Sala del Concistoro, Palazzo Pubblico (Sienne)

Salle du Consistoire

Dans les derniers temps de la République, cette salle servait aux réunions à l’instance de gouvernement de la Cité et de l’Etat de Sienne appelée Consistoire. Sous le principat médicéen, alors que seules quelques-unes des magistratures siennoises purent maintenir de modestes fonctions administratives, elle continua à jouer ce rôle.

Provenant de l’antichambre, on accède à cette salle en passant par l’unique et splendide porte d’accès, œuvre de Bernardo Rossellino, au-dessus de laquelle est accrochée une peinture de Luca Giordano.

Le grand chef-d’œuvre visible dans cette salle se trouve au plafond, dans le décor peint à fresque par Domenico Beccafumi entre 1529 et 1535.

Contexte historique

La conception et l’exécution des fresques s’étend, en comptant une interruption de quelques années, au cours d’une décennie délimitée par deux événements majeurs : le renversement, en 1525, de Fabio Petrucci, dernier des héritiers de la dynastie initiée par Pandolfo Petrucci une trentaine d’années plus tôt, et le séjour à Sienne de l’empereur Charles Quint (1536).

Cette période troublée voit un déchaînement des factions opposées mettre régulièrement en péril une République restaurée après trente ans de despotisme. Ce contexte n’est évidemment pas étranger à un besoin, impérieusement ressenti, de réaffirmer avec force les principes fondateurs de la démocratie républicaine. Ce sera chose faite, en particulier, à travers un nouveau décor, peint, de surcroît, à l’intérieur du palais communal, le plus apte de tous à symboliser une identité civique pluri-séculaire retrouvée. Nous verrons que le cycle du Palazzo Pubblico ne se limite pas à chanter les vertus nécessaires au bien de tous mais qu’il dépeint également la sévérité du châtiment des citoyens coupables d’atteinte à l’intégrité de la République.

Le second événement n’est pas moins important. Du 24 au 27 avril 1536, Charles Quint, de retour de Tunis, est accueilli à Sienne. Les membres de l’Accademia degli Intronati ont été chargés par la Balìa d’organiser les festivités et, en particulier, de pourvoir à la réalisation des ornements nécessaires aux événements les plus saillants de la réception faite à l’empereur (Deliberazioni degli ufficiali sopra l’ornato, Archivio di Stato di Siena, publié par S. Moscadelli et C. Zarrilli [1]). Ce n’est que le troisième jour suivant son entrée solennelle dans la ville que l’empereur pourra assister aux spectacles organisés sur le Campo, depuis l’une des fenêtres de la salle du Consistoire dont Beccafumi venait d’achever le décor.

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Tout avait commencé quelques années plus tôt. En 1528, la visite de l’empereur est annoncée pour l’année suivante. Beccafumi se met au travail et, nous apprend Vasari, réalise une énorme statue équestre mobile, exécutée en carton pâte, en même temps qu’il initie le nouveau décor qui lui a été commandé pour le plafond de la salle du Consistoire. Quelques mois ayant passé, on apprend à Sienne l’annulation du séjour prévu. La statue équestre est prudemment remisée pour faire face à toute éventualité, et Beccafumi accepte l’invitation qui lui est faite par le doge de Gênes désireux de le faire travailler dans son propre palais.

Un nouveau branle-bas de combat survient en 1535. A cette date, la visite impériale annulée sept ans plus tôt est à nouveau annoncée pour l’année suivante et, cette fois-ci, elle ne sera pas décommandée. La statue équestre réapparaît. On procède sur elle aux réparations et aux restaurations nécessaires. En peu de mois, le plafond de la salle est également achevé.

