Niccolò di Giovanni di Francesco di Ventura, « La sconfitta di Monte Aperto »

fol. 15v
fol. 16r

Niccolò di Giovanni di Francesco di Ventura (Sienne, documenté à partir de 1403 – 1464)

La sconfitta di Monte Aperto (La déroute de Monte Aperto), 1442-1443.

Manuscrit illustré à la détrempe, reliure moderne, 372 x 225 x 22 mm. [1]« Le texte, organisé en deux colonnes, occupe la moitié supérieure de la page. L’espace d’écriture mesure environ 170 x 185 mm ; il y a en moyenne 27 lignes de texte, mais la hauteur des colonnes est variable, selon l’espace occupé par l’image sous-jacente. Pagination ancienne dans la marge supérieure droite des folios 1 à 25, à l’encre brune, semblable … Poursuivre

Provenance : bibliothèque du couvent de San Niccolò al Carmine [2]« Au folio 1r-v, une note du bibliothécaire Luigi De Angelis, datée du 20 mars 1810, atteste que le manuscrit se trouvait anciennement dans la bibliothèque du couvent de San Niccolò al Carmine, à Sienne (dans cette même Bibliothèque, se trouve la copie faite de la main du cavaliere Giovanni Pecci), et qu’il passa dans celle des Intronati sur décision du Grand-duc Pietro Leopoldo. … Poursuivre.

Sienne, Biblioteca Comunale degli Intronati, ms. A.IV.5

La Biblioteca Comunale degli Intronati de Sienne conserve une chronique illustrée de la bataille de Montaperti, entièrement de la main du copiste et illustrateur Niccolò di Giovanni di Francesco di Ventura, qui mentionne la date (1443) et laisse sa « signature » à la fin de l’ouvrage [3]Le manuscrit A.IV.5 est signé et daté (fol. 27r-v) : « Iscritta per me Nicholò di Giovanni di Francescho Venture da Siena e finila a dì primo di dicembre M° CCCC° XLII » (« Écrite par moi Niccolò di Giovanni di Francesco di Ventura de Sienne et terminée le premier décembre 1442 »). Au folio 27v, signature ultime et définitive : « Nel nel [sic] M° CCCC° … Poursuivre. « Les trente-neuf illustrations [4]Neuf des trente-neuf illustrations occupent deux pages du manuscrit se faisant face. que l’on retrouve en bas de page, et qui occupent chacune une page, dans certains cas deux, sont réalisées à la plume et vivement colorées à l’aquarelle ; leur déroulement sur les pages suit précisément le contenu du texte, illustrant ses moments significatifs en respectant les moindres détails. Dans un tel contexte figuratif, […] l’héraldique joue un rôle fondamental : d’une part, permettre une lecture correcte des illustrations et, d’autre part, fournir éventuellement au savant quelques pistes de réflexion utiles pour reconstituer l’histoire du code et l’origine de ce conte illustré. » [5]Alice Cavinato, « Stemmi a Siena e a Montaperti : i manoscritti di Niccolò di Giovanni di Francesco di Ventura », dans Matteo Ferrari (éd.), L’arme segreta. Araldica e storia dell’arte nel Medioevo (sec. XIII-XV), actes du colloque international (Florence et Pise, 25-26 novembre 2011, organisées par le Kunsthistorisches Institut in Florenz et la Scuola Normale Superiore … Poursuivre

fol. 1r [6]L’esercito fiorentino in marcia per recare aiuti a Montalcino.
fol. 1v [7]Gli ambasciatori fiorentini giungono alla chiesa di San Cristoforo.
fol. 2r [8]Il consiglio dei Ventiquattro riunito in assemblea in San Cristoforo.
fol. 2v [9]Il conte Giordano d’Agliano si reca a San Cristoforo.
fol. 3r [10]In Piazza Tolomei viene portato un carro di denaro offerto da Salimbene de’ Salimbeni.
fol. 3v [11]Il vescovo predica ai canonici in Duomo.
fol. 4r [12]Incontro tra Buonaguida e il vescovo in Duomo.
fol. 4v [13]Buonaguida offre le chiavi della città alla Vergine sull’altare maggiore del Duomo.
fol. 5r [14]Processione con l’immagine della Madonna.
fol. 5v [15]Un Banditore chiama i Senesi alle armi.
fol. 7r [16]Il Conte Giordano con la schiera del terzo di San Martino.
fol. 7v [17]L’esercito senese esce dalla città e stabilisce il campo sul poggio delle Ropole. 1.
fol. 8r [18]L’esercito senese esce dalla città e stabilisce il campo sul poggio delle Ropole. 2.
fol. 8v [19]Le retrovie derll’esercito senese con i rifornimenti raggiungono il campo sul poggio. 1.
fol. 9r [20]Le retrovie derll’esercito senese con i rifornimenti raggiungono il campo sul poggio. 2.
fol. 9v [21]I soldati senesi in preghiera a seguito dell’apparizione della Vergine sulla città e sul campo.
fol. 10r [22]I fiorentini fanno i preparativi per rimuovere il campo.
fol. 10v [23]L’esercito senese in marcia con il carroccio verso il campo nemico. 1
fol. 11r [24]L’esercito senese in marcia con il carroccio verso il campo nemico. 2
fol. 11v [25]Preparativi per la battaglia. 1.
fol. 12r [26]Preparativi per la battaglia. 2.
fol. 12v [27]Discussione tra Arrigo da Stimbergo e il nipote Gualtieri su chi debba essere il primo feritore. 1.
fol. 13r [28]Discussione tra Arrigo da Stimbergo e il nipote Gualtieri su chi debba essere il primo feritore. 2.
fol. 13v [29]Inizio della battaglia : i cavalieri senesi vanno all’attacco. 1.
fol. 14r [30]Inizio della battaglia : i cavalieri senesi vanno all’attacco. 2.
fol. 14v [31]Eroiche imprese del siniscalco Niccolò da Bigozzi. 1.
fol. 15r [32]Eroiche imprese del siniscalco Niccolò da Bigozzi. 2.
fol. 15v [33]Mischia fra i fanti senesi e quelli fiorentini.
fol. 16r [34]Sortita del conte di Arras che uccide il capitano dei fiorentini ; i senesi si impauriscono dei gonfaloni degli avversari.
fol. 16v [35]Il popolo senese riceve dalla vedetta la notizia dell’esito della battaglia.
fol. 17r [36]Ritirata dei Fiorentini e strage compiuta dai Senesi.
fol. 17v [37]I commandanti senesi riuniti in assemblea decidono di permettere ai soldati di prendere prigionieri i Fiorentini che si arrendano, anziché ucciderli.
fol. 18r [38]Resa dei Fiorentini sopravvissuti ; Usilia “treccola” lega alcuni prigionieri con una benda.
fol. 18v [39]Corteo trionfale dei Senesi di rientro a Siena. 1.
fol. 19r [40]Corteo trionfale dei Senesi di rientro a Siena. 2.
fol. 19v [41]Arrivo del corteo al Duomo.
fol. 20r [42]Arrivo del corteo a San Cristoforo.
fol. 20v [43]Danze di festeggiamento per la vittoria.
fol. 21r [44]Il consiglio dei Ventiquattro adunato a San Cristoforo dopo la battaglia.
fol. 21v [45]Solenne processione di ringraziamento. 1.
fol. 22r [46]Solenne processione di ringraziamento. 2.
fol. 22v [47]Pagamento del riscatto dei prigionieri a Fonte Becci.
fol. 23r [48]L’esercito senese in marcia verso Montalcino.
fol. 23v [49]Assalto dell’esercito senese a Montalcino.
fol. 24r [50]I Senesi conquistano Montalcino ; gli abitanti in veste di supplici la abbandonano.
fol. 24v [51]I Senesi incendiano alcuni borghi in territorio fiorentino e rientrano a Siena carichi di bottino.
fol. 25r [52]Ritorno dell’esercito vittorioso a Siena (?).
fol. 25v [53]Sacra rappresentazione indetta in memoria della battaglia con San Giorgio a cavallo che uccide i drago.

Le récit de Niccolò di Giovanni commence avec l’arrivée des ambassadeurs de Florence, venus de Pievasciata où l’armée des guelfes avait établi son campement. Ces ambassadeurs apportent à la Municipalité de Sienne un ultimatum exigeant la destruction de l’enceinte fortifiée de la ville afin de permettre aux Florentins d’y entrer et d’en sortir « selon qu’il [leur plairait] », d’y « établir une seigneurie à [leur] gré dans chaque terzo (Tiers) », et d’y construire une forteresse permettant de garantir durablement la puissance de Florence et l’exercice d’un contrôle total sur la cité siennoise. Autant dire une promesse d’assujettissements complet de la ville. Faute d’une réponse positive « sans aucun délais », les ambassadeurs florentins déclarent que la ville sera attaquée sans aucune pitié.

La narration se poursuit avec les conciliabules tenus en urgence lors du Conseil réuni dans l’église de San Cristoforo. Suit la description des processions qui conduisent les autorités religieuses et civiles de la ville, ainsi que le peuple, jusqu’à la Cathédrale afin de placer Sienne sous la protection de la Vierge et de déclarer celle-ci véritable souveraine de la cité, avant l’inéluctable recours aux armes.

« L’armée gibeline fut divisée en quatre formations. L’une, commandée par le comte d’Arras et forte de deux cents cavaliers et d’autant de fantassins, avait pour tâche de contourner, dans le plus grand secret, la colline où se trouvait l’armée ennemie pour la prendre à revers ; une autre, commandée par Niccolò da Bigozzi [54]Niccolò da Bigozzi : commandant du Terziere di Camollia, il est à la tête d’environ 4.000 soldats et 200 cavaliers., de garder le Carroccio, et les deux dernières, commandées par Giordano d’Agliano et Aldobrandino Aldobrandeschi, d’attaquer l’ennemi de front. Il fut ordonné aux soldats de « faire de la charpie de ces mauvaises gens de Florentins », « de tuer leurs chevaux, de ne pas faire de prisonniers, de ne pas descendre de cheval pour piller, de rester groupés et de tuer ceux de leurs compagnons qui feraient demi-tour. » [55]Colette GROS, « Montaperti, entre défaite et trahison », dans Claude Carozzi, Huguette Taviani-Carozzi (dir.), Faire l’événement au Moyen Âge, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, 2007, pp. 103-118..

Dans ce récit qui oscille entre légende et conte pour enfants, nous voici parvenus au moment où les Siennois organisent la plus étonnantes des mises en scène destinée à berner l’adversaire. Sur le Poggio delle Repole, partiellement cachés à la vue du camp guelfe, les Siennois font défiler à trois reprises, dans un sens puis dans l’autre, la totalité de l’armée devant l’ennemi florentin. À chaque passage, tous les soldats portent des vestes aux couleurs de l’un des trois quartiers de Sienne : il s’agit de tromper l’ennemi en lui faisant croire que chacun de ces quartiers est composé d’autant d’hommes que ne l’est, en réalité, l’armée tout entière. Le grossier stratagème fonctionne à merveille et parvient à impressionner les commandants des troupes guelfes.

Le lendemain matin, après un banquet gargantuesque agrémenté de chants et de danses, au cours duquel les capitaines ont harangué leurs troupes abondamment nourries et abreuvées, les Siennois attaquent les premiers dans le Piano delle Cortine, à proximité de Monteaperti. « Messire Gualtieri, le courageux chevalier qui était en avant d’une demi-portée de flèche, dès qu’il vit les ennemis, baissa la visière de son casque et la laça fortement par devant et fait le signe de croix. Puis il prit la lance dans sa main droite et sollicite [56]Le texte, on le voit, ne respecte aucunement la concordance des temps. fortement son cheval des éperons et, avec de grands cris, il s’en va vers l’ennemi. Le premier qui arriva fut le capitaine des Lucquois. Il se nommait messire Niccolò Garzoni [57]Niccolò Garzoni : capitaine des Guelfes de Lucques. et la lance de messire Gualtieri [58]Walther von Astimbergh : chevalier allemand, le plus hardi des commandants siennois, il a le privilège chevaleresque d’attaquer le premier. Le capitaine des Guelfes lucquois, Niccolò Garzoni, est transpercé dès le début de l’offensive par la lance de l’Allemand. A partir de ce moment, commence une bataille particulièrement féroce et sanglante, où l’armée des … Poursuivre arriva sur ce messire Niccolò et elle traversa toute son armure et il tomba à terre, mort. Et il [Gualtieri] le laissa ainsi et continua, l’épée à la main et autant il en arrivait, presque autant il en laissait morts, et il en tua beaucoup. » À côté de lui, poursuit le narrateur, « arriva Maître Arrigo d’Astimbergh ; on ne peut raconter ce qu’il faisait. De même, le courageux comte Aldobrandino da Santa Fiora ressemblait bien à un lion déchaîné à le voir aux prises avec ces Florentins. Vraiment saint Zanobi ne leur servait pas à grand chose, car on en faisait un plus grand carnage que les bouchers ne font des bêtes, le Vendredi saint. Le noble et puissant comte messire Giordano ressemblait vraiment à Hector, qui ne fit pas un aussi grand carnage des Grecs que ne le fit le comte Giordano des Florentins. Le premier coup que donna le comte Giordano, il le donna au capitaine des Arétins, et il le fit tomber de cheval, mort ; ce serait une chose étonnante que de raconter ce qu’il fit ensuite et combien il en tua. Le preux et hardi messire Niccolò da Bigozzi [59]Niccolò da Bigozzi : commandant du terziere de Camollia. éperonna son destrier vers les ennemis et il se heurta à l’un des ennemis que messire Niccolò blessa avec sa lance, et il le blessa très grièvement ; et ainsi blessé, il porta un coup au destrier de messire Niccolò et le tua ; et tout de suite ledit messire Niccolò fut remis en selle par ses compagnons mais il en fit une grande vengeance d’hommes et de chevaux car, ce jour-là, il en tua plus de cent de ses mains. »

Lorsque le comte d’Arras [60]Berchtold, comte d’Arras : l’un des commandants du contingent de cavaliers allemands envoyés par le roi Manfred en soutient aux soldats de Sienne. attaqua à son tour, « la puissance de son valeureux destrier fut telle qu’il le transporta au milieu du camp ennemi et là il se battit avec le capitaine général des Florentins et le fit tomber de cheval. »

Et pendant que les Siennois « tranchaient [les Florentins] comme des raves ou des courges » [61]Niccolò VENTURA, La battaglia di Mont’Aperto (éd. A. Ceruti), dans Il Propugnatore, VI (1893), p. 282., les vieillards et les femmes massés dans Sienne, au pied des remparts, écoutaient un tambour du nom de Ceretto, monté sur la tour des Mariscotti d’où il pouvait voir le champ de bataille situé à environ huit kilomètres à vol d’oiseau de la ville, leur décrire la bataille : « Maintenant les ennemis font mouvement et viennent vers les nôtres » ; et « il disait ce qu’il voyait. C’est pourquoi beaucoup, et la majeure partie des personnes qui étaient au pied de la tour, toutes à genoux, priaient Dieu et notre Mère la Vierge Marie qu’elle donnât aux nôtres force et vigueur contre nos ennemis, ces maudits chiens de Florentin » ; avant, enfin, d’annoncer : « maintenant les nôtres sont vainqueurs et les Florentins sont battus et ils fuient, et ils sont défaits et ils s’enfuient par les pentes ; et ce valeureux peuple de Sienne les suit toujours en les tuant comme on tue les bêtes. » [62]Niccolò VENTURA, « La battaglia di Mont’Aperto » (a cura di A. Ceruti), dans Il Propugnatore, VI, 1893, pp. 27-62 (réédition G. Lipparini dans Le pagine della letteratura italiana, Milan, Signorelli, 1945, vol. I (description de la bataille, p. 274-284.

Texte intégral et Illustrations

La transcription du texte italien ci-dessous est celle donnée par Alice Cavinato [63]Niccolò di Giovanni, La sconfitta di Monte Aperto di Niccolò di Giovanni (édition critique d’Alice Cavinato), Sienne, Accademia degli Intronati, 2016. ; sa traduction est réalisée ici à partir d’une édition française lacunaire datant du milieu du XIXe siècle [64]Nicolo de Giovanni de Francesco Ventura, Chronique de la Bataille de Monte-Aperto, dans Chroniques siennoises (traduites de l’italien, précédées d’une introduction et accompagnées de notes par le duc de Dino), Paris, Curmer, 1846..

Certains commentaires anciens des vignettes qui, dans le manuscrit, accompagnent le texte, font apparaître que leurs auteurs n’ont pas toujours pu saisir le charme ni l’étonnante habileté qui s’en dégagent. Tant il est vrai que les jugements esthétiques sont conditionnés par l’époque et le milieu culturel dans lesquels ils sont formulés. Niccolò di Giovanni, qui ne fut jamais formé au métier de peintre, est ainsi qualifié de « peintre moins que médiocre du Quattrocento » [65]« […] men che mediocre pittore del quattrocento ». Cronache seneni, Alessandro LISINI, Fabio Iacometti (éd.), dans L. A. Muratori, Rerum Italicarum Scriptores, XV, VI, Bologne, Nicola Zanichelli, 1931-1939.. N’ayant « d’autre mérite que celui d’avoir copié [la chronique], en y ajoutant quelques amplifications inappropriées et emphatiques », il a « représenté au bas de chaque page, avec de grossiers dessins en couleurs, ce que l’on peut lire au-dessus » [66]« […] non ebbe altro merito che quello di averla ricopiata, con l’aggiunta di qualche inopportuna ed enfatica amplificazione, e di aver raffigurate a piè di ogni pagina, con rozzi disegni a colori, le cose che superiormente vi si leggono ». Ibid.. Aujourd’hui, on considère à raison que « la complexité du système figuratif et son extension, combinées aux considérations sur la chronologie relative des phases de création de l’objet par Niccolò, constituent des indices susceptibles de confirmer l’hypothèse formulée par Degenhart et Schmitt [67]Bernhard Degenhart, Annegrit Schmitt, Corpus der Italianischen Zeinungen, 1330-1450, Berlin, Mann, 1968-2004, I, Süd und Mittleitalien, 1968, p. 322., selon laquelle nous sommes face à la copie d’un manuscrit plus ancien, qui contenait non seulement le texte mais encore les dessins qui l’accompagnaient, peut-être eux-mêmes l’œuvre de professionnels ; si, en effet, on peut considérer que « l’écart entre la complexité de l’élaboration des sujets et la mauvaise qualité de l’exécution est notable » [68]Alice CAVINATO, op. cit., p. ., on ne peut qu’être également frappé de constater à quel point point la naïveté du trait et l’expressivité des figures, cohabitant avec une merveilleuse capacité de composition des scènes historiées, y compris en se jouant de la surface disponible, s’apparente à une forme d’art très actuel qui a pour nom la bande dessinée.

Folio 1rL’esercito fiorentino in marcia per recare aiuti a Montalcino. (L’armée florentine en marche pour venir en aide à Montalcino).

[In] nomine Domini amen MCCLX. [Comincia] la storia per ordine, co[me e’ Sanesi isco]nfissono e’ Fiorentini [a Monte Aper]to, con tutte le circosta[n]ze [appartenen]ti.


[1, 1] Con ciò sia cosa che ‘ Montalcinesi erano cens[u]ali al comuno di Siena, e da poi nelli anni Milledugentosesanta e’ Montalcinesi si ribellaro al comuno di Siena e racomandarsi alla comunità di Firenze. [1, 2] Essendosi racomandati, e’ Fiorentini, [a dispetto] del comuno di Siena, volevano [muni]re Montalcino digente e di vettovaglia, [di] che in [q]uel tenpo e Montalcinesi n’ave[vano] di bisogno e necessità bisogno. [1, 3] [E’ Fiore]ntini per loro medesimi non erano sì [tanti] che pote[ss]ono fare né venire [a] ffa[re una simile] inpresa, [unde] richiesono loro [amici, benevo]li, [adere]nti e seguaci per fa[re impre]s[a] contra al comuno di [Siena, e li richiesti] furo questi : [1, 4] in pri[ma e’ Lucchesi] c[o] mille ottocento caval[ieri, e’ Pistoiesi con] millesecento caval[ieri, e’ Pratesi ne furo] con millecinquecento [cavalieri, e’ Volterrani] con due miglia [cavalieri, é Collig]iani con millequa[trocento cava]lieri tutti bene in ponto ; e quelli di Saminiato vi furo con mille quatrocento cavalieri, e’ Sangimignaro vi furo con mille cinquecento cavalieri e que’ di Valdelsa vi furo con tremiglia secento cavalieri, e Ili Artini vi furo con due migliara, e similemente vi furo li Orbetani con due migliara. [1, 5] El Conte Aldrobandino da Pitigliano vi fu con mille cavalieri, e Pepo Minella da Capiglia vi fu con secento cavalieri e quelle brigate ch’erano i.Lorbandia, e’ quali furo quatromiglia secento cavalieri, tutti bene in ponto e bene armati e prodi delle lor persone ; e tutto i resto furo Fiorentini, e lla magior parte furo del corpo della città di Firenze, e fatto loro assenbramento furo i tutto a num[e]ro circa [a tre]nta migliara. [1, 6] E fatto l’assenbramento e ll’aparechiamento d’agosto nel detto anno, es[cir]o tutte queste brigate di Firenze a di primo di settembre nelli anni del Signore mille dugento sesanta, con animo e intentione di fornire Montalcino e da poi disfare la città di Siena e sottomettarla a’ Fiorentini e mettarla tutta a sacco e a uccisione e fuoco, e simile disfare tutto il suo contado.

[1, 7] Con questa intentione e malvagità e detti Fiorentini venoro col loro essercito, (…/…)

Au nom du Seigneur, amen 1260. Ici commence l’histoire chronologique de la défaite infligée aux Florentins par les Siennois à Montaperti, ainsi que toutes les circonstances dans lesquelles elle a eu lieu.

Dans le courant de l’année 1260, les habitants de Montalcino, sujets de la commune de Sienne, se révoltèrent contre elle et réclamèrent l’appui de la commune de Florence, laquelle résolut de secourir Montalcino en y faisant pénétrer, malgré les Siennois, des troupes et des vivres. Mais les Florentins, sentant bien qu’ils n’étaient pas assez puissants par eux-mêmes pour mener à bonne fin une pareille entreprise, requirent leurs alliés et adhérents de se joindre à eux pour marcher contre la commune de Sienne. Aussitôt dix-huit cents cavaliers de Lucques, mille six cents de Pistoia, mille cinq cents de Prato, deux mille de Volterra, mille quatre cents de Colle, tous parfaitement équipés et pleins d’ardeur, se rendirent à leur appel. En outre, San Miniato leur envoya mille quatre cents cavaliers ; San Gimignano, mille cinq cents ; Colle di Valdelsa, trois mille six cents ; les Arétins [69]Arétins : habitants d’Arezzo. vinrent au nombre de deux mille. Les habitants d’Orvieto firent marcher deux mille cavaliers ; le comte Aldobrandino de Pitigliano [70]« Malavolti (tome XI, page 16) prétend que le capitaine général des Siennois, lors de la bataille de Montaperto, ne fut pas le comte Aldobrandino Aldobrandeschi de Santa Fiore, mais bien le podestat Francesco Troisi. Cette assertion, contestée par Uberto Benvoglienti (voir MURATORI, Rer. ital. script., tome XV, page ), contredit presque tous les chroniqueurs … Poursuivre en amena mille ; Pierre Minella de Campiglia, six cents. Quatre mille six cents hommes d’une valeur éprouvée quittèrent dans le même but la Lombardie. Le reste de l’armée se composa de Florentins, dont la majeure partie appartenait au corps même de la ville de Florence. Après s’être rassemblées et organisées pendant le mois d’août, toutes ces troupes, formant une armée d’environ trente mille combattants, sortirent de Florence, le 1er septembre 1260, et s’avancèrent sur notre territoire, dans le but d’approvisionner Montalcino, de s’emparer ensuite de la ville de Sienne, de la soumettre aux Florentins, et de permettre à la fureur des soldats de la saccager, ainsi que nos campagnes.

Dans cette intention et avec cette méchanceté, lesdits Florentins vinrent avec leur armée (…/…)

L’esercito fiorentino in marcia per recare aiuti a Montalcino (L’armée florentine en marche pour venir en aide à Montalcino).

Inscriptions :

  • (au centre, sous le cheval) : « M[esser] Uberto Capi/tano de’ Fiore/ntini »

A la tête du groupe, deux chevaliers portent chacun un étendard bordé de rouge, comportant respectivement les armoiries de la ligue guelfe de Florence (un aigle rouge sur fond blanc avec un dragon vert dans ses griffes), et celles de la Commune de Florence (un lys rouge sur fond blanc). En évidence, au centre de la scène et au premier plan, sur un cheval couvert d’un tapis violet, le capitaine de l’armée, selon la légende inscrite sous le cheval, tient le bâton de commandement dans sa main droite. Il est précédé de trois trompettes ; aux trompettes pendent d’autres étendards, le premier avec la fleur de lys, le second avec l’aigle ; le troisième n’est plus lisible. La perte des marges ne permet pas d’établir si le lieu de départ et/ou de destination de l’armée était représenté.

Folio 1vGli ambasciatori fiorentini giungono alla chiesa di San Cristoforo (Les ambassadeurs florentins arrivent à l’église de San Cristoforo).

(…/…) [71]Début de la phrase au folio précédent : « [1, 7] Con questa intentione e malvagità e detti Fiorentini venoro col loro essercito, (…/…) ». e gionti alla pieve Assci[at]a a dì due di settenbre el capitano e’ comessari de’ Fiorentini con tutta lor brigata e salmaria, e raunati tutti insieme, fecero consiglio e presono per partito di mandare una inbasciata a’ Sanesi in questa forma, [1, 8] cioè che la intentione loro si era di volere Siena, e non volevano entrare per nissuna porta che vi fusse ; anco volevano che per tutto le mura fussino gittate per terra, acciò che ll’entrare e ll’uscire della città fusse per ogni luogo dunde a llor fusse piacere ; [1, 9] e simile volevano che per lla detta inbasciata fusse detto e domandato che loro volevano in ogni terzo di Siena mettare una signoria come a loro piacesse e a lor modo. [1, 10] E anco dissono e’ detti inbasciadori che dicessono che volevano fare in Camporeggi uno forte cassaro e fornirlo di gente e di vettovalia, e ttenerlo a lloro guardia e a lloro stanza ; e in questo modo fu data l’ambasciata alli inbasciadori per llo capitano e per Ili comessari, si missono in via.

[2, 1] Da poi partiti l’inbasciadori dalla pieve Asciata, venero a Siena a di due di settenbre. In quello tempo si regeva e governava la città di Siena per vintiquatro huomini honorevoli cittadini e uno cama[r]lengo ; el podestà di Siena si era misser Francesco Trogli. [2, 2] E gionti l’inbasciadori in Siena, e quali erano due, e subito andaro là dove si raunavano l’of[fi]tio dé’ Vintiquatro ; [in] quel tenpo si ra[unavano] in su la piaza Talomei, [e come] fu raunato allora venero [l’imbascia]dori in San Cristofano senza [nissuna] riverenza o saluto e [entrati drento] là dove erano araunat[i] il detto [offitio] de’ Vintiquatro e ine d[ispo]sono [loro in]basciata in questa forma : [2, 31] “[Noi voliamo] che incontanente questa città s[ia isfasciata e] che le mura al tutto sieno [gettate a] terra, acciò che l’entrare e ll'[uscire in que]sta città sia a nostro piacere, [in quel] luogo voliamo si possa uscire [e entrare] : anco voliamo mettare in og[ni terzo in] Siena a nostro piacere un[a signoria]. [2, 4] Simile voliamo al presente far[e uno for]te cassaro in Canporegi e fo[rnirlo di ve]ttuvaglia e di gente e guard[arlo a nostra] stanza per lo nostro magnifico [e potente] comuno di Firenze ; e questo [sia presto], testé sanza alcuno [in]d[u]g[io respon]dete, o voi testé mettete [a esecutione] tutto il nostro dire e sanz[a più tardare] ; [2, 5] e dove questo non faces[te, aspettate incon]tanente l’assedio de[I] nostro [potente co]muno di Firenze, [e faciamovi noto e] manifesto che poi [voi sarete auditi] né voluti a nessuna [misericordia, e pre]sto ci rispondete d[i vostra intentione].

(…/…) [72]Début de la phrase au folio précédent : « Dans cette intention et avec cette méchanceté, lesdits Florentins vinrent avec leur armée (…/…) ». et parvenus à l’église paroissiale d’Asciata [73]Aujourd’hui Pieve Asciata. le deux septembre, le capitaine et les commissaires des Florentins avec toute leur brigade et leurs bagages se réunirent tous ensemble, tinrent conseil et prirent le parti d’envoyer un message aux Siennois pour les informer que leur intention était de vouloir Sienne, et qu’ils ne voulaient entrer par aucune des portes qui s’y trouvaient ; ils voulaient aussi que les murs soient partout abattus, afin que l’entrée et la sortie de la ville puissent se faire partout et comme il leur plairait ; et pareillement, ils voulurent que pour ladite ambassade il fût dit et demandé qu’ils voulussent placer une seigneurie dans chaque quartier [les trois Terzi] de Sienne comme ils voudraient et à leur manière. Et desdits ambassadeurs dirent aussi qu’ils voulaient construire une forteresse à Camporegi, et la pourvoir de personnes et de vivres, et la prendre sous leur garde et à leur guise ; la mission fut confiée dans ces termes aux ambassadeurs par le capitaine et par les commissaires, et ils se mirent en route.
Les ambassadeurs quittèrent la Pieve Asciata et parvinrent à Sienne le deuxième jour de septembre. A cette époque, la ville était gouvernée par vingt-quatre notables [74]La concentration de l’autorité entre les mains de vingt-quatre magistrats fut la seconde forme du gouvernement républicain de la ville. Ces magistrats étaient élus au sein d’un conseil général. Chaque tiers de la ville (Sienne est partagée en trois “quartiers” appelés Terzi) en nommait huit, dont quatre nobles et quatre roturiers ; sur ce nombre, on en choisissait … Poursuivre et un camerlingue ; le podestat était messire Francesco Troisi. Aussitôt après leur arrivée, les deux ambassadeurs se rendirent au sein du conseil, qui tenait ses séances dans l’église de San Cristoforo, située sur la place Tolomei. Ils entrèrent sans se découvrir et sans manifester le moindre respect pour la présence des magistrats, puis ils exposèrent leur mission en ces termes : « Nous exigeons que cette ville soit immédiatement détruite, et que ses murs soient entièrement abattus, afin de pouvoir y entrer et en sortir selon qu’il nous plaira et par où nous le voudrons. Nous prétendons, en outre, établir une seigneurie à notre gré dans chaque Tiers de Sienne. Nous voulons également, et sans attendre, construire dans Camporegio une citadelle fortifiée, la munir de troupes et de vivres, et la garder pour notre illustre et puissante commune de Florence. Et que tout cela soit exécuté sans aucun délai. Si vous n’effectuez pas immédiatement tout ce que nous venons de vous commander, vous pouvez être certains d’avoir à soutenir l’assaut de notre puissante commune de Florence. Nous vous déclarons, en outre, que plus tard nous serons sourds à toute espèce de prières ; ainsi donc, faites-nous savoir sur-le-champ quelles sont vos intentions. » 

Gli ambasciatori fiorentini giungono alla chiesa di San Cristoforo (Les ambassadeurs florentins arrivent à l’église de San Cristoforo).

Inscriptions :

  • « [am]basciator[i] de’ Fior[entini] ».

Les deux ambassadeurs florentins s’approchent de l’église à cheval [75]Le sujet était probablement explicité par la légende, aujourd’hui incomplète, qui se trouve dans la marge inférieure. ; la figure d’un troisième personnage, en mauvais état de conservation, apparaît derrière eux ; il semble s’agir de quelqu’un qui leur donne la direction pour parvenir à destination (le texte, d’ailleurs, ne mentionne que deux ambassadeurs).

Le cadre urbain se résume au sol pavé et à quelques bâtiments évoqués en quelques traits. Au fond, à gauche, on voit un palais à tourelles crénelées, et au façades percées de fenêtres à meneaux surmontées de tympans, qui pourrait peut-être représenter le palais Tolomei dominant la place du même nom, sur laquelle s’élève l’église de San Cristoforo que l’on voit sur la droite. Celle-ci est caractérisée de manière relativement précise en raison de son importance dans l’histoire, et afin d’être reconnaissable par le lecteur ; elle sera représentée par la suite, avec les mêmes caractéristiques mais avec des variations minimes, dans les folios 1v, 2v, 3r, 21r, 21v, 22r.

Représentée avec une nef unique, l’église est couverte de tuiles ; la façade en pignon, avec un portail central unique précédé de deux marches, est blanche, traversée horizontalement sur les deux tiers de la hauteur par quatre bandes de losanges blancs sur fond noir. Le tympan est orné de carrés noirs et blancs et comporte trois ouvertures à lancette unique, séparées par quatre colonnettes décoratives. Dans la lunette au-dessus du portail, une Vierge à l’Enfant très simplifiée est représentée entre deux figures – anges ou saints – sur les côtés. Bien que l’image soit mutilée sur la droite, on distingue nettement trois personnages en civil assis à l’intérieur de l’église. Tous les trois sont vus de profil droit, un bras replié dans le geste de l’orateur s’exprimant à voix haute. Un quatrième personnage est visible de face, ainsi que les jambes d’un cinquième, peut-être vues de dos.

Folio 2rIl consiglio dei Ventiquattro riunito in assemblea in San Cristoforo (Le conseil des Vingt-quatre réuni en assemblée à San Cristoforo).

[3, 1] Avendo udito [e’ sopradetti Vintiquatro] quello che per lli inba[sciadori era] detto della iniqua e [prava domanda che ll’inbasciadori avevano] fatta, e [fero risposta a loro] così : [3, 2] “Noi abiamo [udito e inte]so quello che voi domandate, di che [noi] vi diciamo che voi ritornia[te al ca]pitano e a’ comessali del vostro [comuno], e sì llo’ dite, che a lloro sarà [risposto] per boce viva”. [3, 3] Allor[a e’ de]tti in[bascia]dori si partiro da Ssiena e andar[o nel] campo de Fiorentini ; el detto can[po in g]uello propio dì che lli inbasciadori venono a Siena si partiro dalla [pieve] Asciata e andaronne presso a [Mont]aperto e posonsi a campo fra lla [Malena] e val di Biena, nel piano che [si chia]ma le Cortine ; [3, 4] e ine tornaro [l’in]basciadori fiore[n]tini e rendero la in[bas]ciata al capitano e a li commessali, co[me] per li Vintiquatro lo’ fu detto che rispon[dare]bono per boce viva. Di che allora [le dette] brigate nel detto luogo inteso[no] acanparsi e allogiare, aspettan[do la dett]a risposta da’ Sanesi. [3, 5] [E partiti] l’inbasciadori fiorentini da [Siena, e q]uelli savi e discreti huomini [che avevano] a regiare e governare la ci[ttà di Siena,] cioè l’ofitio de Vintiquatro [cittadini, essi] allora ragnarono uno [conseglio nella] chiesa di Santo Cristofa[no e ine fu] detta e proposta la detta [inbasciata] e quello che Ili inbascia[dori fioren]tini avevano detto e quello [ch’essi adoma]ndavano. [3, 6] E come e’ conseglieri ebono udita cotale inbascia[ta], incontanente si levò uno nel consiglio, ciò fu misser Bandinello, e disse : “Signori conseglieri e vo’ savi cittadini, a me parebbe che in alcuna cosa e’ Fiorentini fussono conpiaciuti e contenti, acciò che tanta piena e fortuna si levi via ; [3, 7] ciò io dico e conseglio in questo modo, che a mme parebbe che in certe luogora della città si disfaccia alcuna parte delle mura, e questo si dovesse fare acciò che noi non veniamo a tanto isterminio”. [3, 8] E in questo dire e parere s’acordò misser Buonaguida Boc[a]cci e certi altri conseglieri, ma pure non s’ottenne il loro parere. Vedendo questo misser Provenzano Salvani levossi suso e disse : [3, 9] “Signori conseglieri, come voi sapete noi siamo racomandati allo re Manfredi, e aviamo nella città il conte Giordano, suo vicario ; è convenevole cosa e ragionevole, poiché lui ci è, ch’elli senta ogni e ciascheduna cosa, e sapete che lui e tutta la sua brigata ène a nostra pititione ; e pertanto a mme pare e così consiglio che subitamente si mandi per lui e dicasili ogni cosa partitamente e copertamente tutto quello che per lli inbasciadori ci è stato detto”. [3, 10] Di che per lla magior parte dé conseglieri s’acordaro con misser Provenzano, e subito fu dilibarato e ottenuto che si mandasse per lo detto conte Giordano, e così fu fatto in incontane[n]te e mandato per lui.

Après avoir entendu la sommation inique qui venait de leur être adressée, les vingt-quatre répondirent : « Nous avons écouté et entendu ce que vous demandez, et nous vous invitons à retourner vers le capitaine et les commissaires de votre commune, pour leur dire qu’il leur sera répondu de vive voix. » Alors les ambassadeurs retournèrent au camp des Florentins. Ceux-ci avaient quitté Pieve Asciata, tandis que leurs envoyés se rendaient à Sienne, et ils s’étaient avancés jusqu’à Monte Aperto, où ils établirent leur camp, entre la Malena et le val di Biena [76]La Malena et la Biena sont deux petits cours d’eau qui coulent près de Montaperti et se jettent tous deux dans l’Arbia., dans la plaine appelée les Cortine. Ce fut en ce lieu que les ambassadeurs allèrent rendre compte au capitaine et aux commissaires que les vingt-quatre, après avoir écouté leur message, s’étaient bornés à répondre qu’ils feraient connaître leur détermination de vive voix. Les troupes campèrent en cet endroit, en attendant les Siennois. Dès que les ambassadeurs florentins eurent quitté Sienne, les hommes sages et prudents qui gouvernaient la ville [les vingt-quatre magistrats] rassemblèrent un conseil dans l’église de San Cristoforo, pour exposer la nature des demandes des ambassadeurs florentins, et la manière dont elles avaient été formulées par ces derniers. En apprenant le but de cette étrange ambassade, l’un des membres du conseil, messire Bandinello, se leva et dit : « Messieurs les conseillers, et vous sages citoyens, il me semble que l’on doit obtempérer à toutes les exigences des Florentins, pour détourner de nous de plus grands malheurs. Je pense donc qu’il vaut mieux démolir les murailles dans certaines parties de la ville, que d’en venir à de si terribles extrémités. » 

Messire Buonaguida Bocacci [77]Buonaguida Boccacci : « Fils de Gregorio Boccacci, noble siennois et docteur en droit, il fut ambassadeur de Sienne, en même temps que Buonattacca et Provenzano Salvani, auprès du roi Manfred pour lui exposer l’état des choses en Toscane et le supplier d’embrasser chaudement les intérêts de la patrie, en envoyant de l’aide et de nouvelles personnes, et en lui recommandant à … Poursuivre et d’autres conseillers opinèrent dans le même sens, mais leur avis ne prévalut point. Alors messire Provenzano Salvani [78]Dante place Provenzano Salvani dans le purgatoire, malgré la qualité de Gibelin de ce dernier. Malavolti (tome XI, p. 14) affirme « qu’on ne peut pas induire des papiers publics de cette époque (1260), que Provenzano Salvani exerçât dans Sienne un pouvoir plus étendu que les autres gentilshommes […]. Les registres publics prouvent qu’il fut envoyé plusieurs fois en … Poursuivre s’écria : « Comme vous le savez, messieurs les conseillers, nous sommes protégés par le roi Manfred, et nous avons dans notre ville le comte Giordano, son vicaire, qui est à notre disposition, avec les troupes qu’il commande ; il conviendrait de l’informer de toutes ces choses. Mon avis est donc qu’on l’envoie chercher immédiatement, et qu’on lui rapporte, sans rien dissimuler, les discours des ambassadeurs. » 

La plus grande partie des conseillers adopta la proposition de Messire Provenzano, et il fut immédiatement déclaré et obtenu que l’on envoie quelqu’un auprès dudit comte Giordano, ce qui fut fait sans délai.

