Domenico Beccafumi

Domenico di Giacomo di Pace, dit ‘Mecherino’ ou ‘Mecarino’, Domenico Beccafumi ou encore ‘Il Beccafumi’ (Valdibiena [Montaperti (Sovicille)], entre 1484 et 1486 – Sienne, 1551) : peintre et sculpteur. Le surnom Beccafumi provient du nom propre du propriétaire des terres sur lesquelles sa famille travaillait. Vasari raconte que Domenico, qui fut le plus grand peintre siennois du XVIe siècle, est né dans une famille pauvre et que, tandis qu’il dessinait sur une pierre en faisant paître les moutons de son père (tout comme Giotto), il fut remarqué par le propriétaire du terrain, dont le nom était Lorenzo Beccafumi, qui le ramena chez lui, le fit étudier, lui donna son nom de famille. [1]« Ce don que seule la nature peut offrir et que nous avons découvert chez Giotto et quelques un des peintres évoqués jusqu’ici se retrouve, ces temps derniers, chez le peintre siennois, Domenico Beccafumi. Tout petit, il gardait les moutons de son père [Giacomo di Pace], un laboureur au service du citoyen siennois Lorenzo Beccafumi, et on le voyait s’exercer tout seul à dessiner, … Poursuivre

Durant sa période de formation à Sienne, Domenico est en contact avec l’art de Pietro Perugino, puis, lors de probables séjours à Florence, avec les œuvres de Fra Bartolomeo, et Léonard de Vinci. Cependant, ses véritables modèles de référence sont romains. Giorgio Vasari écrit encore que l’artiste s’est rendu à Rome au moment où Michel-Ange venait d’achever les fresques des voûtes de la Chapelle Sixtine et alors que Raphaël travaillait encore dans les Stanze Vaticane. Rapidement revenu à Sienne, il y travaille de manière ininterrompue jusqu’à sa mort (avec cependant une probable parenthèses consacrée à un second séjour à Rome dans les années 1530).

Dans un article paru en 2015, l’historien de l’art siennois Alessandro Angelini est parvenu à constituer un corpus parfaitement crédible des premières œuvres du peintre [2]On pensait jusque-là que le polyptyque de la Trinité (Sienne, Pinacoteca Nazionale) était la première peinture connue du peintre. en lui rendant un certain nombre de panneaux attribués jusque-là à un mystérieux ‘Maestro delle eroine Chigi Saracini’ : « En 1507, Domenico Beccafumi est présent à Montepulciano, ainsi qu’en témoignent les recherches documentaires d’Andrea Giorgi […] [3]Andrea GIORGI, « ‘Domenicho dipentore sta in chasa di Lorenso Bechafumi’. Di alcuni documenti poliziani intorno al culto di Agnese Segni e ai suoi riflessi in ambito aquatico (1506-1507) », Prospettiva, 157/158 (2015), pp 94-103.. Sa présence coïncide avec la nomination de Lorenzo Beccafumi, protecteur du peintre, comme podestat de la ville de Politien [4]Agnolo (Angelo) Ambrogini, dit Poliziano, du nom latin de Montepulciano (Mons Politianus), sa ville d’origine (Montepulciano, 1454 – Florence, 1494) : poète, humaniste et philologue. Membre et pivot du cercle d’intellectuels réunis autour de Laurent le Magnifique, alors seigneur de Florence, il est généralement considéré comme le … Poursuivre. Cela nous permet de rendre à l’artiste une toile représentant Sainte Agnès Segni, jusqu’à présent d’attribution incertaine, conservée au Musée Civique et à la Pinacothèque Crociani de Montepulciano. Le tableau, coupé dans le sens de la longueur, était à l’origine un gonfalon commandé par la Commune comme objet votif. Ses caractéristiques stylistiques […] évoquent la culture de Pietro Perugino, arrivé à Sienne en 1506. Selon la biographie de l’artiste siennois [5]Giorgio VASARI, Les Vies…, 1568., le Pérugin avait fasciné Domenico au cours de ses premières années. Cette culture péruginesque, mêlée aux premiers échos du jeune Raphaël et de Léonard lui-même, relie la toile à un ensemble de peintures attribuées jusqu’à présent à un peintre anonyme connu sous le nom de ‘Maestro delle eroine Chigi Saracini’, qui aurait été actif à Sienne au cours de la deuxième décennie du Cinquecento. Le rapprochement de cette série de panneaux avec le « gonfalon politien [6]Politien (adj.) : de Montepulciano. » de 1507 permet d’attribuer ces œuvres au jeune Beccafumi, et de les dater du début du siècle. Ces années précèdent à la fois le premier séjour de Domenico à Rome et son exécution du Triptyque de la Trinité, attesté en 1513 pour la Cappella del Manto à l’hôpital de Santa Maria della Scala. Parmi les pièces les plus convaincantes de la série figurent les trois héroïnes de Chigi Saracini − JudithArtémise et Cléopâtre − conservées dans la collection susmentionnée de Chigi Saracini à Sienne, la Vierge à l’Enfant avec le jeune saint Jean [7]Encore conservée dans une collection privée à Florence à l’époque où l’article dAngelini a été écrit, l’œuvre est visible depuis février 2023 dans la salle. 27 de la Pinacoteca Nazionale de Sienne. et le tondo du même sujet, dans les Musées d’État de Berlin. Deux têtes de lit funéraires de la Pinacoteca Nazionale de Sienne, qui complètent cet ensemble d’œuvres d’art, représentent respectivement Saint Augustin, Saint Galgano, Saint Paul et le ‘Christ de douleurs’, et précèdent légèrement le dossal de l’hôpital. » [8]Alessandro ANGELINI, « Una ‘Sant’Agnese di Montepulciano’ di Domenico Beccafumi. Per una revisione dell’attività giovanile del pittore », dans Prospettiva, 157/158 (2015), pp. 74-93.