Charles Quint devra attendre deux jours entiers – il s’en étonnera – avant de pouvoir contempler le Campo et pénétrer dans le Palais Communal. Pour qui connaît la topographie de la ville, réussir à dissimuler le site aux yeux de l’auguste visiteur relève d’une véritable prouesse. À cette occasion, le gouvernement a exceptionnellement inclus dans les festivités le jeu de la Pugna. Ce jeu ancestral avait été interdit depuis le milieu du XIVe siècle en raison de son excessive violence. C’est à ce spectacle ressuscité en son honneur qu’assiste Charles Quint depuis l’une des fenêtres de la salle du Consistoire. La compétition achevée, Charles a pris un moment avant de quitter cette salle pour observer le plafond de Beccafumi, et semble en avoir apprécié la beauté. Il est improbable que l’on se soit appesanti auprès de celui qui était alors le plus grand souverain de l’univers sur la signification profonde du cycle pictural, véritable profession de foi républicaine.

On soulignera que si l’empereur était depuis peu protecteur de la Commune de Sienne, il n’en était cependant pas (encore) le suzerain en cette année 1536.

La voûte de la salle du Consistoire

Le décor peint constitue la « dernière grande entreprise figurative réalisée dans le Palazzo Pubblico à peine vingt ans avant la chute de la République » [2]. Ce décor vise, une fois encore, à inspirer les vertus civiques et la rectitude politique indispensables à la préservation du bien commun qui doit fonder le principe républicain. C’est dans la salle du Consistoire que se conclut le grand œuvre qui, de salle en salle, a conduit la cité à charger les murs de son Palais Communal d’images afin de raviver inlassablement la mémoire des exempla virtutis abondamment fournis par la Grèce et par Rome [3], à chaque fois splendidement.

Vue du sol, la voûte, constituée d’une partie centrale rectangulaire d’aspect plat, entourée de quatre corniches en forte pente, ressemble à une voûte en arc-de-cloître déprimée. L’ensemble des surfaces disponibles est divisé par un réseau d’encadrement feints avec un grand réalisme, dont les volumes paraissent éclairés par la lumière provenant des fenêtres. Chacune des surfaces de ce plafond est divisée en autant de compartiments de formats et de dimensions variés dans lesquels s’inscrivent des scènes narratives et des figures isolées.

Le décor, œuvre magistrale du peintre et sculpteur Domenico Beccafumi, a fait l’objet d’une importante littérature. Comme l’indique Palmieri Nuti en 1882 [4], les fresques des différents compartiments de la voûte représentent des épisodes et des héros inspirés des histoires grecque et romaine décrites dans les Factorum et dictorum memorabilium [5] de Valère Maxime. Selon la thèse, toujours d’actualité, de Luigi Sbaragli (1932), elles doivent être considérées comme la célébration des victoires du peuple de Sienne sur ses ennemis intérieurs et extérieurs [6]. Nicolai Rubinstein [7], en 1958, conclut sa magistrale étude sur l’iconographie de la salle des Neuf et de l’anté-chapelle du Palais par une simple allusion à celle du Consistoire. Rubinstein voit dans le cycle de Beccafumi une « réaffirmation tardive des croyances politiques et des attitudes mises en valeur dans les programmes antérieurs », ainsi que l’observe Mariana Jenkins en 1972, dans un brillant article consacré à l’iconographie – particulièrement élaborée et complexe – de la voûte de la salle du Consistoire [8].