Il consiglio dei Ventiquattro riunito in assemblea in San Cristoforo (Le conseil des Vingt-quatre réuni en assemblée à San Cristoforo).

Inscriptions :

  • « el conseglio si fa a Santo Cristofano »

Le conseil des Vingt-quatre est réuni en assemblée plénière à San Cristoforo. Le sujet est rendu explicite par la légende, à peine lisible, inscrite dans la marge inférieure, au centre. A l’intérieur de l’église sont représentés dix-neuf hommes assis, habillés en civil, disposés sur trois rangées ; l’un d’eux, debout au centre au premier plan, est certainement l’orateur en train de s’exprimer ; dans le texte du folio, deux hommes prennent la parole : en premier lieu, Messer Bandinello, que l’on a entendu suggérer aux membres du Conseil de céder aux demandes des Florentins, puis, après lui, Provenzano Salvani, qui propose, au contraire, d’appeler le comte Giordano à l’aide et d’attaquer l’armée florentine.

Folio 2vIl conte Giordano d’Agliano si reca a San Cristoforo (Le comte Giordano d’Aglianose rend à San Cristoforo).

[4, 1] Come misser lo conte Giordano ebbe la inbasciata, subito fu mosso e venne a Santo Cristofano, e menò seco sedici conistabili di cinqua[n]ta per bandiera, e anco menò seco il suo siniscalco, sì che in tutti erano diciotto tedeschi, e venero colloro uno interpido perché none intendevano nostro linguagio ; [4, 2] e come furo gionti, tutti si cavaro di testa lor capucci, facendo riverenza a regimento e lor consiglio, e messo ina[n]zi il loro interpito, dimandando per lor parte dicendo : “Che comanda vostra signoria ?” [4, 3] Allora fu risposto allo interpito per uno de’ conseglieri, a cui fu inposto la inbasciata per li Vintiquatro e per lo consiglio ; esso si levò su dicendo così : [4, 4] “Misser Giordano e voi, valenti e arditi cavalieri, per lli inbasciadori fiorentini ci è stato detto le sì fatte cose”, contando per ordine tutto quello che ‘Fiorentini avevano mandato a dire ; e quando per llo interpito fu udita sì fatta inbasciata e detta a misser Giordano, é’ suoi cavalieri di ciò furo molti contenti e mostrarone grande allegrenza e festa, [4, 5] e subito s’arecaro da parte misser Giordano e ‘l siniscalco con tutti suoi conpagni parlando in tedesco, dicendo de modi che s’aveva a ttenere per avere honore e pro[vedere a tutto quello che fusse] bisogno per fare buona gu[ardia contro a] nemici. [4, 6] Vedendo questo [e‘ consiglieri, come] misser Giordano co.lli suoi [compagni ave]vano di ciò fatta molta fest[a e allegre]za, subito presono per partito di [dar lo’ pa]ga doppia e mese conpito, [accioché alla] difesa di Siena fussono più pr[onti]. [4, 7] Cosi largamente per lli conseglieri fu [ottenuto], poi subito fecero dire al loro interp[ito che] lo’ sarebbe dato paga doppia e mese [compito] come avessono isconfitti e venti e’ Fio[rentini] e loro amicitia e compagnia. [4, 8] E come [ebbono] dette queste cose incontanente fecero [ragionare] nel consiglio quanti denari bisognava [a dare] paga doppia e mese conpito, e fu [veduto] che bisognava tutta la soma centodi[ciotto] migliara di fiorini d’oro, e questo fu [il giovedì] a di due di settenbre anno detto.

A peine messire le comte Giordano eut-il chargé de l’ambassade qu’il fut appelé au conseil, et vint à Saint-Christophe suivi de seize connétables de cinquante hommes par bannière, et de son sénéchal, de sorte qu’ils étaient dix-huit Allemands : comme ils ne comprenaient pas notre langue, ils se firent accompagner par un interprète. En arrivant, ils se découvrirent simultanément et s’inclinèrent devant la régence et son conseil ; puis, ayant fait avancer leur interprète, ils demandèrent ce que la seigneurie attendait d’eux en leur disant : « Que nous commande Votre Seigneurie ? » Un des conseillers, chargé par les Vingt-quatre et par le Conseil de répondre à l’interprète, se leva et dit : « Messire Giordano, et vous vaillants et hardis chevaliers, voici les choses qui nous ont été dites par les ambassadeurs de la commune de Florence. » Il énuméra alors successivement les diverses exigences émises par les Florentins. Lorsque l’interprète en eut donné connaissance à messire Giordano [79]Le comte Giordano d’Agliano était parent du roi Manfred par sa mère et fut un de ses plus fidèles serviteurs. Lors de l’invasion du royaume de Naples par Charles d’Anjou, il fut chargé de défendre, conjointement avec le comte de Caserta, beau-frère de Manfred, le passage du Garignano. La trahison du comte de Caserta força le comte Giordano à se retirer. Lors du combat … Poursuivre, celui-ci ainsi que ses compagnons en témoignèrent une vive satisfaction, et s’étant retirés à l’écart, ils délibérèrent en allemand sur ce qu’ils devaient faire, afin de conserver leur honneur et de défendre vigoureusement la ville contre les ennemis. Les conseillers, témoins de la joie de messire Giordano et de ses compagnons, résolurent de leur accorder un mois entier de double paye, pour les encourager à battre les Florentins et leurs alliés. On obtint sans peine l’adhésion du conseil. Et quand ils eurent dit ces choses, ils débattirent aussitôt en conseil la somme d’argent qu’il fallait pour donner le double salaire et le mois alloué, et il fut calculé qu’il fallait la somme totale cent dix-huit mille florins d’or, Tout ceci se passait le jeudi 2 septembre de ladite année.

Il conte Giordano d’Agliano si reca a San Cristoforo (Le comte Giordano d’Aglianose rend à San Cristoforo).

La construction de cette scène est semblable à celle de l’illustration du folio 1v. A gauche, devant l’église, huit personnages se dirigent en marchant vers l’église. Deux d’entre eux portent une coiffure conique singulière, avec de longues plumes sur le dessus, un autre une sorte de turban ouvragé, un autre encore porte une coiffe de tissu rouge ; la variété des coiffures, si différentes de celles portées par les notables siennois, sert probablement à indiquer qu’il s’agit d’étrangers, donc de chevaliers allemands envoyés par Manfred. Le personnage qui se dirige vers l’église est probablement le comte Giordano ; devant l’église, un garde portant un bouclier orné de la Balzana siennoise, fait un geste comme pour l’inviter à entrer.

Folio 3rIn Piazza Tolomei viene portato un carro di denaro offerto da Salimbene de’ Salimbeni (Un chariot rempli d’argent offert par Salimbene de’ Salimbeni est amené sur la Piazza Tolomei).

[5, 1] Poi che ‘ [consi]glieri ebono fatta d’acordo la profe[rta], feciono cercare per lla città per trova[re] la detta quantità di denari, e, avendo [in tutto] cercato, non si truova a buon prezzo la detta] qua[n]tità ; questo fu prima che [‘I consiglio sil partissono dalla chiesa di Santo [Cristofano]. [5, 2] Di che veduto che lla s[omma de’ denari non si tro]vava, subito si levò uno del [consiglio, ed era] de’ nobili da Siena, che aveva n[ome Salin]bene de’ Salinbeni, e disse : (5, 3] “[Signori Vinti]quatro e voi honorevoli [e savi consiglieri, vero che la mia sia gra]nde prosuntione [il levarmi in] sì fatto luogo ; ma perché io ve[do la ‘mpo]rtunità e ‘l grande bisogno e però [prendo] sicurtà di così fare, e lla cagione [è questa], che lla detta quantità de fiorini [la] voglio lib[er]amente prestare, e servire [il nostr]o comuno.” [5, 4] Di che allora per lli Vintiquatro [e per llo] conseglio fu accettata tale profer[ta, e di ciò] facendo grande [e festa, e] subito il detto Salinbene si parti [dal detto] luogo e andone al suo palazo [per] e detti denari, e poseli in sur una caretta tutta coverta di scarlatto e almmailata di ulivo ; e a grande honore con[dus]se i detti denari in sulla piaza di Santo Cristofano. [5, 5] E così prestò il detto Salinbene [a]l comuno di Siena i detti denari, cioè centodiciotto migliaia di fiorini d’oro ; e avendo così e denari fu fatta la paga al conte [G]iordano e a’ suoi conpagni. [5, 6] E così questi, lavendo aulto le paghe, incontanente si parti[ro e a]ndaro a loro stanze, e mandaro cia[scuno] per Ili loro sottoposti ch’erano in tutto [ottocento] tedeschi, od erano tutti huomi[ni approvati in] arme e arditi e valorosi, [sì bene in ponto] delle lor persone, e come [furo tutti in]sieme si dissono : [5, 7] “Noi abbia[mo preso tutte] le nostre paghe e sì [aviamo auta] la paga doppia e mese compito, e però pigliate doppiamente vostre paghe”, e così ciascuno prese la sua paga doppiamente. [5, 8] Poi li Tedeschi, per lla grande allegreza ch’ebono, presono uno ballo e ballaro grande peza, e cantarono i.lor linguagio assai canzoni, e fatta questa allegreza subito andaro per lla città di Siena e compraro qua[n]te cuoia da suola potero trovare e si ne fero fare armadura da cavalli ; [5, 9] e tale era diventato maestro di coverte e di balze che per altro tenpo era stato al banco a canbiare muneta e fiorini, e simile orafi e dipe[n]tori e sartori e maestri di legname, e ciascuno artigiano e ogni persona attendeva a contentare quelli soldati tedeschi ; [5, 10] e beato era quello che si poteva esercitare e far cosa che llo’ fusse in piacere, tanto erano da bene e bene in ponto e bene a cavallo e tutti più piacevoli l’uno che l’altro, e sì per llo merito che n’aspetavano da lloro ciascuno s’ingegnava di servigli bene quanto poteva.
[6, 1] Avendo uditi li cittadini di Siena la crudele adimanda de’ Fiorentini a’ Sanesi, ch’era già isparta per lla città quando si cercava per li denari e lla boce si sparse per la città di quello che lli inbasciadori fiorentini (…/…)


Après que les conseillers se soient mis d’accord sur la prophétie, ils firent chercher à travers la ville pour trouver ladite quantité d’argent, et, après avoir cherché partout, on ne trouve pas ladite quantité ; c’était avant que le conseil ne quitte l’église de San Cristoforo. Voyant qu’il était impossible de réunir une masse d’argent si considérable, l’un des membres du conseil,, noble siennois, nommé Salimbene Salimbeni, réclama un moment d’attention [80]La famille des Salimbeni était une des plus nobles et des plus anciennes de Sienne. : « Messieurs les Vingt-quatre, et vous sages et honorables conseillers, dit-il, c’est peut-être de ma part une grande présomption d’oser prendre la parole dans un tel lieu ; mais le grand besoin dans lequel nous nous trouvons m’enhardit à vous prêter la quantité de florins demandée, pour que vous la fassiez servir à notre salut commun. » Cette offre généreuse ayant été acceptée par les vingt-quatre et par le conseil avec les démonstrations de la satisfaction la plus vive, Salimbene quitta les lieux, et alla chercher l’argent dans son palais. Il le fit placer sur un chariot couvert d’une tenture écarlate et orné de branches d’olivier, et le conduisit en grande pompe sur la place de Saint-Christophe, voulant, par cette manifestation, témoigner la joie qu’il éprouvait de pouvoir prêter à la commune de Sienne la somme énorme de cent dix-huit mille florins d’or. Lorsque le conseil eut reçu l’argent, il le fit distribuer au comte Giordano et à ses compagnons. Ceux-ci réunirent sans tarder les huit cents Allemands placés sous leurs ordres : c’étaient tous des hommes hardis, éprouvés, vieillis dans le métier des armes. Le comte leur parla en ces termes : « Nous avons touché toute notre solde et même un mois entier de double paye ; ainsi donc prenez deux fois ce qui vous est dû. » Transportés de ravissement, ces braves Allemands se mirent à danser, en chantant nombre de refrains dans leur langue ; puis ils se répandirent dans la ville et achetèrent tous les cuirs qu’ils purent trouver, afin de préparer l’équipement de leurs chevaux. On vit alors telle personne, qui dans d’autres temps avait été occupée à changer la monnaie et les florins à la banque, fabriquer des housses de selle ; on vit les orfèvres, les ébénistes, les tailleurs, tous les artisans enfin, rivaliser de zèle avec le reste de la population, pour satisfaire les soldats allemands. Bienheureux celui qui pouvait s’exercer et faire tout ce qui lui plaisait, tant ils étaient braves et bons à cheval et tous plus agréables les uns que les autres, et qui pour le mérite qu’aucun d’eux ne les attendait, chacun faisait de son mieux pour les servir du mieux qu’il pouvait.
L’annonce de la cruelle sommation faite par les Florentins au Siennois s’étant ébruitée dans la ville tandis qu’on cherchait l’argent nécessaire [pour solder les troupes], (…/…)

In Piazza Tolomei viene portato un carro ricolmo di denaro offerto da Salimbene de’ Salimbeni (Une charette remplie d’argent offert par Salimbene de’ Salimbeni est amenée sur la Piazza Tolomei).

A gauche, la charrette à quatre roues, tirée par deux jeunes gens, traverse la Piazza Tolomei en direction de l’église de San Cristoforo. Cette charrette est « recouverte d’écarlate » (« coverta di scarlatto ») et remplie d’argent, conformément aux indications textuelles. Certains passants en civil, témoignent par les gestes de leurs mains jointes ou levées à la fois l’étonnement et la gratitude des citoyens.

Folio 3vIl vescovo predica ai canonici in Duomo (L’évêque prêche devant les chanoines dans la Cathédrale).

(…/…) [81]Début de la phrase au folio précédent : « [6, 1] Avendo uditi li cittadini di Siena la crudele adimanda de’ Fiorentini a’ Sanesi, ch’era già isparta per lla città quando si cercava per li denari e lla boce si sparse per la città di quello che lli inbasciadori fiorentini, (…/…). [6, 2] per lla qual cosa [tutta] la città [fu commossa e simile tutti e’ cittadini si mossono dalle loro abitationi, e venero a Santo Cristofano, solo per vedere e udire novelle ; ed era tanta la gente ch’era in su la piaza Talomei, che per tutte le strade che a pena vi si potea capire. [6, 3] Vedendo questo, quelli Vintiquatro che regevano e governavano la città di Siena subito ragnaro uno conseglio, e ine fu fatto proposta di fare uno sindaco, che lui avesse piena alturità e balla, che tanto potesse lui quanto tutti e’ cittadini che regevano e governavano la città di Siena, e che lui possa dare, donare, vendare e inpegnare Siena e ‘I contado come a llui sarà di piacere. [6, 4] Come ispirati da Dio, e’ detti conseglieri di buono accordo ellessono per sindaco il quale era uno huomo di perfetta e buona vita, delle migliori conditioni che in quelli tenpi si trovasse in Siena, il quale aveva nome Buonaguida Lucari : a llui fu dato piena e llibara alturità e balia quanto aveva tutto il corpo della città, come detto di sopra.

[7, 1] E in questo, mentre che fu elletto questo sindaco, el nostro padre ispirituale, misser lo Vescovo di Siena, subito fé sonare a chericato e fé racogliare tutto il chericato, cioè preti, frati, monaci, abati, calonaci e altri rilegiosi che a [quel tempo erano in Siena, nella chiesa del Duom[o]. [7, 2] [Essendo tutti rauna]ti insieme in Duomo [misser lo Vescovo fece] uno piccolo sermone a quelli [cherici che] ine erano raunati, e disse così : “+ [tantum est] miniserium regnium Dei etc. +”. [7, 3] [E in questo sermone] amaestrò tutti cherich[i], e disse [come li medesimi] erano tenuti a pregare Idio e lla [sua san]tissima Madre Vergine Maria e [tutti i] santi di Paradiso per llo popolo [e per lla città] di Siena ; [7, 4] e pregolli tutti divo[tamente che] preghino Idio con divotione [che piaccia] di guardare e difendare la ci[ttà e ‘ cittadini da tanta ruina e sugetione, [sì come] libarò il popolo suo dalle mani di [Faraone]. [7, 5] “E come tu, Signore, libarasti Nini[ve per lla] predicatione di Giona profeta [e per lli santi] digiuni e orationi, così piaccia [a Dio e alla] sua Madre Vergine Maria di [liberare] Siena da tanta furia e sterminio da] questi maladetti cani fiorentini”. [7, 6] [E detto] ch’ebbe suo sermone discese del [pergolo e] comandò che ciascuno si scalzasse e andasse a processione per llo Duo[mo, can]tando ad alte boci salmi e canti ispi]rituali con divotione e [con molte orationi]. [7, 7] E così andando misser lo Vescovo [con tutti] quelli cherici per llo Duomo [a processione] che Idio e lla Vergine Maria [sua Madre] per lli preghi di misser lo Vescovo e di tutti e] cherici e di tutte quelle perso[ne guardi] la città di Siena da tanto st[erminio].

(…/…) [82]Début de la phrase au folio précédent : « L’annonce de la cruelle sommation faite par les Florentins au Siennois s’étant ébruitée dans la ville tandis qu’on cherchait l’argent nécessaire [pour solder les troupes], (…/…). fut cause que les habitants sortirent de leurs maisons et vinrent à San Cristoforo ; on aurait peine à se figurer la foule qui encombrait alors la place Tolomei et les rues avoisinantes. Les Vingt-quatre qui régissaient et gouvernaient la ville de Sienne, constatant cette émotion populaire, convoquèrent aussitôt un conseil : ils proposèrent de nommer un syndic auquel on abandonnerait tous les pouvoirs, dont l’autorité serait aussi grande à elle seule que celle de tous les citoyens nommés pour diriger les affaires de la commune, et qui, de plus, aurait le droit illimité de donner, de vendre ou d’engager Sienne et son territoire comme il l’entendrait. Comme inspirés par Dieu, lesdits conseillers en bon accord choisirent un syndic qui était un homme de vie bonne et parfaite, de la meilleure condition qui se puisse trouver à Sienne à cette époque, qui avait pour nom Buonaguida Lucari : comme il avait avec lui tout le corps de la ville, comme mentionné ci-dessus, les pleins pouvoirs lui furent donnés avec toute la latitude nécessaire. On lui conféra, ainsi que nous l’avons dit, une autorité pleine et entière.
Au moment où ce syndic fut élu, notre père spirituel monseigneur l’évêque fit sonner les cloches afin de rassembler dans la Cathédrale le clergé de Sienne, prêtres, chanoines, moines et religieux. Lorsque monseigneur l’évêque les vit tous réunis, il leur adressa une courte allocution commençant par ces mots : «  Tantum est ministri virginis Dei, etc. » Dans ce sermon, il exhorta tous les membres du clergé à remplir leur devoir en implorant Dieu, la sainte Vierge Marie et tous les saints en faveur du peuple et de la ville de Sienne ; et il les supplia tous de prier Dieu avec dévotion pour qu’il plaise au Seigneur de les sauver d’un cruel assujettissement, d’une ruine inévitable, tout comme il libéra son peuple des mains de Pharaon. « Et comme toi, Seigneur, tu libéras Ninive par les jeûnes et les prières, que de même il plaise à Dieu et à sa Mère la Vierge Marie d’éloigner de Sienne le joug et l’extermination dont ces maudits chiens Florentins la menaçaient » Son sermon achevé, il descendit de la chaire et ordonna à chacun de se déchausser et de faire une procession à l’intérieur de la Cathédrale, en chantant des psaumes, des hymnes sacrées et des litanies. Et ainsi, Monseigneur l’Évêque avec tous les clercs firent une procession à travers la Cathédrale afin que Dieu et la Vierge Marie sa Mère entendent leurs prières et préservent la ville de Sienne de l’extermination.

Il vescovo predica ai canonici in Duomo (L’évêque prédit devant les chanoines dans la Cathédrale).

La scène se déroule dans la Cathédrale, visiblement représentée sous son aspect gothique postérieur aux événements relatés. À gauche, on peut voir une partie de la façade, mutilée en raison de la perte de la marge. L’intérieur de l’église est représenté comme un environnement à plusieurs nefs, délimité par deux rangées de colonnes surmontées de chapiteaux ; les murs et les colonnes sont caractérisés par des stries horizontales gris foncé ; le plafond bleu décoré d’étoiles dorées et le toit, également bleu, sont représentés.

A l’intérieur sont représentés les clercs réunis en prière. Sur la droite, la marge est endommagée, mais on peut voir ce qui semble être le devant d’une chaire, une partie d’un visage, et des mains dont l’une est appuyée contre la chaire elle-même : il s’agit probablement de l’évêque prononçant le sermon.

Folio 4r Incontro tra Buonaguida e il vescovo in Duomo (Rencontre de Buonaguida et de l’évêque dans la Cathédrale).

[8, 1] [E in questo che misser I]o Vescovo con sua [compa]gnia [era] a processione, Idio e lla Verg[ine Mari]a mosse a piatà subito la men[te di quello] sindaco, cioè Buonaguida, [rinpetto a Santo] Cristofano in su la piaza [Talomei] ; subito si levò e disse, sì forte che [si fu] udito da tutti quelli cittadini [che ine] erano aragunati, e disse : [8, 2] “Come [noi e voi] sapete, signori cittadini se[nesi, che] noi ci si[am]o racomandati alllo re Manfredi, ora a mme parebbe che [noi ci dia]mo in avere e in persona tutta [la città] e ‘l contado di Siena alla reina [impera]drice di vita etterna, cioè la no[stra M]adre Vergine Maria, e per farle [que]sto [d]ono vi prego tutti, per llo suo a[mo]re, che a voi piaccia di farmi con[pagnia]”; [8, 3] e dette ch’ebbe queste parole, su[bito] esso Buonaguida si spogliò in [camici]a e scalzo senza nie[n]te in testa, [poi prese] la sua corregia e missesela [in gola] a ricorsoio, e ine li furo reca[te le c]hiavi delle porti della città [di Siena] ; [8, 4] e lui incontanente le prese, [e misosi inanzi] a tutti e cittadini e così [in camicia] e scalzo co.molte lagrime [e pianti] se n’andarono a Duomo tutti [dietro a] Buonaguida ; va il popolo che [era ine r]agunato quasi la magior [parte is]calzi, sanza mantella e sanza nulla in testa. [8, 5] E chiunque trovavano per via andavano colloro e per lla via s’andavano iscalzando, chi lassava il mantello e chi il capuccio ch’era a vederli una divotione, con tanti pianti e con tante lagrime ogni persona faceva senpre ; andavano dicendo : [8, 6] “Vergine Maria, aitateci al nostro grande bisogno, libarateci dalle mani di questi lioni e draghi e serpenti che cci voliono divorare”. [8, 7] Tutti piangendo dicevano: “Madonna reina del cielo, Madre de’ peccatori, noi misari e indegnissimi peccatori vi domandiamo misericordia.” [8, 8] E in questo dire gionsono a Duomo, e misser lo Vescovo andava per lo Duomo a processione come udito avete, e posesi inginochioni all’altare magiore dinanzi alla nostra Madre Vergine Maria, e cominciò a cantare ad alte boci Te Deum laldamus te Dominum confitemur ; [8, 9] né più che finito il detto canto eccoti venire alla porta del Duomo Buonaguida co tutta sua conpagnia e poi che gionto alla porta incominciò a gridare ad alta boce : “Misiricordia, misiricordia, Madre nostra reina del cielo”; così gridando il detto Buonaguida con tutto il popolo.

Et pendant que monseigneur l’évêque, accompagné de son clergé, faisait la procession, Dieu touché par les prières de la Vierge Marie celles des prêtres et de toutes les âmes pieuses qui l’imploraient dans la ville, éclaira tout à coup l’esprit du syndic, messire Buonaguida, qui, se levant, s’écria, d’une voix tellement forte qu’il fut entendu de tous les citoyens rassemblés au dehors, sur la place Tolomei : « Comme vous le savez, messieurs les Siennois, nous sommes recommandés au roi Manfred ; mais à présent il me semble que nous devons donner nos biens et nos personnes, la ville et son territoire, à la reine impératrice d’éternelle vie, je veux dire à notre Dame la Vierge Marie. Veuillez tous m’accompagner pour accomplir cette donation pour l’amour d’elle. » Après avoir prononcé ces paroles, Buonaguida se dépouilla de ses vêtements et, ne conservant que sa chemise, s’étant déchaussé et tête nue, se mit une corde autour du cou ; enfin on lui apporta les clés des portes de la ville qu’il prit immédiatement, et ainsi s’achemina, vers le Dôme, suivi de tous les citoyens en larmes ; la plupart d’entre eux étaient nu-pieds, sans manteaux, la tête découverte. Et tous ceux qu’ils rencontraient en chemin marchaient sur leurs pas, certains laissant leur manteau et d’autres leur capuchons, ce qui faisait un spectacle émouvant. Pendant le trajet, tous emplis de larmes, ils marchaient en ne cessant de s’écrier : « Vierge Marie, venez à notre secours dans notre grande nécessité, délivrez-nous des mains de nos ennemis les Florentins ; ce sont des lions, des dragons et des serpents qui veulent nous dévorer. » Et tout le peuple en pleurs ajoutait : « Madone, Reine du ciel, notre Protectrice, bien qu’indignes et misérables pêcheurs, nous implorons votre miséricorde. » Prononçant ces paroles, ils parvinrent au Dôme au moment où monseigneur l’évêque, marchant en procession, s’agenouilla devant le maître-autel dédié à Notre Dame pour chanter le Te Deum laudamus. A peine ce chant sacré achevé, Buonaguida, qui se trouvait à la porte du temple avec toute la compagnie, se mit à crier à haute voix : « Miséricorde, Miséricorde, ô Notre Dame, Reine du ciel », aussitôt suivi par le peuple.

Incontro tra Buonaguida e il vescovo in Duomo (Rencontre de Buonaguida et de l’évêque dans la Cathédrale).

Le syndic Buonaguida, vêtu d’une chemise blanche, est représenté à genoux au centre de la nef, partiellement caché par une colonne ; l’évêque, debout devant lui, le relève. Derrière Buonaguida, les citoyens sont tous agenouillés en prière ; à droite de l’évêque, dans lechœur, on peut voir un groupe de clercs (celui-ci est partiellement mutilé par la perte qui affecte la marge droite).

Folio 4vBuonaguida offre le chiavi della città alla Vergine sull’altare maggiore del Duomo (Buonaguida offre les clés de la ville à la Vierge sur le maître-autel de la cathédrale).

[9, 1] A que[lI]e grida misser lo Vescovo si volse e simile tutto il chericato, e venero incontra a Buonaguida, e come furo insieme col Vescovo tutti s’inginochiarono in terra, ma Buonaguida si distese tutto in terra e misser lo Vescovo lo rizò suso e delli la pace, e così tutto ‘I popolo baciava l’uno l’altro ; questo fu a piei il coro di Duomo. [9, 2] E senpre misser lo Vescovo il teneva per mano e Buonaguida lui, così insieme amenduni se ne andaro all’altare magiore dinanzi alla nostra Madre Vergine Maria e ine s’inginochiarono con grandissime e continue lagrime e pianti. [9, 3] Questo Buonaguida tutto stava disteso in terra e simile tutto il popolo, li uomini e donne, grandi e piccoli, con grandissime lagrime e singhiozi e sospiri; così istettono per ispatio d’una quarta ora. [9, 4] Poi si levò su Buonaguida e stette ritto all’altare dinanzi alla nostra Madre Vergine Maria e tutto il popolo stette a udire; e ine disse molte savie parole e discrete, fra lle quali parole disse : [9, 5] “Vergine gloriosa e gratiosa reina del cielo, Madre de’ peccatori, aiuto de li orfani, consiglio delle vedove, pro[te]ttrice delli abbandonati e de’ misari, io misaro e infedelissimo peccatore ti do e dono e [concedo questa città] di Siena e tutto il suo contado le distretto, e in segno di ciò eco le chi[avi de]lle porti di questa citta“, [9, 6] e poso le chiavi in su l’altare con grande [riverenza] e divotione, e ine ne trassono le [carte] con quella solennità e cose bisog[nevoli e] oportune con grande allegreza [e festa]. [9, 7] Da poi fatto questo atto, el detto [Buona]guida disse. “A voi, Madre nostra [rei]na del cielo prego che vi piaccia [d’acce]ttarla, benché alla vostra grande pot[enza] sia a voi, Madonna, piccolo dono ; [9, 8] [ma io] prego voi che ll’acettiate, con [quella] carità e buono amore che io [misaro] ve la dono, e simile prego e suplico alla vostra riverenza é alla vos[tra po]tenza e che voi la guardiate dalle m[ani] di questi iniqui e malvagi cani fio[ren]tini e da chi la volesse oppressare [e] mettare in suplitio e ruvina.” [9, 9] E de[tte] ch’ebbe queste parole, misser lo Vesc[ovo] salse in sul pergolo e fé uno belliss[imo] sermone, amaestrando il popolo [dell’unio]ne, e pregò poi comandò [che tutti si] dovessono abracciare in[sieme e perdo]nare le ‘ngiure e l’o[ffese l’uno all’altro.]

A ces cris, monseigneur l’évêque se retourna, et vint avec tout son clergé au-devant de messire Buonaguida. S’étant rencontrés presque au pied du chœur du Dôme, chacun d’eux s’agenouilla. Buonaguida quant à lui s’étendit à terre de tout son long : monseigneur l’évêque le releva en lui donnant le baiser de paix. Cet exemple fut imité par tous les citoyens, qui s’embrassèrent les uns les autres sur la bouche. Monseigneur l’évêque et messire Buonaguida, se tenant par la main, s’avancèrent vers le maître-autel, où ils s’agenouillèrent devant l’image de notre Mère la Vierge Marie [83]La Madonna degli occhi grossi. en versant des torrents de larmes. Buonaguida demeura étendu à terre, ainsi que tout le peuple qui poussait de grandes lamentations, et dont on entendait les soupirs et les fréquents sanglots ; puis, se relevant et se plaçant devant l’image de notre mère la Vierge Marie, il s’écria : « Vierge glorieuse, gracieuse reine du ciel, mère des orphelins et des repentants, conseillère des veuves, protectrice des pauvres abandonnés ; moi, misérable et très infidèle pécheur, je te donne et recommande cette ville de Sienne, ainsi que ses campagnes, et en signe de cela, voici les clés des portes de la ville”. Et il posa les clés sur l’autel avec beaucoup de révérence et de dévotion, et l’on rédigea solennellement les documents et l’on fit toutes les choses nécessaires et opportunes avec grande joie et en fête. Cela étant fait, Buonaguida reprit la parole. « À toi, notre Mère, reine du ciel, je te prie de bien vouloir les accepter, quoique cette offrande soit indigne de ta toute-puissance ; mais je te prie de l’accepter avec autant de charité et d’amour que moi-même, pauvre misérable, je te la donne, et de même, je te prie et te supplie de garder notre ville, de la défendre contre les iniques et mauvais chiens de Florentins, et de la délivrer de tous ceux qui chercheraient à l’opprimer ou à la soumettre. » Après ces paroles, monseigneur l’évêque monta en chaire, et fit un très beau sermon, dans lequel il invita le peuple à la concorde, enjoignant à tous de se donner de nouveau le baiser de paix, de se pardonner réciproquement leurs injures.

Buonaguida offre le chiavi della città alla Vergine sull’altare maggiore del Duomo (Buonaguida offre les clés de la ville à la Vierge sur le maître-autel de la cathédrale).

Buonaguida s’est maintenant relevé : debout au centre de la scène, les clés dans la main droite, il est en train de les remettre à l’évêque debout face à lui ; derrière l’évêque, on peut voir le maître-autel, surmonté d’un triptyque dont sont visibles deux volets, tous deux surmontés de pinacles : dans le compartiment central, la Vierge à l’Enfant est représentée de face, trônant ; le volet de gauche présente deux registres superposés dans lesquels sont sans doute dépeintes des scènes narratives illisibles pour le spectateur de l’image. Le troisième volet est aujourd’hui relégué hors-champ du fait de la perte de la marge de papier.

À droite, assis près de l’autel, est représenté un laïc, probablement le notaire sollicité par Buonaguida Lucari pour consigner l’événement et sanctionner ainsi officiellement la dédicace de la ville à la Vierge. [84]L’événement décrit par le notaire désigné par le personnage principal lui-même, mérite d’être rapporté. Le podestat fait écrire : « Aujourd’hui, 2 septembre 1260, moi, Buonaguida Lucari, Magistrat de Sienne, et messire l’évêque Thomas sortîmes en procession avec le peuple afin de solliciter la protection de Marie sur Sienne, pour la bataille contre le florentin. Après … Poursuivre

Folio 5rProcessione con l’immagine della Madonna (Procession avec l’image de la Madone).

[10, 1] [E] anco comandò che ciascuno si dovesse con]fessare e comunicare, che [tutti insieme] dovessono racomandare questa città e tutte] le persone e dovess[o]no andare tuttil a processione co.misser lo Vescovo con [tuttil e’ cherici che v’ erano ; [10, 2] alla quale [pro]cessione andava inanzi a ogni co[sa] quello crocifisso ch’è iscolpito [in D]uomo, il quale è quello crocifisso [che è a] Ilato al canpanile del Duomo [e che è] a capo all’altare di Santo lacomo [Inter]ciso, ch’è a llato al campanile e[d è] posto lassù in alto e non è sanza [c]agione ; [10, 3] e però tu che leggi abili riveren[za e] ringratialo del benefitio ricev[uto] e abi nella mente simile facenda. [10, 4] [Da p]oi seguiva tutti rilegiosi, da poi [andava uno istendardo [e uno] pa[di]lione andava la figura di nostra [Donn]a Madre Vergine Maria ; a pre[sso] andava misser lo Vescovo ed era is[calzo], e a lato a lui andava Buona[guida] ed era in camicia Colla coregia [ala gola]. [10, 5] Da poi seguitava tuttie’ calonaci [dei Duomo] ed erano tutti iscalzi, sanza [niente] in testa, e andavano cantand[o salmi] divini e lletanie e molle orationi]. Dietro andava tutto il [popolo], iscalzi sanza nulla in testa, [e tutte le don]ne scalze e lla magior par[te erano] iscapegliate, senpre racomandandosi a Dio e alla sua Madre Vergine Maria, e senpre andavano dicendo Paternostri e Avemarie e altre divote orationi. [10, 6] Così andavano a processione per la città ; andossi poco, cioè in sul campo e per infino a Santo Cristofano, perché s’aveva a tendare ad altre cose. [10, 7] Subito ritornaro a Duomo e ine attendevano a confessarsi e comunicarsi e ffar buona pace l’uno co•l’altro ; chi era più offeso cercava per lo suo nimico per far perfetta pace co•lui, sì che ciascuno faceva pace l’uno co•ll’altro nemico. [10, 8] Allora Buonaguida co.misser lo Vescovo ritornaro a Duomo, se n’andaro all’altare magiore e inginoghiarsi ringratiando Idio e lla nostra Madre Vergine Maria. [10, 9] Da poi il Vescovo prese le chiavi ch’erano in su l’altare e sì le diè in mano a Buonaguida, dandoli la sua beneditione ; prese le chiavi e partisi del Duomo con piccola compagnia, e ritornò in Santo Cristofano.

[11, 1] In quello tenpo, sappi lettore, fu fatta una tavola a quello altare magiore di Duomo, dove fu fatta tale donagione, colla figura di nostra Donna (…/…)

Et il commanda encore à chacun de se confesser et de communier, et, tous ensemble, de se recommander, ainsi que leur ville, à la glorieuse Vierge Marie. Il finit par engager tous les fidèles à le suivre dans une procession solennelle, avec tout le clergé présent. En tête de cette procession, on portait un crucifix sculpté, qui se trouve dans le Dôme, à côté du campanile, au-dessus de l’autel de saint Jacques l’Intercis [85]Il s’agit aujourd’hui du premier autel situé dans le bras gauche du transept de la Cathédrale, après la chapelle de San Giovanni. Sur cet autel, on peut encore voir un Crucifix dit de Montaperti., placé en hauteur, ce qui n’est pas sans raison ; et donc toi qui lis, fais-lui une révérence et, dans un esprit similaire remercie-le pour le bénéfice reçu. Derrière ce crucifix marchaient tous les religieux ; puis venait un étendard et un dais, sous lequel était placée l’image de notre mère la Vierge Marie. Immédiatement après s’avançait monseigneur l’évêque, pieds nus, ayant à côté de lui Buonaguida, portant la corde au cou ; apparaissaient ensuite les chanoines du Dôme, les pieds déchaussés et la tête nue, chantant des psaumes divins, des litanies et des prières ; derrière eux, se pressait une masse de peuple tête nue, et toutes les femmes, sans chaussures, échevelées pour la plupart, se recommandaient incessamment à Dieu et à sa mère la très sainte Vierge, répétant des Pater noster, des Ave Maria et autres oraisons dévotes. Cette procession, qu’un sentiment pieux transportait, pensait peu à la terre qu’elle foulait aux pieds. Le cortège se rendit sur le Campo et, enfin, à San Cristoforo, parce qu’il fallait s’occuper d’autre chose. Subitement, il revînt au Dôme, où la foule encombra les confessionnaux, afin de se préparer à communier et à faire les actes de contrition qui lui avaient été recommandés. On vit alors celui qui était le plus offensé chercher son ennemi, afin faire la paix et de sceller le pardon, dans un baiser expiatoire. Ensuite Buonaguida, accompgné de messire l’Évêque s’en retourna à la Cathédrale, se diriga vers le maître-autel devant lequel il s’agenouillé, remerciant Dieu et notre Mère la Vierge Marie. Alors l’évêque prit les clés qui étaient sur l’autel et les remit entre les mains de Buonaguida, en lui donnant sa bénédiction ; il prit les clés, quitta la cathédrale avec un petit groupe et revint à Santo Cristofano.

