L’Ufficio dell’Ornato

Au Quattrocento, la ville Sienne est marquée par une activité de construction d’une intensité exceptionnelle. Afin de coordonner les travaux et de permettre qu’ils soient effectués sur des critères harmonieux, le gouvernement décida en 1413 de créer un « Ufficio dell’Ornato » (bureau de l’ornement). [1]D’après : Petra Pertici, La Città magnificata (Il Leccio, 1995) et Mario Ascheri, Storia di Siena (Biblioteca dell’immagine 2013)

Dès le début du XIVe s., les statuts (« costituto ») de la ville faisaient explicitement référence à la nécessité de maîtriser le développement de Sienne en suivant des principes d’ordre et de règle, de beauté et d’esthétique, et, pour la fondation des terres fortifiées comme Talamone et Paganico, de respecter des formes rationnelles.

Au début du XVe s., le Bureau avait des attributions sans équivalent pour favoriser un développement équilibré de la ville dans un contexte Renaissance, après la croissance désordonnée du moyen âge. Il était chargé de veiller à ce que les décors des bâtiments publics et privés soient conformes à des règles préétablies. Il s’agissait notamment de rendre les rues plus droites, d’aligner les palais ou d’harmoniser les façades des palais, dans un style simple et élégant. L’office était aussi chargé des décorations de la ville pour les célébrations extraordinaires : solennités religieuses et civiles, missions militaires et diplomatiques, réceptions de personnages importants…

Par exemple, il fut décidé vers 1415 de détruire un monastère qui était situé au-delà de la Porta Romana, le long de la via Francigena, pour des motifs purement esthétiques : les pèlerins qui revenaient de Rome, ne pouvaient être frappés suffisamment tôt par la splendeur de la porte, richement peinte à fresques, car elle était masquée par le monastère.

Autre exemple, quand la famille Buonsignori a voulu faire construire son palais (aujourd’hui siège de la Pinacothèque nationale de Sienne), l’Office de l’Ornement leur a imposé de s’inspirer directement de la façade médiévale du Palais Public.

Les officiers, nommés pour un an, rendaient compte de leurs travaux de vérifications auprès du Consistoire (organe dirigeant suprême) et du Conseil général (parlement). Ils ne disposaient d’aucune autonomie en matière financière, du seul ressort de l’Office de la Biccherna, mais pouvaient dresser des amendes à qui ne respectait pas les normes. Ils étaient une commission consultative composée de neuf citoyens, nommés sur la base de la répartition des Terzi, ainsi que des partis politiques (Monti).

L’ascension au trône papal de Pie II, en 1458, donna une nouvelle impulsion au Bureau de l’Ornement. Pio Il, de par sa personnalité exceptionnelle et sa culture d’humaniste, de par aussi son projet de créer une « ville idéale » à Pienza, ne pouvait pas ne pas influencer les événements politiques et artistiques de sa ville en orientant les travaux d’embellissement.

À partir de 1480, l’Ufficio dell’Ornato perdit de son importance et disparut petit à petit. 

Notes

Notes
1 D’après : Petra Pertici, La Città magnificata (Il Leccio, 1995) et Mario Ascheri, Storia di Siena (Biblioteca dell’immagine 2013