Saint-Esprit prenant la forme d’une colombe dont les ailes déployées relie leurs bouches entrouvertes (la présence de rayons dorés vient confirmer le symbole). Le peintre provençal Enguerrand Quarton utilise une iconographie comparable dans le Couronnement de la Vierge de Villeneuve-lès-Avignon.

Anonyme du XVe s., « Retable de Boulbon. La Trinité avec le Christ de douleur, debout dans le tombeau, et saint Agricol lui présentant un donateur » (détail de la Trinité). Paris, musée du Louvre.

3. Une autre manière de représenter la Trinité est celle retenue par Domenico Beccafumi (Retable de La Trinità ; i Santi Cosma e Giovanni Battista ; I Santi Giovanni Evangelista e Damiano) consiste à aligner les trois figures du Père, du Fils et du Saint-Esprit sur un axe vertical, celui-ci explicitant le lien entre les trois « personnes » (Voir également la célèbre Trinità de Masaccio. Florence, Santa Maria Novella).

Domenico Beccafumi, « La Trinità ; i Santi Cosma e Giovanni Battista ; I Santi Giovanni Evangelista e Damiano », détail du volet central. Sienne, Pinacoteca Nazionale.

Une fresque de Martini di Bartolomeo (La Trinità tra i santi Filippo e Lorenzo, Santa Maria della Scala) montre, dans une composition comparable, la figure de Dieu soufflant en direction de la colombe de l’Esprit-Saint (des lignes noires sortant de sa bouche indique ce souffle).

Notes

Notes
1 Les deux Testaments, s’ils n’emploient pas le mot Trinité, en évoquent fréquemment le principe.
2 Références empruntées à l’Ancien et au Nouveau Testaments : « Dès que Jésus eut été baptisé, il sortit de l’eau. Et voici, les cieux s’ouvrirent, et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et voici, une voix fit entendre des cieux ces paroles : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection » (Mt 3, 16-17) ; « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (Mt 28, 19) ; « Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu, et la communication du Saint Esprit, soient avec vous tous ! » (1 Ch 13, 14).
3 Références empruntées à l’Ancien et au Nouveau Testaments : « Ecoute, Israël, l’Eternel est notre Dieu, l’Eternel seul » (Dt 6, 4,1.) ; (1 Ch 8, 4.) ; « Un médiateur n’intervient pas quand il y a une seule partie, or là, Dieu est seul. » (Ga 3, 1) ; « Car il n’y a qu’un Dieu, et aussi qu’un médiateur entre Dieu et les hommes : l’homme Jésus Christ » (1 Tm 2, 5) ; « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu » (Jn 1, 1).
4 (Théologie) Production éternelle d’une personne divine par une autre ; production du Fils par le Père ; production de l’Esprit procédant du Père dans le Fils ou par le Fils (chez les Latins et les Grecs) ou du Père et du Fils (uniquement chez les Latins).
5 Fonction par laquelle les êtres organisés se reproduisent ; reproduction.
6 (Théologie) Acte par lequel le Saint Esprit procède du Père et du Fils, dans la Trinité chrétienne.
7 Références empruntées à l’Ancien et au Nouveau Testaments :
  • Le Père est Dieu : « Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui subsiste pour la vie éternelle, et que le Fils de l’homme vous donnera ; car c’est lui que le Père, que Dieu a marqué de son sceau. » (Jn 6, 27)
  • Le Fils est Dieu : « à tous ceux qui, à Rome, sont bien-aimés de Dieu, appelés à être saints : que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ ! » (Rm 1, 7,1) ; « et les patriarches, et de qui est issu, selon la chair, le Christ, qui est au-dessus de toutes choses, Dieu béni éternellement. » (Ro 9, 5) ; « Car en lui [le Christ] habite corporellement toute la plénitude de la divinité. » (Col 2, 9) ; « Nous savons aussi que le Fils de Dieu est venu, et qu’il nous a donné l’intelligence pour connaître le Véritable ; et nous sommes dans le Véritable, en son Fils Jésus Christ » (Jn 5, 20) ; « et qui sont élus selon la prescience de Dieu le Père, par la sanctification de l’Esprit, afin qu’ils deviennent obéissants, et qu’ils participent à l’aspersion du sang de Jésus-Christ : que la grâce et la paix vous soient multipliées ! » (1 P 1, 2).
  • Le Saint-Esprit est Dieu : « Pierre lui dit : Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton coeur, au point que tu mentes au Saint-Esprit, et que tu aies retenu une partie du prix du champ ? » (Ac 5, 3-4) ; « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (Cor 3, 16).
  • 8 (Théologie) Qualité de ce qui ne peut avoir de naissance ou ne peut naître.
    9 Autres références empruntées à l’Ancien et au Nouveau Testaments : 

    • Les membres de la Trinité.
      • L’Ancien Testament emploie deux termes distincts pour « l’Éternel. » (Gn 19, 24 ; Os 1, 4) « L’Éternel » a un « Fils » (Ps 2, 7, 12) ; (Pr 30, 2-4) L’Esprit est distinct de « l’Éternel. » (Nb 27, 18) et de « Dieu. » (Ps 51, 10-12) Dieu le Fils est distinct de Dieu le Père (Ps 45, 6-7 ; Hé 1, 8-9)
      • Dans le Nouveau Testament, Jésus parle au Père de l’envoi d’un consolateur, le Saint-Esprit : « Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous » (Jn 14, 16-17).
    • Chaque membre de la Trinité a un rôle particulier.
      • Le Père est la source première, la cause et l’origine de toutes choses :
        • de l’Univers : « Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre » (Gn 1, 1) ; (1 Cor 8, 6) ; (Ap 4, 11)
        • de la révélation divine (Ap 1, 1)
        • du salut (Jn 3, 16-17)
        • de l’œuvre humaine de Jésus (Jn 5, 17) ; (Jn  14, 10)
      • Le Fils est l’agent par lequel le Père accomplit les œuvres suivantes :
        • la création et la maintenance de l’Univers (1 Cor 8, 6) ; (Jn 1, 3) ; (Col 1, 16-17)
        • la révélation divine (Jn 1, 1, Mt 11, 27,Jn 16, 12-15, Ap 1, 1)
        • le salut (2 Cor 5, 19) ; (Mt 1, 21) ; (Jn 4, 42)
      • Le Saint-Esprit est l’instrument par qui le Père accomplit les œuvres suivantes :
        • la création et la maintenance de l’univers (Genèse 1,2) ; (Job 26.13) ; (Ps 104, 30)
        • la révélation divine (Jn 16, 12-15) ; (Ép 3, 5, 2) ; (1 P 1, 21)
        • le salut (Jn 3, 6) ; (Tt 3, 5,1) ; (1 P 1, 2)
        • l’œuvre de Jésus (És 61, ; Ac 10 ; 38). Dans