Saches, lecteur, qu’à cette époque, on fit placer dans le Dôme, au-dessus du maître-autel devant lequel avait été faite la donation de la ville, un tableau peint sur bois représentant notre Dame (…/…) [86]Suite au folio 5v.

Processione con l’immagine della Madonna (Procession avec l’image de la Madone).

Au centre de l’image, protégée sous un dais orné d’une série d’armoiries de la ville, et porté par quatre personnages en civil, l’icône mariale est soutenue à bras le corps par un clerc.
A l’avant, sur la droite, un clerc s’avance portant le crucifix (cette figure est partiellement perdue) ; à l’arrière, suit l’évêque, les mains jointes en prière et la tête levée vers le ciel, accompagné d’un religieux portant la crosse épiscopale. L’évêque précède le groupe de citoyens conduit par Buonaguida, lequel est représenté, conformément au texte, “en chemise à col” et nu-pieds, c’est-à-dire en tenue de pénitent. Une partie de ce groupe est perdue en raison de la perte de la marge gauche.

Folio 5vUn Banditore chiama i Senesi alle armi (Un héraut appelle les Siennois aux armes).

(…/…) [87]Début de la phrase figure dans le folio précédent : “[11, 1] In quello tenpo, sappi lettore, fu fatta una tavola a quello altare magiore di Duomo, dove fu fatta tale donagione, colla figura di nostra Donna (…/…)”., Madre Vergine Maria, e fu dipinta dal mezo in su, e tiene il suo figliuolo in braccio, e a comemoratione della donagione della carta fatta a llei della città di Siena col suo contado fu dipinta una carta i mano al Banbino ch’ella tiene in braccio. [11, 2] Da poi fu levata da quello altare magiore e fu posta all’altare che ogi si chiama di Santo Bonifatio in Duomo, longo il campanile, la quale si chiama la Madonna delle Gratie ; abini divotione, però ch’ell’è più gratiosa che non si dice. [11, 3] Ma prima ch’io vada più inanzi ti voglio avisare d’una cosa, cioè la Madonna che stava all’altare magiore di Duomo, là dove fu fatta tale donagione, era una tavola pur picola e molto antica con figura di nostra Donna di mezo taglio, cioè di mezo rilievo, e così le figure d’intorno, la quale sta attacata al canpanile drento in Duomo a llato alla porta del Perdono sanza altare, e quella è la Madonna a cui fu fatta tale donagione. [11, 4] Poi si fé quella che detto abiamo di sopra, si chiama la Madonna delle Gratie ; da poi si fé quella bella tavola con quello bello adorno d’ intorno per honorare bene la nostra donna, come quella che merita quello e più] dono e alla gratia ch’essa fé [alla città] di Siena e a’ suoi cittadini.

[12, 1] Così seguitando e attendendo [a confessio]ni e a ffar paci, partitosi Buon[aguida] di Duomo, esendo in Santo Cristofano [si rive]stì de’ suoi panni, e rapresentò le [chiavi] a’ gonfalonieri ; da poi furono in[sieme] con Vintiquatro come ispirati [da Dio] e dalla sua Madre, presono una [buona] dilibaratione, e ffu questo il detto [giorno] ed era già notte. [12, 2] La gente tutto [quello] dì e la magior parte della no[tte atten]devano come detto a ffar paci, [confessare] e comunicare, e chi magiore ingiuria alveva ricevuto, quello bene era [più presto] a perdonare al suo nimico bacia[ndo in bo]ca l’uno l’altro, ed erano tutti [di buono] volere. [12, 3] Così passò tutto quell[o dì e par]te della notte ; da poi ven[uta l’ora] del mattino, per dilibaratione [de’ Vintiquatro] subito mandaro tre banditori, [uno per ter]zo, bandendo così : “Valenti ci[ttadini, state] su e incontanente armate [le vostre persone e pigliate le vostre [armadure]”, e ciascuno col nome di [Dio e della no]stra Madre Vergine Ma[ria andava a] casa del suo gonfaloni[ere] (…/…)

(…/…) [88]Début de la phrase dans le folio précédent : Sache, lecteur, qu’à cette époque, on fit placer dans le Dôme, au-dessus du maître-autel devant lequel avait été faite la donation de la ville, un tableau peint sur bois représentant notre Dame (…/…) ., mère du Sauveur, peinte du milieu vers le haut [en demi figure], tenant entre ses bras son Fils, dans la main duquel on plaça une charte commémorative de la donation faite à la sainte Vierge. Depuis, ce tableau a été ôté du maître-autel, et posé au-dessus de celui que l’on appelle aujourd’hui l’autel de Saint-Boniface. Cet autel s’élevait dans le Dôme, le long du campanile ; le tableau se nomme la Madone des Grâces. Porte-lui dévotion, lecteur, car elle est encore plus gracieuse qu’on ne le dit. Mais avant de continuer, je veux t’avertir que la Madone qui surmontait le maître-autel du Dôme, lorsqu’eut lieu la donation de la ville à la sainte Vierge, était un tableau plus petit et beaucoup plus ancien, ayant au centre une figure de vierge de demi-grandeur, ainsi que les figures groupées autour. Tu peux la voir à présent, car elle est attachée, sans avoir d’autel, au campanile, dans le Dôme, près de la porte du Pardon. On fit ensuite celle dont nous avons parlé plus haut, et qui fut nommée la Madone des Grâces ; dans la suite, on peignit ce beau tableau qu’on entoura d’un riche ornement intérieur, afin de rendre un plus éclatant hommage à Notre Dame, à laquelle nous ne saurions faire trop d’offrandes pour la protection qu’elle accorda à la ville de Sienne et à ses habitants [89]Le passage qui précède a soulevé bien des interrogations avant que celles-ci ne soient finalement résolues. En effet, il concerne trois œuvres distinctes, représentant essentiellement le même sujet principal : une Vierge à l’Enfant. Le plus ancien, dont parle en premier lieu Nicolo Ventura, est une peinture sur bois attribuée au ‘Maître de Tressa‘ (La … Poursuivre. Tandis que les Siennois se succédaient dans les confessionnaux et s’embrassaient en signe de pardon, Buonaguida, accompagné de quelques personnes, sortit de la Cathédrale et retourna à San Cristoforo, où il se couvrit de ses vêtements et remit les clés aux gonfaloniers [90]Gonfalonier : personne chargée de porter le gonfalon (ou gonfanon). ; de concert avec les Vingt-quatre, tous comme inspirés par Dieu et par sa mère, ils adoptèrent des résolutions prévoyantes et sages. On était alors au jeudi 3 septembre : la plus grande partie de la nuit fut employée par le peuple à se confesser et à communier, et celui qui avait reçu le plus grand tort était le plus prompt à pardonner à son ennemi, s’embrassant l’un et l’autre sur la bouche, et tous étaient de bonne volonté. Lorsque l’heure des matines fut sonnée, les Vingt-quatre envoyèrent trois crieurs publics dans chacun des trois quartiers de Sienne faire la proclamation suivante : « Vaillants citoyens, levez-vous et armez-vous, prenez vos armures, et que chacun suive son gonfalonier en se recommandant toujours à Dieu et à sa Mère » (…/…)

Un Banditore chiama i Senesi alle armi (Un héraut appelle les Siennois aux armes).

Dans le texte, sont mentionnés trois hérauts envoyés chacun dans un tiers de la ville pour inviter les citoyens à s’armer et à se rendre auprès de leurs gonfaloniers respectifs. Au centre est représenté l’un des hérauts, portant une trompette à laquelle pend la Balzana. Devant lui, à gauche, se trouve un groupe de trois hommes armés, auxquels il semble s’adresser ; un deuxième groupe d’hommes armés le suit. Les deux marges sont sérieusement endommagées ; à droite, aucune figure n’est lisible, tandis qu’à gauche, est conservée une partie de la représentation du carroccio, sur laquelle on voit un homme hisser une grande bannière blanche. Dans le texte, cet étendard, également représenté en 7v, 8v, 10v, 18v, est symboliquement associé au manteau de la Vierge miraculeusement venu protéger la ville de Sienne, et figurait sur le folio suivant (12a, 2) ; il est délibérément représenté dans des dimensions considérablement plus grandes que le reste des figures, et se développe en hauteur le long de la marge gauche, surplombant les bâtiments. Dans la marge inférieure, au centre, il devait y avoir une légende, qui indiquait peut-être le sujet du dessin, aujourd’hui indéchiffrable.

Le récit se poursuivait au folio 6r, aujourd’hui manquant. Son contenu, connu par une copie, comporte la liste des contingents appelés aux armes (Voir 12, 3 – 12a, 3). La perte du folio 6 ne permet pas de comprendre si l’image s’étendait également au folio 6r.

Folio 7rIl Conte Giordano con la schiera del terzo di San Martino (Le Comte Giordano avec les brigades du tiers de San Martino).

Le folio 6 du manuscrit de Niccolò di Giovanni est manquant. Son contenu est cependant connu grâce aux copies qui en ont été effectuées ultérieurement, en particulier, celle, achevée en décembre 1584 [91]Ce manuscrit est contenu dans le codex BCI A.VI.15, S4, folios 38r-82v de la Biblioteca Comunale degli Intronati. d’Armenio di Ulivieri Vanni, lui aussi pizzicaiuolo à Sienne, qui a vraisemblablement travaillé à partir du texte de Niccolò di Giovanni [92]Voir : Niccolò di Giovanni VENTURA, La Sconfitta di Monte Aperto [1443] (édition critique d’Alice CAVINATO), Sienne, Accademia Senese degli Intronati, 2017, p. 127.. Le texte en est inséré ci-dessous entre crochets, entre les textes des folios 5v et 7r.

[93]Début du texte dans le folio précédents : [12, 3] Così passò tutto quell[o dì e par]te della notte ; da poi ven[uta l’ora] del mattino, per dilibaratione [de’ Vintiquatro] subito mandaro tre banditori, [uno per ter]zo, bandendo così : “Valenti ci[ttadini, state] su e incontanente armate [le vostre persone e pigliate le vostre [armadure]”, e ciascuno col nome di [Dio … Poursuivre [[12a, 1] e così armati ciascuno segua il suo gonfaloniere maestro de’ suo terzo, sempre raccomandandosi a Dio e alla sua Madre Vergine Maria che ci dia vitoria contra e’ nostri nemici” ; a pena che i banditori avesseno detto il bando, tutti e’ cittadini furno in ponto, per modo volontarosi che il padre non aspetava el figliolo né l’un fratello il altro, bene pareva essi beato a chi poteva essare il primo. [12a, 2] E così in ponto andavano verso la porta a Santo Vieno e quivi veneno tutti e tre gonfalonieri, e il primo fu quello di Santo Martino, perché era più presso alla porta, per reverenza del santo ; el secondo fu quello del terzo di Città, con grandissimo esercito di gente e bene armati e bene in ponto ; el terzo fu quello di Camulia, e aveva uno bellisimo e reale gonfalone grande e tutto bianco candido, e bene rasembrava il mantello di nostra donna Madre Vergine Maria che era tutto candido e puro e netto. [12a, 3] Dietro a questo gonfalone veniva assa’ moltitudine di gente, non tanto e’ cittadini ma tutti e’ soldati a piei, a cavallo ; con queste brigate erano molti preti e frati, chi con arme, chi senza arme, chi per conbatare, chi per non conbatare ; le brigate tutte erano d’un animo e d’un valore e ben disposti di morire per la difezione della sua città contra a quelli eniqui e malvagi cani Fiorentini che con tanto ardire comandavano tante cose inique fuor di ogni ragione ; ma Idio e la sua Madre li paghi del loro erore. [12a, 4] Di che essendo i gonfalonieri e tutte le brigate raunate alla porta, subito lo’ fu aperta e con tutto che non fusse anco giorno, ed essendo fuore della città la gente a cavallo e a piei, in prima fu misser lo conte Giordano con tutti i suoi 800 Tedeschi, lo conte Aldobrandino da Santa Fiore, capitano generale della gente del comune] di Siena e fu duecento cavalieri e gonfalonieri con tutto il populo di Siena ; tutti ne vanno per la via in fino alla porta, tutta la strada piena di gente, chi con lumi, chi con lanterne o dopieri e luminiere, e in quello luogo si diliberonno di aspetare il giorno, acciò che con più ordine potesseno andare contra de’ loro aversari e nemici. [12a, 5] Così, aspettando il giorno, misser lo conte Giordano e misser lo conte Aldobrandino e il siniscalco denno l’ordine come volevano che andasseno : l’ordine fu in questo modo, che diliberonno di fare tre schiere di tutta questa gente. La prima schiera si fu il terzo di Santo Martino con tutti quelli di quello terzo, e a lor compagnia erano 300 cavalieri tedeschi, e quali erano a bene a cavallo e bene in ponto d’arme e tutti belli huomini e pronti delle loro persone e provati a fatti di arme, e lor capitano si era il conte Giordano e lui li guarda e li custodisce come alla sua prudenza pare ; [12a, 6] e la seconda schiera si era il terzo di città con tutti quelli di quel terzo, che era grande moltitudine di gente, e a loro compagnia avevano duecento cavalieri Tedeschi, tutti bene a cavallo e bene in ponto d’arme e valenti in fatti d’arme ; e loro capitano si era misser Arigo di Stibergo, maestro delle battaglie, e lui seguitava lo stendardo inperiale del re Manfredi, ed era uno bellissimo e reale istendardo che ebbono a ssé ; ebeno a dire come el detto misser Arico li guidava come la sua maestranza pareva bene, [12a, 7] e seguitando, la terza ischiera del terzo di Camulia con tutti quelli di quel terzo, sotto il gonfalone reale di Camulia ; era grandissimo più de li altri assai stendardi, vi fu uno era tutto bianco e con loro si era loro poteroso e franco cavaliere misser Gualtieri, con 300 cavalieri tedeschi che parevano 300 draghi o leoni escatenati, e lor cavalli la magior parte si erano armati e similmente li huomini erano bene armati, che parevano a vederli una montagna d’arme che andasse. Con loro era il famoso e potente lo conte Aldobrandino, capitano generale del comuno di Siena, e così seguiva una schiera e l’altra e in questo fare le schiere si fece giorno che era venardì mattina. [12a, 8] Quelle valente donne che erano rimaste in Siena e uomini vechi rimasti in Siena con misser lo Vescovo con quelli cherici che erano in sua compagnia, la matina come fu levato il sole se (…/…)] [13, 1] [inco]minciaro una solene procissione con [tu]tte le reliquie, in Duomo e in tutte le chie[se] di Siena. [13, 2] Così andando, visitando [tut]ti é’ luoghi divoti, cantando senpre i cherici letanie e orationi e sal[mi] divini; e andavano le donne tutte [isca]lze e lli uomini iscalzi senza nul la] in testa, e avevano le donne assai [vili] vestimenti, senpre piangendo, pre[gan]do Idio e lla sua Madre che coi [rim]andassono tutti e’ nostri cittadini, [ge]neralmente tutta l’altra gente sani [e sa]lvi con vittoria ; [13, 3] alcuni pregavano per llo padre, e chi per Ilo filiuolo, e chi per [llo] fratello, e chi il marito, senpre co.lla[grim]e divote. [13, 4] Così andavano alla detta processione, senpre chiamando [miseri]cordia a Dio e alla sua Madre San[tissi]ma Vergine Maria ; così andaro tutto il venardì e tutto quello di ave[van]o digiunato. [13, 5] Quando venne la [sera] la processione tornò a Duomo, [e ine] tutti s’inginochiaro e tanto steto[no] fermi che fur dette le letanie co[n] [mo]lte orationi, le quali tutte disse misser lo Vesco di Siena, tutte dette a honore e riverenza di Dio e della sua e nostra Madre. [13, 6] Da poi fé la confessione ; anco furo fatti molti divoti preghi a riverenza di Dio e della nostra Madre Vergine Maria, senpre racomandando alla sua purissima e piatosa Madre la città di Siena e tutto il suo contado : [13, 7] “Spetialmente vi preghiamo, Madonna Santissima, che voi diate aiuto e valore e ardire con grande forza, sì che ‘l popolo abia vittoria col vostro aiuto contra a’ loro nemici e contra a chi li volesse o potesse oltragiare, acciò che tanta niquità e superbia s’abattesse e spegnesse di quelli malvagi cani e iniqui Fiorentini. [13, 8] E anco vi preghiamo, Madre nostra, che essi Fiorentini non abino forza né ardire né valore né nissuna risistenza contra al popolo senese e vostro popolo; e voi Madonna nostra Madre date aiuto e consiglio a questa vostra città.” [13, 9] E fatto questo ebono la beneditione e ciascuno si parti e tornaro a lloro abitatione, ponendosi ad orare a Dio ; e parte ne rimase in Duomo pur per orare a Dio.

[94]Début du texte dans le folio précédents : Lorsque l’heure des matines fut sonnée, les Vingt-quatre envoyèrent trois crieurs publics dans chacun des trois quartiers de Sienne faire la proclamation suivante : « Vaillants citoyens, levez-vous et armez-vous, prenez vos armures, et que chacun suive son gonfalonier en se recommandant toujours à Dieu et à sa Mère » (…/…). [et ainsi armé, chacun accourut à la suite du gonfalonier de son quartier, toujours se recommandant à Dieu et à sa Mère la Vierge Marie afin qu’ils leur donnent la victoire contre leurs ennemis. A peine les crieurs eurent-ils fait leurs proclamations que tous les citoyens furent prêts, d’une manière si volontaire que le père n’attendait pas le fils ni un frère pour l’autre, il semblait bien être bienheureux celui qui pouvait être le premier. Alors ils se dirigèrent en toute hâte vers la porte de Santo Viene [95]Aujourd’hui Porta Pispini. où arrivèrent les trois gonfaloniers. Celui de San Martino y arriva le premier, d’abord par respect pour le saint, parce que son quartier se trouvait le plus rapproché de la porte. Le second gonfalonier fut celui du quartier de Città ; il était escorté d’une grande quantité de peuple rangé en bon ordre. Le troisième fut le gonfalonier de Camollia, qui avait le magnifique et grand gonfalon royal qui, par sa blancheur immaculée ressemblait au manteau pur et blanc de notre mère la Vierge Marie. Derrière ce gonfalon, se pressait une foule nombreuse composée non seulement du peuple, mais aussi de soldats à pied et à cheval ; à cette multitude étaient mêlés des prêtres et des moines, les uns armés, les autres sans armes, les uns pour combattre, les autres venus pour encourager les troupes à combattre ces chiens iniques et méchants de Florentins qui osaient demander, avec tant d’orgueil, des choses d’une iniquité aussi révoltante et d’une telle déraison. Alors les gonfaloniers et toutes les brigades se rassemblèrent à la porte, celle-ci fut immédiatement ouverte et, bien qu’il ne fasse pas encore jour et que les gens à cheval et à pied se trouvaient hors de la ville, le premier fut le comte Giordano avec tous ses 800 Allemands, le comte Aldobrandino da Santa Fiore, capitaine général du peuple de la commune de Sienne et avait deux cents chevaliers et gonfalonieri avec tous les habitants de Sienne ; tout le monde parcourt la rue jusqu’à la porte, toute la rue est pleine de monde, certains avec des lumières, d’autres avec des lanternes ou des torches et des luminaires, et c’est là qu’ils décidèrent d’attendre le lever du jour pour pouvoir affronter leurs adversaires. et les ennemis.

Ainsi, en attendant le lever du jour, Monseigneur le Comte Giordano et Monseigneur le Comte Aldobrandino et le sénéchal donnèrent l’ordre concernant le départ et décidèrent de faire trois corps de tout ce monde. Le premier corps fut constitué des citoyens du quartier de San Martino, et dans leur compagnie se trouvaient 300 chevaliers allemands, lesquels étaient bons cavaliers et bien armés, et tous de beaux hommes, prêts à donner de leur personne et éprouvés aux batailles. Leur capitaine était le comte Giordano, qui les conduisait avec sagesse. Le second corps était constitué du quartier de Città, avec tous ses citoyens qui formaient une grande multitude de gens ; en leur compagnie, ils avaient deux cents chevaliers allemands, tous bons cavaliers, bien entraînés et habiles dans les armes ; leur capitaine était Monseigneur Arrigo d’Astimbergh, maître des batailles, et il suivait l’étendard impérial du roi Manfred qui était un étendard très beau et royal. Suivait le troisième corps formé par le quartier de Camollia et tous ses citoyens derrière son gonfalon. Celui-ci était très grand, plus grand que les autres étendards ; il y en avait un qui était tout blanc. Avec les citoyens du quartier se trouvait Messire Gualtieri, chevalier puissant et franc, avec 300 cavaliers allemands qui ressemblaient à 300 dragons ou lions déchaînés, et la plupart de leurs chevaux étaient armés et de même les hommes étaient bien armés, si bien qu’ils ressemblaient à une montagne d’armes. Avec eux se trouvait le célèbre et puissant comte Aldobrandino, capitaine général de la commune de Sienne, et il suivait un groupe après l’autre et pendant la formation des groupes, le jour parut, qui était le matin du vendredi. Les vaillantes femmes de Sienne et les vieillards qui étaient restés dans la ville avec Monseigneur l’Evêque et les clercs qui étaient en sa compagnie, au matin, alors que le soleil était levé (…/…)] commencèrent une procession solennelle, conduite par monseigneur l’évêque et par tout son clergé ; on y porta les reliques qui se trouvaient dans la Cathédrale et celles des autres églises de Sienne. Cette procession alla d’église en église, les prêtres chantant toujours des psaumes divins, des litanies et des oraisons ; les femmes et les hommes, pieds nus, sans rien sur la tête, et couverts de poussière, en larmes, suivaient le cortège en priant Dieu et sa Mère de leur rendre leurs pères, leurs enfants, leurs frères, leurs maris sains et saufs, et victorieux. C’est ainsi que se déroula ladite procession, tous demandant sans cesse miséricorde à Dieu et à sa Très Sainte Mère la Vierge Marie ; ainsi se déroula la journée du vendredi, durant laquelle tous jeûnèrent. Quand vint le soir, la procession retourna dans la Cathédrale, et tous s’agenouillèrent et demeurèrent ainsi pendant tout le temps où les prières à Dieu et à sa Mère, qui est aussi la nôtre, furent dites par Monseigneur l’Evêque de Sienne. Celui-ci fit ensuite la confession ; de nombreuses prières pieuses furent encore faites en révérence envers Dieu et à notre Mère la Vierge Marie, recommandant toujours à sa Mère la plus pure et la plus compatissante la ville de Sienne et toute sa campagne : « Nous te demandons en particulier, Très Sainte Madone, de nous apporter aide et courage, ainsi qu’une grande force, afin que le peuple obtienne grâce à toi la victoire contre ses ennemis et contre quiconque voudrait ou pourrait les outrager, afin que cesse l’iniquité et l’orgueil de ces méchants chiens iniques de Florentins. Et nous te demandons aussi, notre Mère à tous, que ces Florentins n’aient ni force, ni audace, ni valeur, ni aucune résistance contre le peuple siennois, contre ton propre peuple ; et toi, Notre Dame, donne aide et conseils à ta ville. » Cela étant fait, ils reçurent la bénédiction et chacun partit et rentra chez lui, se mettant à prier Dieu ; une partie d’entre eux demeura dans la Cathédrale pour y prier Dieu.

Il Conte Giordano con la schiera del terzo di San Martino (Le Comte Giordano avec les brigades du tiers de San Martino).

Inscriptions :

  • (au bas de l”image, dans l’herbe) : « conte Gior[d]ano »
  • (idem) : « misser Gual/tieri »

La scène du folio 7r, qui représente les rangs du tiers de San Martino dirigé par le comte Giordano, fait probablement référence au contenu du folio 6, aujourd’hui perdu ; le texte de cette page ne mentionne pas ce personnage mais raconte la procession et la veillée de prière organisées par les civils et les ecclésiastiques demeurés dans la ville. Il est très probable que la figuration s’étendait sur les deux pages en regard (6v et 7r) : en effet, le museau et les pattes avant d’un cheval ainsi qu’une partie d’étendard sont visibles à gauche. La marge est incomplète, mais la perte est faible et l’espace semble trop limité pour contenir toute la figure du cheval comme de l’étendard. Le personnage principal de la partie encore lisible de la scène est le comte Giordano, représenté à cheval dans la moitié gauche de la page, avec le bâton dans la main droite ; il est identifié par une légende, placée sous le cheval (« conte Giordano »). Un deuxième personnage à cheval, à droite au premier plan, est identifié par la légende comme « misser Gualtieri », reconnaissable également au tapis particulier de son cheval, décrit au fol. 13r (23, 1-2). Le comte Giordano fait face aux rangs de San Martino, situés au fond derrière Gualtieri, et identifiés par la bannière rouge avec la figure du saint à cheval et la Balzana en haut à gauche.

Folio 7vL’esercito senese esce dalla città e stabilisce il campo sul poggio delle Ropole. 1 (L’armée siennoise quitte la ville et installe son camp sur la colline de Ropole. 1).

[14, 1] Noi abiamo detto del divotissimo padre nostro misser lo Vescovo e divotissimi cittadini e le donne che stanno in orationi a pregare Idio e la sua Madre Santa Maria che dia vittoria alla città di Siena e al suo popolo, e a tutti li altri che ànno ad entrare a sì fatta battaglia ; diremo ora delle ischiere ordinate di tutta la brigata. [14, 2] Incominciò aparire il giorno, ed era quello benedetto di del venardì, che fu a di tre di settenbre anno detto. [14, 3] Così ischierati e aconci, incominciarono aviarsi verso il Bozone, sempre andavano le schiere istrette insieme, e llo siniscalco del comuno di Siena e quello di misser lo conte Giordano; lo siniscalco del comuno di Siena avevano, co sinisca Nicolo da Bigozi, huomo valoroso e prudente, molto ardito, e l’altro siniscalco fu lo conte d’Arasi. [14, 4] Questi due senpre andavano provedendo alle brigate di tutte quelle cose fussono di neccesità o bisogno, come alle prudenze lor pareva. [14, 5] Così seguitava l’una brigata l’altra, sempre istretti insieme tenevano su per llo Bozone, tutti andavano invocando il nome del nostro signore Idio [e] della sua Madre Vergine Maria [e a l]lui senpre andavano a racomanda[rsi] che a lloro desse aiuto, vigore, ardire e forza contra quelli malvagi e perfidi Fiore[n]tini. [14, 6] Così dicendo gionsono a [piei] d’un pogio che ssi chiama il poggio de’ [Ro]poli, il quale poggio viene dirin[pe]tto dove era posto il campo della gente de’ Fiore[n]tini e dove s’erano acanpati. [14, 7] [Co]me furo le nostre brigate gionte al [piè] di questo poggio, incontanente tutti [si] fermaro e ine si ristressono tutti e’ c[a]pitani e gonfalonieri e sinisca[lchi, e] ine presono per partito di pigliare il [detto] poggio in questa forma e modo : [14, 8] in pri[ma] andò tutta la gente a cavallo, cioè q[ue]lli tedeschi e dugento fra Ssanesi e al[tri] amici del comuno di Siena, ed erano in tutto mille cavalieri tutti bene in ponto e bene a cavallo, così tutti qu[e]sti andaro in sul pogio con grande [or]dine, sentimento e aviso ; [14, 9] e doppo questi [se]guiva il gonfaloniere del terzo di [San] Martino, ed era [il gon]faloniere [Gio]vanni Guastellini ; el gonfalon[e ver] (…/…)

Nous avons parlé de notre père très dévot, Monseigneur l’évêque, et des citoyens les plus dévots et des femmes qui sont en oraisons, priant Dieu et sa Mère Sainte Marie qu’ils donnent la victoire à la ville de Sienne et à ses habitants, et à tous les autres qui ont à voir avec la bataille ; nous parlerons maintenant des rangs ordonnés de toute la brigade. Le jour commença à apparaître, et c’était le jour béni du vendredi, qui était le troisième jour du mois de septembre de ladite année. Les troupes, rangées en bataille et bien préparées, s’acheminèrent vers le Bozzone. Les bataillons marchaient étroitement unis, sous la conduite du sénéchal de la commune de Sienne et celle de monseigneur le Comte Giordano. Le premier, appelé Niccolò de Bigozzi, était un homme plein de courage et de prudence ; l’autre sénéchal, également rempli de mérite, était le Comte d’Arras. Tous deux cherchaient à pourvoir les troupes de ce qui pouvait leur être nécessaire, selon ce que leur inspirait leur expérience. Les soldats se suivaient de près, en côtoyant le Bozzone et en invoquant le nom de notre Seigneur et celui de sa Mère la Vierge Marie, afin qu’ils leur donne l’aide, l’ardeur, la vigueur contre les méchants et perfides Florentins. L’armée parvînt ainsi au pied d’une colline, dite Poggio de’ Ropoli, qui faisait face au lieu où l’on voyait apparaître le camp de l’armée florentine. Alors que nos brigades atteignirent le pied de cette butte, immédiatement tous s’arrêtèrent pour se reposer pendant ce temps et tous les capitaines et gonfaloniers et sénéchaux prirent le parti de s’emparer de ladite butte sous la forme et la manière suivantes : [14, 8] les cavaliers partirent les premiers, c’est-à-dire les Allemands et deux cents Siennois et autres amis de la commune de Sienne, et il y avait en tout mille hommes, tous ardents et bons cavaliers, et tous se dirigèrent vers la butte avec beaucoup d’ordre et de prudence ; et après eux suivit le gonfalonier du quartier de San Martino, et c’était le gonfalonier Giovanni Guastellini ; le gonfalon (…/…)

L’esercito senese esce dalla città e stabilisce il campo sul poggio delle Ropole. 1 (L’armée siennoise quitte la ville et installe son camp sur la colline de Ropole. 1).

Inscriptions :

  • (fol. 7v, au-dessus de la ville fortifiée, au centre de l’image) : « Monte Selvoli »
  • (fol. 8r, au-dessus de la ville fortifiée, au centre de l’image) : « Monte Aperto »

L’illustration est disposée sur deux feuilles opposées, et représente l’armée siennoise en train de quitter leur ville et de gravir la butte, lieu privilégié d’observation du camp florentin, ainsi que le mentionne le texte correspondant en 7v (14, 2 -6).

Fol. 7v
Fol. 8r

Les chevaliers sont rassemblés au centre, conduisant l’armée ; ils semblent en train de se consulter, conformément à ce qui est indiqué dans le texte. Derrière eux s’élèvent quatre étendards : l’étendard rouge partiellement visible en raison de la chute de la marge droite en 7v, peut être identifié avec celui du tiers de San Martino, le seul manquant à l’image ; un deuxième, également endommagé, peut être reconnu comme celui du tiers de Città, portant la croix blanche sur fond rouge ; le troisième comporte la balzana siennoise. La bannière la plus à droite révèle un anachronisme surprenant. Malgré une exécution rapide, l’étendard semble être celui de Robert d’Anjou [96]Robert d’Anjou, dit le Sage (Torre di Sant’Erasmo, 1277 – Naples, 1343) : fils du roi Charles II d’Anjou et de la reine Marie Árpád de Hongrie (1257 – 1323), fut nommé en 1296, sous le règne de son père, premier duc de Calabre, titre qu’il conservera jusqu’à son couronnement comme roi de Naples, survenu à la mort de son père en 1309. Il sera souverain … Poursuivre, compartimenté, à la croix de Jérusalem au 1er et de bleu semé de lys d’or au 2e. L’étendard, toujours avec les mêmes caractéristiques, figure également au fol. 9r, 10v, 19r, et est inséré entre les armoiries sur le dais porté en procession au fol. 21v. Les commandants sont suivis du reste de l’armée, d’abord la cavalerie, puis les fantassins ; derrière eux émerge la bannière blanche. Dans la marge droite du fol. 8r apparaît le camp des Florentins au-delà d’une rivière ; les tentes sont surmontées de banderoles aux armes de la Commune et du Capitaine du peuple. Devant le camp, quelques soldats observent l’avancée des Siennois. La scène se déroule dans un paysage vallonné identifiable à la campagne siennoise ; même dans l’extrême simplification, le décor rappelle celui des Effets du bon gouvernement à la campagne d’Ambrogio Lorenzetti. Sur la gauche, la ville est bien reconnaissable grâce au clocher et à la coupole de la Cathédrale, mais surtout par les deux blasons avec le volant placé au-dessus de la porte et sur la tour. Outre la ville de Sienne, deux centres habités apparaissent à l’horizon, identifiés par des légendes ; à gauche (fol 7v), Monteselvoli est représenté par un cercle de murs crénelés, tandis qu’à droite on peut voir les murs à tourelles et un clocher du village de Montaperti.

Folio 8rL’esercito senese esce dalla città e stabilisce il campo sul poggio delle Ropole. 2. (L’armée siennoise quitte la ville et installe son camp sur la colline de Ropole. 2).

(…/…) [97]Début de la phrase dans le folio précédent : [14, 9] e doppo questi [se]guiva il gonfaloniere del terzo di [San] Martino, ed era [il gon]faloniere [Gio]vanni Guastellini ; el gonfalon[e ver] (…/…). miglio, co[n] santo Martino dipentovi, e dietro a esso gonfalone seguiva la magior parte del popolo di Siena ; come avevano ordinato, tutti erano vestiti di sopraveste rosse. [14, 10] Così salsono su per llo poggio, da quella parte e pendice che mostrava verso il capo de’ Fiorentini, e come furo in sul pogio così fero un bello assenbramento e drappello.

[15, 1] [Tut]te queste cose si vedevano per lla gente de’ Fiorentini. Allora domandò il capitano de’ Fiorentini a uno che lli era da presso, che gente f[u]e quella, di che allora fu risposto : [15, 2] “Quello si è capitano di mille cavalieri che à mandato lo re Manfredi a’ Sanesi per difensione della città di Siena ; e ssovi d[i]re che sono tutti giovani valenti, e tutti bene a cavallo e bene in ponto d’armi e valenti delle lor persone e provati in fatti d’arme, e più valente l’uno che l’altro”. [15, 3] E molto ne fu detto al capitano de’ Fiorentini delle lor prodeze : “E sovi dire che quella brigata che voi vedete in sul poggio si è il minore terzo di Siena, e chiamasi il terzo di Santo Martino”. [15, 4] Allora disse lo capitano de’ Fiorentini : “Tu di che quello è ‘l minore terzo, quanto che a me pare sieno più che lle formiche ; or se quello è ‘I minore terzo, come tu dici, io penso per me medesimo quanto debbano essere elli altri due terzi, che, per mia fe’, se ci vengono tutti e’ non ci capiranno, tanti debbano essere”. [15, 5] Fatto ch’ebbono l’assembramento il terzo di Santo Martino, passato ch’ebono un poco di pogiarello, la magior parte discese del pogio per farsi incontra al gonfalone di Città, e incontanente si scambiaro le sopraveste rosse, e missosi sopraveste verdi, come avevano quelli del terzo di Città. [15, 6] Così aconci seguivano il gonfaloniere, cioè lacomo del Tondo, del terzo di Città ; el gonfalone era tutto vermeglio con una croce per tutto il gonfalone, bianca. [15, 7] Incominciaro a salire su per lo poggio per quella parte che mostrava verso il capo de Fiore[n]tini, e così saliro in sul pogio per (…/…)

(…/…) [98]Début de la phrase dans le folio précédent : et après eux suivit le gonfaloniere du quartier de San Martino, et c’était le gonfaloniere Giovanni Guastellini ; le gonfalon (…/…). sur lequel était représentée l’image de ce saint, et suivi de la plus grande partie des gens de Sienne. Ils étaient tous vêtus d’habits rouges vermillon, selon l’ordre qu’ils avaient reçu. C’est ainsi qu’ils gravirent la pente de la butte qui donnait du côté du campement des Florentins, et parvenus au sommet, ils présentèrent à l’ennemi un imposant rassemblement de drapeaux.
A cette vue, le capitaine de l’armée florentine demanda à quelqu’un qui se trouvait près de lui quels étaient ces hommes. On lui répondit : « Celui-ci est le commandant de mille cavaliers que le roi Manfred a envoyés aux Siennois pour défendre leur ville. Je puis vous assurer qu’ils sont tous jeunes, parfaitement montés et équipés, vaillants et très experts en faits d’armes, et plus vaillants l’un que l’autre. » Beaucoup de choses furent dites au capitaine des Florentins sur la prouesse de l’ennemi : « J’ajouterai que la troupe que vous voyez sur la hauteur est la moins nombreuse des trois quartiers de Sienne, et s’appelle le tiers de San Martino. » Le capitaine des Florentins reprit alors : « Tu prétends que ce tiers est le moins considérable des trois ; mais il me semble qu’ils sont plus nombreux que des fourmis, et si, comme tu le dis, celui-ci est le moins nombreux, je me demande, par ma foi comment doivent être les deux autres ? » Lorsqu’après avoir légèrement dépassé le coteau, le quartier de Saint-Martin se fut mis en bataille, la plupart des citoyens descendirent pour aller à la rencontre du gonfalon du tiers de Città. Les pardessus rouges furent immédiatement échangés contre des pardessus verts semblables à ceux que portait le quartier de Città. Sous ce nouvel habillement, ils suivirent Jacomo del Tondo, gonfalonier du tiers de Città, dont le gonfalon était de gueules à une croix blanche, et ils commencèrent à gravir la colline, du côté des Florentins. Arrivés sur le plateau (…/…)

L’illustration est disposée sur deux feuilles opposées, et représente l’armée siennoise en train de quitter la ville et de gravir la butte, lieu privilégié d’observation du camp florentin, ainsi que le mentionne le texte correspondant en 7v (14, 2 -6). Voir folio 7v ci-dessus.

Folio 8vLe retrovie dell’esercito senese con i rifornimenti raggiungono il campo sul poggio. 1. (L’arrière-garde de l’armée siennoise, avec le ravitaillement, atteint le camp sur la butte. 1).

(…/…) [99]Début de la phrase se trouvant au folio 8r : Incominciaro a salire su per lo poggio per quella parte che mostrava verso il capo de Fiore[n]tini, e così saliro in sul pogio per (…/…). insino a uno piano, e sul detto poggio e ine feciono uno bello assenbramento e drappello. [15, 8] Fatto questo, la maggior parte di quelli essendo passati il poggio, discesono e incontanente si messono le loro sopraveste facendosi incontra al terzo gonfalone, il quale era tutto bianco e assai maggiore che niuno delli altri gonfaloni che ine fosse, e come furo gionti quelli che scendevano il poggio, iscanbiaro le loro sopraveste però che ‘l terzo di Camolia l’aveva a banzana, cioè il bianco di sopra e ‘l nero di sotto, come sta l’arme del comuno di Siena. [15, 9] Incomiciando assalire il detto gonfalone, col gonfaloniere ch’era allora si era Bartalomeo Renaldini, il poggio, aparì questo gontafone grande e magno, tutto bianco in sun uno magno e bello caroccio con gran triunfo e allegreza ; [15, 10] dietro viene tutto il popolo, vestiti come è detto, salivano da quella parte che mostrava alla gente de’ Fiorentini, e saliti in sul poggio fero uno bello drapello, e ine in su quel pogetto fermaro il carroccio con tutte le bandiere e stendardi e gonfaloni.