Toutes les scènes inscrites dans la frise qui court sur le pourtour de la voûte figurent des épisodes ‘régénérateurs’ de la République tirés de l’Antiquité. Toutes illustrent, avec des variantes, le principe de Justice dont la figure allégorique trône exactement au centre du plafond, et apparaît, dans ce contexte, comme le fondement de toutes les vertus républicaines. Comme l’indique Mariana Jenkins, et après elle, Pascale Dubus [9], la liste de ces actions pourrait presque avoir été dressée par Machiavel [10] lorsqu’il justifie la fonction exemplaire qu’il accorde aux vertus héroïques dont certains personnages de l’Antiquité ont témoigné à ses yeux : « Pour donner de la vigueur et de la vie [aux institutions du Gouvernement], il faut un homme vertueux qui puisse opposer son courage à la puissance des transgresseurs [qui les menacent]. Les exemples les plus remarquables de pareils coups frappés par cette autorité, avant la prise de Rome par les Gaulois, sont la mort des fils de Brutus, celles des décimvirs, celle de Spurius Melius et, après la prise de Rome, la mort de Manlius Capitolinus, celle du fils de Manlius Torquatus, la punition infligée par Papirius Cursor à Fabius, son maître de cavalerie, et l’accusation contre les Scipions. Ces événements, aussi terribles qu’éloignés des règles ordinaires, n’arrivaient jamais sans ramener les hommes aux premiers principes de la République ». Ramener les hommes aux premiers principes de la République, aussi bien les simples citoyens que les édiles, tel pourrait être le programme du cycle peint.

Pris séparément, chacun des épisodes et des personnages figurés isolément a pour point commun d’illustrer encore une fois, ce sera la dernière dans le palais siennois, les vertus morales et les comportements civiques exemplaires de quelques uns des héros de l’antique République romaine à travers leurs faits et gestes, quand leur seule présence visible figurée hors contexte n’y suffirait pas. Le contexte historique siennois dans lequel a été conçu et exécuté ce cycle décoratif explique l’omniprésence de la mort violente qui se rencontre, à des fins d’exemplarité, dans les épisodes tirés de l’histoire antique racontés dans les divers compartiments de la frise.

Organisation du programme iconographique
Schéma général des fresques de Domenico Beccafumi au Palais Public de Sienne (Salle du Consistoire, 1529-1535). D’après Pietro Torriti, « Beccafumi », Milano, Electa, 1998, p. 153.
  1. Domenico Beccafumi, Il Sacrificio di Codro, re di Atene
  2. Domenico Beccafumi, Il pretore Elio
  3. Domenico Beccafumi, Caronda di Thurii
  4. Domenico Beccafumi, Giustizia di Seleuco
  5. Domenico Beccafumi, Marco Manlio viene gettato giù dal Campidoglio
  6. Domenico Beccafumi, Uccisione di Spurio Melio
  7. Domenico Beccafumi, Lucio Junio Bruto
  8. Domenico Beccafumi, Damone pitagorico
  9. Domenico Beccafumi, Riconciliazione dei censori Emilio Lepido e Fulvio Flacco
  10. Domenico Beccafumi, Il dittatore Fabio Massimo
  11. Domenico Beccafumi, Stasippo di Tegea
  12. Domenico Beccafumi, Postumio Tiburzio fa uccidere il proprio figlio
  13. Domenico Beccafumi, Decapitazione di Spurio Cassio
  14. Domenico Beccafumi, Il tribuno Publio Muzio manda al rogo i colleghi
  15. Domenico Beccafumi, Trasibulo ateniese
  16. Domenico Beccafumi, Il pretore Genuzio Cipo
  17. Domenico Beccafumi, Amor di patria
  18. Domenico Beccafumi, Giustizia commutativa
  19. Domenico Beccafumi, Giustizia distributiva
  20. Domenico Beccafumi, Giustizia
  21. Domenico Beccafumi, Giustizia commutativa
  22. Domenico Beccafumi, Giustizia distributiva
  23. Domenico Beccafumi, Mutua benevolenza

