
Sano di Pietro (Sienne, 1405 – 1481)
Madonna in trono col Bambino, Angeli e i santi Girolamo, Giovanni Battista, Gregorio e Agostino. Polittico di San Giovanni Battista all’Abadia Nuova (La Vierge trônant avec l’Enfant, anges et les saints Jérôme, Jean Baptiste, Grégoire et Augustin. Polyptyque de San Giovanni Battista all’Abbadia Nuova), vers 1450.
Tempéra et or sur panneaux, 162 x 221 cm (dimensions totales).
Inscriptions :
- (dans le phylactère tenu par Jean Baptiste) : « ECCE ANGNU …OLL … » [1]« Ecce agnus dei ecce qui tollit peccata mundi. » Évangile selon Jean (Jn 1, 29).
- (dans celui de l’Enfant Jésus) : « EGO SU … » [2]« Ego sum via, veritas et vita » (« Je suis le chemin, la vérité et la vie. »). Évangile selon Jean (Jn 14, 6).
- (sur la base du cadre, au centre, mêlant majuscules et minuscules) : « QUESTA . TAVOLA . A FATA . FAR[…] BARTOLOMEA . dI DOMENIChINO . dI FRANCIESChO . PEL . ANIMA . dI SVO PADRE . E . dI SVO [sic] MAdRE » [3]« Bartolomea de Domenichino de Francesco a fait faire ce panneau peint pour le repos de l’âme de son père et de sa mère. »
- (sur les pages du livre ouvert tenu par Grégoire : une inscription rédigée en grec). [4]Ce texte est un extrait de l’Épître aux Romains de saint Paul (1, 8) qui signifie : « Je rends d’abord grâces à mon Dieu par Jésus-Christ, au sujet de vous tous, de ce que votre foi est renommée dans le monde entier. »
Provenance : Église de San Giovanni Battista all’Abbadia Nuova, Sienne. [5]C’est grâce à un dessin d’Assunto Picchioni datant du début du XIXe siècle (fig. ), que Marco Ciampolini a pu identifier le polyptyque et en indiquer l’emplacement d’origine dans le couvent des Augustins de San Giovanni Battista all’Abbadia Nuova de Sienne, aujourd’hui détruit.
Sienne, Pinacoteca Nazionale. Inv. n° 238.
Dans un article paru dans Prospettiva en 2007, Gabriele Fattorini [6]Gabriele Fattorini, « Luca di Tommè, Sano di Pietro e due polittici per la chiesa di San Giovanni Battista all’Abbadia Nuova di Siena », Prospettiva, N° 126/127 (Aprile-Luglio 2007), pp. 60-91. a proposé une reconstitution de l’église et du couvent féminin de San Giovanni Battista all’Abbadia Nuova [7]Fondé au milieu du Trecento par Pietro di Pepo Sansedoni, le couvent était localisé à proximité de la muraille protégeant la ville dans le secteur de la porte Pispini. L’ensemble figure sur un célèbre plan de Sienne dessiné à la fin du Cinquecento par le peintre Francesco Vanni, réputé si précis dans son exactitude qu’il est parfois qualifié de « fotografia ante … Poursuivre d’où provient le retable de Sano di Pietro. Il a également identifié le Polittico delle Tolfe, peint par Luca di Tommè, comme étant le premier retable que, selon toute vraisemblance, Pietro di Pepo Sansedoni, son commanditaire, avait destiné à cette même église. Quelques décennies plus tard, vers 1445-1447, à la demande de suor Bartolomea di Domenico, abbesse du couvent, Sano di Pietro exécute le présent polyptyque, également pour cette église (aujourd’hui détruite). Partant de l’hypothèse que Sano a vu le retable de Luca di Tommè et que suor Bartolomea di Domenico ait pu lui recommander de s’y référer, Fattorini examine les analogies et les différences entre les deux œuvres afin de mieux comprendre la fonction exacte de chacune d’elles alors qu’elles voisinaient au sein d’un même lieu.
De fait, la comparaison des deux œuvres révèle une forme de dépendance, sur les plans à la fois thématique et stylistique, de l’œuvre peinte par Sano di Pietro au XVe s. à l’égard du retable plus ancien de la main de Luca di Tommè, constat qui a induit Gabriele Fattorini à proposer des hypothèses relatives l’emplacement et à la fonction d’origine du retable qui nous intéresse ici.
Le retable au format gothique de Sano possède cinq volets surmontés de gâbles, lesquels sont maintenus entre deux pilastres situés aux extrémités. Au centre, la Vierge à l’Enfant (fig. 1) est figurée environnée de six anges dont le visage est vu dans un profil parfait.