[16, 1] In questo é’ comessali de’ Fiorentini e ‘l capitano generale, e simile tutti li altri capitani ch’ e[rano tu]tti insieme cominciaro uno parlamento [e] dicevano : [16, 2] “Come ànno auto questi bes[ciolini] tanto ordine e tanto ardire a uscire [fuo]re a canpo contra di noi ?” Allo’ fu rispo[sto] e detto : [16, 3] ” A mme pare che costoro sia per mol[to] più gente di noi e anco meglio in pon[to], e anco sappiamo che ‘l popolo di Siena è [Ilo] più franco e llo più ardito e valoro[so] popolo che ssia in tutta Toscana [o i]•ILo[nbar]dia ; e anco sapete che in qualunque I[uo]go loro si trovano voliono honore, [e sapete come altre volte siamo stati [tra]ttati da lloro”. [16, 4] Allora disse il capita[no] de’ Fiorentini : “Quanto ch’io penso che nol[i a]remo malfatto – poi si volse a come[ssari] – Voi diciavate che Siena non aveva g[ente] ; loro anno fatti tre assenbramenti ch[e ve]ramente due sono molta più gente che [non] siamo noi, sanza la moltitudine de’ [ca]valieri che sono i loro conpagnia, [quanto] che a mme pare sieno più che non sono l[e for]miche”. [16, 5] Da poi domandò come si chi[ama]no quelle case quassù, come si [chia]ma questa aqua di qua e quest’a[ltra di là], allora li fu detto quelle case [si chia]mano le Cortine e questa aqua si [chiama] la Malena, e l’altra la Bien[a.]

(…/…) [100]Début de la phrase se trouvant au folio 8r : Arrivés sur le plateau, (…/…)., ils se déployèrent en ligne de bataille. Une partie d’entre eux, dépassant la hauteur, ôtèrent leurs habits, et descendirent l’autre versant de la montagne en se dirigeant vers le troisième gonfalon, qui était tout blanc, et plus grand qu’aucun de ceux déjà rassemblés. Lorsqu’ils l’eurent rejoint, ils retournèrent leurs vestes, parce que le tiers de Camollia les portait de deux nuances, c’est-à-dire blanc par-dessus et noir dessous, selon les couleurs adoptées dans les armoiries de la ville de Sienne. On vit alors apparaître sur la colline le gonfalonier, qui était alors Bartalomeo Renaldini, portant le magnifique gonfalon, tout blanc, suivi d’un grand et magnifique carroccio, chargé de symboles de joie et d’ornements de triomphe, que surmontait ce superbe gonfalon blanc autour duquel se pressait toute la population de Sienne. Cette dernière troupe gravit la colline en suivant, à l’exemple des deux autres divisions, le côté qui se présentait aux regards des Florentins. Dès que le carroccio, avec toutes les bannières et gonfalons, eut été amené jusqu’au sommet, on l’arrêta, et les troupes se rangèrent en ordre de bataille alentour.

Sur ces entrefaites, les commissaires florentins et le capitaine général, ainsi que tous les autres chefs, s’étant réunis, se dirent entre eux : « Comment se fait-il que ces besciolini [101]Besciolini : surnom donné aux Siennois par les Florentins, qui signifie à la fois fous, sots, impertinents, … aient eu l’audace de sortir en rase campagne au-devant de nous ? » L’un d’eux répliqua : « Ce qu’il y a de certain, c’est que leurs troupes sont mieux disposées et infiniment plus nombreuses que les nôtres ; d’ailleurs, n’oublions pas que le peuple de Sienne est le plus résolu et le plus hardi qu’il y ait en Toscane et en Lombardie ; que partout où se trouvent les Siennois, ils veulent se faire honneur. Rappelez-vous comment ils nous ont traités jadis en diverses rencontres ». Le capitaine des Florentins ajouta : « Plus j’y pense, et plus je crois que nous avons agi avec témérité. » Et, s’étant retourné vers les commissaires, il continua en ces termes : « Vous disiez que la ville de Sienne était dépourvue de soldats, et voici qu’on y a formé trois corps, dont deux, même sans compter la multitude de cavaliers qui les accompagne, sont véritablement beaucoup plus nombreux que ne le sont les fourmis. Comment se nomment, ajouta-t-il, ces maisons là-haut ? quel est le nom de la rivière qui coule à droite, et comment appelez-vous celle qui coule à gauche ? » On lui répondit : « Ces maisons s’appellent les Cortine ; l’une de ces rivières est la Malena, l’autre la Biena. »

Le retrovie dell’esercito senese con i rifornimenti raggiungono il campo sul poggio. 1. (L’arrière-garde de l’armée siennoise, avec le ravitaillement, atteint le camp sur la butte. 1).

Inscriptions :

  • (à droite de la figure féminine qui ferme la marche) : « Usilia Trecola »
  • (au-dessus du château fortifié) : « Monte Selvoli » (Monteselvoli).

Cette illustration se déploie également sur deux pages en vis-à-vis. De surcroît, en montrant l’arrière-garde de l’armée siennoise gravissant la butte, suivi par des citoyens apportant le ravitaillement, elle constitue le prolongement de l’image précédente, qui occupait elle aussi la surface de deux pages.

Les deux images sont construites de manière similaire, avec des différences minimes dans la composition et l’organisation spatiale. Il n’y a aucune mention de cette scène dans le texte ; l’image constitue en revanche une sorte de réplique de la précédente, comme si un hypothétique observateur, demeurant à l’arrêt en un point d’observation, voyait d’abord défiler les chevaliers et les fantassins, puis l’arrière-garde apportant des provisions. La femme qui ferme la marche, un panier sur la tête, est identifiée par une légende comme étant « Usilia Trecola », la marchande de fruits qui, à elle seule, fera trente-six prisonniers florentins (30, 7-10). A droite, on aperçoit à nouveau le camp florentin : les soldats n’y observent plus l’armée ennemie, mais se parlent, rassemblés en cercle autour du capitaine ; ce détail est conforme au passage du texte dans lequel est racontée la décision du capitaine de lever le camp le lendemain.

Folio 9rLe retrovie dell’esercito senese con i rifornimenti raggiungono il campo sul poggio. 2 (L’arrière-garde de l’armée siennoise, porteuse des ravitaillements, atteint le camp sur la butte. 2).

[16, 6] [Allora parlò el] capitano in fra sé medesimo : “Adunque [sia]mo noi fra ‘l male e ‘l bene”, e qui si venne [a ri]cordare come lui aveva auto in vi[si]one che lui doveva morire fra ‘l male e ‘ [be]ne nel piano delle Cortine. [16, 7] Avendo lui c[o]sì pensato, subito incominciò a sbigo[tti]re e disse : “Noi siamo male capitati, [e] n’aremo mal fatto ; [16, 8] e pertanto a mme pa[re]bbe che noi mutassimo campo el più to[sto] potessimo, ma voi vedete ch’è già pa[ssa]to vesparo ed è troppo tardi, sì che metta remo in ponto le nostre salmarie e nostre [per]sone domattina a dì e movaremo canpo ; [e per]tanto istiamo a buona guardia, sì che [domattina noi attendiamo a caminare”.

[17, 1] Però [c]h’elli era tardi tutti dilibararo di così fare. [A]vendo li Sanesi fatta la mostra co.l’ordine che udito avete, subito si allogia[ro] in su quello poggio in meglio che potero, [con] grandi fuochi e grande festa. [17, 2] Allora [el capi]tano, siniscalchi e gonfalonieri [aveva]no dato ordine e modo co’ Vinti[quat]ro che tutti e’ perfetti e migliori vini [che f]ussono in Siena fussono mandati a[I] canpo, così fussono mandate le [miglio]ri vivande da mangiare, come capponi, pollastre, pipioni e altre carni, tutte aroste e bene stagionate ; [17, 3] e lla cagione fu questa, che lla carne arosta fa fare l’uomo più forte e accende la sete, sì che avendo tutte queste cose bene potevano stare arditi e franchi per più ragioni : (17, 4] in prima che la nostra Madre Vergine Maria era co•lloro, poi si erano tutti uniti e ben disposti insieme, volonterosi e presti a morire per difensione della lor città e della liberatione di Siena, senpre racomandandosi a Dio e alla sua santissima Madre Vergine Maria, tutti la pregavano divotamente che ssia il loro aiuto e consiglio. [17, 5] Da poi lo conte Aldrobandino capitano e ‘l conte Giordano e ‘l siniscalco misser Nicolò, conte d’Arsi, maestro Arico e misser Gualtieri co•lli gonfalonieri, tiratisi da parte insieme fanno consiglio de’ modi che anno a tenere. [17, 6] Ine presono per partito di fare la matina seguente la battaglia in questo modo, che lla notte seguente per molte volte sia assaltato il capo de Fiorentini in diverse parti, per modo sia che la notte (…/…)

A ces mots, le capitaine, se souvenant de la vision qu’il avait eue, selon laquelle il mourrait entre le mal et le bien dans la plaine des Cortine, se dit en lui-même : « Ainsi donc, nous sommes entre le mal et le bien. » Effrayé par cette pensée, il ajouta : « Je le répète, nous avons agi imprudemment. Pour ma part, je suis d’avis de changer le plus vite possible de position ; mais comme l’heure des vêpres est déjà passée, et qu’il est trop tard maintenant pour partir, préparons-nous ainsi que nos équipages pour déplacer notre campement dès demain matin ; en attendant, faisons bonne garde pendant la nuit, et dès le point du jour, nous nous mettrons en marche. »

Alors qu’il était tard, tous les chefs approuvèrent cette résolution. Après avoir fait la parade en ordre, comme vous l’avez entendu, les Siennois s’établirent au mieux qu’ils purent sur la colline et allumèrent de grands feux et firent la fête. Le capitaine, les sénéchaux et les gonfaloniers s’étaient entendus avec les Vingt-quatre pour que les vins les plus recherchés de Sienne, et les meilleurs mets, tels que chapons, poulets, et autres viandes toutes bien rôties, soient envoyés au camp. On les avait fait préparer de la sorte, parce que la chair rôtie provoque la soif, et qu’étant bien approvisionnés de toutes choses, les soldats devaient se montrer plus forts et plus entreprenants, cela pour plusieurs raisons : d’abord, parce que notre Mère la Vierge Marie était avec eux, alors qu’ils étaient tous unis et bien disposés ensemble, désireux et prompts à mourir pour la défense de leur ville et la libération de Sienne, se recommandant toujours à Dieu et à sa très sainte Mère la Vierge Marie, tout ce pour quoi ils la priaient dévotement d’être leur aide et leur conseil. Dès lors, le comte Aldobrandino, le comte Giordano, le sénéchal messire Nicolas, comte d’Arras, maître Arrigo et messire Gualtieri, prirent à part les gonfaloniers, et tinrent conseil sur la marche qu’il convenait d’adopter. Ils décidèrent qu’on livrerait bataille dès le matin du jour suivant, et que pendant la nuit on simulerait quelques attaques sur différents points (…/…)

Cette illustration se déploie également sur deux pages en vis-à-vis. De surcroît, en montrant l’arrière-garde de l’armée siennoise gravissant la butte, suivi par des citoyens apportant le ravitaillement, elle constitue le prolongement de la double image précédente, qui occupait elle aussi la surface de deux pages.

Folio 9vI soldati senesi in preghiera a seguito dell’apparizione della Vergine sulla città e sul campo (Les soldats siennois en prière suite à l’apparition de la Vierge sur la ville et sur le campement des Siennois).

(…/…) [102]Début de la phrase dans le folio précédents : [17, 6] Ine presono per partito di fare la matina seguente la battaglia in questo modo, che lla notte seguente per molte volte sia assaltato il capo de Fiorentini in diverse parti, per modo sia che la notte (…/…). che’l canpo de’ Fiorentini non abbi riposo nissuno in questo mondo ; così fu ordinato chi dovesse la notte andare assaltare il canpo de’ Fiorentini. [17, 7] Doppo questo diero il modo alla battaglia per la mattina seguente, però che lla gente de’ Senesi sentivano bene che lla gente de’ Fiorentini erano tutti isbigotiti che per paura se ne volevano andare. [17, 8] Così prestamente fu fatto a ssapere per tutto il campo de’ Senesi ocultamente come la gente de’ Fiorentini per paura s[e] ne volevano andare, e anco fu fatto questo acciò che la gente de’ Senesi pigliassono vigore e ardire contra a’ lor nemici. [17, 9] Di questo ne fé il capo grande festa e allegreza; in questa festa consumaro tutto ‘l dì. Senpre nel canpo de’ Senesi cresceva gente e simileme[n]te vittovaglia d’ogni ragione abundantemente. [17, 10] Venendo la sera fu subitamente ordinato chi stesse la notte alla guardia del capo ine con grandissimi fuochi in più luogora per lo ca[n] po, ed avevano ordinato che chi dormiva e chi veghiava. [17, 11] Quelli ch’erano alla guardia del capo de’ Senesi, e simile e’ Fiorentini, t[utta la notte] stettono a buona guardia, veghiando sanz[a] riposo per lo sospetto avevano acciò che [il campo] non fusse asaltato, e per questo non ebo[no] nissuno riposo, ma tuttavia stesso[no] attenti e avessono la mala notte, acciò che la mattina seguente non fussono co[sì forti] alla battaglia.

[18, 1] Stando così la gente de’ Senesi, fu veduto per lla magior parte della gente uno [man]tello bianchissimo sopra al capo de’ Sanesi, il quale cupriva tutto il canpo de’ Senesi ella città di Siena. [18, 2] Molto la gente se ne fa m[a]raviglia, però che alquanti dicieno “E’ sono fumi de grandi fuochi che fa la gente de’ Sanesi”, alcuno dicieno : “Non è vero, però che se fussono fumi se n’andarebono via, ma questo sta fermo, come voi vedete, però che questo dia essere altro che fumi”. [18, 3] Alquanti dic[e]no ch’ello pare Il mantello della nostra M[a]dre Vergine Maria, la quale guarda e difende il popolo di Siena ; e cosi dissono alqua[n]ti ch’erano nel campo de’ Fiorentini, e p[iù] dissono : [18, 4] “None avete voi veduto che st[ama]ne, quando feciono loro assembrament[o] (…/…)

(…/…) [103]Début de la phrase dans le folio précédents : Ils décidèrent qu’on livrerait bataille dès le matin du jour suivant, et que pendant la nuit on simulerait quelques attaques sur différents points (…/…). afin de ne laisser aux Florentins aucun repos ; les ordres furent donnés à ceux qui furent désignés pour organiser dans la nuit les escarmouches dans le campement des Florentins. Après cela, on fit les préparatifs des combats pour le lendemain matin. Mais comme les Siennois sentaient bien que les Florentins étaient tout abasourdis de peur et qu’il voulaient décamper, on prit le soin de faire circuler le bruit de cette prochaine retraite parmi les troupes de Sienne, dans le but d’accroître encore leur courage et leur vigueur contre leurs ennemis. Cette nouvelle fut accueillie avec enthousiasme, et tous passèrent le reste du jour en réjouissances. Dans le camp des Siennois le nombre de personnes ne cessait de croître, de même que l’abondance des victuailles de toute sorte. Le soir venu, on désigna ceux des combattants qui devaient tour à tour monter la garde et de grands feux furent allumés autour du camp. Les Florentins, au contraire, dominés par l’appréhension d’une attaque, veillèrent toute la nuit sous les armes. Il résulta de cette vaine attente, qu’au point du jour, après une mauvaise nuit ils se trouvèrent harassés, sans courage et sans ardeur en vue du combat.

Sur ces entrefaites, on vit un manteau tout blanc qui recouvrait le camp siennois et s’étendait sur la ville de Sienne. Tout le monde s’en émerveilla mais quelques uns dirent : « C’est la fumée des grands feux que font les gens de Sienne. » D’autres observèrent : « Non, ce n’est pas cela ! Si c’était la fumée des feux, elle se serait dissipée, mais elle reste immobile, comme vous le voyez. Il s’agit donc d’autre chose que de fumées ! » Quelques uns assuraient qu’il s’agissait du manteau de notre mère la Vierge Marie, laquelle protégeait et défendait le peuple de Sienne. Telles étaient les suppositions faites dans le camp florentin. Ceux qui étaient dans le camp des Florentins disaient : « N’avez-vous pas remarqué ce matin, lorsque l’armée des Siennois s’est rassemblée (…/…)

I soldati senesi in preghiera a seguito dell’apparizione della Vergine sulla città e sul campo (Les soldats siennois en prière suite à l’apparition de la Vierge sur la ville et sur le Campo).

Un groupe de soldats est agenouillé en prière autour d’un feu de camp ; tous regardent vers le ciel ; certains, l’index levé, désignent le miracle en cours (celui-ci est manifesté par l’épaisse brume d’un blanc bleuté qui dissimule la ville dans le lointain. A gauche, un autre groupe de personnages, couronnés de frondes, observe également la scène.

Folio 10rI fiorentini fanno i preparativi per rimuovere il campo (Les Florentins se préparent à déplacer leur campement).

(…/…) [104]Début de la phrase dans le folio précédent : « “None avete voi veduto che st[ama]ne, quando feciono loro assembrament[o] (…/…). sul poggio dove sono acanpati, che ‘ primi pedoni erano tutti vestiti di rosso, questo significa sangue in battaglia ; e lla seconda ischiera erano vestiti di verde, questo significa in battaglia morte ; [18, 5] e lli altri erano vestiti bianchi e neri, che significa prigionia, sì che a me pare che sicondo questo noi avaremo malfatto, pero stiamo stanotte a buona guardia e come egli è il tenpo noi ce n’andiamo”. [18, 6] Così per lla magior parte de lor co[n]seglio fu affermato, e per tutto il campo de’ Fiorentini. In questo, esendo veduto il mantello nel capo de’ Senesi sopra alla città di Siena e [n]el campo, come aluminati da Dio s’inginochiaro in terra lagrime dicendo : [18, 7] “Vergine gloriosa, noi [v]i preghiamo che cci guardiate e difendia[t]e dalle mani de’ nostri nemici, e che lloro [no]n abino forza né ardire contra di noi”; e tutti dicevano : [18, 8] “Questo è uno grande miracolo, [qu]esto è per lli preghi del nostro padre misser [lo V]escovo, e de’ santi riligiosi, e delle perfette [donn]e e huomini ch’erano rimasti in Siena [a su]a compagnia, che senpre stavano in orationi dinanzi a Dio e alla sua Madre Vergine Maria, che sempre pregava Idio per loro che llo’ desse aiuto e forza contra di quelli cani fiorentini”. [18, 9] Riposandosi la gente del comuno di Siena per tutta quella notte, come ordinato era, quelli arditi e franchi cavalieri per cui era stato dato ordine che dovessono assaltare il campo de Fiore[n]tini si missono in ponto.

[19, 1] Come fu alquanto incominciata la notte, così incomiciaro assaltare il capo in diverse parti e in diversi luoghi, per sì fatto modo che per tutta quella notte del venardì andò ad arme e a romore per lli ispessi assaltamenti ; mai in quella notte non si potero posare, unde per quella cagione e per quella paura che avevano erano tutti isbigotiti, mille anni lo’ pareva che fusse di per potersene andare. [19, 2] Come venne l’ora del mattino, incontanente incominciaro a fare lor some e a stendar lor padilioni e trabacche. [19, 3] Tutte queste cose si vedevano per llo campo de’ Senesi, come si mettevano in ponto per partirsi, e comiciossi a dire per lo campo de’ Senesi : “E’ se ne vanno, e se ne va[n]no ! or lasarelli noi andare a questo modo ?”

(…/…) [105]Début de la phrase dans le folio précédent : « N’avez-vous pas remarqué ce matin, lorsque l’armée des Siennois s’est rassemblée (…/…). sur la colline où ils sont campés, que les premiers soldats étaient habillés de rouge, ce qui signifie sang et bataille ; que la seconde troupe était vêtue de vert, ce qui veut dire mort dans le combat ; que les autres enfin portaient des habits blancs et noirs, ce qui est un indice de captivité ; il me semble d’après cela que nous aurons mal fait, mais ce soir nous sommes de bonne garde alors qu’il est grand temps que nous partions. » Tel fut l’avis de la plus grande partie d’entre eux, tel qu’il se répandit dans tout le camp des Florentins. Les siennois ayant vu le manteau sur leur camp et au-dessus de la ville de Sienne, comme éclairés par Dieu, s’agenouillèrent à terre en larmes, en disant : « Glorieuse Vierge, nous vous prions de nous garder et de nous défendre de nos ennemis, et qu’ils n’aient pas la force ou n’osent rien tenter contre nous » ; et tous disaient : « C’est un grand miracle, qui est dû aux prières de notre père Monseigneur l’Evêque, des saints religieux, et des femmes et hommes parfaits qui sont restés à Sienne en sa compagnie, qui étaient demeurés en prière devant Dieu et sa Mère la Vierge Marie, qui priaient toujours Dieu pour qu’ils lui donnent aide et force contre ces chiens florentins ». Les habitants de la commune de Sienne s’étant reposés toute la nuit, comme cela avait été ordonné, les chevaliers audacieux et francs à qui l’ordre avait été donné d’attaquer le camp de Florentins se mirent en marche.

Comme la nuit tombait, les cavaliers désignés pour inquiéter le camp florentin commencèrent, protégés par l’obscurité, à l’assaillir de divers côtés. Toute cette nuit du vendredi se passa en vives escarmouches, en continuelles alertes. Les Florentins ne purent jouir d’un seul instant de tranquillité, ce qui les épouvanta tellement, qu’il leur semblait que mille années les séparaient encore du moment où le jour leur permettrait de s’éloigner. Dès qu’arriva le matin, ils plièrent leurs tentes et chargèrent leurs bagages. Ces préparatifs furent aperçus des Siennois, qui, remplis d’exaltation, s’écrièrent : « Ils s’en vont ! Ils s’en vont ! Les laisserons-nous partir ainsi ? »

I fiorentini fanno i preparativi per rimuovere il campo (Les Florentins se préparent à déplacer leur campement).

Il est dit dans le folio 9v que les Florentins, effrayés à la vue de l’armée ennemie, ont décidé de quitter les lieux le lendemain matin (18, 3-6). A l’intérieur des tentes au premier plan – celle du centre est bien visible, les deux latérales sont endommagées par les manques dans les marges -, les soldats florentins sont représentés occupés à préparer leurs bagages. Le sommet de la tente centrale est surmonté du lys rouge, symbole de la commune de Florence, qui identifie donc le terrain. Entre les toiles des tentes, on aperçoit des groupes de soldats en grande conversation. Le drapeau à damiers blanc et rouge qui flotte au-dessus de la tente de gauche est celui du contingent de Pistoia.

Folio 10vL’esercito senese in marcia con il carroccio verso il campo nemico. 1 (L’armée siennoise marche avec le carroccio vers le camp ennemi. 1).

[19, 4] Allora il conte Giordano e ‘I conte Aldrobandino e ‘l siniscalco del comuno di Siena e gonfalonieri, e certi altri cavalieri vedendo questo, subito fero andare certi per llo capo a svegliare le brigate, acciò che ogni persona s’armasse e mettessesi in ponto ; [19, 5] subito fu fatto, come furo in ponto subito diedono il modo e l’ordine del conbattere e di nuovo fecero le schiere e nuovi capitani e feridori che dovevano andare ina[n]zi e poi seguire con tutti e’ modi bisognevoli a conbattare, perché avessono honore e vittoria contra a lor nemici. [19, 6] Incominciando a ffare le schiere in questo modo, la prima ischiera furo dugento cavalieri tutti tedeschi e dugento pedoni d’una fiorita brigata, e lor capitano lo franco e potente lo conte d’Arasi, cioè quello ch’è siniscalco del conte Giordano, e a lui fu data quella brigata a costudire. [19, 7] La siconda ischiera furo secento, tutti tedeschi, e llor capitano si è il conte Giordano, e aveva con seco secento fatti a piè, tutti bene in ponto d’arme, e con questa brigata era lo stendardo del re Manfredi ; [19, 8] e [quello] che ‘I portava era uno conistabile [di] cinquanta per bandiera ed aveva nom[e] misser Orlando della Magna, ed era h[uomo] ardito e fiero e sentiva un poco de[l guer]cio, ed era molto savio e saputo [e avi]sato nelle battaglie. [19, 9] La terza is[chie]ra aveva lo franco conte Aldrobandino, capitano generale del comuno di Siena, con quatrocento cavalieri [e] nobili di Siena : questi si chiamavan[o] la cavallaria, l’altri dugento erano [alla] custodia del conte Aldrobandino, pure al] soldo del comuno di Siena. [19, 10] Poi se[guiva] i gonfalonieri con tutto il popolo di Siena, [e i]na[n]zi andava il gonfalone bianco reale in sun uno caroccio del terzo di Camolia, e sotto al detto gon[fa]lone andava lo franco conte Al[dro]bandino, e ina[n]zi andavano cento [fran]chi e arditi cavalieri e lor ca[pita]no si era maestro Arigo di Stin[bergo]. [19, 11] Poi seguiva altri cento cavallieri], tutti bene armati, e Ilo’ capita[no] (…/…)

Alors le comte Giordano, le comte Aldobrandino, le sénéchal de la commune de Sienne, les gonfaloniers, et d’autres chevaliers, parcoururent le camp afin de réveiller les troupes, de leur enjoindre de s’armer et de se tenir prêtes au combat. Ce qui fut aussitôt exécuté. Les chefs arrêtèrent l’ordre de bataille, reformèrent les bataillons, et désignèrent les officiers et les éclaireurs qui devaient précéder ou suivre l’armée, munis du matériel nécessaire pour faire face à tout péril et avoir honneur et victoire contre leurs ennemis. Les troupes furent disposées dans l’ordre suivant : deux cents cavaliers, tous allemands, et deux cents fantassins d’élite formèrent la première brigade, qui fut confiée aux soins de l’intrépide comte d’Arras, sénéchal du comte Giordano. La seconde brigade se composait de six cents cavaliers allemands, commandés par le comte Giordano, et de six cents fantassins bien armés ; au milieu de l’escadron flottait l’étendard du roi Manfred, porté par connétable qui avait pour nommessire Orlando de la Magna, qui était réputé pour sa brillante valeur ainsi que pour sa prudence et son habileté dans les batailles. La troisième division, représentée par quatre cents cavaliers et nobles siennois, marchait sous les ordres du brave comte Aldobrandino [106]Aldobrandino Aldobrandeschi de Santa Fiore (av. 1236 – v. 1283) : fils du comte Bonifacio, initiateur de la branche des Aldobrandeschi de Santa Fiore, grande famille féodale d’origine probablement lombarde. Lui-même ghibelin, il combattit comme capitaine de division au côté des Siennois à Montaperti, affrontant à cette occasion son cousin Ildebrandino il Rosso, … Poursuivre, général en chef de la commune de Sienne ; ce corps constituait ce que l’on appelait alors la chevalerie. Deux cents autres cavaliers composaient la garde du comte Aldobrandino. Venaient ensuite les gonfaloniers avec tout le peuple de Sienne, suivant le gonfalon royal blanc placé dans le carroccio du tiers de Camollia ; le gonfalon était précédé de cent cavaliers commandés par maître Arrigo d’Astimberg. Enfin, messire Niccolò de Bigozzi, sénéchal de la commune de Sienne, fermait la marche, ayant sous sa direction deux cents cavaliers et un corps de fantassins siennois. Suivaient enfin cent autres cavaliers dont la tenue était remarquable, et leur capitaine (…/…)

L’esercito senese in marcia con il carroccio verso il campo nemico. 1 (L’armée siennoise marche avec le carroccio vers le camp ennemi. 1).

Inscriptions :

  • « n » (Aldobra[n]dino ?)

Les folios 10v et 11r forment à leur tour une image unique.

Fol. 10v.
Fol. 11r.

Certains des corps qui composent l’armée sont figurés, avec leurs commandants. Le groupe du centre représente la deuxième ligne, dirigée par le comte Giordano, lui-même identifié par une légende, chevauchant un cheval caparaçonné d’orange. Les soldats portent la bannière du roi Manfred, elle aussi lourdement mutilée en raison du mauvais état du support. Suit le carroccio, sur lequel est hissé le gonfalon blanc ; un groupe de cavaliers s’avance derrière, suivi à son tour par quelques fantassins. L’identification du commandant, le chevalier au premier plan chevauchant un cheval au caparaçon violet, est problématique, car la légende est presque entièrement perdue ; on ne peut lire qu’un seul « n », il pourrait s’agir du comte Aldobrandino, qui, selon le texte, est passé « sous ladite bannière » : ce serait donc, de manière cohérente, la troisième rangée. Cette hypothèse est renforcée par la présence, à gauche, des gonfalons, de gauche à droite la Balzana, Città et San Martino, qui dans le texte sont mentionnés après la compagnie du comte Aldobrandino. A l’extrême droite on aperçoit une tente : l’armée se dirige donc vers le camp ennemi.

Folio 11rL’esercito senese in marcia con il carroccio verso il campo nemico. 2 (L’armée siennoise marche avec le carroccio vers le camp ennemi. 2).

(…/…) [107]Début de la phrase dans le folio précédent : [19, 11] Poi seguiva altri cento cavallieri], tutti bene armati, e Ilo’ capita[no] (…/…). el nobile e franco cavaliere misser Gualtieri, tutti e dugento andavano inanzi al popolo di Siena, poi seguiva a mezo e’ gonfalonieri e dietro a lloro il popolo, e poi seguiva per guardia di quelli della cavallaria ch’erano duge[n]to, e Ilor capitano si era el pretioso e franco misser Nicolò da Bigozi, siniscalco del comuno di Siena. [19, 12] Così fu ordinato tutte le dette ischiere, e sappi che ‘l popolo di Siena fu a numaro dicenove migliara di cittadini, tutti a piei in questo modo intende : [19, 13] cioè il terzo di Città furo otto miglia cinquecento, el terzo di Santo Martino quatro miglia ottocento, el terzo di Camolia cinque miglia settecento, e più ottocento tedeschi a cavallo e dugento del comuno di Siena e duge[n]to de’ nobili di Siena, sì che in tutto era la brigata a cavallo mille dugento, come avete udito, e a piedi dicenove migliaia, sì che in tutto la brigata del comuno di Siena tra piè e cavallo erano vinti miglia dugento. [19, 14] Ed esendo [ordinate le brigate e tutte in ponto, misser lo conte Aldrobandino con quelli capitani e gonfalonieri fece fare uno grandissimo cerchio di tutta quella franca brigata, e dentro nel mezo di tutti fé uno bello parlamento dicendo così :

[20, 1] « Noi invocaremo il nome dell’onipotente Idio e della sua santissima Madre se[n]pre Vergine Maria e nostra difenditrice, e preghiamo che divotissimamente sia nostro aiuto, consiglio e forza contra questi iniqui e malvagi superbi cani Fiorentini, acciò che tanta superbia si abatta. » [20, 2] Poi si volse verso il popolo di Siena e disse : « Signori Senesi, io vi ricordo che ogi voi conbatete per difensione della vostra città, e dicovi che noi aremo oggi grande vittoria e honore, però pigliate tutti ardire e francheza, fate buone spalle l’uno all’altro e fate francamente il fatto del conbattare, e fate che nissuno non sia riguardato; [20, 3] poi lassate fare a noi con questi franchi e arditi tedeschi, inperò che noi pigliaremo ogni vantagio dal tereno e ogni avisamento, inperò che domattina quando si levarà il (…/…)

(…/…) [108]Début de la phrase dans le folio précédent : Venaient immédiatement après cent autres cavaliers dont la tenue était très remarquable et leur capitaine (…/…). le noble chevalier Messire Gualtieri. Enfin messire Nicolo de Bigozzi, sénéchal de la commune de Sienne, fermait la marche, ayant sous sa direction deux cents cavaliers et un corps de fantassins siennois.

C’est ainsi que furent ordonnées les différentes fractions de l’armée. Saches, lecteur, qu’il y avait sur ce lieu dix-neuf mille citoyens siennois, tous à pied, à savoir : huit mille cinq cents hommes du tiers de Città, quatre mille huit cents du tiers de San Martino, et cinq mille sept cents du tiers de Camollia. L’armée comptait en outre dans ses rangs huit cents Allemands à cheval, deux cents cavaliers de la commune, et deux cents de la noblesse de Sienne : de sorte que la cavalerie se montait à mille deux cents chevaux, comme vous l’avez entendu, et l’infanterie à dix-neuf mille fantassins. L’armée siennoise s’élevait donc en totalité à vingt mille deux cents combattants. Et les brigades étant ordonnées et tout étant préparé, messire le comte Aldrobandino, avec tous ces capitaines et gonfaloniers, fit, ranger l’armée en cercle autour d’eux, et lui adressa une harangue par ces mots :

« Nous invoquons à nouveau le nom du Dieu tout-puissant et celui de sa très sainte Mère, Marie toujours Vierge, notre protectrice, et nous l’implorons humblement de nous apporter aide, conseils et force pour affronter ces Florentins, chiens iniques, superbes et malveillants, et les abattre. » Puis il se tourna vers le peuple de Sienne : « Messieurs les Siennois, leur dit-il, je vous rappelle que vous combattez aujourd’hui pour la défense de votre ville, et je vous prédis que nous aurons une grande et honorable victoire. vous êtes tous pleins de courage et de franchise ; secourez-vous mutuellement, combattez avec ardeur ; grâce à l’appui de ces francs et valeureux Allemands, nous profiterons de chaque avantage. Cependant, demain matin, en se levant, le (…/…)

L’esercito senese in marcia con il carroccio verso il campo nemico. 2 (L’armée siennoise marche avec le carroccio vers le camp ennemi. 2).

Inscriptions :

  • (sous le cheval caparaçonné) : “el co[n]te / Gio[r]dano
Fol. 10v.
Fol. 11r.

Les folios 10v et 11r forment à leur tour une image unique. (Voir commentaire au folio précédent.

Folio 11vPreparativi per la battaglia. 1 (Préparatifs de la bataille. 1).

(…/…) [109]Début de la phrase au folio précédent : [20, 3] poi lassate fare a noi con questi franchi e arditi tedeschi, inperò che noi pigliaremo ogni vantagio dal tereno e ogni avisamento, inperò che domattina quando si levarà il (…/…). sole, però che a noi viene a disavantaggio in]però che ci viene a dare nel volto, e però se vuole stare colloro a bada tanto che ‘l sole volla, però che darà nel volto á’ nemici, e così se vuole mettare in ordine nostri avisi e ogni nostro ardire e potere contra di loro. [20, 4] Per questo saranno tutti sconfitti e morti, pertanto seguitareteci francamente, e nissuno none intenda se non a conbattare e far carne di quella malvagia gente, tutti si mettano al taglio delle spade e che ciascuno attenda sempre á cavagli, acciò che nissuno possa fugire”. [20, 5] Poi comandò a pena della vita che nissuno non pigli prigione “per infino a tanto che noi mandaremo il nostro bando, poi facci come sarà di suo piacere”. [20, 6] Anco disse : “Io vi ricordo, cittadini senesi, che voi conbattarete per difensione della verità, però pensate quello che arebono fatto a voi se Ilo’ fuste venuto alle mani, con ciò sia cosa che per lli loro inbasciadori vi mandaro a dire che se voi non gittavate le mura per terra non vi volevano poi a nissuna misericordia ; [20, 7] sì ch’io vi dico che non è peccato nissuno a ffar quello altrui che loro volevano fare a voi, sì che ciascuno stia franco e ardito a conbattare contra suoi nemici”, e qui disse molte savie parole ad acendare é’ loro cuori e le menti a ffar sopra di lor vendetta. [20, 8] E detto ch’ebbe, si levò su il conte Giordano e parlò in tedesco a suoi tedeschi, disse : “Franchi e arditi cavalieri, ogi sarà quello giorno che noi francaremo l’onore della sagra corona nostro signore misser lo re, e ‘l nostro, impero chio so che oggi noi avaremo grande vittoria a sconfigiaremo tutta quella gente de’ Fiorentini [20, 9] però vi comando a tutti che nissuno non resti di conbattare e uccidare co’ vostri brandi e nostri nemici, così vi comando a pena della vita che nissuno iscenda mai da cavallo per nissuna cosa né per nissuno guadagno che lui vedesse d’aquistare, e tutti state istretti insieme e fate francamente, e che nissuno si volla a dietro per fugire, sia morto da chi più presso li è, a pena d[ella test]a”. 

[20, 10] Poi conte d’Arasi, tiratosi da parte con capitano generale, el conte Giordano e ‘ (…/…)

(…/…) [110]Début de la phrase au folio précédent : « Cependant, demain matin, en se levant, le (…/…). soleil nous frappera au visage, ce qui nous sera défavorable ; néanmoins, il faudra savoir occuper nos ennemis assez longtemps pour que le soleil, en continuant sa course, vienne les éblouir à leur tour. Pour cette raison, ils seront tous vaincus et tués, aussi vous nous suivrez franchement, et personne n’a d’autre intention que de combattre, et pour faire de la chair de ces mauvaises gens, tous se mettent au coup d’épée et chacun surveille toujours les chevaux, afin qu’aucun d’eux ne puisse s’échapper. » Puis il ordonna, sous peine de mort, de ne faire aucun prisonnier « aussi longtemps que nous n’aurons envoyé notre proclamation, ensuite, que chacun fasse ce qu’il voudra ». Il dit encore : « Je vous rappelle, citoyens siennois, que vous combattez pour la défense de la vérité. Pensez à ce qu’ils vous auraient fait à vous s’ils en étaient venus aux mains, comme il vous l’ont fait dire par leur ambassadeurs : que si vous n’abattiez pas les murailles de la ville, ils ne vous feraient aucune miséricorde. C’est pourquoi je vous dis que ce n’est un péché pour personne de faire ce que d’autres voulaient vous faire, afin que chacun soit franc et audacieux dans la lutte contre ses ennemis. » Après cela, il prononça de nombreuses paroles sages, propres à enflammer leur cœur et leur esprit et les inciter à la vengeance. Quand il eut achevé, il se leva et parla en allemand avec ses soldats, et leur dit : « Francs et chevaliers audacieux, aujourd’hui sera le jour où nous libérerons l’honneur de la couronne sacrée de notre seigneur le roi, et notre empire ; je sais qu’aujourd’hui nous remporterons une grande victoire et vaincrons tous ces Florentins. Aussi, je vous ordonne à tous que personne ne s’abstienne de combattre et de tuer les ennemis avec ses armes ; c’est pourquoi je vous ordonne, sous peine de mort, que personne ne descende de cheval pour quelque raison ce soit ni pour quelque gain convoité, et que tous restent serrés les uns contre les autres et agissent franchement ; et qu’aucun de vous ne se retourne pour fuir, sinon, qu’il soit tué par son compagnon le plus proche de lui, sous peine de mort”.