CENTRE DE LA VOÛTE

Au centre géométrique de la voûte, dans un médaillon, domine la figure allégorique de la Giustizia (Justice) que Vasari jugeait être « la plus belle des figures jamais peintes da sotto in su » (du bas vers le haut, c’est-à-dire en contre-plongée). Cette figure, centrale à plus d’un titre, comme nous le verrons, est flanquée de deux compartiments de format octogonal : dans l’un est représenté la Mutua benevolenza (Bienveillance mutuelle), dans l’autre l’Amor patrio (Amour de la Patrie). Si la figure de la Justice est, avec la force de l’évidence, celle qui prévaut dans le schéma organisationnel des fresques peintes ici, tout en reflétant l’importance du rôle qui est le sien dans l’éthique républicaine depuis l’Antiquité, ses deux compagnes, bien que rarement personnifiées dans les images allégoriques conventionnelles, sont placées relativement à la première d’une manière qui leur donne un rôle d’accompagnement particulièrement signifiant. Elles se présentent sous un jour particulier, accompagnées de jeunes enfants joueurs et rieurs auxquels le spectateur est davantage accoutumé en présence de la Charité. L’une est féminine, l’autre masculine. Toutes deux forment ensemble un couple parfaitement complémentaire. Selon Marianna Jenkins, la formulation de cette partie du programme est directement inspirée du De Officiis de Cicéron [11].

Domenico Beccafumi, « Amor patrio », « Giustizia », « Mutua benevolenza »
  • Domenico Beccafumi, Amor patrio (17)
    • Située du côté de l’entrée, l’allégorie de l’Amour de la Patrie s’inscrit dans un format octogonal et fait pendant avec celle figurant la Bienveillance mutuelle, symétriquement opposée
      • dans les écoinçons :
        • Quatre figures masculines
  • Domenico Beccafumi, Giustizia (20)
    • Dans le médaillon au centre de la voûte, la personnification de la Justice, en même temps qu’elle commande toute l’organisation spatiale du cycle, détermine aussi bien les vertus, les actions et les personnages figurés dans les différents compartiments
      • dans les quatre écoinçons, peintes en grisaille :
        • quatre vestales gardent en vie le feu éternel, rappelant par là même la légende des origines romaines de la ville
      • dans les quatre rectangles, deux couples de figures peintes ‘au naturel’ personnifient respectivement :
        • la Justice commutative (18, 21)
        • la Justice distributive (19, 22)
  • Domenico Beccafumi, Mutua benevolenza (23)
    • Située du côté l’opposé à l’entrée, la figure allégorique visible dans le second format octogonal représente la Bienveillance mutuelle, et fait pendant, à son tour, avec celle de l’Amour de la patrie
      • dans les écoinçons :
        • Quatre figures

COMPARTIMENTS HISTORIÉS DE LA FRISE

Le caractère novateur des fresques de Beccafumi apparaît principalement dans les huit représentations narratives, distribuées la frise où alternent des compartiments de deux formats différents, rectangulaires et octogonaux sur les longueurs et les largeurs du rectangle sur lesquelles court la frise. Dans ces différents « tableaux », sont représentées des scènes et des personnages tirés de l’histoire antique dont la valeur exemplaire contribue à l’élaboration d’un véritable discours politique.

Cela a été souligné par Mariana Jenkins [5] et, après elle, par Pascale Dubus [6] : le choix des scènes historiques comme celui des figures héroïques représentées isolées dans les demi-médaillons des angles de la voûte semble dicté par Machiavel. Le florentin a souligné le bénéfice qu’il pouvait y avoir à faire « sentir au peuple qu’il est indispensable non seulement de maintenir la religion et la justice, mais encore d’entourer d’estime les citoyens vertueux, et de faire plus de cas de leur vertu que de ces avantages trompeurs dont leurs grandes actions semblaient le frustrer ». Les scènes d’histoire représentent ici des épisodes ‘régénérateurs’ de la République tirés de l’Antiquité choisis parmi ceux jugés exemplaires par Machiavel : « Pour donner de la vigueur et de la vie [à ce type d’exemples] il faut un homme vertueux, capable d’opposer son courage à la puissance des transgresseurs. Les exemples les plus remarquables de pareils coups frappés par cette autorité, avant la prise de Rome par les Gaulois, sont la mort des fils de Brutus, celles des décimvirs, celle de Spurius Melius et, après la prise de Rome, la mort de Manlius Capitolinus, celle du fils de Manlius Torquatus, la punition infligée par Papirius Cursor à Fabius, son maître de cavalerie, et l’accusation contre les Scipions. Ces événements, aussi terribles qu’éloignés des règles ordinaires, n’arrivaient jamais sans ramener les hommes aux premiers principes de la République [7] ». Tout est dit. A travers le courage s’opposant à la « puissance des transgresseurs » et le châtiment de cette même transgression, c’est le principe d’exemplarité qui vient d’être énoncé. Et c’est exactement ce principe d’exemplarité que le gouvernement républicain de Sienne entend mettre en scène dans ce dernier grand décor du Palais Communal, alors même qu’il s’apprête à accueillir dans ses murs le plus puissant des souverains régnants en la personne de l’empereur Charles Quint.