COMPARTIMENTS LATÉRAUX :
- à gauche, les saints :
- Jérôme (fig. 2)
- Jean Baptiste (fig. 3) ; aux pieds du Baptiste, agenouillée de profil, Sœur Bartolomea de Domenichino de Francesco, abbesse du couvent et commanditaire de l’œuvre, est représentée vêtue de l’habit noir augustinien, à une échelle beaucoup plus petite, signe d’une flagrante inégalité de statut dans la hiérarchie des personnages figurés. Son « visage juvénile […] ne correspond pas à un âge qui devait avoisiner les quarante ans, et [son] expression un peu éteinte traduit bien les qualités de portraitiste toutes relatives du peintre [8]Gabriele Fattorini, op.cit., pp. 60-91.. »
GÂBLES DU COURONNEMENT :





- en partant de la gauche :
PILASTRES LATÉRAUX :
- à gauche (fig. 2), les saints :
- à droite (fig. 5), les saints :
La prédelle reconstituée

À l’origine, le polyptyque était complété par une prédelle sans doute composée de sept compartiments dont la reconstitution a été le fruit d’un travail mené conjointement par Wolfgang Loseries et Dóra Sallay [9]Wolfgang Loseries, Dóra Sallay, « La predella di Sano di Pietro per il polittico di San Giovanni Battista all’Abadia Nuova : ricostruzione e iconografia », dans Prospettiva, n° 126/127 (Aprile-Luglio 2007), publié par Centro Di Della Edifimi SRL, pp. 60-91. de la manière suivante :
- Sano di Pietro, Saint Francis of Assisi. New-York, The Metropolitan Museum of Art, Robert Lehmann Collection.
- Sano di Pietro, San Girolamo a la visione di Santa Blesilla mentre scrive a Santa Paola. Cologne, Kolumba Diözesamuseum.
- Sano di Pietro, Jean Baptiste enfant, de retour de la forêt, retrouve ses parents. Strasbourg, Musée des Beaux-Arts.
- Sano di Pietro, Crucifixion. Washington, National Gallery of Art.
- Sano di Pietro, Décapitation de saint Jean Baptiste. Moscou, Musée Pouchkine.
- Sano di Pietro, Banquet d’Hérode. Budapest, Szépmüvésti Múzeum.
- Sano di Pietro, Saint Bernardinus of Siena. New-York, The Metropolitan Museum of Art, Robert Lehmann Collection.
La Crucifixion (au centre) et deux saints franciscains (François d’Assise et Bernardin de Sienne, aux extrémités), encadrent un épisode de la vie de Jérôme et trois de la vie de Jean Baptiste. Sur le plan iconographique, deux scènes méritent une attention particulière car elle sont rarement représentées en peinture :
- « Saint Jérôme a la vision de sainte Blésilla alors qu’il écrit à sainte Paule ». On trouve la source de cette scène dans une lettre adressée par Jérôme à Paule de Rome au tout début du Ve s. Le saint tente de consoler sa disciple de la mort de sa fille Blésilla. L’apparition de la jeune disparue pendant la rédaction de sa lettre l’aide à trouver les mots et les arguments qui toucheront sa mère.
- « Jean Baptiste enfant, de retour de la forêt, retrouve ses parents. » La source du sujet relaté est mal identifiée. On y voit Jean, tout jeune enfant, sortir de la forêt pour rejoindre le domicile de ses parents. Elisabeth et Joachim l’accueillent à bras ouverts, rassurés de son retour. Qu’a-t-il fait pendant son escapade et combien de temps a-t-elle duré ? L’histoire ne le dit pas. Toujours est-il qu’il rapporte des fruits de la forêt (des châtaignes ?) qu’il a rassemblés dans un pli de sa tunique.
Notes
1↑ | « Ecce agnus dei ecce qui tollit peccata mundi. » Évangile selon Jean (Jn 1, 29). |
---|---|
2↑ | « Ego sum via, veritas et vita » (« Je suis le chemin, la vérité et la vie. »). Évangile selon Jean (Jn 14, 6). |
3↑ | « Bartolomea de Domenichino de Francesco a fait faire ce panneau peint pour le repos de l’âme de son père et de sa mère. » |
4↑ | Ce texte est un extrait de l’Épître aux Romains de saint Paul (1, 8) qui signifie : « Je rends d’abord grâces à mon Dieu par Jésus-Christ, au sujet de vous tous, de ce que votre foi est renommée dans le monde entier. » |
5↑ | C’est grâce à un dessin d’Assunto Picchioni datant du début du XIXe siècle (fig. ), que Marco Ciampolini a pu identifier le polyptyque et en indiquer l’emplacement d’origine dans le couvent des Augustins de San Giovanni Battista all’Abbadia Nuova de Sienne, aujourd’hui détruit. |
6↑ | Gabriele Fattorini, « Luca di Tommè, Sano di Pietro e due polittici per la chiesa di San Giovanni Battista all’Abbadia Nuova di Siena », Prospettiva, N° 126/127 (Aprile-Luglio 2007), pp. 60-91. |
7↑ | Fondé au milieu du Trecento par Pietro di Pepo Sansedoni, le couvent était localisé à proximité de la muraille protégeant la ville dans le secteur de la porte Pispini. L’ensemble figure sur un célèbre plan de Sienne dessiné à la fin du Cinquecento par le peintre Francesco Vanni, réputé si précis dans son exactitude qu’il est parfois qualifié de « fotografia ante litteram ». |
8↑ | Gabriele Fattorini, op.cit., pp. 60-91. |
9↑ | Wolfgang Loseries, Dóra Sallay, « La predella di Sano di Pietro per il polittico di San Giovanni Battista all’Abadia Nuova : ricostruzione e iconografia », dans Prospettiva, n° 126/127 (Aprile-Luglio 2007), publié par Centro Di Della Edifimi SRL, pp. 60-91. |
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.