Alors le comte d’Arras, prenant à part le capitaine général, le comte Giordano et (…/…)

Preparativi per la battaglia. 1 (Préparatifs de la bataille. 1).

Les deux vignettes (11v et 12r) forment une image unique :

Inscriptions :

  • (sous le cheval blanc) : « conte Aldrobandino »
  • (à droite du comte d’arras) : « co[n]t[e d’A]rsi »
Fol. 11v.
Fol. 12r.

Selon un principe fréquent dans la peinture médiévale, plusieurs moments différents d’un même événement sont représentés dans l’image. La narration a débuté dans le folio 11r avec l’assemblée réunie par le comte Albobrandino ; ensuite, les soldats sont réveillés au son de la musique et des danses ; un banquet est préparé pour encourager l’ardeur et le moral des troupes. Enfin, comme convenu avec les autres commandants, le comte d’Arras prépare une embuscade à l’armée ennemie (20, 1 – 21, 6).

Le premier moment décrit dans le texte est représenté au centre : on y trouve le comte Aldobrandino, identifié par l’inscription « comte Aldrobandino » ; il se tourne vers ses soldats et garde une main posée sur la poignée du poignard, dans un geste menaçant. A gauche du comte, d’autres soldats, rassemblés en petit groupe, discutent. A gauche, un batteur s’affaire à réveiller des hommes couchés ; la danse qui, selon le texte, accompagne la musique n’est pas représentée. Au folio 12r, cependant, les soldats se sustentent devant un somptueux banquet. A droite, le comte d’Arras, identifié par une légende en mauvais état, « co[n]t[e d’A]rsi », mène son armée en embuscade derrière une colline.

Folio 12rPreparativi per la battaglia. 2 (Préparatifs de la bataille. 2).

(…/…) [111]Début de la phrase au folio précédent : [20, 10] Poi conte d’Arasi, tiratosi da parte con capitano generale, el conte Giordano e ‘ (…/…). [g]onfalonieri, dicendo così : “Col nome di [Idi]o e della nostra Madre Vergine Maria, [se a] voi pare io andarò dopo quello monte, ine mi porrò quetamente in aguatio ; [20, 11] e quando io sentirò le grida del vostro valoroso assalimento, io escirò [fu]ore e ferirò dalle parte dietro, o vera[m]ente da fianco, per aventura non ne iscanpa[r]à testa”. [20, 12] Così fu dilibarato per tutti ; allo[r]a disse il capitano : “Elli è presso al giorno, [il] mio volere sarebbe che tutte le briga[te] si confortassono bene da ma[n]giare e da bere, poi col nome di Dio e della sua Madre Vergine Maria e ‘l glorioso misser san Giorgio, nobile cavaliere, cavalcaremo e incomiciaremo la vittoriosa battaglia”. [21, 1] E in questo venono buonissime vivande aroste di diverse carni, e grande quantità di confetti e di perfetti e sollenni vini e ben vantagiati, e con grande abondanza di pane pur del più bello. [21, 2] Qui venne tanta robba da mangiare e da bere che parbe una maraviglia come e quanto bene e ab[on]devolemente ; e fu proveduto a tanta brigata, che grande abondanza di robba da ma[n]giare e da bere vi venne. [21, 3] In questo, mentre che lle cose s’aparechiavano, el conte d’Arasi e misser Gualtieri con altri tedeschi presono uno bello ballo, cantando canzoni in tedesco, che a nostra lingua dicea : “Tosto vedremo ciò che ssi ritruova” ; e questo fero per poco ispatio, acciò che lla gente che dormiva si svelliasse e si mettesse in po[n]to, e prendesse conforto di ma[n]giare e bere, che a loro pareva mille anni di montare a cavallo. [21, 4] E con questa allegreza fu aparechiata la robba, e ciascuno si die in sul ma[n]giare e bere, ed erano le vivande aroste, accio che accendesse la sete.  [21. 5] E come ebono presso che mangiato el conte d’Arasi, un poco inan[z]i che Ili altri avesono mangiato, chiamo incontanente e suoi cavalieri tedeschi e i pedoni, e andò a porre i•ll’aguatio, e atrettossi per andare più coperto si potesse ; [21, 6] e incontanente cavalcò col nome di Dio e di misser santo Giorgio, e allora fu dato il nome a santo Giorgio ; e andando verso Monteselvoli e discese per lla valle di Val di Biena, e ine si posono in aguatio molto cuperti, sempre stavano attenti quando sentissono le grida della gente de’ Senesi (…/…)

(…/…) [112]Début de la phrase au folio précédent : Ces harangues terminées, le comte d’Arras, prenant à part le capitaine général, le comte Giordano et (…/…). les gonfaloniers, leur dit : “Au nom de Dieu et de notre mère la Vierge Marie, j’irai, si vous le jugez convenable, me placer en embuscade derrière la butte, et quand j’entendrai les cris de votre valeureuse attaque, je chargerai les ennemis par derrière ou de flanc, et ce sera miracle si un seul d’entre eux peut échapper. » Tous approuvèrent ce projet. Alors le capitaine ajouta : « Le jour est sur le point de paraître, je voudrais que les troupes se préparent en faisant bonne chère accompagnée de boissons ; puis, qu’au nom de Dieu, de sa Mère la Vierge Marie et du noble et valeureux chevalier messire saint Georges, nous allions commencer cette victorieuse bataille. » On fit alors apporter d’excellentes viandes rôties de diverses espèces, une grande quantité de conserves, des vins justement réputés, et l’on distribua en abondance aux soldats du pain de la qualité la plus belle. Il y eut tant de choses à manger et à boire que cela semblait une merveille ; l’intendance était si bien prévue qu’il y eut une grande abondance de choses à manger et à boire. Telle était l’ivresse que le comte d’Arras, messire Gualtieri et d’autres Allemands se mirent à danser, en chantant un refrain allemand qui signifiait dans notre langue : « Nous verrons bientôt ce qu’il adviendra. » Et ils firent durer cela un peu de temps afin que ceux qui dormaient puissent se réveiller et prendre du réconfort en mangeant et en buvant, et cela bien qu’il leur semblait devoir attendre mille ans avant de pouvoir monter à cheval. Et dans cette allégresse, beaucoup de choses furent préparées, chacun se mit à manger et à boire, et les viandes étaient rôties, de sorte qu’elles attisaient la soif. Et quand ils eurent tous mangé, le comte d’Arras appela ses cavaliers et ses hommes de pied, et se mit immédiatement en marche pour aller dresser son embuscade le plus secrètement possible. Il chevaucha, en se recommandant à messire saint Georges, dont le nom fut adopté pour mot d’ordre ; se dirigeant vers Monteselvoli, il descendit le long de la Valdibiena et s’y cacha avec le plus grand soin. Toute sa troupe se tint aux aguets pour distinguer les cris que devaient pousser les Siennois (…/…)

Preparativi per la battaglia. 2 (Préparatifs de la bataille. 2).

Les vignettes des folios et forment une image unique :

Inscriptions :

  • (sous le cheval blanc) : « conte Aldrobandino »
  • (à droite du comte d’arras) : « co[n]t[e d’A]rsi »
Fol. 11v.
Fol. 12 r.

Selon un principe fréquent dans la peinture médiévale, plusieurs moments différents des préparatifs de la bataille sont représentés dans la même image. La narration a débuté dans le folio 11r avec l’assemblée réunie par le comte Albobrandino ; ensuite, les soldats sont réveillés au son de la musique et des danses ; un banquet est préparer pour encourager l’ardeur et le moral des troupes. Enfin, comme convenu avec les autres commandants, le comte d’Arras prépare une embuscade à l’armée ennemie (20, 1 – 21, 6).

Le premier moment décrit dans le texte est représenté au centre : on y trouve le comte Aldobrandino, identifié par l’inscription « Comte Aldrobandino » ; il se tourne vers ses soldats et garde une main posée sur la poignée du poignard, dans un geste menaçant. A gauche du comte, d’autres soldats, rassemblés en petit groupe, discutent. A gauche, un batteur s’affaire à réveiller des hommes couchés ; la danse qui, selon le texte, accompagne la musique n’est pas représentée. Au folio 12r, cependant, les soldats se sustentent devant un somptueux banquet. A droite, le comte d’Arras, identifié par une légende en mauvais état, « co[n]t[e d’A]rsi », mène son armée en embuscade derrière une colline.

Folio 12vDiscussione tra Arrigo da Stimbergo e il nipote Gualtieri su chi debba essere il primo feritore. 1 (Discussion entre Arrigo da Stimbergo et son neveu Gualtieri sur qui devrait être le premier assaillant. 1).

(…/…) [113]Début de la phrase dans le folio précédent : “e andando verso Monteselvoli e discese per lla valle di Val di Biena, e ine si posono in aguatio molto cuperti, sempre stavano attenti quando sentissono le grida della gente de’ Senesi (…/…). dello assaltamento del capo de Fiorentini allora percotesse. [21,7] Allora il conte Aldrobandino e ‘l conte Giordano comandaro che non si sonasse né trombette né tanburo né altro stormento ; anco comandò che, quando fussono a ferire, che tutti e ciascheduna persona mettesse le magiori grida che potessono, e così li amaestrò che facessono. [21, 8] Poi col nome di Dio e della nostra Madre Vergine Maria, di santo Giorgio incominciaro a cavalcare in verso i nemici con grande sentimento, e con grande ordine e aviso, tutti di buona voglia andavano per abocarsi co’ loro nemici. [21, 9] Inanzi a tutti andava il conte Giordano co’ suoi tedeschi a cavallo e co’ fanti a piedi, poi seguiva il conte Aldrobandino con tutto il popolo e gonfalonieri ; da poi segue maestro Arigo di Stinbergo co’ suoi cavalieri, da poi seguiva misser Gualtieri franco cavaliere co’ suoi cavalieri e conpagni, bene in ponto e valenti in fatti d’arme ; [21, 10] poi segue misser Nicolò da Bigozi colla sua compagnia e co’ nobili da Siena, e lassaro ogni loro salmaria e vittovalia e altre lor cose in sul pogio a Ropogli e discendendo [del] poggio [pervennero] al piano, e ine si fé inanzi a tutti il franco cavaliere maestro Arigo di Stimbergo, e fé [ri]verenza al capitano e a tutti li altri dice[n]do : [22, 1] “Tutti quelli di casa nostra, cioè d[i] Stinbergo, siamo del Santo Inperio p[rivi]legiati che in ogni battaglia che noi [ci tro]viamo doviamo essere e’ primi feridori, pertanto a me tocca avere l’onore di cas[a] nostra e di ciò vi prego che siate contenti”. [22, 2] E così li fu conceduto, come di ragi[one] si doveva ; udendo questo misser Gualtier[ri] franco cavaliere, che ‘l suo itio av[eva] auto la gratia d’essere ‘l primo feridore, [co]me a lor toccava di ragione per brivileg[io], allora subito si fé inanzi e gittossi in ter[ra] del cavallo, e inginochiossi dinanzi al [ma]estro Arigo, dicendo : [22, 3] “Missere, come v[oi] sapete, io so’ vostro nipote, figliuol[o] della vostra sorella carnale ; mai d[i qui] non mi levarò se non mi promettete quel[lo] vi chiegio, pertanto vi prego mi facci[ate] una gratia e non me la negate”. [22, 4] Qui er[ano] molti cavalieri e nobili persone, tutti [pre]gavano mastro Arigo che co[npiacesse] quello che misser Gualtieri preg[ava.] [22, 5] [Allo]ra, per Ili preghi del suo nipote e per lli (…/…)

(…/…) [114]Début de la phrase dans le folio précédent : se dirigeant vers Monteselvoli, il descendit le long de la Valdibiena et s’y cacha avec le plus grand soin. Toute sa troupe se tint aux aguets pour distinguer les cris que devaient pousser les Siennois (…/…). lorsqu’ils assailliraient le camp florentin. Le comte Aldobrandino et le comte Giordano défendirent alors aux tambours, trompettes et autres instruments de sonner. En outre, ils recommandèrent à chaque soldat de pousser les cris les plus bruyants qu’ils pourraient au moment décisif où l’on en viendrait aux mains. Puis au nom de Dieu, de Notre-Dame la Vierge Marie et de saint Georges, les troupes, en bon ordre et dans les meilleures dispositions d’esprit, s’avancèrent vers leurs ennemis. A l’avant-garde des troupes marchait le comte Giordano, ses cavaliers allemands et ses fantassins. Après eux venaient le comte Aldobrandino, tout le peuple et les gonfaloniers ; maître Arrigo d’Astimbergh, à la tête de ses cavaliers ; messire Gualtieri, chevalier intrépide qu’entouraient de vaillants soldats ; enfin messire Niccolò de Bigozzi fermait la marche avec sa compagnie et les nobles de Sienne, qui avaient laissé leurs bagages et leurs victuailles, et d’autres choses encore, sur la colline de Ropogli d’où ils descendirent pour gagner la plaine. A ce moment, le brave chevalier maître Arrigo d’Astimbergh s’approcha du capitaine de l’armée, le salua avec révérence en disant : « Les membres de notre maison, les Astimbergh, ont reçu du Saint-Empire le privilège d’être les premiers à charger dans toutes les batailles où le devoir les appelle ; je revendique aujourd’hui cet honneur qui a été dévolu à ma famille, et je vous prie de l’avoir pour agréable. » Cette demande lui fut immédiatement accordée comme cela s’imposait avec raison. De son côté, messire Gualtieri, apprenant que son oncle avait obtenu, selon son droit, la faveur de porter les premiers coups, s’avança vers lui, et, se jetant à bas de son cheval, s’agenouilla devant maître Arrigo et lui dit : « Monseigneur, comme vous le savez, je suis votre neveu, le propre fils de votre sœur ; jamais je ne me relèverai d’ici, si vous ne vous engagez à accepter ma demande, aussi je vous prie de m’accorder une grâce non pas de me la refuser. » Les chevaliers et les nobles personnes qui les entouraient pressèrent maître Arrigo de céder aux désirs de messire Gualtieri. Alors, vaincu par les prières de son neveu et par celles (…/…)

Discussione tra Arrigo da Stimbergo e il nipote Gualtieri su chi debba essere il primo feritore. 1 (Discussion entre Arrigo da Stimbergo et son neveu Gualtieri sur qui devrait être le premier assaillant. 1).

Inscriptions :

  • « Conte Aldrobandino »
  • « Maestr[o] Arigho delle battaglie »
  • « Maest[ro] [Ari]gho d[elle] [ba]ttaglie »

Deux moments successifs racontés dans le texte (21, 10 et 23, 3) sont représentés ici dans une narration continue.

Folio 12v.
Folio 13r.

Messire Arrigo d’Astimbergh se propose comme premier assaillant, déclarant que cette préséance appartient depuis toujours à sa Maison ; cependant, son neveu Gualtieri demande et obtient d’être le premier à attaquer. Au folio 12v, la cavalerie siennoise est alignée de manière compacte, avec ses commandants au premier rang : le premier à gauche monte un cheval avec un caparaçon gris-bleu ; bien que la légende ne soit pas lisible, et s’agit probablement, d’Arrigo : en fait, un chevalier , appelé « Maestr[o] Arigho des batailles », monté sur un coursier similaire, apparaît deux fois dans la feuille suivante. Le personnage est habillé de la même manière dans les trois cas avec un surcot marron, des bas rouges et un casque surmonté d’un écusson bleu foncé en forme de dragon. À sa gauche, on peut voir le comte Aldobrandino sur un cheval gris ; à ses côtés, le comte Giordano. Au folio 13r est représenté un moment plus tardif : Arrigo fait face aux autres commandants pour demander à être désigné premier attaquant. La moitié gauche de la figure manque en raison de la perte de la marge mais la légende « Maest[ro] [Ari]gho d[elle] [ba]ttaglie » est encore lisible. Le troisième moment est représenté au centre du folio 13v : son neveu Gualtieri est agenouillé devant Arrigo, vêtu de gris-bleu, dans une attitude de supplication. Un chevalier fait un signe de tête au Maestro Arrigo, comme pour l’inviter à accéder à la demande de son neveu. Enfin, à droite, Gualtieri réapparaît sur son cheval, avec son harnais caractéristique de couleur vermillon, brodé de dragons verts. L’ordre de lecture de cette narration à travers les images n’est pas clair : il pourrait s’agir soit du moment précédant la plaidoirie de Gualtieri, avant qu’il se jette à terre, soit du moment ultérieur, où le chevalier s’apprête à remettre son casque pour aller au combat.

Folio 13rDiscussione tra Arrigo da Stimbergo e il nipote Gualtieri su chi debba essere il primo feritore. 2 (Discussion entre Arrigo da Stimbergo et son neveu Gualtieri sur qui devrait être le premier assaillant. 2).

(…/…) [115]Début de la phrase au folio précédent : [Allo]ra, per Ili preghi del suo nipote e per lli (…/…). [preghi di] quella baronia che stava d’intorno, li disse : “[Che gra]tia vuoli tu, ch’io so’ presto a ffarla, [m]a prima mòntate a cavallo sul tuo de[st]riere, io ti prometto di fare tutto il tuo [v]olere”.)) [22, 6] Incontanente rimontò a cavallo, e a[ndan]do misser Gualtieri verso maestro Arigo dicendo cosi : “Misser maestro Arigo, [come voi sapete che chi riceve gratia, [di q]ualunque cosa sia, debba essere verso e’ suoi [am]ici e benivoli piatoso ; [22, 7] così io, vostro [ni]pote, vi dico che per la gratia a voi conce[dut]a e simile a quelli di casa vostra dal [Sa]nto Inperio per grandi prodeze fatte per lli vo[st]ri antichi, che senpre voi fuste in ogni [b]attaglia e’ primi feridori, e anco di nuovo vi è stata conceduta per llo capitano, e per[ta]nto vi prego la vostra magnificenza [e pr]udenza che col vostro nome io abbia la [gr]atia d’essere il primo feridore in questa [ba]ttaglia”. [22, 8] Allora così tutti ch’erano i•llor [pre]senza pregavano maestro Arigo [che] per l’amore di Dio e della nostra Donna li [faccia t]ale gratia, ch’era giusta domanda. [22, 9] [Allora pe’] preghi d[i tu]tti maestro Arigo [li conced]é la gratia d’essere primo feridore, e così a cavallo s’abracciaro insieme, poi maestro Arico lo baciò e così l’uno l’altro, poi misser Gualtieri, chinando la testa infino in sul collo del cavallo, li fé grande riverenza e disse : [22, 10] “A voi sia mille volte gran[deza] di tanto dono” ; poi mettendosi ell’elmo tutto rilucente in testa, facendoselo bene allaciare dinanzi e dietro, alzando la visiera li disse maestro Arigo : [22, 11] “Andarai alquanto ina[n]zi e noi ti seguiremo senpre alle spalle e faremoti buono aiuto, e tu farai valorosamente e bene, e non dubitare di nulla, cavalca col nome di Dio e della nostra Madre Vergine Maria e di misser san Giorgio nostro avocato e nostro aiuto”.

[23, 1] Allora misser Gualtieri istrense il suo cavallo co.lli isperoni, allora il suo destriere saltava che pareva uno levriere, ed era armato di due armadure, l’una di maglia d’acciaio e l’altra di cuoio in cotto ; [23, 2] ed era covortato tutto di zendato vermiglio, aracamata di draghi verdi con razi d’oro, e verame[n]te quello cavallo pareva uno dragone che volesse con rabbia divorare chi inanzi li veniva, ed era il più forte cavallo che in (…/…)

(…/…) [116]Début de la phrase au folio précédent : Alors, vaincu par les prières de son neveu et par celles (…/…). de la baronnie, il [Gualtieri] répondit : « Quelle grâce veux-tu ? je suis prêt à te l’accorder, mais avant tout, remonte à cheval sur ton destrier, je te promets de tout faire selon ton vouloir. »

Messire Gualtieri remonta à cheval, puis se rapprochant de son oncle : « Messire maître Arrigo, dit-il, comme vous le savez, celui qui obtient une grâce doit être généreux et bienveillant envers ses amis : c’est pourquoi, en tant que votre neveu et au nom de la faveur qui vous a été octroyée par le Saint-Empire, à vous personnellement et à tous ceux de votre maison, en récompense des admirables prouesses accomplies par nos aïeux, faveur qui nous autorise à charger les premiers l’ennemi dans toutes les batailles, je vous prie de m’accorder la permission d’être aujourd’hui le premier à combattre. » Sur la sollicitation de toutes les personnes présentes, maître Arrigo accorda cette juste demande, et quoiqu’ils fussent à cheval l’un et l’autre, l’oncle pressa son neveu dans ses bras en l’embrassant sur la bouche. Messire Gualtieri, baissant ensuite la tête jusque sur le cou de son cheval, fit une grande révérence, et dit : « Soyez mille fois remercié. » Il se couvrit aussitôt la tête de son casque, le fit solidement attacher, et s’écria en relevant la visière : « Maître Arrigo, marche en avant, nous serons toujours sur tes pas ; n’aie aucune crainte, nous t’aiderons de bonne sorte ; enfonce ton cheval dans la mêlée au nom de Dieu, de notre mère la Vierge Marie et de saint Georges, notre avocat et notre protecteur. » Après avoir prononcé ces mots, messire Gualtieri éperonna son cheval, et celui-ci bondissait comme un lévrier, bien qu’il portât deux armures, l’une en mailles d’acier, l’autre en cuir brut, le tout recouvert de soie vermeille, brodée de dragons verts rayés d’or ; et vraiment, ce cheval ressemblait à un dragon furieux prêt à dévorer dévorer quiconque le dépassait ; il était valeureux et d’un (…/…)

Discussione tra Arrigo da Stimbergo e il nipote Gualtieri su chi debba essere il primo feritore. 2 (Discussion entre Arrigo da Stimbergo et son neveu Gualtieri sur qui devrait être le premier assaillant. 2).

Folio 12v.
Folio 13r.

Deux moments successifs racontés dans le texte (21, 10 et 23, 3) sont représentés ici dans une narration continue. (Voir description au folio précédent).

Folio 13v Inizio della battaglia : i cavalieri senesi vanno all’attacco. 1 (Début de la bataille : les chevaliers siennois passent à l’attaque. 1).

(…/…) [117]Début de la phrase dans le folio précédent : ed era covortato tutto di zendato vermiglio, aracamata di draghi verdi con razi d’oro, e verame[n]te quello cavallo pareva uno dragone che volesse con rabbia divorare chi inanzi li veniva, ed era il più forte cavallo che in quel tenpo si trovasse, ed era valoroso [e] di (…/…). gran pregio. [23, 3] Questo misser Gualtieri era giovano, bellissimo del corpo e valente della sua persona e bene i ponto d’arme qua[n]to cavaliere fusse fra loro, e doppo lui seguiva maestro Arigo co’ suoi cavalieri e molti pedoni : [23, 4] da poi segue il conte Giordano co.lla sua compagnia a piè e a cavallo, da poi el capitano co.lli gonfalonieri con tutto il ter[z]o del popolo di Siena, da poi misser Nicolò da Bigozi colla sua conpagnia, e stava per dietro guardia di tutto il canpo de’ Senesi. [23, 5] Così stretti stretti andavano verso l’Arbia per quela via che ne va verso Monte Selvoli, passa[n]do l’Arbia, ed entraro nel piano, e questo fu il sabato a mattina, non molto alto il sole perché era da poco levato.

[24, 1] In questo che lle brigate s’acostavano, uno tanburino che aveva nome Cereto Cecolini istava in su la tore de’ Maliscotti, e vedea tutta la nostra gente e quella de’ Fiorentini, e ine subito incom[in]ciò a sonare il suo tanburello, e a quel suo[n]o si raunò molta gente di uomini e d[i] donne per sapere quello che lui dicesse. [24, 2] E q[uan]do ebbe sonato che molta gente vi fu ara[gu]nata a piè la torre, incominciò a dire : “E’ nostri so’ mossi e discendono del poggio, e vanno verso l’Arbia, e ll’àno passat[a e so]no a Monte Selvoli ; pregate Idio che Ilo’ [dia] vittoria”. [24, 3] Essi così facevano, ellino [so]no del piano e cominciano assalir[e] il pogio, e così fanno la gente de’ Fior[entini], ciascuno salie dal suo lato solo per p[i]gliare el vantagio del tereno, ciascun[o] si sforza di salire per avere el vantagio e sul poggio v’era alqua[n]to piano. [24, 4] Ine [ven]ne inanzi il franco cavaliere misser Gualtieri per una arcata di balestro, e come e’ vide aparire li nemici abbassò la visiera e prese la sua lancia fac[en]dosi il segno della croce, e strinse il suo destriere colli isperoni fortem[ente] ; con grandissime grida va verso e’ [nemici]. [24, 5] E quello della torre vede bene [ogni cosa e dice]a : (…/…)

(…/…) [118]Début de la phrase dans le folio précédent : dragon furieux prêt à dévorer quiconque passait devant lui, et c’était le cheval le plus fort qui puisse se trouver alors ; il était valeureux et d’un (…/…). grand prix. Quant à messire Gualtieri, il était jeune, très beau de corps et vaillant de sa personne, et aussi adroit dans le maniement des armes ; après lui venait maître Arrigo avec ses chevaliers et de nombreux fantassins : suivait ensuite le comte Giordano avec sa compagnie à pied et à cheval, puis le capitaine avec les gonfaloniers et le tiers des habitants de Sienne, puis messire Nicolò da Bigozi avec sa compagnie, qui alla se placer à l’arrière garde du camp siennois. Les troupes, présentant une masse compacte et se tenant aussi serrées que possible, s’acheminèrent vers l’Arbia, par la route qui mène à Monteselvoli, en traversant cette rivière, et entrèrent enfin dans la plaine ; c’était le samedi matin, le soleil n’était pas très haut car il venait de se lever.

Sur ces entrefaites, un tambour, nommé Cerreto Ceccolini, étant monté sur le sommet de la tour des Marescotti [119]La tour « des Marescotti » est celle de l’actuel palais Chigi Saracini., d’où il pouvait distinguer à la fois et notre armée et celle des Florentins, se mit à battre. A ce bruit, la foule s’étant précipitamment rassemblée au pied de la tour pour entendre ce qu’il allait dire. Quand il il vit cette foule réunie au pied de la tour, il cessa de battre et s’écria : « Les nôtres se mettent en mouvement ; ils descendent le coteau, ils se dirigent vers l’Arbia ; ils l’ont passé, les voici à Monteselvoli ; priez Dieu pour leur succès. Ils sont maintenant dans la plaine, et commencent à gravir la colline ; les Florentins les imitent ; chaque armée monte de son côté, pour s’assurer l’avantage du terrain. » Alors, le courageux chevalier Messire Gualtieri, s’avança à portée de flèche d’une arbalète, et voyant apparaître les ennemis, baissa sa visière et prit sa lance en faisant le signe de croix. Puis il serra fermement son cheval avec les éperons. ; avec des cris immenses, il se dirige vers les [ennemis]. [24, 5] Et celui de la tour, voyant tout parfaitement bien [120]Ce tambour auquel rien ne semble pouvoir échapper, devait avoir une excellente acuité visuelle pour tout voir aussi bien depuis le point où il se trouvait, a fortiori dans la faible lumière du petit matin., continuait à instruire la foule : (…/…)

Inizio della battaglia : i cavalieri senesi vanno all’attacco. 1 (Début de la bataille : les chevaliers siennois passent à l’attaque. 1).

Inscriptions :

  • « Ciereto »
  • « torre et palazo de’ [malis]cotti »
  • « Miss[er] Gha/ltieri »
  • « Conte [Gior]dano »
Fol. 13v.
Fol. 14r.

Début de la bataille : les chevaliers siennois passent à l’attaque. Le texte lisible au folio 14 décrit en détail les exploits des commandants qui furent les premiers à affronter les ennemis, Gualtieri, Maestro Arrigo et le comte Giordano. A gauche, on aperçoit la ville de Sienne : du haut d’une tour crénelée, un batteur, du nom de « Cerreto », observe le combat et tient ses concitoyens informés du déroulement de la bataille ; le palais est identifié par une légende comme « torre et palazo de’ [malis]cotti » [121]« Tour et palais des Marescotti », aujourd’hui Palais Chigi-Saracini. Gualtieri, reconnaissable au caparaçon de son cheval, se jette en ligne contre l’un des ennemis. Un deuxième chevalier, dont l’identité n’est pas précisée, frappe l’adversaire avec une telle violence qu’il brise sa lance, tandis qu’à droite le comte Giordano, reconnaissable grâce à un fragment de légende (« Comte Giordano »), renverse un adversaire. Les combattants blessés ou tués gisent au sol ; d’autres combattants chargent des lances ou se livrent à des duels à l’épée.

Folio 14r – Inizio della battaglia : i cavalieri senesi vanno all’attacco. 2 (Début de la bataille : les chevaliers siennois passent à l’attaque. 2).

(…/…) [122]Début de la phrase au folio précédent : [24, 5] E quello della torre vede bene [ogni cosa e dice]a : (…/…). “E’ sono saliti in sul pogio, così fanno la gente de’ Fiorentini. Ora sono alle mani e’ nostri co’ nemici ; Gridate tutti a Dio misericordia “, e così facevano. [24, 6] Eco abboccati insieme misser Gualtieri co’ nemici, ma ‘l primo ch’elli iscontrò fu il capitano de’ Luchesi, che avea nome misser Nicolò Garzoni. [24, 7] Misser Nicolò percosse misser Gualtieri colla sua lancia e spezolla, e niente li fé né mosse dalla sella ; ma il franco misser Gualtieri gionse lui co•lla sua lancia tuor fuore, lui con tutta la sua armadura e abattello morto in terra del suo destriere e riprese la lancia, e gionse al sicondo e al terzo ; [24, 8] tutti li abatté morti in terra, e alquanto anco l’abatte notto a terra e spezosili a lancia, e misse mano alla spada e caciossi tra quelli Luchesi come un leone iscatenato, e molti n’amazò e feri ; molto fo .quello di grande occisione e macello di quella gente.

[25, 1] Poi dietro a lui gionse maestro Arizo di Stimbergo colla lancia in mano ; il primo che gionse fu il capitano de’ Pratesi, il quale aveva nome misser Zanobi, e ferillo per si fatta forza che lli passò tutta la coraza e ll’osbergo, e misseli la lancia per llo petto e passollo per modo che lui e ‘l cavallo cadero in tera morti. [25, 2] Poi si cacciò fra quelli Pratesi e l’uccisione che lui faceva non è possibile a dire, che molti n’uccise in quel dì, che parea che lui non si vedesse istanco d’uccidare di quelle genti. [25, 3] Ecoti giognare il valoroso conte Giordano colla sua lancia in mano ; in verso lui veniva el nobile huomo misser Donatello, capitano delli Artini, e gionse colla sua lancia adosso al conte Giordano, e passolli alquanto la coraza e no•lli potè inaverare a nulla, e ruppe la sua lancia. [25, 4] El conte Giordano diede della sua lancia e passollo per infine dietro, e cadde morto in terra, e ll’erba li fé letto. [25, 5] Po’ sì si cacciò fra quelli Artini colla spada in mano, veramente e’ parea uno Ercole (…/…)

(…/…) [123]Début de la phrase au folio précédent : Et celui de la tour, voyant tout parfaitement bien, continuait à instruire la foule : (…/…). « Ils sont arrivés sur la hauteur, ainsi que les Florentins ; ils en viennent aux mains. Criez tous miséricorde à Dieu. » Le premier ennemi que messire Gualtieri put atteindre fut Niccolò Garzoni, commandant des Lucquois. Messire Nicolò frappa messire Gualtieri avec sa lance qui se brisa en frappant messire Gualtieri, qui ne fut pas ébranlé du coup, et resta en selle ; la sienne, au contraire, traversa de part en part l’armure de son adversaire, qui chancela et tomba mort. Arrachant la lance du corps sans vie, Gualtieri en frappa un second, puis un troisième, qui tombèrent à terre, morts. Sa lance étant brisée, il mit l’épée à la main, et se rua comme un lion au milieu des Lucquois, tuant ou blessant plusieurs d’entre eux. Il fit grande tuerie et massacre des ennemis.

Derrière lui, maître Arrigo d’Astimberg n’était pas demeuré inactif ; il avait attaqué, en premier lieu le chef des Pratésiens, qui avait pour nom Zanobi, et l’avait frappé avec tant de force que sa lance, après avoir traversé bouclier et cuirasse, s’était enfoncée dans la poitrine, et avait pénétré jusqu’au cheval, et tous deux roulèrent sur le sol, morts. Puis il se précipita sur les Pratésiens, dont il fit un tel massacre, qu’il semblait n’éprouver aucune fatigue à tuer ces gens. C’est alort que survint le comte Giordano. Le noble messire Donatello, capitaine des Arétins, qui l’avait aperçu, courut droit à lui, mais sa lance ne put entamer la cuirasse du comte et se rompit ; le comte Giordano, plus heureux, perça son adversaire de part en part et le renversa inanimé à terre, et l’herbe devint son lit de mort. Puis il s’enfonça dans les rangs des Arétins l’épée à la main, véritablement pareil à un nouvel Hercule (…/…)

Inizio della battaglia : i cavalieri senesi vanno all’attacco. 2 (Début de la bataille : les chevaliers siennois passent à l’attaque. 2).

Voir description au folio précédent.

Folio 14v – Eroiche imprese del siniscalco Niccolò da Bigozzi. 1. (Entreprises héroïques du Sénéchal Niccolò da Bigozzi. 1.)

(…/…) [124]Début de la phrase dans le folio précédent : “Po’ sì si cacciò fra quelli Artini colla spada in mano, veramente e’ parea uno Ercole (…/…). novello, che mai non si fé sì grande tagliata de’ Troiani come faceva il conte Giordano che faceva di quella gente de’ Fiorentini, che si gittava nel muchio delle genti col cavallo, menando quella sua spada per ogni verso che mai colpo non vene in fallo ; che non dava più colpi per uno, che per ogni volta n’andava un menbro per tera e l’uomo cadeva per lo suo colpo o morto e malamente ferito. [25, 6] Or chi avesse veduto quello che facevano e’ suoi Tedeschi, con quanto ardire e’ ferivano e nemici ; in questo giogne il franco Conte Aldrobandino colli gonfalonieri e con tutto il popolo di Siena, gridando tutti ad una boce “Alla morte, a la morte !” con grandi grida. [25, 7] Il primo che giognesse incoln]tro al conte Altrobrandino fu il capitano de li Orbetani, il quale aveva nome misser Sinibaldo Rubbini, il quale era huomo di molta possanza ; [25, 8] ma non li valse per quella volta contra il capitano de’ Senesi, però che ‘l conte Aldrobandino li de della lancia e passolli tutta l’armadura, e misseli la lancia per lla ispalla manca e passollo perfino di dietro, e cacciollo a terra del cavallo, morto. [25, 9] Poi prese la spada a due man[i, e] tristo era colui che l’aspettava, che per [for]za li convenia abandonare la vita. [25, 10] Ed er[a] tanta la furia che menava, che chi aspettava uno de’ suoi colpi no liene bisognava più e non li bisognava medico per farsi medicare, che a tutti lo’ conveni[va] morire, a chi tagliava bracia, a chi la test[a] : tristo quello che li veniva alle mani.

[26, 1] Or [chi] avesse udito il valoroso popolo di Siena le grandissime e sterminate grida che facevano, non è possibile a dire, che se Dio avesse tonato non si sarebbe udito per llo grande romore, dicendo : “A l[a morte,] a [la] morte !” l’una parte e l’altra. (26, 2] [Ma a ve]dere li Senesi con quanto ardire m[enava]no le mani adosso a quelli malvagi Fiorentini, che parevano porci feriti, sen[pre] percotendo a cavalli e a li uomini, parevano lioni scatenati adosso a q[uelli] lor nemici ; poco lo’ valeva chiamare s[an] Zanobi o santa Liparata che li aitassono, [che] ne facevano magiore macello che non [fanno] i becari delle bestie el vena[rdi] Santo. Tutte ques[te co]se (…/…)

(…/…) [125]Début de la phrase dans le folio précédent : Puis il s’enfonça dans les rangs des Arétins l’épée à la main, véritablement pareil à un nouvel Hercule (…/…). ; jamais les Troyens n’eurent à supporter une boucherie semblable à celle qu’il fit subir aux Florentins : frappant en tous sens autour de lui, sans qu’aucun de ses coups demeurât inutile, ce brave chevalier n’avait pas besoin de lever une seconde fois son glaive sur l’homme qu’il avait atteint, car dès le premier choc cet homme tombait mort ou dangereusement blessé. Il faisait beau voir avec quelle ardeur ses Allemands malmenaient les ennemis. Sur ce, le courageux comte Aldobrandino, qui entra à son tour en lice avec les gonfaloniers et le peuple de Sienne hurlant : « A mort ! A mort ! » Il s’attaqua d’abord au capitaine des Orviétains, nommé messire Sinibaldo Rubini, réputé pour sa grande vigueur ; celle-ci ne lui servit pas contre le capitaine des Siennois : le comte Aldobrandino le renversa d’un coup de lance qui, traversant l’armure, pénétra dans l’épaule gauche et, le perçant de part en part, le jeta mort sur le sol. Le capitaine des Siennois prit alors son épée à deux mains, et malheur à celui qui l’attendit de pied ferme et dut abandonner la vie ! Et la fureur qui l’agitait était si grande, que celui qui venant à recevoir l’un de ses coups n’était plus nécessaire et il n’avait plus aucun besoin d’un médecin pour se faire soigner ; il convenait que tout le monde meure ; aux uns, il coupait un bras, aux autres, la tête : malheur à celui qui tombait entre ses mains.