De gauche à droite, à partir de la scène située au-dessus de la porte d’entrée (Il sacrificio di Codro, re di Atene), se succèdent six compartiments de format rectangulaire qui s’intercalent, sur les deux longueurs, avec deux compartiments de format octogonal (les huit figures placées dans les demi-tondi des angles de la voûte sont décrites plus bas). Les huit scènes historiées sont sans précédent à Sienne.

Mur est (mur d’entrée)


D’après Mariana Jenkins, « The Iconography of the Hall of the Consistory in the Palazzo Pubblico, Siena », The Art Bulletin, Vol. 54, No. 4 (Dec., 1972), pp. 430-451.

Mur sud (mur gauche)

D’après Mariana Jenkins, « The Iconography of the Hall of the Consistory in the Palazzo Pubblico, Siena », The Art Bulletin, Vol. 54, No. 4 (Dec., 1972), pp. 430-451.

Mur ouest (mur du fond)

D’après Mariana Jenkins, « The Iconography of the Hall of the Consistory in the Palazzo Pubblico, Siena », The Art Bulletin, Vol. 54, No. 4 (Dec., 1972), pp. 430-451.

Mur nord (coté fenêtres)

D’après Mariana Jenkins, « The Iconography of the Hall of the Consistory in the Palazzo Pubblico, Siena », The Art Bulletin, Vol. 54, No. 4 (Dec., 1972), pp. 430-451.

Vingt-quatre petites figures, toutes anonymes, apparaissent dans les écoinçons des panneaux de format demi-circulaire placés dans les angles, ainsi que dans les compartiments de format octogonal situés au centre des parois longues. Si ces dernières peuvent être considérées comme les compléments ornementaux du décor peint, elles constituent, plus essentiellement, les emblèmes des vertus auxquelles elles sont associées. Nous y reviendrons également.

Domenico Beccafumi, « Celio » ; « Il sacrificio di Codro, re di Atene » ; «Genutius Cippus praetor ».
  • Domenico Beccafumi, Il sacrificio di Codro, re di Atene (1)
    • Codros, dernier roi d’Athenes, meurt pour sa patrie : lors de la guerre contre les Péloponnésiens, il parvient, déguisé en mendiant, à provoquer volontairement sa propre mort afin, par son sacrifice, d’assurer la victoire prédite à son peuple par un oracle.
Domenico Beccafumi, « Trasibulo » ; « Il tribuno Publio Muzio manda al rogo i colleghi » ; « La decapitazione di Spurio Cassio »
Domenico Beccafumi, « La decapitazione di Spurio Cassio » ; « Postumio Tiburzio fa uccidere il figlio » ; « Speusippo »
Domenico Beccafumi, « Fabio Massimo » ; « La riconciliazione tra Marco Emilio Lepido e Fulvio Flacco per amor di patria » ; « Damone ».
Domenico Beccafumi, « Junio Bruto » ; « Uccisione di Spurio Melio » ; « Marco Manlio gettato dalla Rupe Tarpea ».
Domenico Beccafumi, « Marco Manlio gettato dalla Rupe Tarpea » ; « Il sacrificio di Seleuco di Locri » ; « Caronda »
  • Domenico Beccafumi, Uccisione di Spurio Melio (6)
    • Spurius Maelius, riche plébéien romain membre devenu très populaire pour avoir ravitaillé la plèbe romaine lors d’une famine, est accusé de vouloir briguer le pouvoir royal, et sommairement exécuté.
  • Domenico Beccafumi, Marco Manlio gettato dalla Rupe Tarpea (5)
    • Marcus Manlius, vaillant défenseur de Rome lors de la lutte contre l’envahisseur gaulois, est précipité dans le vide depuis la roche Tarpéienne pour avoir ensuite comploté contre la liberté.
      • Dans les écoinçons :
        • en haut, un putto ailé
        • en bas, Aristote (?), à gauche et Cicéron, à droite
  • Domenico Beccafumi, Il sacrificio di Seleuco di Locri (4)
    • Alors que la loi condamne son fils, coupable d’adultère, à être privé de ses deux yeux, Zeleucos se crève d’abord lui-même un œil, avant de faire de même à son fils, laissant à chacun d’eux l’usage de la vue.