Son œuvre, marquée du sceau de l’étrangeté et volontiers traitée dans des chromatismes acidulés propres à cette époque et à la Maniera moderna dont il fut l’un des principaux représentants en Toscane.

Principales ŒUVRES VISIBLES À SIENNE ET DANS SA PROVINCE

Notes

Notes
1 « Ce don que seule la nature peut offrir et que nous avons découvert chez Giotto et quelques un des peintres évoqués jusqu’ici se retrouve, ces temps derniers, chez le peintre siennois, Domenico Beccafumi. Tout petit, il gardait les moutons de son père [Giacomo di Pace], un laboureur au service du citoyen siennois Lorenzo Beccafumi, et on le voyait s’exercer tout seul à dessiner, sur des pierres ou d’autres façons. Un jour, Lorenzo, le vit tracer, à l’aide d’un bâton appointé, des dessins sur le sable, au bord d’une petite rivière, à l’endroit où il gardait ses bêtes. Il demanda le garçonnet à son père dans l’intention de le prendre comme domestique, et, en même temps, de le faire instruire. Avec la permission de [Giacomo], l’enfant qu’on appelait alors Mecherino, fut emmené par Lorenzo à Sienne, où il pouvait passer tout le temps que lui laissait le service de la maison dans l’atelier d’un peintre voisin, assez médiocre. Ce que celui-ci ne savais pas, il l’enseignait à Mecherino à l’aide de dessins d’excellents peintres, qu’il avait chez lui et dont il se servait au besoin, selon l’habitude de ces maîtres qui pèchent par le dessin. S’exerçant de cette façon, Mecherino montra qu’il allait vers une brillante réussite. » Giorgio VASARI, Le Vite de’ più eccellenti pittori, scultori e architetti coll’aggiunta de’ vivi e de’ morti, dall’anno 1550 a 1567 (1568), traduction française sous la direction d’André Chastel, Les vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, Paris, Berger-Levraut, 1981-1989, tome 7, p. 279.
2 On pensait jusque-là que le polyptyque de la Trinité (Sienne, Pinacoteca Nazionale) était la première peinture connue du peintre.
3 Andrea GIORGI, « ‘Domenicho dipentore sta in chasa di Lorenso Bechafumi’. Di alcuni documenti poliziani intorno al culto di Agnese Segni e ai suoi riflessi in ambito aquatico (1506-1507) », Prospettiva, 157/158 (2015), pp 94-103.
4 Agnolo (Angelo) Ambrogini, dit Poliziano, du nom latin de Montepulciano (Mons Politianus), sa ville d’origine (Montepulciano, 1454 – Florence, 1494) : poète, humaniste et philologue. Membre et pivot du cercle d’intellectuels réunis autour de Laurent le Magnifique, alors seigneur de Florence, il est généralement considéré comme le plus grand poète italien du XVe siècle.
5 Giorgio VASARI, Les Vies…, 1568.
6 Politien (adj.) : de Montepulciano.
7 Encore conservée dans une collection privée à Florence à l’époque où l’article dAngelini a été écrit, l’œuvre est visible depuis février 2023 dans la salle. 27 de la Pinacoteca Nazionale de Sienne.
8 Alessandro ANGELINI, « Una ‘Sant’Agnese di Montepulciano’ di Domenico Beccafumi. Per una revisione dell’attività giovanile del pittore », dans Prospettiva, 157/158 (2015), pp. 74-93.

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