Qui eût entendu le valeureux peuple de Sienne, pourrait dire quels cris de fureur et d’extermination s’élevaient du lieu du combat ! Si Dieu avait alors fait gronder son tonnerre, on ne l’aurait pas entendu en raison du vacarme causé par les cris « A mort ! A mort ! » proférés de tous côtés. On ne peut se figurer avec quelle ardeur les Siennois mettaient la main sur ces maudits Florentins qu’ils égorgeaient comme des pourceaux. A les voir frapper sans relâche les chevaux comme les hommes, on eût dit des lions acharnés sur leur proie : en vain les Florentins imploraient-ils l’assistance de saint Zanobi [126]Zanobi (Florence, milieu du siècle – v. 417) : saint florentin. D’après une Vie du XIe siècle, recommandé par saint Ambroise au pape Damase, il fut appelé par lui à Rome et chargé de diverses missions, dont une à Constantinople. De retour à Florence après la mort de Damase, il fut élu évêque. La tradition veut qu’il soit mort un 25 mai. Son corps a été enterré … Poursuivre ou de sainte Reperata [127]Sainte Réparate, ou Reparada, ou Reparata :  sainte, vierge et martyre, Patronne de Florence,, on en faisait un massacre plus grand que celui des bestiaux égorgés par les bouchers le vendredi saint. Tout cela (…/…)

Eroiche imprese del siniscalco Niccolò da Bigozzi. 1. (Entreprises héroïques du Sénéchal Niccolò da Bigozzi. 1.)

Inscriptions :

  • « misser [s]inibaldo »
  • « [mi]sser nicolò [da big]ozi »
  • « conte [d]i pitig[liano] »

Sur la gauche, une ligne dense de soldats se lance à l’attaque. Le chevalier au centre, sur un cheval blanc, qui blesse son adversaire au côté gauche, est le comte Giordano ; son adversaire est identifié par la légende comme étant « misser Sinibaldo ». En réalité, selon le texte, c’est le comte Aldobrandino qui se heurte au commandant des hommes d’Orvieto, Sinibaldo Rubbini. Au fond, derrière Sinibaldo, un chevalier est touché par une lance : la légende de son bouclier est difficile à lire, mais il s’agit presque certainement du « comte de Pitigliano ». Le personnage qui a porté le coup est perdu à cause de la chute du tranchant ; sur l’encolure de son cheval apparaît une légende, encore partiellement lisible, qui dit « misser nicolò da bigozi ». C’est donc Messer Niccolò da Bigozzi, sénéchal de la commune, qui blesse le comte Aldobrandino di Pitigliano, lequel tue à son tour le cheval de son adversaire. En effet, à droite, nous trouvons Niccolò à terre, le dos tourné, l’épée dégainée ; son identité est précisée par une légende similaire à la précédente. Plus à droite, on le voit en train de monter sur un autre cheval, avec l’aide d’un soldat. Enfin, Messer Niccolò apparaît une troisième fois au centre, vu de dos, à cheval sur son nouveau destrier, et donnant un puissant coup d’épée. Pour être reconnaissable comme un seul et même individu vu à différents moments, le personnage est toujours représenté à l’identique, avec une armure décorée en vert clair ; de plus, pour permettre une identification sans ambiguïté, il est toujours accompagné d’une légende qui précise son nom.

Folio 15r – Eroiche imprese del siniscalco Niccolò da Bigozzi. 2. (Entreprises héroïques du Sénéchal Niccolò da Bigozzi. 2.)

(…/…) [128]Début de la phrase dans le folio précédent : Tutte ques[te co]se (…/…). vede[a] Cereto di su la tore e dicea : “La battaglia è ‘ncominciata da ogni parte, pregate Idio che dia a’ nostri forza e valore.” (26, 4] Poi dicea : “I nostri cittadini sono alle mani [c]o.Iloro ; state tutti in orationi, pregate Idio che llo’ dia aiuto”. [26, 5] Come vedea, così [di]cea ; poi passava terza e già nona quan[do] il sole in altura. Allora venne lo poteroso franco siniscalco misser Nicolò da Bigozi co.lla sua conpagnia, gridando : “Ai [canaglia ! Alla morte, a la morte, traditori!” [26, 6] [EI] primo ch’elli incontrasse fu il conte Aldroban[di]no da Pitigliano ; il detto misser Nicolò [li] die della sua lancia e ferillo molto i[s]onciamente. [26, 7] Allora il conte di Pitilliano, cosi ferito, diè d’una lancia al cavallo di misser Nicolò, e amazoglielo ; ma subitamente e’ suoi [c]ompagni é rimissono a cavallo, in sur uno [ch]e ffu del capitano dell’Aretini, ch’era un bello [de]striere, di pelo morello. [26, 8] E, montato a cca[v]allo, si misse nella folta battaglia e be[n]e ne fé vendetta di uomini e di cavalli, [e p]rov[o]ssi tanto bene, che pareva uno Ettore che si provasse nelle battaglie, come fé misser Nicolò, che in quel di più di dugento n’uccise colla spada, e assai ne ferì che Ili lassava per morti. [26, 9] Chi avesse veduto e’ suoi compagni come si mettevano adosso a quelli loro nemici, che non è da credare quanti n’amazavano. Ine era una grandissima zuffa ; quando erano loro in piega, e quando é’ nostri. [26, 10] Ogni cosa vedea il tamburino di su la tore : “La zuffa è grande da ogni parte, ora sono i nostri in piega”; quando dicea : “E’ sono in piega, i nemici, sì che pregate Idio che cci aiti ; state in orationi.”

[27, 1] El sole aveva già data la volta, e veniva a dare lo spendore del sole nel volto a’ Fiorentini ; ed era quasi presso a vesparo. [27, 2] La gente de’ Senesi faceva sì grande romore e grida che non si sentiva altro che loro, tale che ‘ nimici ne sbigottivano sempre ; dicieno : “Alla morte a questi traditori”, e uccidevano huomini cavalli in grandissima (…/…)

(…/…) [129]Début de la phrase dans le folio précédent : Tout cela (…/…). était observé par Ceretto depuis le sommet de la tour ; et il criait : « La bataille a lieu de toutes parts ! Priez Dieu qu’il donne aux nôtres la force et la valeur ! » Puis encore : « Nos citoyens sont aux mains avec l’ennemi ; soyez tous en prière, priez Dieu qu’il leur vienne en aide ! » Il disait les choses ainsi qu’il les voyait. Puis passa la troisième heure, et déjà la neuvième heure, quand le soleil fut au zénith. Alors vint messire Nicolò da Bigozi, le puissant sénéchal avec sa compagnie, criant : « Sus à la canaille ! A mort, à mort, les traîtres ! » Le premier qu’il rencontra fut le comte Aldobrandino da Pitigliano ; ledit messire Niccolò, lui donna de sa lance, le blessa très sérieusement. Alors le comte de Pitigliano, ainsi blessé, transperça le cheval de messire Niccolò, et le tua ; immédiatement, ses compagnons le remirent à cheval sur celui du capitaine des Arétins qui était un beau destrier à la robe noire. Et, après être monté à cheval, il repartit au plus épais du combat et se vengea cruellement des hommes comme des chevaux, si bien, qu’il ressemblait à un Hector, lequel a fait ses preuves dans les batailles, tout comme le fit messire Niccolò qui, dans cette occasion, en tua plus de deux cents avec l’épée et en blessa beaucoup qu’il laissa pour morts. Qui aurait vu ses compagnons attaquer leurs ennemis demeurerait incrédule devant le nombre de tués. C’était une très grande bataille ; quand les deux camps étaient en lice et s’affrontaient. Le tambour voyait tout au sommet de la tour : « Le combat est grand de tous côtés, maintenant notre armée se replie » ; puis il dit : « Les ennemis sont dans l’ornière, priez Dieu de nous aider ; demeurez en prière ! »

Le soleil venait de tourner, et ses rayons donnaient sur les visages des Florentins. L’heure de vêpres approchait. Les Siennois poussaient de si grands cris, si furieux, que les ennemis s’en épouvantaient. Les cris : « Mort à ces traîtres » dominaient le tumulte, tandis qu’ils tuaient hommes et chevaux en très grand (…/…)

Eroiche imprese del siniscalco Niccolò da Bigozzi. 2. (Entreprises héroïques du Sénéchal Niccolò da Bigozzi. 2.)

Fol. 14v.
Fol. 15r.
Folio 15v – Mischia fra i fanti senesi e quelli fiorentini (Corps à corps entre les fantassins siennois et florentins)

(…/…) [130]Début de la phrase dans le folio précédent : “Alla morte a questi traditori”, e uccidevano huomini cavalli in grandissima (…/…). quantità. [27, 3] A questo romore e lle grida uscì fuore dell’aguatio el valoroso potente cavaliere misser lo conte d’Arasi con tutta la sua compagnia a piè a cavallo, e deronsi a ferire nel campo de’ Fiorentini, da fianco per costa, gridando tutti ad una boce : “Ai canaglia, alla morte, alla morte, traditori !”. [27, 4] Ben che conte d’Arsi era inanzi a tutti quasi una arcata di balestro, ma e’ fu tanta la posanza del suo destriere, che trapassò nel mezo del capo de’ Fiorentini, e ine s’aboccò col capitano generale de’ Fiorentini, il quale aveva nome misser Uberto Ghibellino. [27, 5] Come misser Ubreto vidde venire misser lo conte, prese la lancia e verso lui il va afferire, gridando “Alla morte !” [27, 6] Gionse il conte d’Arasi e rupeli la lancia adosso, e non fece niente mutare dell’arcione, come se avesse dato in una tore ; ma il conte d’Arsi gionse lo capitano de’ Fiorentini co.lla sua lancia e passolli tutta l’armadura, e misseli la lancia per llo petto e passollo fuor fuore, e cacciollo [morto] a terra del cavallo. [27, 7] Allora si levò uno grande romore nel capo de’ Fiorentini : tutti isbigottiro per lla sua morte e per llo nuovo asalimento del capo, però che quell[i] fero sì fatte le grida che li stordirono. [27, 8] Allora il conte d’Arasi misse mano alla spada e cacciossi fra quelli Fiore[n]ti[ni, che] pareva che andasse a noze, e niente [li te]meva, anzi l’amazava come bestie, e ni una risistenza potevano fare contra di lui, né sofferire quelli suoi colpi ; tanti n’andava amazando, non si potrebbe dire il grande macello ne fece. [27, 9] Or [chi] avesse veduti quelli franchi Tedeschi come arditamente si mettono verso le bandiere, ch’era a vedere una maraviglia, e simile quelli franchi cittadini ch’erano a llor conpagnia, a piei e a cavallo, quello che lor facevano d’amazare h[o]mini e cavalli, tanti che lengua non [po]trebbe contare. [27, 10] Così conbattendo per[ven]noro con quelli Tedeschi che tra[evano alle] (…/…)

(…/…) [131]Début de la phrase dans le folio précédent : Les cris : « Mort à ces traîtres » dominaient le tumulte, tandis qu’ils tuaient hommes et chevaux en très grand (…/…). nombre. Le puissant comte d’Arras, averti par le vacarme des cris, quitta l’embuscade où il se tenait avec toute sa compagnie à pied et à cheval, et vint frapper dans le camp des Florentins en le prenant en tenaille ; tous les attaquants criaient d’une seule voix : « Ah, canaille ! A mort, à mort les traîtres ! » Bien que le comte d’Arras se tînt seulement en avant de sa troupe de la portée d’une arbalète, la fougue de son cheval fut telle, qu’il pénétra jusqu’au milieu du camp et se trouva face à face avec messire Uberto Ghibellino, capitaine général des Florentins. Dès que celui-ci vit approcher le comte, il se disposa au combat et courut à lui aux cris de « A mort ! » Mais sa lance vola en éclats en frappant le comte d’Arras, qui ne broncha pas plus sur sa selle que si le coup avait porté contre une muraille. Quant au comte d’Arras, sa lance traversa de part en part l’armure de son adversaire, et lui fit mordre la poussière. Il s’éleva alors une terrible rumeur parmi les Florentins, consternés de la mort de leur chef et de la nouvelle attaque dirigée contre eux. Le comte d’Arras, l’épée à la main, parcourait le camp comme s’il allait à la noce, et qu’il n’eût aucun péril à courir. Paraissant ne rien craindre, il tua un grand nombre comme des bêtes. Aucun ne pouvait lui résister. Il tua tant d’hommes que l’on ne saurait dire à quel point cette boucherie fut sanglante. Qui aurait vu ces braves Allemands, et avec quelle ardeur ils se lançaient derrière les drapeaux, en aurait été émerveillé ; et de même ces valeureux citoyens qui étaient avec eux, à pied et à cheval, comment ils anéantissaient hommes et chevaux en si grand nombre qu’aucune langue ne saurait les compter. Ce fut en combattant de cette manière que les Allemands parvinrent (…/…)

Mischia fra i fanti senesi e quelli fiorentini (Corps à corps entre les fantassins siennois et florentins)

A gauche, deux soldats se livrent un duel à l’épée ; l’un des deux blesse l’autre au visage. Au centre un combattant porte avec sa lance un coup fatal à l’ennemi blessé ; à droite, cependant, un fantassin brandit peut-être une arme sur son adversaire allongé au sol. Certains combattants gisent au sol, blessés ou tués. L’avancée des Siennois se poursuit inexorablement ; à gauche, on voit un archer et un arbalétrier déterminés à tirer des flèches, tandis que plus à droite, un soldat qui lève son épée pour frapper est touché en plein visage par la lame de son adversaire.

Folio 16r – Sortita del conte di Arras che uccide il capitano dei fiorentini ; i senesi si impauriscono dei gonfaloni degli avversari (Sortie du comte d’Arras qui tue le capitaine des Florentins ; Les Siennois s’emparent des gonfalons de leurs adversaires).

(…/…) [132]Début de la phrase au folio précédent : [27, 10] Così conbattendo per[ven]noro con quelli Tedeschi che tra[evano alle] (…/…). bandiere e stendardi de’ Fiorentini, e ttol[solle] per forza e gittarle per terra con una rabbia e allegreza insieme mescolata con furia ; per questo si levò nel canpo de’ Senesi uno grandissimo romore dicendo : “E’ son rotti, e’ son rotti ! A lloro, a lloro, brigata valorosa, e’ sono tutti morti, che non ne iscampi nissuno !” [27, 11] Or chi avesse veduti que’ franchi Tedeschi e l’ardire che presono in verso de’ nemici, bene n’avaresti auto allegreza, come facevano uno macello a tuo modo di quelli cani Fiorentini, però ch’elli erano tutti isbigotiti quando si vidono tollare tutte le lor bandiere, e alcuno di quelli Fiorentini disse : “Deh, lasciale andare, difendianci !” [27, 12] E’ Sanesi in questo avevano preso ardire verso di loro nemici, sì che uno de’ Senesi valeva dieci per uno di loro ; [27, 13] ed era tanta l’uccisione che facevano questi tedeschi, che li uomini e ‘ [c]avalli che v’erano morti e feriti e mezi morti, che chi cadeva in tera non bisognava cercare per lui, che per forza li conveniva morire ; erano tanti e ‘ morti, li uomini e ‘ cavalli, che non si poteva andare l’uno all’altro, e andavasi a guazo nel sangue cuperto il piè.

[28, 1] Or noi abbiamo detto de’ Tedeschi e di lor prodeza ; or diciamo alquanto del valoroso popolo di Siena, e simile de’ franchi cavalieri senesi, le cose di prodeza che lor facevano ch’è inpossibile a credare, però che ciascuno facea con fede e con amore per difendare la lor città, però che lor toccava. [28, 2] Senpre andavano conbatendo adosso a quelli malvagi Fiorentini, dicendo senpre a questo modo : (…/…)

(…/…) [133]Début de la phrase au folio précédent : Ce fut en combattant de cette manière que les Allemands parvinrent (…/…). jusqu’aux gonfalons et étendards des Florentins, les leur arrachèrent de force et les jetèrent dans la poussière avec une rage et une allégresse mêlées de furie. Des cris de victoire étourdissants s’élevèrent du camp des Siennois : « Ils sont défaits, ils sont défaits ! A eux, à eux, vaillante brigade, ils sont tous morts, qu’aucun ne s’échappe ! » Quiconque aurait vu ces francs allemands et l’audace qu’ils déployèrent face à l’ennemi, aurait ressenti une grande joie, alors qu’ils massacraient ces chiens de florentins, tandis que ces derniers étaient horrifiés de se voir priver de tous leurs drapeaux. Et l’un de ces Florentins cria : « Eh, laissez-les partir, qu’ils nous défendent ! » Les Siennois avaient conçu un tel courage contre leurs ennemis que l’un d’eux valait dix des autres ; et les massacres commis par ces Allemands étaient si grands que les hommes et les chevaux étaient morts, blessés et à moitié morts, et que quiconque tombait à terre n’avait pas à être recourru puisqu’il valait mieux qu’il meurt ; il y avait tant de morts, hommes et chevaux, qu’on ne pouvait aller de l’un à l’autre, sans avoir les pieds couverts de sang.

Maintenant que nous avons raconté les prouesses des Allemands, nous parlerons de celles accomplies, dans le cours de cette journée, par le vaillant peuple et les braves chevaliers siennois. Il serait impossible de les croire, mais chacun d’eux combattait avec amour pour la défense de sa ville natale, en répétant au milieu du carnage : (…/…)

Sortita del conte di Arras che uccide il capitano dei fiorentini ; i senesi si impauriscono dei gonfaloni degli avversari (Sortie du comte d’Arras qui tue le capitaine des Florentins ; Les Siennois s’emparent des gonfalons de leurs adversaires)

  • « el [capi]tano de’ Fiorenti[ni] »
  • « conte d’Arsi »
  • « Mo[n]te Aperto »

Au centre, le capitaine des Florentins, Messer Uberto, reconnaissable à son écusson fleurdelisé et à la légende « el [capi]tano de’ Fiorenti[ni] », est blessé à la poitrine par le comte d’Arras (« conte d’Arsi »), qui le passe d’un côté à l’autre avec la lance. A droite, le groupe mené par le comte se lance à l’attaque, surgissant de derrière une colline. Certains soldats jettent à terre les drapeaux florentins hissés sur les tentes ; les bannières représentées sont, de gauche à droite, la partie guelfe de Florence, Lucca, San Miniato, les armes du peuple florentin et Pistoia, Prato et Colle. Derrière cette dernière bannière en apparaît une autre, partiellement lisible ; les armes affichées sur cette bannière sont vraisemblablement celles des Orsin, six bandes alternativement d’argent et de rouge, et la tête d’argent chargée d’une rose rouge. Ce dernier est particulièrement intéressant, car il témoigne d’un anachronisme : les Orsini ne sont pas mentionnés parmi les alliés des Florentins, mais le comte Aldobrandino de Pitigliano l’est. Le comté de Sovana, dans le territoire duquel Pitigliano était inclus, passa par mariage des Aldobrandeschi aux Orsini au début du XIVe siècle. L’illustrateur associait évidemment la ville à la seigneurie d’Orsini, et donc la présence de ces armoiries était justifiée par son attribution erronée au comte de Pitigliano : une procédure tout à fait similaire à celle supposée pour l’étendard angevin représenté à la place des insignes manfrediens.

Au loin, sur une colline, on aperçoit les murs à tourelles et les toits des bâtiments du village de « Monte Aperto ».

Folio 16v – Il popolo senese riceve dalla vedetta la notizia dell’esito della battaglia (Les Siennois reçoivent des nouvelles de l’issue de la bataille données par le guetteur).

“Mandaremo le mura in terra, or venite a pigliare la città e fate i cassari in Caporeggi, venite a mettare le signorie in Siena in ogni terzo !” [28, 3] In questo modo li andavano perseguitando e amazando come fussono bestie, e andavano mescolandosi tra’ nemici come leoni, come quelli che no.lli curavano e ciascuno di loro pareva uno Orlando ; in verso e’ nemici questo popolo sanese a piei e a cavallo faceva cose maravigliose. [28, 4] Ahi quanti n’amazaro quel di, che in ogni parte del poggio e del piano era sangue de’ Fiorentini e lor seguaci. [28, 5] Quello Cereto che stava in su la torre vedea tutte queste cose, e dicea : “E’ nemici sono in piega, or si rifrancano, or sono in piega ; pregate Idio che ci dia vittoria e forza, acciò che scampiamo delle mani de’ nostri nemici”. [28, 6] Le donne e li uomini ch’erano rimaste in Siena tutte stavano ginochioni a mane gionte, pregavano Idio che cci desse forza e vittoria. [28, 7] El tanburino dicea : “La battaglia è grande da ogni parte, ora sono a terra le bandiere de’ Fiore[n]tini, ed è una grandissima e aspra battaglia, si che pregate Dio che cci aiti”.

[29, 1] La battaglia bastò dalla matti[na a] meza terza per infino a passato [vespa]ro, e in manta l’uccisione che ‘ Senesi [fero] de nemici, e non potevano più [ed erano] pure istanchi del conbattare ; e per [ristare] era si grande la moltitudine de’ m[orti che] tutte le strade e ‘ viottoli tutti cor[rivano] di sangue, allora fu che lla Malena [corse] di sa[n]gue de’ Fiore[n]tini. [29, 2] El sole dav[a di pun]ta nelli ochi a’ nemici, perché era ab[bassato], a quelli ch’erano rimasti vivi ; [allora] tutti si missono in rotta, e comin[ciaro] a fugire. [29, 3] Allora, vedendo questo, il p[opolo] di Siena, che’ nimici si mettevano [in i]sconfitta, tutti presono ardire e fo[r]za e n’ando perseguitandolo dietro a [nemici], e qualunque viene alle mani de’ Se[nesi] era tutto ferito e morto sanza niss[una] misericordia, e quanti n’amazav[ano Idio] te ‘l dica ; non valeva a dire : “Io m'[arendo]”, che tutti al tondo andavano al tag[lio de]lla spada. [29, 4] Sapiate quello che dove[vano fare i Tedeschi e ‘ Sanesi] (…/…)

« Que nous renversions à terre nos murailles ! Eh bien, venez donc prendre la ville à présent, bâtissez des citadelles dans Camporegio, venez installer une seigneurie dans chaque tiers de Sienne ! » Ils poursuivaient les ennemis en les apostrophant de la sorte et en les tuant comme s’il étaient des bêtes, et se précipitaient parmi eux comme des lions, et chacun d’eux ressemblait à un Roland Furieux. Face à ses ennemis, ce peuple siennois fit des choses merveilleuses à pied et à cheval. Hélas, combien furent tués dans cette journée. Partout, sur le coteau comme dans la plaine, on marchait dans le sang des Florentins et de leurs alliés. De son poste d’observation, [le tambour] Ceretto voyait tout ce qui se passait. « Les ennemis perdent du terrain, criait-il ; mais non, voici qu’ils tiennent ferme de nouveau. Les nôtres reculent : priez Dieu qu’il donne de la force et la victoire à notre armée. » Alors les vieillards et les femmes qui se trouvaient au pied de la tour, s’agenouillaient et tendaient les mains vers le ciel, suppliant le Seigneur de leur accorder la victoire. Le tambour reprit : « Le combat est très acharné de tous les côtés, et voici les bannières des Florentins abattues. La bataille est féroce et amère, priez Dieu de nous venir en aide. »

La bataille dura du matin jusqu’à ce que l’heure des vêpres fut passée, et la tuerie que les Siennois firent des ennemis qui étaient harassés par le combat ; la multitude des morts était si grande que toutes les routes et les chemins ruisselaient de sang. C’est alors que la Malena fut emplie du sang des Florentins. [134]La formule n’est pas sans évoquer les fameux vers de Dante que l’on trouve au chant X de l’Enfer. Farinata degli Uberti vient de demander à Dante de lui dire la cause de la dureté de Florence à l’égard des siens : Ond’io a lui : « Lo strazio e ‘l grande scempio che fece l’Arbia colorata in rosso, tal orazion fa far nel nostro tempio. » (Je … Poursuivre. Le soleil déclinant vint donner dans les yeux des Florentins, ceux, du moins, qui étaient restés vivants, qui commencèrent à fuir. Les Siennois, retrouvant alors de nouvelles forces, se précipitèrent à leur poursuite : quiconque tombait aux mains de ces courageux soldats était mis à mort sans miséricorde. Dieu seul peut dire combien de Florentins périrent de la sorte, car ils avaient beau crier : « Je me rends ! », on les passait au fil de l’épée, sans les écouter. Vous jugerez de ce que faisaient les autres citoyens et les Allemands (…/…)

Il popolo senese riceve dalla vedetta la notizia dell’esito della battaglia (Les Siennois reçoivent des nouvelles de l’issue de la bataille données par le guetteur).

La ville de Sienne est vue de l’extérieur des murs ; au-delà du mur défensif, on reconnaît la Cathédrale et le palais Marescotti, aujourd’hui Chigi Saracini, depuis la tour duquel le tambour Cerreto Ceccolini observe à distance la victoire des Siennois sur le terrain. Les hommes et les femmes demeurés à Sienne regardent vers le guetteur ; l’un d’eux, à droite, agite son manteau en direction des murs. Le tympan décoré en rouge, flanqué de deux pinacles, que l’on aperçoit au fond, pourrait représenter la façade de la Cathédrale, vue de derrière.

Folio 17r – Ritirata dei Fiorentini e strage compiuta dai Senesi (Retraite des Florentins et massacre perpétré par les Siennois).

(…/…) [135]Début de la phrase au folio précédent : [29, 4] Sapiate quello che dove[vano fare i Tedeschi e ‘ Sanesi] (…/…). quando uno che a[veva nome] Geppo, che andava ispezando [legna per] Siena, che con una sua iscure [che aveva] n’am[a]zò più di vinticinque ; [29, 5] sì che [da tanta] l’uccisione e ll’abondanza del [sangue] de’ Fiorentini che coriva per lle vie [e per la te]rra, allor crebbe la Malena come [per Ilo] molto sangue de’ Fiorentini [e loro am]icitia. [29, 6] Quello della torre ve[deva ogn]i cosa, come vedea, così dicea [vedendo] : “Ora sono i Fiorentini rotti [con malanni] e fugono !” [29, 7] In questo dire uno [di quelli] ch’era a più la torre, che aveva [nome] Magiscuolo, si trasse il mantello [d’adosso e] incominciollo a farlo volare (mandan]doselo sopra al suo capo : [29, 8] “Ora [sono i no]stri vencitori, e Fiorentini se n[e fuggono] e sono isconfitti, alla [malora], el valoroso popolo di Siena [li va segu]endo.” [29, 9] [E’ Luchesi] vedendo questo, [l’Aretini e] l’Orbetani [e] simile quelli di [Valdelsa, P]ratesi, [Pistoi]esi e tutta quella [compagnia] ch’era[no ri]masti v[ivi si v]edevano amarare come bestie Sanza nissuna misericordia, si tiraro da parte e missosi in fuga verso Montaperto ; [29, 10] e ine si fermaro, vedendo di non potere iscampare, perché erano perseguitati da Sanesi e simile tutti li altri, chi fugiva di qua e di là, e non sapevano dove andarsi per lla grande opressione a llo’ fatta. [29, 11] Ciascuno dicea : “Io m’arendo, so’ tuo pregione”, che monta a dire, e non [er]a nissuno che ‘l volesse, anco tutti li m[and]avano al taglio delle spade, e no Ilo’ valeva nulla a dire : “Miser[i]cordia”, e non erano intesi quando dicieno “Io m’arendo” ; per quello dire pegio li era fatto.

[30, 11] [Ve]dendo questo il capitano de Senesi fu insieme a parlamento co’ gonfalonieri e con Conte Giordano e coli altri cavalieri, dicendo : [30, 2] “Voi vedete il grande macello di uomini e di cavalli che qui s’è fatto e fa”, e comosso a conpassione, acciò che tutti non morissono disse : ” A mme parebbe che noi mandassimo uno bando, che chi si vuole arendare fusse preso (…/…)

../…) [136]Début de la phrase au folio précédent : [29, 4] Vous jugerez de ce que faisaient les autres citoyens et les Allemands (…/…). en apprenant qu’un bucheron de Sienne, nommé Geppo, en tua à lui seul vingt-cinq avec une de ses haches. De telle sorte que l’abondance du sang versé par les Florentins et leurs alliés se répandit sur la terre et toutes les routes, et que le cours de la Malena grossit. L’homme de la tour s’écria : « Maintenant les Florentins sont en déroute et prennent la fuite. » En entendant cette nouvelle, l’un de ceux qui se trouvait au pied de la tour, un nommé Magiscuolo, ôta son manteau, le fit tourner en l’air et dit : « Les nôtres sont enfin victorieux ; les Florentins sont dispersés, ils fuient, ils sont battus. L’intrépide peuple de Sienne poursuit les fuyards sans relâche. » Voyant cela, les soldats de Lucques, d’Arezzo et d’Orvieto, ainsi que ceux de Colle di Valdelsa, de Prato, de Pistoia et toute la compagnie de ceux qui étaient demeurés vivants, se voyant sur le point d’être massacrés comme des bêtes, sans aucune pitié, s’enfuirent vers Montaperto où ils s’arrêtèrent accablés de fatigue, constatant qu’ils ne parviendraient pas à fuir en étant poursuivis comme ils l’étaient par les Siennois et tous les autres. Les autres fugitifs, errant en tous sens, ne savaient de quel côté se diriger. Chacun d’eux disait : « Je me rends, je suis ton prisonnier » ; et personne ne les entendait, et tous les frappaient de leurs épées, et il ne servait à rien de dire : « Miséricorde » ; et ils n’étaient pas écoutés quand ils criaient : « Je me rends » ; au contraire, après cela, ils subissaient le pire.

Voyant cela, le capitaine des Siennois appela auprès de lui les gonfaloniers, le comte Giordano, ainsi que les autres chefs, et leur dit : « Vous voyez le grand carnage d’hommes et de chevaux qui s’est fait et qui se fait encore », et saisit de compassion, il ajouta, afin que tous ne subissent pas le même sort : « Il me semble qu’il est temps d’ordonner que ceux qui voudront se rendre prisonniers soient (…/…)

Ritirata dei Fiorentini e strage compiuta dai Senesi (Retraite des Florentins et massacre perpétré par les Siennois).

Inscriptions :

  • (sous la hache du personnage vêtu de vert, à gauche de l’image : « Geppo »

A gauche de l’image, un homme armé d’une hache, vêtu de vert, frappe un soldat ennemi à la tête ; la légende placée sous la hache l’identifie comme étant Geppo, le bûcheron qui, à lui seul, tua « plus de vingt-cinq » ennemis (29, 4). Certains soldats se battent en duel, tandis que d’autres, à droite, battent en retraite en se protégeant à l’aide de leurs boucliers.

Folio 17v – I commandanti senesi riuniti in assemblea decidono di permettere ai soldati di prendere prigionieri i Fiorentini che si arrendano, anziché ucciderli (Les commandants siennois réunis en assemblée décident de permettre aux soldats de faire prisonniers les Florentins qui se rendent, plutôt que de les tuer).

(…/…) [137]Début de la phrase au folio précédent : “A mme parebbe che noi mandassimo uno bando, che chi si vuole arendare fusse preso (…/…). per prigione, e chi non s’arendesse fusse morto sanza nissuna misericordia”. [30, 3] Incontanente il banditore, bandendo, non conpì di bandire tre volte, che beato era quello che trovava chi ‘l volesse per prigione ; per lor medesimi si legavano a volontà, per non essere morti. [30, 4] Tutti’ Luchesi, Artini e Obertani, ch’erano fugiti verso Montaperto, quando sentiro il bando di subito ciascuno discese del suo cavallo e, gittando in terra tutte le loro armadure, poi andaro tutti al capitano de’ Senesi e a llui s’arendero, e llui li prese per prigioni e felli tutti legare e tenere a buona guardia. [30, 5] Conte Giordano prese per prigioni ch’erano rimasti di San Miniato e di Pistoia, el conte d’Arasi ebbe per prigioni quelli da Prato, maestro Arigo di Stinbergo quelli di San Gimignano, misser Gualtieri quelli di Val d’Elsa, misser Nicolò da Bigozi ebe i Volterani. [30, 6] Poniamo che ciascuno di per sé erano rimasti pochi, ciascuno attendeva a legare é suoi meglio che poteva, e a vedere el valoroso e fra[nco popolo de’] Senesi che i pregioni da Colle e da Pitigliano e di Canpiglia e ‘ Fioren[tini ch’e]rano rimasti con quanto effe[tto e’ li le]gavano e con una sollecitudine [che pa]reva a vedere una maravigli[a, e quei] pochi ch’erano rimasti vivi d[i Lombardia], ma e’ fu una bella cosa a veder[e tanti] pregioni legati. [30, 7] Or pensate ch[e dovevano] fare li uomini quando una fe[mmina] trecola, chiamata Usiglia, [che stava in] Camolia nella contrada di Sant[a Maria] delle Gratie, costei fu mandata [con robbe] in capo da confortare le briga[te, costei] menò una asinella carica di [cose la] quale asinella si dice essere q[uella che ‘] Fiorentini gittaro drento [alla porta a] Camollia ; costei fu quella [che lla prese] e allevolla e fecele una sella [nuova] e menolla seco in canpo. [30, 8] Questa [Usiglia], vedendo che ‘ Fiorentini erano [rotti e iscon]fitti, subito si partì del campo [che era] sul poggio a Ronpoli, dov’era tutt[a la brigata collo (…/…)

(…/…) [138]Début de la phrase au folio précédent : « Il me semble qu’il est temps d’ordonner que ceux qui voudront se rendre prisonniers soient (…/…). incarcérés, mais que les autres soient mis à mort sans la moindre pitié. » Immédiatement, le héraut transmis l’ordre, et il ne l’avait pas fait trois fois que déjà, on vit les ennemis se lier eux-mêmes les mains, afin d’échapper à une mort certaine. Quand les Lucquois, les Arétins et les Orviétains, qui s’étaient enfuis vers Montaperto, entendirent cette proclamation, descendirent de cheval et, jetant leurs armes, vinrent se constituer prisonniers entre les mains du capitaine des Siennois qui les fit tous attacher et mettre sous bonne garde. Le comte Giordano fit prisonniers les combattants de San Miniato et de Pistoia ; le comte d’Arras, ceux de Prato ; maître Arrigo d’Astimbergh, ceux de San Gimignano ; messire Gualtieri d’Astimbergh, ceux de Colle di Val d’Elsa ; messire Niccolò de Bigozzi, ceux de Volterra. Chacun s’empressait de s’assurer des siens le mieux possible. Et c’était merveille de voir le vaillant peuple siennois faire prisonniers les soldats de Colle et Pitigliano et Campiglia, ainsi que les Florentins qui étaient restés en vie, et avec quelle efficacité et avec quelle sollicitude ils entravaient les rares Lombards encore vivants. Et ce fut une belle chose que de voir tant de prisonniers. On peut juger des prouesses que firent les hommes, quand on pense à celles d’une pauvre fruitière, nommée Usiglia [139]Tous les chroniqueurs sans exception ont fait mention de l’anecdote relative à Usiglia, fruitière de Sienne, et de son mari, le bucheron Geppo., demeurant dans le tiers de Camollia, dans la contrade de Santa Maria delle Grazie ; envoyée au camp pour porter aux troupes diverses provisions propres à les réconforter, elle avait chargé celles-ci sur une ânesse que les Florentins, disait-on, avaient abandonnée près de la porte Camollia. Après avoir récupéré l’animal, elle lui avait mis une selle neuve, et l’avait emmené avec elle. Voyant que les Florentins étaient en pleine déroute, elle partit immédiatement du camp qui se trouvait sur la colline de Ropoli, où étaient les Siennois avec (…/…)

I commandanti senesi riuniti in assemblea decidono di permettere ai soldati di prendere prigionieri i Fiorentini che si arrendano, anziché ucciderli (Les commandants siennois réunis en assemblée décident de permettre aux soldats de faire prisonniers les Florentins qui se rendent, plutôt que de les tuer).

Disposés en cercle, les commandants à cheval écoutent la proposition du capitaine général, vue de face au centre. A droite, on peut voir, partiellement conservée, la figure d’un crieur public à cheval, reconnaissable à la longue trompette posée sur son épaule, sur laquelle pend la Balzana : ce personnage est chargé de diffuser la décision du capitaine dans le camp : tourné dans la direction opposée aux chevaliers réunis, il quitte la scène pour aller exécuter sa mission.

Folio 18r – Resa dei Fiorentini sopravvissuti ; Usilia “treccola” lega alcuni prigionieri con una benda (Reddition des Florentins survivants ; Usilia attache certains prisonniers avec un bandage).

(…/…) [140]Début de la phrase au folio précédent : [30, 8] Questa [Usiglia], vedendo che ‘ Fiorentini erano [rotti e iscon]fitti, subito si partì del campo [che era] sul poggio a Rompoli, dov’era tutt[a la brigata collo (…/…). [ste]ndardo bianco ch’era rimasto [ine, in] sul caroccio, e andonne dov’era sta[ta l]a battaglia. [30, 9] Essa Usiglia ne prese [e legò] a una sua benda trentasei prigioni], tutti del corpo della città di Firenze ; [così] li andavano tutti dietro ed ella [li me]nò tutti seco dov’erano egli altri prig[ioni]. [30, 10] [O] pensate come facevano li uo[mini] quando una femina trecola ne [menò] trentasei, che computando tutti e’ prig[ioni] parevano più che ‘ combattitori [sanesi], che ‘ prigioni furo circa quindici [migliaia], per un modo non era tanti [uomi]ni in Siena quant’erano e’ prigioni ; [30, 11] [ragion]asi che li huomini che vi furo mor[ti fuss]ono ben diece migliaia li uomini, [non con]tando e’ cavalli che vi furo [morti, che] si disse di più di diciotto [migliaia di] cavalli vi morissono. [30, 12] E vi [fu sì gran]de la puza per questa ucci[sione che quasi] s’abandonò tutte que[le contrade] e stette buon tenpo che non [ancora per le] bestie e fiere salvatiche † [……….] che non iscanpassono [……….] non si ragion[…] di quanti

[31, 1] Avendo la gente del comuno di Siena auto sì grande vittoria, che avevano sconfitti loro nemici e messi a rotta, n’avevano grande allegreza, ed era in sabato quasi tardi ; dilibararo di non entrare la sera in Siena. [31, 2] Ritornaro nel pogio Ronpoli dov’era rimasta la salmaria e lor cose del canpo, e ‘ reale stendardo del terzo di Camolia, ch’era tutto bianco, asimiliava il mantello di nostra donna Vergine Maria, ed era in sul caroccio in una aste a modo d’arbolo grande, e al detto arbolo n’è attacato un altro un poco minore, e in questo era messo il detto stendardo ; poi con certe funi e cariuole si tirava in quello arbolo che sta in sul caroccio aconcio, e ine stava. [31, 3] I quali arboli e caroccio sono nel Duomo di Siena, cioè quelli arboli sono alle colone della tribuna dinanzi al coro, verso l’altare magiore, e ‘l caroccio està nell’Uopera Sancte Marie, e llo stendardo tutto bianco istà nella sagrestia dell’ospedale Sancte Marie, nel cassone dove (…/…)

(…/…) [141]Début de la phrase au folio précédent : Voyant que les Florentins étaient en pleine déroute, elle partit immédiatement du camp qui se trouvait sur la colline de Ropoli, où étaient les Siennois avec (…/…) l’étendard blanc planté sur le carroccio, et se rendit sur le champ de bataille. Là, cette Usiglia arrêta à elle seule trente-six hommes, appartenant tous au corps de la ville de Florence, et les ayant attachés à l’aide de ceintures lui appartenant, elle les amena ainsi à sa suite, dans l’endroit où se trouvaient réunis les autres prisonniers. On peut aisément se figurer ce que pouvaient faire les hommes si cette femme était parvenue à capturer à elle seule trente-six guerriers. Tout bien compté, il y avait plus de prisonniers que de combattants siennois. Considérant que les morts s’élevaient à dix-mille, sans compter les chevaux dont le nombre de ceux qui moururent s’éleva à dix-huit mille. La puanteur des cadavres était si grande que l’on abandonna toute la contrée, laquelle devint pour longtemps le domaine des bêtes sauvages † [……….] qui ne s’échappèrent pas [……….] on ne sait […] de combien † [142]Sienne eut aussi des pertes à déplorer. Tommasi rapporte que les corps des Siennois et des Allemands tués pendant cette journée furent enterrés dans la ville ; un décret public ordonna même d’ensevelir dans la cathédrale deux nobles qui avaient trouvé la mort dans ce combat mémorable, Andrea Beccarini et Giovanni Ugurgieri. Ils furent les premiers auxquels un tel honneur fut … Poursuivre.