PERSONNAGES ISOLÉS DANS LES DEMI-MÉDAILLONS D’ANGLE

Domenico Beccafumi, « Caronda » ; « Celio »
Domenico Beccafumi, « Genuzio » ; « Trasibulo »
Domenico Beccafumi, « Speusippo » ; « Fabio Massimo »
Domenico Beccafumi, « Damone » ; « Junio Bruto »
  • Domenico Beccafumi, Caronda di Thurii (3)
    • Charondas, l’un des grands législateurs de la Grande-Grèce, se suicide pour s’être présenté au sénat armé de son épée par inadvertance. Valère Maxime associe l’exemplarité du personnage à la Justice.
      • Dans les écoinçons :
        • en haut, un putto ailé
        • en bas, la Prudence, vertu cardinale, apparaît avec un miroir
  • Domenico Beccafumi, Il pretore Elio (2)
    • Le préfet Celius (ou Aelius) s’entend prédire que si l’oiseau venu se poser sur sa tête y demeure, sa fortune familiale prospérera au détriment de la communauté. Il tord le cou de l’oiseau pour protéger l’intérêt commun. Valère Maxime associe l’exemplarité du personnage à l’Amour de la Patrie.
      • Dans les écoinçons :
        • en haut, un putto ailé
        • en bas, la Tempérance, vertu cardinale, verse de l’eau dans une coupe de vin
  • Domenico Beccafumi, Il pretore Genuzio Cipo (16)
    • Un « prodige singulier et inouï » s’est produit sur la tête du préteur Genucius Cipus. Les aruspice consultés prédisent qu’il sera fait roi. Pour empêcher l’accomplissement de la prédiction, le préteur Genucius Cipus se condamne de lui-même à un exil perpétuel. Valère Maxime associe l’exemplarité du personnage à la Force.
      • Dans les écoinçons :
        • en haut, un putto ailé
        • en bas, la Force d’âme, vertu cardinale, apparaît avec une colonne
  • Domenico Beccafumi, Trasibulo ateniese (15)
    • Démocrate, Thrasybule libère Athènes des « trente tyrans » qui l’opprimaient ; modèle de modération, il ordonne une amnistie qui permet de restituer à Athènes sa splendeur. Valère Maxime associe l’exemplarité du personnage à la Amour de la Patrie et à la Modération.
      • Dans les écoinçons :
        • en haut, un putto ailé
        • en bas, la Sagesse, écoutant une parole (divine ?)
  • Domenico Beccafumi, Stasippo di Tegea (11)
    • Stasippe refuse de condamner un adversaire en qui il reconnaît un « excellent défenseur » de la Patrie. Valère Maxime associe l’exemplarité du personnage à la Modération.
      • Dans les écoinçons :
        • en haut, un putto ailé
        • en bas, la Paix (?)
  • Domenico Beccafumi, Fabio Massimo (10)
    • Fabius Maximus, après cinq mandats en tant que consul, renonce à faire élire son fils au même poste « pour ne pas perpétuer dans la même famille le plus grand pouvoir public ». Valère Maxime associe l’exemplarité du personnage à la Constance et à la Libéralité .
      • Dans les écoinçons : en haut, un putto ailé
      • en bas, la Foi, vertu théologale, un petit chien blanc à ses pieds, une croix dans le pli du bras gauche et indiquant le ciel de l’index droit
  • Domenico Beccafumi, Damone pitagorico (8)
    • L’amour de Damon pour Phintias est si grand qu’il se porte caution pour son ami, au risque de sa propre vie. Son nom devient synonyme d’amitié. Valère Maxime associe l’exemplarité du personnage à l’Amitié.
      • Dans les écoinçons :
        • en haut, un putto ailé
        • en bas, l’Espérance, bras croisés, les yeux levés vers une lueur, une ancre derrière elle
  • Domenico Beccafumi, Lucio Junio Bruto (7)
    • Brutus, le « fondateur de la République romaine» prononce, en tant que consul, la condamnation à mort de ses deux fils impliqués dans une tentative de restauration de la monarchie, et assiste à leur exécution. Valère Maxime associe l’exemplarité du personnage à la Sévérité.
      • Dans les écoinçons :
        • en haut, un putto ailé
        • en bas, la Charité, accompagnée de deux enfants
Autres œuvres

Actuellement, hormis l’admirable décor plafonnant peint par Beccafumi, seules deux œuvres autonomes subsistent dans cette salle :

Jusqu’à une époque récente, c’est ici qu’étaient exposées les bustes d’Italiens illustres et de citoyens siennois méritants que l’on voit aujourd’hui dans la salle du Risorgimento [12], ainsi qu’une tenture française du XVII s. consacrée à l’histoire de Louis XIV [13].

Sur les deux autres parois de la salle, étaient accrochées cinq tapisseries de fabrication florentine datant du XIVe s., également sur des sujets historiques : l’une représentait la Prudence, une autre, l’Architecture, une troisième, la Paix.

[1] MOSCADELLI, S., ZARILLI, C. (a cura di), Domenico Beccafumi e altri artisti nelle fonti documentarie senesi del primo Cinquecento, appendice documentaria, in Domenico Beccafumi e il suo tempo, catalogo della mostra (Siena, 1990), Milano, 1990, pp. 694-696.

[2] « […] la decorazione beccafumiana del Concistoro, ultima grande impresa figurativa in Palazzo Pubblico ad appena vent’anni dalla caduta della Repubblica ». Roberto Guerrini, « Dulci pro libertate. Taddeo di Bartolo : Il ciclo di eroi antichi nel Palazzo Pubblico di Siena (1413-1414). Tradizione classica e iconografia politica », Rivista storica italiana, 112, n° 2, 2000, pp. 510-568.

[3] A l’intérieur du palais, quatre cycles différents reprennent, avec des variations, ce type de programme : en premier lieu dans la salle du Grand Conseil (Simone Martini, Maestà), puis dans la salle des Neuf (Ambrogio Lorenzetti, Le Bon et le Mauvais Gouvernement et leurs effets), dans l’anté-chapelle (Taddeo di Bartolo, Vertus civiques et leurs modèles). La salle du Consistoire conclut cette impressionnante série moins de vingt ans avant la chute de la République siennoise et la domination médicéenne.

[4] Valère Maxime, Faits et dits mémorables (vers 30 ap. J.-C.). Paris, Les Belles Lettres, 1995.

[5] NUTI, Palmieri, “Discorso Sulla vita e le opere di Domenico Beccafumi detto Maccarino”, Istitituto di Belle Arti di Siena, 1882.

[6] SBARAGLI, Luigi, Il Palazzo del Comune di Siena, Sienne, 1932.