Les habitants de la municipalité de Sienne ayant remporté une si grande victoire en mettant leurs ennemis en déroute, étaient dans une grande allégresse. Il était déjà tard ce samedi soir ; on décida de ne pas entrer à Sienne le soir même. Tout le monde retourna sur la colline de Ropoli où étaient restés le train de bagages et d’autres affaires, et l’étendard royal du tiers de Camolia, qui était tout blanc, ressemblait au manteau de Notre-Dame la Vierge Marie, et était sur le caroccio sur un mât haut comme un arbre, auquel s’attachait une antenne plus petite, qui se hissait le long du premier mât à l’aide de cordes et de poulies, et à l’extrémité de laquelle était fixé l’étendard. Ces deux mâts sont dans la Cathédrale, adossés à deux piliers près du chœur (21), du coté du maître-autel : le plus petit est attaché contre le pilier du côté du campanile ; l’autre, contre le pilier opposé et qui lui fait face. Quant au carroccio lui-même, il est actuellement déposé à l’Œuvre de Santa Maria [della Scala] (22), et l’étendard tout blanc se trouve dans la sacristie de l’hôpital de Santa Maria della Scala, dans le coffre où (…/…)

Resa dei Fiorentini sopravvissuti ; Usilia “treccola” lega alcuni prigionieri con una benda (Reddition des Florentins survivants ; Usilia attache certains prisonniers avec un bandage).

L’imposante figure d’Usilia domine la scène ; la vivandière, vêtue d’une simple robe verte, déroule le bandage blanc avec lequel elle s’apprête à lier ses trente-six prisonniers florentins. Sur la droite, on peut voir un soldat occupé à récupérer les armes abandonnées au sol par les ennemis, un casque et deux boucliers. Quelques Florentins à pied, sans armes, tendent leurs poignets aux cavaliers siennois sur leur monture pour être attachés.

Folio 18v – Corteo trionfale dei Senesi di rientro a Siena. 1 (Cortège triomphal des Siennois rentrant à Sienne. 1).

(…/…) [143]Début de la phrase dans le folio, précédent : […] e llo stendardo tutto bianco istà nella sagrestia dell’ospedale Sancte Marie, nel cassone dove (…/…). si tiene la cassetta du sono inbossolati e’ signori di Siena e altri offitiali. [31, 4] E ogni volta che vi si va per la cassetta per trare il nuovo offitio sì si ispiega, e mostrasi el detto gonfalone a quelli che ‘l non sanno come egli è el gonfalone che ssi dè a’ Fiorentini la sconfitta a Monte Aperto, e vittoria a’ Sanesi, e questo si fa a perpetua mimoria delle dette cose.

[32, 1] Essendo le brigate in sul pogio aragunate, attesono di bene legare lor prigioni con tutta la salmaria che avevano guadagnato nel canpo de Fiorentini, le quali furo queste, [32, 2] cioè bandiere e stendardi, gonfaloni, padilioni, trabbacche, armadura assai e tanta salmaria ch’era cosa da non credare, con tutta la vittuvaglia e fornimento che ‘ Fiorentini avevano per loro e per fornire Moltalcino, e anco una canpana, chiamata Martinella, che lla tenevano nel campo per sonare a’ lor consigli. [32, 3] Essendo in sul detto pogio tutti araunati, e ine si riposavano tutta quella notte, tenendo sempre a buona guardia tutti e’ lor prigioni. [32, 4] Da poi venne il giorno, ch’era domen[i]ca a mattina, [e incominciaro]no assettare tutte le cose e a c[aricare] tutta la salmaria e ciò che ave[vano] nel campo de’ Fiorentini guadagna[to per aricor]danza ; [32, 5] missono in su quello asi[nello che] menò Usiglia tutte le bandiere [e ‘ gonfa]loni, e poi vi posen su quella c[ampana chia]mata Martinella che avevano [i Fiorentini] in canpo, e come ebono cari[cato ogni] cosa e missosi in ponto e in[cominciarono a cam]minare in verso Siena co•ll’ordi[ne che udirete], essendo in su la meza te[r]za ; [32, 6] e quan[do gionsono] in Siena, in prima a tutti and[ava uno] di quelli inbasciadori fiorentini [il quale] era venuto in Siena a domandar[re tante cose] inique, e ll’altro era stato mort[o nella battaglia] ; [32, 7] questo era in su l’asino [volto a] llitroso, cioè il volto vers[o la coda, le ma]ni legate dietro, ed era[no le bandieree] llo stendardo del comuno [di Firenze vol]te alla coda dell’asino [e strascinate] per terra. Inanzi andavan[o li fanciulli, dicendo : “E]co il traditore che [voleva che noi gittassi]mo le mura della città [per terra, e tutti gridano,] (…/…)

(…/…) [144]Début de la phrase dans le folio, précédent : […] et l’étendard tout blanc se trouve dans la sacristie de l’hôpital de Santa Maria della Scala, dans le coffre où (…/…) où l’on conserve aussi la boîte qui sert au ballottage de l’élection de la seigneurie de Sienne et des autres officiers [145]Il paraît qu’en 1700, cet étendard se conservait encore dans les archives de l’hôpital, puisqu’il est dit dans les mémoires de Macchi, qui vivait à cette époque (tomes i, vi, LXVI), que l’on gardait « dans le sac de l’étendard de Montaperto » un contrat daté du 10 avril 1257, par lequel Ranieri de Ugone vendait quelques terres peu éloignées de … Poursuivre. Toutes les fois que l’on retire cette boîte du coffre afin de procéder à un scrutin, on déploie l’étendard et on l’expose pour rappeler à ceux qui ne le savent pas que ce drapeau est celui qui a infligé la déroute aux Florentins et la victoire aux Siennois à Montaperti. On fait cela pour perpétuer le souvenir de toutes ces choses.

Dès que les brigades furent réunies sur la colline, elles veillèrent à bien attacher leurs prisonniers, et elle y déposèrent le butin qu’elle avait recueilli dans le camp des Florentins. Ce butin se composait de bannières, d’étendards, de gonfalons, tentes et pavillons ; de beaucoup d’armes, de bagages, de vivres, de fourniments de toute espèce, que les Florentins portaient avec eux pour ravitailler Montalcino ; enfin, d’une cloche qu’on appelait la Martinella et dont ces derniers se servaient, dans leur camp, pour sonner l’heure des réunions du conseil. Réunis sur la colline, ils se reposèrent toute la nuit, tenant en bonne garde leurs prisonniers. Puis vint le jour, qui était un dimanche, et ils commencèrent à mettre les choses en ordre, et à charger leur bagage ainsi que le butin qu’ils avaient pris dans le camp des Florentins pour conserver la mémoire de l’événement. [En réponse aux injures qui leur avaient été faites], ils placèrent sur le dos de l’ânesse qu’Usiglia avait amenée avec elle, tous les drapeaux et les étendards, et mirent par dessus la cloche appelée Martinella, prise aux Florentins. Lorsque tout fut prêt, ils s’acheminèrent vers Sienne, dans l’ordre qui sera décrit plus loin, et y arrivèrent vers la demi-tierce du matin (sept heures et demie du matin, au mois de septembre). Quand ils arrivèrent à Sienne, marchait en premier l’un des ambassadeurs florentins venus formuler des demandes iniques (l’autre était mort sur le champ bataille) ; il était assis sur l’âne le visage tourné vers l’arrière, c’est-à-dire vers la queue de l’animal, les mains liées derrière le dos. Et l’étendard de la commune de Florence, attaché à la queue de l’âne, était traîné par terre. Devant, les enfants couraient en criant : « Voici le traître qui voulait que nous rasions jusqu’à terre les murs de la ville (…/…)

Corteo trionfale dei Senesi di rientro a Siena. 1 (Cortège triomphal des Siennois rentrant à Sienne. 1).

Une fois encore, le dessinateur utilise la double page pour figurer le long cortège qui se dirige vers la Porta San Viene – aujourd’hui Porta Pispini – sur le folio de droite. On notera l’habileté avec laquelle il utilise la marge pour y insérer la tour crénelée (vol. 19r).

Fol. 18v.
Fol. 19r.

La silhouette de la porte n’est que partiellement conservée en raison de la perte du bord de l’image, mais le grand arc brisé de l’entrée, les créneaux guelfes qui couronnent la porte (ainsi la tour qui la surmonte) sont encore partiellement visibles. A droite, l’un des deux ambassadeurs florentins venus présenter aux Siennois l’inacceptable ultimatum qui a conduit à la guerre, est attaché sur le dos d’un âne, la face tournée vers la queue de l’animal à laquelle sont attachés des objets allongés qui ne sont pas clairement lisibles, mais qui sont interprétables, grâce au texte, comme les étendards pris par les Siennois aux Florentins. Trois garçons jettent des pierres sur l’ennemi captif, tandis qu’un adulte portant u ne capuche rouge tente de les retenir. L’âne est suivi de la cavalerie allemande, accompagnée de trois trompettes ; seulement en partie conservé, l’étendard royal de Manfred, avance avec les chevaliers. Derrière ce groupe apparaît, peu distinctement, le carroccio, sur lequel est hissée la bannière blanche. Suit un deuxième âne portant sur son dos la Martinella, cloche dont les Florentins se servaient pour convoquer l’armée et les conseils de guerre ; derrière le chariot avancent quelques prisonniers, menés par Usilia, reconnaissable à sa robe verte. Les commandants siennois clôturent la procession, accompagnés de bannières : de droite à gauche, la Balzana, Città et San Martino. Tous les Siennois sont couronnés de rameaux d’olivier ; l’ordre des figures suit précisément celui du récit.

Folio 19r – Corteo trionfale dei Senesi di rientro a Siena. 2 (Cortège triomphal des Siennois rentrant à Sienne. 2).

(…/…) [146]Début de la phrase au folio précédent : ”E]co il traditore che [voleva che noi gittassi]mo le mura della città [per terra, e tutti gridano,] (…/…). ve[n]ga a ffare il cassaro in Caporegi, [met]tare le signorie in ogni terzo di Siena !” [32, 8] [E in q]uesto modo l’andavano dilegiando [e ischer]nendo, se non che li uomini discacciava[no i] fanciulli co’ sassi l’avarebono morto, e die[tro] a lui alquanti trobadori sonando ; poi [veni]va lo stendardo reale del re Manfredi, [e do]po questo il conte Giordano e ‘l conte d’Arasi [con qu]elli Tedeschi valenti, tutti con grillande [d’ulivo] in capo in segno di vittoria, tutti an[dava]no cantando i.lor le[n]gua belle can[zonet]te. [32,9] Poi seguiva il reale stendardo tu[tto bia]nco del terzo di Camollia in su caroccio, [ed era] tirato da due grossi palafreni, e die[tro] esso istendardo andavano tutti e’ pri[gioni, e] bandiere assai de nemici strascina[te per t]erra, da poi trabacche, padilioni che [avevano] guadagnate nel canpo de Fiorentini [e salmaria], armadura, vittuvaglia e molte [altre c]ose. [32, 10] Da poi l’asinella co.lla nuova [sella, che] portava la campana chiamata [Martinella] con altre cose da Montaperto ; [poi andava] Usiglia trecola con trentasei prigioni legati alla sua benda, poi seguiva il valoroso conte Aldrobandino da Santa Fiore, capitano generale del comuno di Siena, con tutto il popolo senese. [32, 11] Tutti andavano cantando è rigratiando Iddio e lla Vergine Maria sua Madre, tutti avevano grillande d’olivo in testa in segno di vittoria ; questi Sanesi andavano inanzi a’ gonfalonieri con tanta allegreza che non toccavano terra. [32, 12] Da poi e’ gonfalonieri : in prima lacomo del Tondo, gonfaloniere del terzo di Città, col suo gonfalone con tutti quelli del suo terzo ; el sicondo Giovanni Guastellini, gonfaloniere del terzo di Santo Martino, col suo gonfalone e con tutti quelli del suo terzo ; el terzo Bartalomeo Renaldini, gonfaloniere del terzo di Camolia, con tutti quelli del suo terzo. [32, 13] Doppo questi veniva maestro Arigo di Stinbergo con tutti é’ suoi cavalieri armati, poi seguiva il valoroso misser Gualtieri con tutta la sua conpagnia de’ tedeschi bene in ponto ; tutti avevano (…/…)

(…/…) [147]Début de la phrase au folio précédent : « Voici le traître qui voulait que nous rasions jusqu’à terre les murs de la ville (…/…). Ou encore: « Viens donc bâtir ta forteresse dans Camporegi, et créer des seigneuries dans chaque tiers de Sienne. » Et ainsi, ils continuaient à se moquer de lui et à l’outrager. Si les hommes ne les avaient pas chassés, les enfants l’auraient tué à coups de pierres. Derrière lui venaient quelques troubadours faisant sonner leurs instruments. Puis apparaissait le royal étendard du roi Manfred, derrière lequel marchaient le comte Giordano, le comte d’Arras, et les valeureux cavaliers allemands, tous couronnés de branches d’olivier en signe de victoire, et chantant en chœur leurs plus belles chansons dans leur langue. Le carroccio, attelé de deux magnifiques chevaux de haute taille, et surmonté de l’étendard de Camollia, précédait les files de prisonniers, ainsi que les bannières, les tentes, les pavillons, les bagages et autres objets enlevés au camp florentin. L’ânesse portait sur sa nouvelle selle la Martinella ainsi que les autres trophées de Montaperto, et la fruitière Usiglia conduisait ses trente six captifs. Après elle, le valeureux comte Aldobrandino de Santa Fiore, capitaine général de la commune de Sienne, s’avançait suivi de tous les soldats siennois. Tous marchaient en chantant et en remerciant Dieu et la Vierge Marie, sa Mère, tous également coiffés de guirlandes d’olivier, en signe de victoire. Ces Siennois allaient précédés de leurs gonfaloniers avec une telle joie qu’ils ne touchaient pas terre. Venait d’abord le Jacomo del Tondo, gonfalonier du tiers de Città, portant son gonfalon, et accompagné des hommes de son quartier ; en second Giovanni Guastellini, gonfalonier du tiers de San Martino ; puis en troisième, Bartolomeo Rinaldini, gonfalonier du tiers de Camollia, lui aussi accompagné de sa troupe. Le reste du cortège se composait de maître Arrigo d’Astimbergh, avec ses cavaliers armés ; suivait le preux messire Gualtieri, accompagné de ses cavaliers allemands à l’allure martiale. Tous avaient (…/…)

Corteo trionfale dei Senesi di rientro a Siena. 2 (Cortège triomphal des Siennois rentrant à Sienne. 2).

Le dessinateur utilise la double page pour figurer le long cortège qui se dirige vers la Porta San Viene – aujourd’hui Porta Pispini – sur la droite. Voir folio précédent.

Fol. 18v.
Fol. 19r.
Folio 19v – Arrivo del corteo al Duomo (Arrivée du cortège à la Cathédrale).

(…/…) [148]Début de la phrase au folio précédent : tutti avevano (…/…). le grillande d’ulivi in testa, che bene dimostrava che avessono auto vittoria. [32, 14] Poi seguiva il poderoso misser Nicolò da Bigozi, per rietro guardia, co’ suoi cavalieri franchi tra Sanesi, e altri soldati del comuno di Siena. [32, 15] Così entrano in Siena tutti di bella brigata, e così insieme con queste cose andaro al Duomo e ine tutti con grande riverenza e divotione rendero laulde, honore e gloria all’altissimo Idio, rigratiarono alla nostra donna Vergine Maria sua madre di tanta vittoria e honore che llei aveva al popolo suo. [32, 16] Poi ritornaro a Santo Cristofano e ine lassaro tutte le cose apartenenti al comuno, cioè la salmaria, stendardi, trabacche e padiglioni, bandiere e tutte quelle cose che ss’erano guadagnate nel campo de Fiorentini, che dovevano rimanere in comuno, e anco lassaro le bandiere e’ Sanesi ch’ebono in comuno e lla campana chiamata Martinella. [32, 17] Tutte queste cose ch’essi guadagnaro, come detto, furo poste in palazo de’ Signori, come fu finito, in questo modo : in prima la campana Martinella fu messa nella camera del comuno, in una inppeschiata pari terra, e lle lo’ bandiere, tese col capo di sotto, stanno i[n] su la logia, attacato alla trave del tetto, e simile trabacche e padilioni.

[33, 1] Essendo la brigata in Santo [Cristofano e guadagna]to le cose come detto, ciascuno [si tornò] a casa sua, chi a lloro stanze [con hono]re e vittoria, guardando bene [e’ lor prigio]ni, e così Usiglia e’ suoi in casa sua. [Sap]piate che lla detta isconfitta de’ Fiorentini fu in sabato a dì quatro di [setten]bre nelli anni Domini Mille[du]gento[sessanta]. [33, 2] Da ppoi la mattina seguente tutti [e’ cittadi]ni del conseglio e ‘ gonfalonieri, [misser lo] conte Giordano e ‘l conte Aldroba[ndino] andaro a Santo Cristofano ; [33, 3] e ine, [insieme co•]l’ofitio de’ Vintiquatro, e’ fero co[nseglio], e presono per partito di fare una [bella] e nobile processione a honore d[i Dio e della] sua Madre Vergine Maria, con [con tutte le] relique di Siena e con tut[ti i religiosi], preti, frati, monaci e abati [che pres]tamente tutti sieno parati [con tutte le reliquie] e venghino a Duomo a fa[re procissione. [33, 4] Come fu ordinato subitamente si mandò] un bando per la città di Siena “[che tutti e’ religio]si come frati, preti, mon[aci e abati fu]ssono parati con t[[utte le reliquie venghi]no al Duomo di Madonna Santa Maria, e ine] aspettino tanto che l’o[fitio de’ Vintiquatro] e li (…/…)

(…/…) [149]Début de la phrase au folio précédent : tous avaient (…/…). des couronnes d’olivier sur la tête en signe de victoire. Enfin venait le puissant messire Niccolò de Bigozzi, à l’arrière garde, avec ses valeureux cavaliers siennois ou au service de la commune de Sienne. L’entrée triomphale de l’armée à Sienne se fit dans cet ordre, et et c’est encore ainsi qu’elle se dirigea immédiatement vers la Cathédrale, où elle rendit des actions de grâces à Dieu tout-puissant pour les succès qu’elle avait obtenus, remerciant Notre Dame la Vierge Marie sa Mère pour l’entière victoire et la gloire qu’elle avait procuré à son peuple de prédilection. Puis chacun retourna à San Cristoforo, où furent solennellement déposés le bagage, les étendards, pavillons, tentes et bannières des Siennois, ainsi que tout ce qui avait été pris dans le camp des Florentins, sans excepter la Martinella. [150]En tête de l’inscription lisible sur la cloche, aujourd’hui conservée au Palazzo Pubblico, on trouve inscrit le millésime A. D. MCCLXII. Cette date, postérieure de deux ans à la bataille, prouve, au risque de la légende, qu’il ne peut s’agir de la Martinella.. Tout ce butin, comme cela a été dit, fut par la suite déposé au Palazzo dei Signori, dès que la construction de celui-ci fut achevé. La Martinelle fut placée dans la salle du Grand Conseil (Actuelle Salle de la Mappemonde.)). Les drapeaux, étendus avec la tête en bas, sont attachés à une poutre de la toiture de la loggia, ainsi que les bannières et les pavillons [151]On ignore ce que sont devenus ces trophées..

L’armée se sépara à San Cristoforo chacun s’en retourna chez lui ou dans sa famille, empli de la fierté de cette victoire, et fit bonne garde de ses prisonniers dans sa maison, de la même manière que le fit Usiglia avec les siens. Souvenez-vous que la défaite des Florentins eut lieu samedi quatre septembre de l’an de grâce 1260. Le lendemain matin, tous les citoyens membres du conseil, les gonfaloniers, messire le comte Giordano et le comte Aldobrandino se rendirent à San Cristoforo. On tint conseil avec les vingt-quatre magistrats formant la seigneurie, et l’on convint de faire une grande procession en l’honneur de Dieu et de la Mère la Vierge Marie, avec toutes les reliques de Sienne, et que les habitants suivraient avec tous les religieux, prêtres, moines et abbés. C’est dans cet ordre que l’on se dirigerait vers la Cathédrale. On envoya aussitôt dans la ville publier un ban par lequel il était enjoint aux divers membres du clergé de se réunir immédiatement dans la Cathédrale de Santa Maria [Assunta], avec toutes les reliques, et d’y attendre l’arrivée du Conseil des Vingt-quatre et des (…/…)

Arrivo del corteo al Duomo (Arrivée du cortège à la Cathédrale).

Seule la tête du cortège est représentée dans la vignette. Précédant la cavalerie allemande et les trompettes, apparaissent une nouvelle fois l’ambassadeur florentin et la Martinella. La perte importante de la marge gauche ne permet pas de savoir si d’autres personnages pouvaient s’y trouver. Le groupe fait face à la façade de la cathédrale, qui était probablement représentée dans son intégralité à l’origine, mais dont seuls les portails central et gauche sont désormais visibles ; à l’instar de ce que l’on voit dans la vignette du folio 3v, la façade est représentée sous sa forme gothique des XIIIe-XIVe siècles, ce qui la rend particulièrement reconnaissable.

Folio 20r – Arrivo del corteo a San Cristoforo (Arrivée du cortège à San Cristoforo).

(…/…) [152]Début de la phrase au folio précédents : [33, 4] Come fu ordinato subitamente si mandò] un bando per la città di Siena “[che tutti e’ religio]si come frati, preti, mon[aci e abati fu]ssono parati con t[[utte le reliquie venghi]no al Duomo di Madonna Santa Maria, e ine] aspettino tanto che l’o[fitio de’ Vintiquatro] e li (…/…). altri cittadini venghino ; [33, 5] e che tutti e’ buttigari e artifici serri sua buttiga e vadano a processione, e simile ogni e ciascheduna persona, maschi, femine, fanciulli grandi e picoli seguino la processione, poi faccino festa”. [33, 6] Mentre che ‘l [b]anditore bandiva, anco si dilibarò che tutto quel giorno si faccia festa per lla grande vittoria avevano auto, questo tusse doppo la processione. [33, 7] La festa fu grande della vittoria auta da [lor] n[em]ici malvagi iniqui cani Fio[ren]tini e di tutta loro amicitia, benché [i pri]gioni fussono ben guardi, fu dilibe[rato] che qualunque si volesse riscuotere si potesse riscuore in questo modo : [33, 8] [che oltre] alla taglia che avesse a pa[gare d]esse uno becco caprino, e [che tutti] vadano a farsi riscuotare [in sul] forco[n]e di quelle vie che l’una [conduce a] Querciagrossa e ll’altra a Mon[te]regioni ; [33, 9] attendete senpre in prigio[ne] stavano a buona guardia e come [fuss]ono riscossi, così imantanente tutti quelli becchi sieno isvenati e di quello sangue se ne intrida la calcina e ine a perpetua mimoria si facci una bella fonte rilevata, e sia murata con quella calcina intrisa del detto sangue, e chiamisi la Fonte de’ Becchi, e in sur ogni isponda vi sia fatto rilevat[o] di marmo uno becco”; così fu ottenuto e dilibarato.

[34, 1] Fatte queste dilibarationi, nel consiglio si levò su il conte Aldrobandino, ch’era nel detto conseglio perché era capitano generale del comuno di Siena, dicendo  : [34, 2] “Signori conseglieri, io conseglio e dico [così], che tutte le cose che voi avete ordin[a]te e fatte stano singularisimamente b[uone], però vi dico e ricordo che, fatto che voi avete la processione ella vostra festa, e che tutti e’ prigioni saranno riscossi, e fatto tutto quello che voi avete ordinato di fare, io vi ricordo che i nemici si vogliono tenere per nimici e gli amici per amici ; [34, 3] e però vi dico che qualunque fusse stato nimico e ribello del nostro comuno si vorebbe gastigarlo, per modo che mai non si avezasse di fare simili cose. [34, 4] None istà la sigularità (…/…)

(…/…) [153]Début de la phrase au folio précédents : On envoya aussitôt dans la ville publier un ban par lequel il était enjoint aux divers membres du clergé de se réunir immédiatement dans la Cathédrale de Santa Maria [Assunta], avec toutes les reliques, et d’y attendre l’arrivée du Conseil des Vingt-quatre et des (…/…) autres citoyens. Par ce même ban, il était ordonné de fermer toutes les boutiques, et à tous, et à chaque personne, hommes, femmes enfants petits et grands, de suivre la procession, et ensuite de se livrer aux réjouissances. Tandis que le crieur public s’acquittait de sa tâche, il fut décidé que, à la suite de la procession, tout le reste de la journée soit consacré à fêter la grande victoire qui venait d’être remportée. Et que cette fête soit grande aussi bien en raison de la victoire sur les ennemis, ces chiens maudits de Florentins, que de leur propre bonne entente. Tandis que les prisonniers étaient bien gardés, il fut décidé que tous ceux d’entre eux qui voudraient se racheter pourraient le faire, mais qu’indépendamment du prix de la rançon, chacun d’eux serait tenu de donner un jeune bouc ; que le rachat des captifs s’effectuerait à l’embranchement des deux routes, dont l’une conduit à Quercia Grossa [154]Aujourd’hui Quercegrossa. et l’autre à Monteriggioni ; qu’après avoir délivré les prisonniers, on égorgerait sur-le-champ tous les boucs, dont le sang, mêlé à la chaux, serait destiné à bâtir, en cet endroit, une belle fontaine, à laquelle serait donné le nom de Fontaine des Boucs. Il fut arrêté, en outre, qu’on sculpterait sur chaque paroi de cette fontaine la représentation d’un de ces animaux.

Après ces délibérations au conseil, messire le comte Aldobrandino, qui siégeait en sa qualité de capitaine général de l’armée de la commune de Sienne, se leva et dit : « Messieurs les conseillers, toutes les choses que vous venez d’ordonner, je les trouve singulièrement bonnes ; néanmoins, je vous dis et vous rappelle qu’une fois la procession et votre fête terminées, les prisonniers rachetés et élargis, il faudra regarder les ennemis comme des ennemis et les amis comme des amis. C’est pourquoi je vous dis que quiconque s’est montré hostile et rebelle à notre commune, ou s’est révolté contre elle, doit être châtié de telle manière qu’il ne soit plus tenté de recommencer. Quel qu’il soit (…/…)

Arrivo del corteo a San Cristoforo (Arrivée du cortège à San Cristoforo).

Inscriptions :

  • (sur le papier collé dans la marge droite) : « … »

L’image est construite comme au folio 19v, mais les deux ânes portant l’ambassadeur et la cloche sont représentés plus grands que dans les illustrations précédentes, et plus en détail. Quelques sacs de toile blanche bombés, posés à terre, constituent le butin laissé à l’église ; seule la façade de cette dernière est représentée.

Folio 20v – Danze di festeggiamento per la vittoria (Danses de la victoire).

(…/…) [155]Début de la phrase au folio précédent : None istà la sigularità (…/…). di me[ntovar]e nissuno, ma tanto vi dico sia chi vuole e nome come vuole e comun[o o] diviso che io con questi miei conpagni, col valoroso misser lo conte Giordano co’ suoi valorosi compagni, che noi il mettaremo al di sotto e disfaremo del mondo, sì che a voi stia il comandare e a noi presto l’ubidire a’ vostri comandamenti”. [34, 5] Simile disse il conte Giordano per lo suo interpito che “era presto e apparechiato a tutta lor volontà e comandamenti, purché fusse cosa che fusse vostra fama e onore e mia e onore del nostro re”. [34, 6] Finito ch’ebbe il suo dire, si levò a consigliare misser Bandinello e disse : “Savi consiglieri, voi avete udito quanto parlò il capitano del comuno di Siena, è stato detto, quasi per isdegno no• Ilo mentovò per nome, che si vuole tenere li amici per amici e lli nemici per nemici, e che si facci guerra a chi è stato ribello e nimico del comuno di Siena ; [34, 7] dico che a mme non pare che si f[a]cci guerra a nissuno, inperò che [a] mme [n]on pare sia necessario né bene, anco avete fatto tanto male e ingiuria a loro, più che non ànno fatto a voi, che mi pare sia [bastante] sanza fare di nuovo inpresa. [34, 8] [Ave]reste bene a dare licentia [a questi Te]deschi e anco a cassare tutta [questa] brigata, però che voi sapete che [non c’è de]naio per pagarli, che sapete [l’altro] dì quando si dilibarò di pag[are que]sti Tedeschi non si trovavano s[e non che] Salinbene ve ne servì, sì che pensate] a ffare di nuovo inpresa come [i denari] ci saranno, e pertanto a mme non p[are che] di nuovo si faccia inpresa”. [34, 9] Qu[esto di]cea, ché non volea si facesse inp[resa contra] a’ Fiorentini, molto ne fu dole[nte quando] sentì che ‘ Fiorentini erano is[confitti] e rotti ; questo fu q[ue]llo che co[nsiglio] che ‘ Fiorentini fusso[no in qualcuna cosa] conpiaciuti e che si ronpe[se le mura] in alcuna parte. 
[34, 10] Poi si levò [misser] Buonaguida Boccacci, disse [che le] cose che aveva dette misser Band[inello] li parea che in parte se ne dovesse fare e parte no, come di fare [nuova impresa] contra persona no lli pareva, [ma] cassare la gente non li parea [e non era] da ffare : [34, 11] “però che noi [aviamo molti nemici] (…/…)

(…/…) [156]Début de la phrase au folio précédent : Quel qu’il soit (…/…), qu’il s’agisse d’une commune entière ou seulement d’un particulier, je vous réponds qu’avec mes compagnons et l’aide du valeureux comte Giordano et de ses braves amis, nous le mettrons à la raison et le ferons disparaître du monde. Ainsi donc, ordonnez ; nous sommes tous prêts à obéir à vos commandements. »  Le comte Giordano dit également par le moyen de son interprète : « Je suis disposé à faire tout ce que vous désirerez, pourvu qu’il s’agisse de choses dignes de votre gloire et de la mienne, et dignes notre roi. » Après avoir parlé ainsi, il s’assit et fut remplacé par messire Bandinelli, qui s’exprima en ces termes : « Sages conseillers, le capitaine de l’armée de Sienne, que je m’abstiens d’appeler par son nom, vient de vous dire qu’il fallait traiter les ennemis comme des ennemis, les amis comme des amis, et qu’on devait faire la guerre à ceux qui se sont montrés opposés à la commune de Sienne, ou qui se sont révoltés Contre elle ; vous l’avez entendu. Pour moi, je dis qu’il ne me semble ni nécessaire ni sage de faire la guerre à personne, que ce soit à un ennemi ou à un ami. Vous leur avez fait éprouver plus de mal et de dommage qu’ils ne vous en ont occasionné : à mon avis, ce succès doit suffire, et l’on ne doit pas tenter de nouvelles entreprises. Je pense même qu’il serait utile aux intérêts de la commune de donner congé aux Allemands et de licencier tous les soldats ; vous n’ignorez pas, en effet, qu’on manque d’argent pour les payer, et que dernièrement, lorsque vous vous êtes résolus à solder ces Allemands, on n’en eût point trouvé, si Salimbene ne vous en eût prêté. Songez donc au moyen de vous procurer de l’argent, avant de vous lancer dans de nouvelles et de hasardeuses expéditions.» En prononçant ces mots, messire Bandinelli regagna sa place. Son discours tout entier avait été dicté par son désir de protéger les Florentins, dont la défaite l’avait affligé cruellement. Ce Bandinelli était le même, en effet, qui, avant la bataille de Monte-Aperto, avait conseillé, selon les demandes des ambassadeurs de Florence, qu’on abattît en différents endroits les murs de la ville.

Messire Buonaguida Boccacci se leva à son tour, et déclara qu’il lui semblait qu’une partie du discours que venait de prononcer messire Bandinelli devait être prise en considération et l’autre repoussée ; qu’il lui paraissait hors de saison d’attaquer qui que ce fût, mais qu’il ne croyait pas prudent de licencier les troupes, et qu’on ne devait pas y penser : « mais que cependant, ajouta-t-il, nous avons beaucoup d’ennemis (…/…)

Danze di festeggiamento per la vittoria (Danses de la victoire).

La composition de cette vignette ne respecte pas la séquence des événements donnée par le texte. En effet, selon le récit, les célébrations ont eu lieu après la procession, qui est cependant représentée en 21v-22r, comme on le verra ci-après.


Au centre, deux femmes et un homme dansent en se tenant la main ; à droite, une femme vêtue de violet joue du tambourin. Le modèle de cette représentation, que l’illustrateur interprète librement, en la simplifiant beaucoup, a été identifié dans la danse représentée dans Les effets du bon gouvernement dans la ville, fresque d’Ambrogio Lorenzetti peinte au Palazzo Pubblico. A gauche de ce groupe, un héraut souffle dans une trompette à laquelle pend une Balzana ; il porte un chapeau rouge et une jupe verte et bleue, exactement comme le héraut du folio 5v.

Folio 21r – Il consiglio dei Ventiquattro adunato a San Cristoforo dopo la battaglia (Le conseil des Vingt-quatre réuni à San Cristoforo après la bataille).

(…/…) [157]Début de la phrase au folio précédent : [34, 11] “però che noi [aviamo molti nemici] (…/…)., e se mai n’avemo sarà ora per [questa] rotta che noi aviamo data a’ [Fior]entini e a tutti quelli ch’erano co•llo[ro, s]ì che non è per cassarli niente ; an[co si] vuole stare a buona guardia [e anc]o si vuol dar modo d’aver denari, [acci]ò che questi soldati si possano man[tene]re e pagarli di lor buono servi[tio]”. [35, 1] A queste parole si levò su el conte [Ald]robandino e disse : “Noi non pensia[mo] a’ denari, però che noi n’abiamo per [ora a]ssai e anco n’avaremo quando [si riscuo]taranno i nostri prigioni, sì che [noi] non pensiamo a cciò, pure che noi [possi]amo fare cosa che vi sia in pia[cere], utile e onore, noi siamo presti a vostri comandamenti”. [35, 2] E detto ch’ebbe, si le[vò Salinb]ene, disse : “Signori conseglieri, [voi a]vete udito e inteso quelli che per [misser lo] conte Aldrobandino è stato de[tto, e io] vi dico che voi non temiate per nien[te de’] denari, inperò che anco ve ne so’ rim[asti] alqua[n]ti e sono a’ vostri piaceri, [e] pertanto seguite quello vi pare o piace di fare, inperò che a’ vostri piaceri saranno”. [35, 3] Misser Provenzano si levò e disse : “Savi conseglieri e voi altri cittadini, voi avete udito quanto anno detto questi savi conseglieri, ciascuno à detto suo parere ; dirò alcuna cosa sopra di ciò. [35, 4] Dico che al fatto della prima proposta che fé il conte Aldrobandino, che si vuol tenere il nimico per nimico e ll’amico per amico, e chi è stato nimico e ribello del nostro comuno si dovesse gastigare, acciò che più non si vezasse a ffare tale erore ; [35, 5] e io così affermo e conseglio e dico che voi sapete come e Montacinesi si sono ribellati dalla volontà del vostro comuno, e vedete per questo quanto erore ànno comesso, che da lloro non è rimasto che lla città e contado di Siena non sia ito a ruina e suggezione, e sapete con qua[n]to ardire, con quanta niquità, aroganza e superbia e’ Fiorentini adomandavano che per tutta la città si sfasciasse le mura. [35, 6] Sì che a me pare si debba fare inpresa in prima contra a Moltacinesi, (…/…)

(…/…) [158]Début de la phrase au folio précédent : « mais que cependant, ajouta-t-il, nous avons beaucoup d’ennemis (…/…) et que nous en aurons bien plus encore que par le passé, maintenant que nous venons de donner une si terrible leçon aux Florentins et à tous ceux qui s’étaient associés à eux. Si bien que nous ne devons pas démembrer notre armée ; il importe au contraire de faire bonne garde, et de se procurer des moyens de l’entretenir et de la récompenser de ses bons services. » A ces mots, le comte Aldobrandino dit aussitôt : « Pour le moment, nous ne devons pas penser à l’argent, car nous en avons suffisamment, et la somme s’en augmentera lors du rachat des prisonniers ; aussi ne songeons-nous qu’à ce qu’il nous est possible de faire pour le soin de votre honneur et pour votre utilité. » A peine le comte eut-il achevé, Salimbene se leva et prononça ces mots : « Messieurs les conseillers, vous avez entendu les paroles de messire le comte Aldobrandino ; à mon tour, je vous dirai d’être sans inquiétude quant à l’argent, parce qu’il me reste encore une somme égale à celle que je vous ai prêtée, et qu’elle est entièrement à votre disposition. Ainsi donc vous n’avez aucune raison de ne pas suivre la marche que vous jugerez préférable dans votre sagesse. » « Sages conseillers, et vous braves citoyens, dit alors messire Provenzano, chaque membre du conseil venant d’émettre librement son avis, je puis faire aussi quelques observations sur nos affaires. Je partage entièrement l’opinion que messire Aldobrandino a développée au commencement de la discussion : oui, vous devez traiter en ennemi celui qui est votre ennemi, et en ami celui qui est votre ami ; il faut châtier les rebelles de manière qu’ils ne soient plus tentés désormais de retomber dans de pareilles fautes. et j’affirme et conseille ainsi et dis que vous savez comment les habitants de Montacino se sont rebellés contre la volonté de votre commune, et vous voyez combien d’erreurs ils ont commis, qu’il ne reste d’eux que la ville et le comté de Sienne pas tombé en ruine et avec crainte, et vous savez avec quelle ardeur, avec quelle iniquité, quelle arrogance et quelle fierté les Florentins exigeaient que tous les murs de la ville soient rasés. C’est pourquoi il me semble que nous devons commencer par attaquer ceux de Montalcino, (…/…)  

Il consiglio dei Ventiquattro adunato a San Cristoforo dopo la battaglia (Le conseil des Vingt-quatre réuni à San Cristoforo après la bataille).