[7] RUBINSTEIN, Nicolai. « Political Ideas in Sienese Art : The Frescoes by Ambrogio Lorenzetti and Taddeo di Bartolo in the Palazzo Pubblico ». Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, Vol. 21, No. 3/4, Jul. – Dec., 1958 (pp. 179-207).

[8] JENKINS, Mariana, « The Iconography of the Hall of the Consistory in the Palazzo Pubblico, Siena », The Art Bulletin, Vol. 54, No. 4 (Dec., 1972), pp. 430-451.

[9] DUBUS, Pascale, « Politiques de la représentation de la mort : la république, le peintre, l’empereur. Les fresques de Domenico Beccafumi au Palais public de Sienne (1529-1535). Mélanges de l’Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes, tome 99, n°2, 1987, pp. 1127-1141.

[10] Nicolas Machiavel, Discours sur la première décade de Tite-Live (Discorsi sopra la prima deca di Tito Livio, 1531), Livre III. Paris, Berger-Levrault, 1980.

[11] « Son autorité en tant que philosophe politique était prééminente, et tel était le respect dans lequel il était tenu à Sienne qu’il avait déjà été représenté dans l’anté-chapelle et sur le banc de Federighi. De plus, en ce moment particulier où la ville célébrait le retour à un régime démocratique, le De Officiis était une source inhabituellement appropriée, car il soulignait les notions mêmes de droiture publique et privée que Cicéron et de nombreux humanistes de la Renaissance en émulation consciente, considéraient comme des vertus spécifiquement républicaines ». Mariana Jenkins, op. cit., p. 434.

[12] Il s’agit des bustes du Comte de Cavour, de Bettino Ricasoli, de Maria Assunta Butini Bourke, du sculpteur Giovanni Duprè, de Giuseppe Lazzeretti, de Luciano Banchi, di Giovanni Caselli, (œuvre de Tito Sarrocchi), de Giuseppe Pianigiani (d’Enea Becheroni), du P. Tommaso Pendola delle Scuole Pie (de Giovanni Magi), di Gaetano Milanesi e de Tito Sarrocchi (par Arnoldo Prunai). 

[13] Cette tenture, aujourd’hui cachée à la vue des visiteurs, comportait trois tapisseries accompagnées, elles aussi, d’inscriptions qui ont été relevées par Enea Cianetti (CIANETTI, Enea, « Il Campo di Siena e il Palazzo Pubblico », Città e luoghi d’Italia, n. 1. Firenze, 1921) :

  • Première tapisserie :
    • « LVDVVICVS XIIII TERREE FRVGVM ET OPVM j CVRATOR PRVDENS AC MVNIFICVS, | FAME IN GALLIIS SiEVIENTE, POPVLOS | FRVMENTARIA LARGITIONE RECREAVIT, | ET DUKERKAM DE SACRIS SOLICITAM | ET DUNKERIAM DE SACRIS SOLICITAM | INGENTI AVRÒ, IN PRISTINAM VINDIC A VIT | LIBERTATEM »
  • Seconde tapisserie :
    • LVDVVICVS XIIII HOSTIVM SVIQVE IPSIVS | VICTOR, FORTISSIMAM GENTEM BELLO FRACTAM | GEMINO PACIS AC CONNVBII FOEDERE SIBI DEVINXIT ; IAMQVE AER TVRBVLENTO ARMORVM | STREPITV NVPER COMMOTVS, FESTIVIS PVBLICAE | LiETITIAE CONCENTIBVS PERSONABIT »
  • Troisième tapisserie :
    • LVDOVICVS XIIII POTENTISSIMA REGIME | DIGNITATIS CVSTOS ET VINDEX, POSTQVAM | IGNI VIM INIMICAM ERIPVIT, TVM SOLA | FVLMINIS MINITANTIS CORRVSCATIONE, | ET MARSALII FIRMISSIMAM ARCEM ESPV | GNAVIT ET VIOLATAM APUD ROMANOS | IN LEGATO MAIESTATEM ASSERVII »