Le conseil a lieu dans l’église de San Cristoforo. Seule subsiste la partie droite de la façade ; à droite de la porte, un soldat monte la garde, armé d’un écu frappé de la Balzana. Deux des personnages siégeant au conseil ont des coiffures différentes des autres, de forme conique : on pourrait supposer, d’après la comparaison avec 2v, que ce sont des chevaliers allemands. Le personnage debout, vêtu d’une jupe descendant jusqu’aux genoux et d’un manteau violet, tient un discours : étant donné l’absence de légende, il peut inférer qu’il s’agir soit de Messer Bandinello, soit du Comte Aldobrandino soit, encore, de Provenzano Salvani, qui prendront tour à tour la parole au cours du conseil.

Folio 21v – Solenne processione di ringraziamento. 1 (Procession solennelle d’action de grâce. 1).

(…/…) [159]Début de la phrase au folio précédent : [35, 6] Sì che a me pare si debba fare inpresa in prima contra a Moltacinesi (…/…)., poi contra a chi ci è stato nimico, acciò che nissuno s’avezi a fare simile cosa, sì che ora de’ consegli e de’ pareri che voi avete uditi vedete quello sia il migliore per lla comunità”. [35, 7] Di che allora presono per partito di partire il conseglio di misser Provenzano, inperò che a lloro pareva che di tutti quanti che ‘l suo fusse il migliore, e subito dato il partito fu ottenuto il conseglio di misser Provenzano, e presono per partito che fatta la processione e lla festa e lla riscossione de prigioni, che poi s’andasse verso Montalcino e degli altri stati contra al comuno di Siena.
[36, 1] Intanto tornò il banditore e disse come tutti e’ religiosi, huomini e donne erano a Duomo e aspettavano ; di che subito é Vintiquattro co.lla lor conpagnia ch’erano al conseglio incontanente andaro a Duomo, e gionti diero ordine alla processione ; [36, 2] e allora fu fatto quello gonfalone che va ina[n]zi alla processione, grande e bello, di taffettà virmiglio con una croce picola in capo dell’aste a perpetua mimoria, e anco s’usa alle processioni. [36, 3] Così andava ina[nzi a tutte] le rilique, doppo questo andava quello crocefisso ch’è in Duomo come i[nanzi è detto] ; da poi andavano tutte le regole [de’] frati co’ loro arliqui, doppo ques[ti i] preti del Duomo, poi il Vescovo [accon]pagnato da calonaci. [36, 4] Da poi seg[uiva] e’ Vintiguatro e avevano co•lloro B[uona]guida sindaco, poi seguiva el c[api]tano con alquanti cavalieri cittad[ini ; poi] segue il Conte Giordano colla sua con[pagnia] de’ Tedeschi, e dietro a loro andava [tutto] il popolo di Siena, huomini e donne e fan[ciulli] grandi e piccoli, dicendo Patarnost[ri e A]vemarie. [36, 5] Co• molta divotione and[avano] senpre laldando e rigratiando Idio [e lla] sua santissima Madre Vergine M[aria] e rendendo gratie di tant[a] vittor[ia quan]ta aviamo auta e r[i]ceuta. [36, 6] Simi[mente i] frati e preti andavano canta[ndo ad al]te boci le letanie, salmi e inni [con] orationi, laldando e magni[ficando] essa Vergine Maria. [36, 7] Così a[ndarono per tu]tta la città in ogni terzo, p[oi tornaro] al Duomo e ‘l Vescovo fé fare l[a confe]ssione e lui dè la benedition[e a tutto il popolo].

(…/…) [160]Début de la phrase au folio précédent : « C’est pourquoi il me semble me semble que nous devons commencer par attaquer ceux de Montalcino, (…/…) puis ceux qui ont été nos ennemis, pour que personne ne s’habitue à faire des choses semblables, pour que maintenant, grâce aux conseils et aux opinions que vous avez entendus, vous voyiez qui est le meilleur pour la communauté. » Dès lors, on adopta l’opinion de Messire Provenzano, qui paraissait la meilleure, et l’on convint qu’une fois la procession, la fête et le rachat des prisonniers terminés, on irait attaquer Montalcino, avant de porter la guerre chez les autres ennemis de la commune de Sienne.

Sur ces entrefaites, le crieur public revint annoncer que tous les religieux, hommes et femmes, attendaient le conseil dans la Cathédrale. Les Vingt-quatre, accompagnés des personnes qui avaient assisté au conseil, s’y rendirent sur-le-champ et disposèrent ainsi l’ordre de la procession. En avant de toutes les reliques, on portait le fameux gonfalon, beau et grand, fait de soie vermeille, avec une petite croix au sommet de la hampe, et qui figure encore aujourd’hui dans les processions pour perpétuer la mémoire de la bataille. On voyait apparaître ensuite le Crucifix, qui est aujourd’hui dans la Cathédrale, comme nous l’avons dit, précédant tous les ordres religieux avec leurs reliques. Monseigneur l’évêque était accompagné des chanoines et suivi des Vingt-quatre, au milieu desquels se trouvait le syndic Buonaguida ; du capitaine, qui s’avançait avec nombre de cavaliers de la ville ; du comte Giordano, à la tête d’une grande partie de sa compagnie d’Allemands, et enfin de la population de Sienne, hommes, femmes, et enfants grands et petits, qui récitaient force Ave Maria et Pater Noster. Il marchaient en chantant avec une grande dévotion pour glorifier et remercier Dieu et sa très sainte Mère la Vierge Marie, leur rendant grâce pour avoir reçu une telle victoire. Les moines et les prêtres marchaient en chantant à voix haute les litanies, psaumes et hymnes de louange à la Vierge. La procession parcourut ainsi toute la ville, en passant par chaque tiers, et retourna à la Cathédrale, où l’évêque, après avoir fait faire une confession générale, donna la bénédiction à tout le peuple.

Solenne processione di ringraziamento. 1 (Procession solennelle d’action de grâce. 1).

Nous voici devant la dernière occurence d’une vignette se développant sur la largeur de deux folios du manuscrit.

Fol. 21r.
Fol. 22v.

Seule la tête du cortège est représentée. Elle composée du clergé de la ville : à l’avant, à droite, un clerc, accompagné de quelques enfants, porte une grande bannière violette, surmontée d’une croix ; derrière lui un deuxième clerc tient un imposant crucifix. Plus en arrière avancent le clergé, en premier lieu les laïcs, suivis par les réguliers ; les premiers sont somptueusement revêtus d’habits aux couleurs vives, et certains portent des reliquaires. Les réguliers sont disposés en groupes, et chacun d’eux porte une hampe surmontée d’une croix, à laquelle pend une bannière. À gauche, entre dans l’image un dais semblable à celui représenté au folio 5r, sous lequel s’avance l’évêque, accompagné d’un clerc portant la crosse et d’un laïc qui pourrait être Buonaguida ; un groupe de laïcs, probablement parmi les Vingt-quatre, ferme la procession.

Folio 22r – Solenne processione di ringraziamento. 2 (Procession solennelle d’action de grâce. 2).

[36, 8] Da poi si tornò ciascuno a casa [sua ed] era ora di disenare, e disinato [cia]scuno attendeva a far festa per tu[tta] la città, nelle contrade facendo [fe]sta e godoviglia, e così passò tutto [qu]ello giorno ; e da poi ciscuno segui[a] alle sue facende.

[37, 1] E venendo li altri [di] ciascuno attendeva a’ ssuo prigioni, [e p]assati alquanti di incominciarono a [v]enire quelli da Colle colle taglie [a r]iscuore i loro che furo a conto secento, [e og]nuno fu riscosso sicondo la sua possi[bilit]à e ciascuno da sopra la taglia uno [becc]o, com’era ordinato, e tornarsi a ca[sa l]oro. [37, 2] Fu questo a dì sette di settenbre ; in [quel]lo medesimo di venoro quelli di San [Gimi]gnano co’ denari pe’ loro ch’erano [prigi]oni, e’ quali erano ottocento, e quelli [……] di Volterra furo circa a mille, e [poi venn]e quelli di San Miniato – furo da no[vecento] -, e quelli da Prato furo settecento, [e ‘ Pistoie]si da ottocento ; tutti si riscossono [sicondo la lor possibilità, e ciascuno [pagava uno becco oltra alla taglia [e torna]si a casa loro. [37, 3] Poi venoro e’ Lluchesi, cioè parte guelfa, e riscossono tutti i lor pregioni, che furo milledugento, e tutti quelli furo guelfi e riscosorsi cinque miglia fiorini d’oro e uno becco per uno, come fu dilibarato ; e fu a di otto di settenbre. [37, 4] E in questo gionsono elli Altini e tu risc ossi tutti insieme a dì diece di settenbre : dero in tutto cinque miglia fiorini d’oro, ed erano a conto millecinquecentocinquanta, e ciascuno un becco, com’era ordinato. [37, 5] A di dodici di settenbre venoro quelli d’Orvieto pe loro prigioni, che furo milletrecentocinquanta, e furo riscossi tremigliacinquecentocinquanta fiorini d’oro e per uno un becco che gli era dilibarato ; e venne sì grande la carestia de’ becchi, che costava più uno becco che non faceva la taglia ch’elli aveva a pagare. [37, 6] A dì tredici di settenbre venero quelli da Pitigliano e da Canpiglia per li loro prigioni ; furo quelli da Pitigliano da quatrocento e que’ da Capiglia da trecento, e fu con quelli da Pitigliano il lor conte, che si riscosse la sua persona diece miglia fiorini, perché era ferito ; e ‘ suo’ fedeli chi poco e chi assai, e per ogni prigione uno becco, e così (…/…)

Ensuite, chacun rentra chez lui car il était l’heure de déjeuner, et ceci étant fait chacun se mit à faire la fête à travers toute la ville, et chaque rue présenta bientôt le spectacle animé d’une ardente allégresse.

Ainsi s’écoula la journée entière ; et ensuite chacun vaqua à ses occupations. Les jours suivants, ceux qui avaient des prisonniers s’occupèrent d’en tirer le meilleur parti possible. Les habitants de Colle envoyèrent racheter leurs captifs, qui étaient au nombre de six cents : les sommes varièrent selon les moyens, mais aucun prisonnier ne fut exempt de payer en sus de sa rançon un bouc, conformément à l’ordre formel de la commune ; après quoi les prisonniers de Colle retournèrent chez eux. Le 7 septembre, San Gimignano réclama huit cents captifs ; Volterra, près de mille ; San Miniato, neuf cents ; Prato, sept cents ; Pistoia, huit cents. Tous, ainsi que nous l’avons dit, furent imposés selon leur fortune, et durent acquitter l’impôt du bouc. Le jour suivant, les Lucquois c’est-à-dire le parti guelfe, vinrent délivrer leurs concitoyens, dont le nombre se montait à mille deux cents, tous Guelfes. Ils furent libérés moyennant cinq mille florins d’or (plus un bouc par personne), comme cela avait été décidé, et ce fut le 8 septembre. Les Arétins, qui n’étaient pas moins de mille cinq cent cinquante, furent remis en liberté, le 1O septembre, après avoir acquitté cinq mille florins d’or et mille cinq cent cinquante boucs. Le 12 septembre enfin, les Orviétains vinrent chercher leurs prisonniers, qui étaient au nombre de mille trois-cent cinquante et dépensèrent trois mille cinq-cent cinquante florins d’or, et un bouc pour chacun d’eux. La pénurie des boucs s’était accrue, les bêtes coûtaient presque aussi cher que les prisonniers. Le 13 septembre, on vint de Pitigliano chercher quatre cents prisonniers, et trois cents de Campiglia. Les habitants de Pitigliano rachetèrent en même temps leur comte qui avait été blessé, et payèrent sa personne au prix de dix mille florins, parce qu’il était blessé ; et pour ses fidèles, peu pour les uns et beaucoup pour les autres, et pour chacun, un bouc, et ainsi (…/…)

Solenne processione di ringraziamento. 2 (Procession solennelle d’action de grâce. 2).

Fol. 21v.
Fol. 22r.
Folio 22v – Pagamento del riscatto dei prigionieri a Fonte Becci (Paiement de la rançon des prisonniers à Fonte Becci).

(…/…) [161]Début de la phrase au folio précédent : e ‘ suo’ fedeli chi poco e chi assai, e per ogni prigione uno becco, e così (…/…). fecioro quelli da Canpiglia che, pagata la taglia, dero uno becco per uno, com’era ordinato. [37, 7] Da poi Pepe Minella si riscosse la sua persona sei miglia fiorini d’oro, e un becco com’era usati li altri ; ciascuno di questi pregioni tornaro alle loro case. [37, 8] A dì quindici di settenbre quelli di Val d’Elsa e da Fiorenza cor alcuno lonbardo, é’ quali furo riscossi per llo comuno de’ Fiorentini : furo in tutto questi due miglia quatrocento, fra’ quali vi furo li trentesei che aveva Usiglia. [37, 9] Ciascuno riscosse la sua persona dugento fiorini, tutti furo d’Usiglia, e lli altri si riscossono chi poco e chi assai, sicondo la sua possibilità, e ciascuno dava un becco sicondo l’ordinatione data, oltre alla sua taglia. [37, 10] Grande carestia n’era, ma di longo paese ce ne venne assai, e fatta la riscossione e lla ragunanza di tanta quantità di becchi, che crupivano tutto quel paese e in presentia di quelli Fiorentini tutti quelli becchi furono isvenati e di quel sangue se ne intrise la calcina ch’era ine aparechiata ; [37, 11] e fessi la muraglia della fonte, e tutta murata maravigliosa[mente] co.due bechi di marmo posti in [sull’angoli], e dato ill’acqua, e chiamossi fon[te Becci] a inperpetua mimoria che anco [oggi] si chiama così, e ‘l nome non p[erderà mai], che in prima si chiamava mont[e Ricrore].

[37, 12] In questo e’ Fiorentini rit[ornorono in] Firenze a dì XIII di settenbre c[on mas]nada tedesca e feciono le[vare il ro]more in Firenze e presono [il governo] per loro e cacciaro fuore tu[tti e’ guelfi] e missono drentro e’ ghibellini, [loro capo] Farinata ; ma poco vi duraro. 
[38, 1] Come furo riscossi e’ prigio[n]i [e tornati alle] lor facende, come nel co[n]se[glio era di]libarato, incontanente dier[o il modo all’]inpresa di Montalcino e a [tutti loro a]mici. Così ordenato uscì di [Siena mille] cavalieri e dumiglia f[anti a piedi tutti] bene in ponto delle lor persone [e d’arma]dura, e di loro fecero tre is[chiere]. [38, 2] [Nella] prima furo trecento caval[ieri bene] a cavallo e bene in ponto d’arme, e lor capitano fu maestro Ar[igo di Stin]bergo, e alla sua conpagnia [v’era il] franco conte d’Arasi e [avevano] secento fanti a piè co mol[te] (…/…)

(…/…) [162]Début de la phrase au folio précédent : et pour ses fidèles, peu pour les uns et beaucoup pour les autres, et pour chacun, un bouc, et ainsi (…/…) firent ceux de Campiglia qui, la taille payée, donnèrent un bouc par prisonnier, selon les ordres. La personne de Pepe Minella se racheta également, moyennant six mille florins, et un bouc, comme les autres. Tous les prisonniers retournèrent chez eux. Le 15 du même mois, on vit arriver les habitants du Val d’Elsa et les Florentins, qui payèrent en même temps la rançon de leurs compatriotes et celle des Lombards. Ils furent en tout deux mille quatre cents, parmi lesquels figuraient les trente-six de la fruitière Usiglia, qui furent obligés de donner chacun à cette femme deux cents florins. Et les autres se rachetaient, les uns un peu et les autres beaucoup, selon leurs capacités, et chacun donnait un bouc selon l’ordre donné, en plus de sa taille. Il y eut une grande pénurie de boucs, mais il en vint beaucoup d’un autre pays. Après la collecte et le rassemblement de tant de boucs, qui couvraient tout le pays, tous furent abattus et vidés et de leur sang en présence des Florentins, et leur sang fut mélangé avec de la chaux. La fontaine bâtie en un lieu qui s’appelait autrefois le mont Ricrore, on l’entoura de murs, et elle prit ainsi que le projet en avait été formé, le nom de fontaine des Boucs (fonte de’ Becchi) [163]Gigli (Diario Sanese, t. II, p. 144), d’accord avec les historiens siennois les plus estimés, ne partage pas l’opinion de Ventura touchant l’origine du nom de Becci donné à cette fontaine. Il cite à ce sujet les assertions de Francesco Patrizi, qui voit dans ce mot une corruption de bessia, terme grec qui signifie lieu désert et boisé., en mémoire perpétuelle de l’événement. Aujourd’hui encore, on l’appelle ainsi, et ce nom ne se perdra jamais. [164]A ce propos, voir : La piramide della battaglia di Monteaperti.

Sur ce, les Florentins [165]L’auteur entend ici les Florentins réfugiés. retournèrent à Florence le 16 septembre, accompagnés d’une troupe d’Allemands, et ayant excité du tumulte dans la ville, s’emparèrent du gouvernement et chassèrent tous les Guelfes, tandis que les Gibelins y rentraient le même jour, avec leur chef Farinata. Mais cela dura peu. 

Lorsque tous les prisonniers eurent été rachetés, et que tous les ordres donnés par le conseil eurent reçu leur entière exécution, on s’occupa sans délai d’aller attaquer les Montalcinaisiens et leurs amis. Dans ce but, mille cavaliers et deux mille fantassins, divisés en trois corps, sortirent de Sienne. Le premier corps se composait de trois cents cavaliers parfaitement équipés et commandés par maître Arrigo d’Astimbergh ; il était accompagné par le brave comte d’Arras et par six cents fantassins avec beaucoup (…/…)

Pagamento del riscatto dei prigionieri a Fonte Becci (Paiement de la rançon des prisonniers à Fonte Becci).

Selon l’histoire, la rançon demandée par les vainqueurs comprenait, outre une somme d’argent, la livraison d’un bouc pour chaque prisonnier : en signe de mépris envers les vaincus, les animaux étaient abattus et le sang était mélangé au mortier pour créer le nouveau mur de revêtement d’une source qui, à partir de ce moment, prit le nom de « Fonte dei Becchi ».

Quatre prisonniers paient leur rançon ; l’homme au centre, au premier plan, reçoit une telle quantité d’argent qu’il doit relever le bord de sa jupe pour la contenir, tandis que derrière lui un prisonnier verse une pluie de pièces de monnaie dans les mains d’un Siennois. Les deux personnages rémunérés à gauche sont identifiables comme étant des Allemands par leurs chapeaux coniques. La scène se déroule en dehors de la ville. À droite est représenté le réservoir de collecte des eaux, un bâtiment rectangulaire et crénelé avec de grandes arcades ouvertes sur les côtés ; la présence de la Balzana sur un mur extérieur souligne son caractère de bâtiment public. D’un côté se trouve un bassin dont les parois doivent avoir été peintes de manière à imiter des marbres colorés, aujourd’hui illisibles ; une chèvre en marbre est sculptée sur un rebord.

Folio 23r – L’esercito senese in marcia verso Montalcino (L’armée siennoise marche sur Montalcino).

(…) [166]Début de la phrase au folio précédent : [38, 2] [Nella] prima furo trecento caval[ieri bene] a cavallo e bene in ponto d’arme, e lor capitano fu maestro Ar[igo di Stin]bergo, e alla sua conpagnia [v’era il] franco conte d’Arasi e [avevano] secento fanti a piè co mol[te] (…/…). [balestre e buone c]orazine. [38, 3] La seconda ischiera [furo cin]quecento cavalieri bene in pon[to d’ar]me e di cavagli, tutti tedeschi, [e lor c]apitano era il conte Giordano, [e a sua] conpagnia aveva misser Gual[tieri, e] avevano co.lloro ottocento fan[ti a] piè, bene in ponto d’arme e di bale[stre]. [38, 4] [La] terza schiera furo duge[n]to [cavalier]i senesi ch’erano al soldo del [comuno] di Siena, bene i.ponto d’arme e di [cavalli, tutti] giovani animosi e franchi [e arditi], e Ilor capitano si era il conte [Aldroba]ndino da Santa Fiore, e alla sua [conpagnia] fu misser Nicolò da Bigozi ; [ed avevan]o co•lloro secento fanti co• mol[te balestre] e altre armadure, tutti be[ne in] ponto e valorosi e usi. [38, 5] E così [usciro] di Siena a di vintidue di settenbre, [e cavalcaro] verso Montalcino ; tanto [cavalcaro]no che vi gionsono a di vintitré [di settenbr]e, e gionti posono il canpo ; quando [è Montalcines]i s’avidono come e Sanesi [li avevano] posto canpo, ne furo molto [melanconici, e dissono fra loro] : (38, 6) “Ora no[n] aviamo noi [piu scampo in]verso di loro, impero lo’ siamo stati traditori e mancatori di nostra fede, si che ci sta bene ogni male che ci fanno, noi non sapiamo che modo tenere inverso di loro, però che noi sapiamo che da loro none avemo mai altro che bene ; [38, 7] che iscusa sarà la nostra te considarato che ‘l difetto è ttutto nostro, anno auto tanta travaglia e angoscia per nostra cagione, e non è però rimasto da noi che Siena non sia ita a ruina. [38, 8] Or pensate come ci arano a misericord[i]a e quanti ne sono morti per nostra cagione, sì che il migliore partito che noi abbiamo si è che noi stiamo a buona guardia e difendianci meglio si puo, bene che a ttanto essercito noi non potremo resistare, che non abbiamo da difendarci da cotanti ; non abbiamo gente d’andar lo’ incontra, e ci conviene stare alla difese e quando non potremo più veremo a qua[l]che concordia o patti per modo noi saremo salvi, le persone e lla robba”. [38, 9] Allora disse Bernardo di Guido Gianni : “E sarebbe meglio di fare ora acordo co.Iloro, che le cose sono giovane, che poi che lle sarano vechie non si possono così aconciare come (…/…)

(…) [167]Début de la phrase au folio précédent : Le premier corps se composait de trois cents cavaliers parfaitement équipés et commandés par maître Arrigo d’Astimbergh, accompagné par le brave comte d’Arras et par six cents fantassins avec beaucoup (…/…) d’arbalètes. Le deuxième corps était composé de cinq cents cavaliers bien armés et de chevaux, tous allemands ; leur capitaine était le comte Giordano, accompagné de messire Gualtieri, et ils avaient avec eux huit cents fantassins bien armés, avec des arbalètes. Le troisième corps comportait deux cents cavaliers siennois à la solde de la municipalité de Sienne, tous jeunes fougueux, francs et audacieux bien armés et pourvus de chevaux, sous le commandement du comte Aldrobandino da Santa Fiore, accompagné de messire Nicolò da Bigozi ; ils avaient avec eux six cents fantassins avec de nombreuses arbalètes et autres armures, tous bien armés, courageux et valeureux. Les troupes sortirent de Sienne le 22 septembre, et chevauchèrent vers Montalcino, où elles arrivèrent le 23. Elles établirent aussitôt leur camp devant cette ville. Lorsque les habitants de Montalcino virent les Siennois, ils en furent profondément affligés et se dirent entre eux : « Nous n’avons plus à présent d’excuse à leur offrir, car nous avons été des traîtres et nous avons failli à notre serment ; aussi tout le mal qu’ils nous feront sera mérité. Quelle conduite tenir vis-à-vis de ce peuple qui ne nous a fait jamais que du bien ? Ne savons-nous pas dans quelles angoisses et dans quels dangers ils viennent de se trouver par notre faute ? qu’à cause de nous, Sienne a été sur le point d’être ruinée de fond en comble, et sa population anéantie ? Comment nous accorderaient-ils miséricorde, lorsque tant de leurs compatriotes sont tombés, par notre faute, sur le champ de bataille ? Ainsi donc, le meilleur parti qui nous reste à prendre est de nous défendre le plus vigoureusement possible. Il est vrai que nous ne saurions triompher d’une si puissante armée, et que nous n’avons de troupes ni pour les repousser, ni pour marcher à leur rencontre ; néanmoins efforçons-nous de leur résister, et quand nous ne le pourrons plus, nous traiterons avec eux, afin d’avoir la vie sauve. » Bernardo de Guido Gianni dit alors : « Il serait mieux de traiter avec eux dès le début, car lorsque les choses seront plus avancées, nous serons contraints de (…/…) subir les conditions les plus cruelles. Il faudrait leur envoyer un ambassadeur, pour savoir quelles sont leurs intentions, et ce qu’ils exigent de nous. S’ils veulent notre ville, il vaudrait mieux la leur abandonner de plein gré que de tomber ensuite à leur merci. Ainsi donc, délibérez. » Mais loin d’adopter la proposition de Bernardo, on résolut au contraire de se défendre jusqu’à la mort.

L’esercito senese in marcia verso Montalcino (L’armée siennoise marche sur Montalcino).

Le commandant, au centre, se retourne vers un groupe de cavaliers, comme pour leur montrer le chemin ; il est flanqué d’un tambour, d’un trompette et d’un groupe de trois fantassins. Le côté droit de la vignette est endommagé : un mur enserre un village, dont on aperçoit deux petites maisons rouges ; on devine également quelques figures humaines. Derrière la ville se dresse une forteresse crénelée, constituée d’un corps central surmonté d’une haute tourelle qui occupe la marge droite de la page.

Folio 23v – Assalto dell’esercito senese a Montalcino (Assaut de l’armée siennoise sur Montalcino).

(…/…) [168]Début de la phrase au folio précédent : “E sarebbe meglio di fare ora acordo co.Iloro, che le cose sono giovane, che poi che lle sarano vechie non si possono così aconciare come (…/…). altri si crede aconciare. [38, 10] Vorrebesi mandare a•lloro uno inbasciadore a sapere di loro intentione e quello che voliono da noi, e se volessono la terra sarebbe meglio a darliele per amore che venire poi alle mercé loro, sì che pigliate qualche partito sopra di ciò”, e incontanente dero il partito e non s’ottenne cosa che Be[r]nardo avesse detta ; anco dilibararo di stare infino alla morte alla difesa. [38, 11] E’ Sanesi erano a campo di fuore e incontanente fecero uno parlamento insieme, dicendo de modi che dovevano tenere per lo fatto di dare la battaglia, quando e in che modo. [38, 12] Subito diliberaro che lla mattina seguente si desse la battaglia in più luoghi co.lle scale alle mura, e con la balestra contra a quelli che stessono a difendare le mura ; da poi ala porta con istipa per ardare, “E di bruciare la porta e tutto quello che potiamo, po’, data la battaglia e presa la terra, sia data a ssacco tutta la robba e da poi si disfacci la terra in ogni luogo, e loro ne steno tutti cacciati fuore po’ vadano a loro piacere.” [38, 13] Così fu deliberato a dì vintinove di settenbre, e a di trenta dero la battaglia in questa forma :

[39, 1] In prima va la gente a c[avallo verso] li porti co.alquanti fanti a p[iê, postavi] la stipa cominciaro quelli den[tro a uscire] fuore verso i Sanesi e incomin[ciaro a]ffare grande izuffa insieme, e [furo mor]ti assai Montalcinesi e alcun[o anco] de Senesi, e a llor malgrado fu[ro rimessi] dentro alla porta. [39, 2] E Il’altra brigata [ch’era] intorno alle mura, conbattendo asp[ramente], assai n’uccisono colle balestr[e di quelli] ch’erano in sulle mura, e mossono [le scale] alle mura e lla stipa alla porta, l[e incomincia]rono ad ardare la porta ; e’ fanti a piè sallgono in sulle mura ed entr[aro nella terra] ; la porta gadde, ch’era arsa, [e si caccioro] dentro come leoni fanno [infra le bestie] e fuvi una grandissima zuff[a e fu] de’ morti assai in sull’entrare, [ma pure] vinsono la terra dicendo : “V[iva il comuno] di Siena e muoiano questi t[raditori].” [39, 3] Così corsono la terra in ogni luo[go, poi] la missono tutta a ssaco e [a dì due d’otto]bre disfeciono le mura [e grande parte] delle [ca]se arso[no. Tutti e’ Montalcinesi], gran[di] e piccoli, [huomini, donne e preti], tutti n’usciro fuori che ne furo cacciati se non lo conveniva [morire ; e così é Montalcine]si [se] ne esciro tutti e rimase la terra all comuno di Siena. Allora tutta la [robba] utile se ne trasse e stenttonvi alcun[i dì).

(…/…) [169]Début de la phrase au folio précédent :« Il serait mieux de traiter avec eux dès le début, car lorsque les choses seront plus avancées, nous serons contraints de (…/…) subir les conditions les plus cruelles. Il faudrait leur envoyer un ambassadeur, pour savoir quelles sont leurs intentions, et ce qu’ils exigent de nous. S’ils veulent nos terres, il vaudrait mieux les leur abandonner de plein gré que de tomber ensuite à leur merci. » Tous donnèrent leur avis et furent loin d’adopter la proposition de Bernardo ; au contraire, on résolut de se défendre jusqu’à la mort. Cependant les Siennois avaient installé leur camp sous les murs de la ville, et après les avoir examinés, ils tinrent conseil tant sur la manière dont ils devaient donner l’assaut, que sur le moment le plus opportun. Il fut décidé que, dès le matin suivant, on planterait les échelles sur différents points, et qu’on tenterait l’escalade, tandis qu’à coups d’arbalètes on éloignerait ceux des assiégés qui se porteraient à la défense de la muraille ; qu’ on brûlerait la porte et tout ce que l’on pourrait ; puis qu’une fois la ville prise, on la livrerait au pillage, qu’on bouleverserait la terre dans les divers lieux, et qu’on chasserait le reste des habitants. Ces délibérations furent adoptées le 29 septembre, et le 30, on donna l’assaut ainsi qu’il suit.

La cavalerie s’avança la première vers les portes, accompagnée de quelques fantassins à pieds ; placés sur les fascines [170]Fascine (du lat. fascina « fagot, botte ») : Fagot de bois ou de branchages, la fascine fait partie des outils d’attaque et de défense des places fortes au Moyen Âge, notamment pour combler les fossés avant une attaque., une partie des assiégés sortit à leur rencontre ; mais, après un violent combat et un grand nombre de morts parmi eux, les gens de Montalcino furent rejetés à l’intérieur des portes. Le reste des assiégés était positionné sur les murs et combattait âprement. On en tua un grand nombre à coups d’arbalète, puis on plaça les échelles, on s’élança à l’assaut, et l’on mit le feu à un amas de bois dont on avait eu soin d’encombrer l’une des portes de la ville attaquée. Bientôt consumée, cette porte finit par tomber, et ouvrit, par sa chute, une issue facile aux cavaliers, qui se précipitèrent dans la ville. A l’entrée de cette porte, il se livra une lutte acharnée, ce qui n’empêcha pas nos soldats de pénétrer dans l’intérieur, aux cris de « Vive la commune de Sienne, mort aux traîtres ! » Ils parcoururent la ville en tous sens, la mirent à sac et, le 2 octobre, rasèrent les murailles et une bonne partie des maisons. Tous les habitants de Montalcino, grands et petits, hommes et femmes, prêtres et religieux, sortirent et furent chassés de la ville s’ils n’étaient pas tués. Tous ayant quitté les lieux, la ville resta entièrement sous la domination de la Commune de Sienne. Nos troupes y séjournèrent encore quelques jours pour en retirer toutes les dépouilles utiles qu’elle pouvait contenir.

Assalto dell’esercito senese a Montalcino (Assaut de l’armée siennoise sur Montalcino).

Deux soldats gisent à terre, morts ou blessés ; à gauche, deux soldats armés d’épées et deux autres soldats semblent prêts à tirer des flèches avec leurs arbalètes. Au centre, un soldat à pied menace un ennemi avec son épée en le tenant fermement par l’épaule gauche ; à droite, un groupe d’infanterie marche en rangs serrés vers ce qui semble être une porte.

Folio 24r – I Senesi conquistano Montalcino ; gli abitanti in veste di supplici la abbandonano (Les Siennois conquièrent Montalcino ; les habitants en tenue de suppliants abandonnent la ville).

[39, 4] [E’ Montalci]nesi essendo tutti fuore [dalla terra] si racolsono tutti insieme nel [piano a piè di] Percena dove è ogi Buon[convento, e ine] fecero diliberatione e pre[sero per cons]eglio che tutti insieme, come [egli] erano ine, di venire a Siena tu[tti iscal]zi co.lle coregge in gola, “e do[mandiamo] del nostro gran fallo mise[ricordia ; E’] Senesi per loro medesimi so[no] piatosi e misericordiosi e veramente [ci ricevean]no a misericordia”. [39, 5] Così dilibe[ato] si missono in camino tutti insieme [e veno]no [a] Ssiena co•lli preti e frati inani[zi e lor dietr]o, tutti iscalzi e colle corege [alla gola ; e gion]ti a Siena vanno gridando [per la città] “Misericordia per l’amore di Dio [e della Vergine Maria], noi vi preghiamo [che noi vi siamo] aracomandati e perdona[teci e accettate] ci per huomini morti”, [così per Siena] andavano dicendo. [39, 6] Allora [lo’ fu detto, “Anda]te a Monte Aperto e vedre[te come il valo]roso comuno di Siena [e dove è stato il c]aroccio del vittorioso sten[dardo, e che voi] vediate di quanto male [voi siete istati] cagione, e ine state tanto che vi sia fatto misericordia del vostro grande difetto”. [39, 7] E così si partiro e andaro nel campo là dove erano tanti li uomini e cavalli morti, e fu a di quatro d’ottobre ed eravi sì grande la puza che non vi si poteva istare, e ine stettono due dì meglio che poterono. [39, 8] Poi fu mandato per lloro a dì sei d’ottobre e furono abracciati e messi a contado per llo magnifico comuno di Siena, e fu llo’ dato licentia che potessono rifare Montalcino e abitallo come di lor piacere, e senpre fussono fedeli e veri figliuoli del comuno di Siena, e così giuraro d’osservare e così seguitò ; ma poco l’ànno attenuto. [39, 9] Auto é Montalcinesi licentia che tornassono alle lor case guaste così fero, e in questo tempo la gente de’ Senesi esciro di Montalcino con tutte lor cose e robba e in molte luogora cacciarono il fuoco, che piccola cosa vi rimase che non ardesse, e tornati e’ Montalcinesi el rifecero un poco minore che non era in prima, e anco oggi si vede.

[40, 1] Da poi e’ Senesi cavalcaro con tutto ill’oste insieme nel contado d’Arezo e presono molti prigioni e molta preda di bestiame. [40, 2] Questo fu come Montalcino fu disfatto, poi cavalcarono ne quel di Firenze, (…/…)  

Une fois hors de la cité, les habitants de Montalcino se rassemblèrent dans une plaine, au pied de Percenna, à l’endroit où se trouve aujourd’hui Buonconvento, et après une courte délibération, ils résolurent de se rendre pieds nus et la corde au cou à Sienne, pour implorer le pardon du crime qu’ils avaient commis, espérant, grâce à cette expiation, apitoyer les Siennois, naturellement humains et miséricordieux. Ils se mirent en chemin et arrivèrent à Sienne tous ensemble, tous nu-pieds et la corde au cou, précédés des prêtres et des moines. Alors , ils parcoururent la ville en criant : « Miséricorde pour l’amour de Dieu et de la Vierge Marie ; nous vous implorons de nous pardonner et de nous regarder comme des hommes morts ! » Voici ce qu’ils disaient en défilant à travers la ville. On leur répondit alors : « Allez à Montaperto, là où les intrépides Siennois ont combattu, et où se trouvaient notre carroccio et notre victorieux étendard, et regardez de quels maux vous avez été la cause, et restez-y jusqu’à ce qu’on vous ait pardonné. » Alors ils partirent et se rendirent au champ où il y avait tant d’hommes et de chevaux morts. C’était le 4 octobre et la puanteur était si forte qu’il était impossible d’y demeurer. Ils tinrent deux jours du mieux qu’ils purent. Puis on envoya les chercher le 6 octobre et ils furent embrassés en signe de pardon et envoyés dans la campagne, et ils reçurent de la magnifique commune de Sienne l’autorisation de reconstruire Montalcino et de l’habiter à leur guise, et ils jurèrent d’être toujours les fidèles et véritables fils de la commune de Sienne, et de respecter ce serment ; mais peu d’entre eux l’ont respecté. Ayant eu licence de s’en retourner, les habitants de Montalcino retournèrent dans leurs maisons endommagées. C’est alors que les Siennois quittèrent les lieux avec tout leur butin, après avoir mis le feu en différents points, afin de n’y rien laisser subsister. Rentrés dans leur ville, les habitants s’occupèrent à la rebâtir, mais un peu moins grande qu’elle n’était auparavant, ce que l’on peut encore voir aujourd’hui.

L’armée siennoise s’avança alors dans le pays d’Arezzo, y fit beaucoup de prisonniers, s’empara de nombreux bestiaux. Elle fit subir à cette ville le sort de Montalcino. Les Siennois entrèrent ensuite sur les terres de Florence (…/…)

I Senesi conquistano Montalcino ; gli abitanti in veste di supplici la abbandonano (Les Siennois conquièrent Montalcino ; les habitants en tenue de suppliants abandonnent la ville).

A gauche, le castello de Montalcino est sur le point d’être conquis par l’armée assiégeante. Le long des murs de la ville, des soldats siennois, grimpant sur de hautes échelles, attaquent les défenseurs de Montalcino ; d’autres soldats ont mis le feu à un tas de broussailles près de la porte pour la brûler. A gauche, sous la surface d’écriture, sont conservés la tête et un bras d’un personnage, qui pourrait être un guetteur ou un défenseur.

Folio 24v – I Senesi incendiano alcuni borghi in territorio fiorentino e rientrano a Siena carichi di bottino (Les Siennois incendient certains villages du territoire florentin et reviennent à Sienne chargés de leur butin)

(…/…) [171]Début de la phrase au folio précédent : [40, 2] Questo fu come Montalcino fu disfatto, poi cavalcarono ne quel di Firenze, (…/…). cioè a Monte Luco di Berardenga, e dieronvi la battaglia, e furvi morti assai persone di que’ drento; alfine presono la terra e missola a ssaco, disfeciorla e arsorla, e fu disfatta infino alle fondamenta. [40, 3] E da poi andaro a Monteluco Allechi a dì dodici d’ottobre e posevi l’assedio, e deronvi la battaglia con quelli drento, co•balestra e altri artifici, e fuvene morti assai e feriti per la molta gente ch’erano ; e’ Senesi vensono la terra e ruballa, e ogni altra cosa misono a fuoco, e lla terra disfecero tutta. [40, 4] Da poi cavallcorono a Tornano a dì diciotto d’ottobre, e deronvi la battaglia al tutto ; ellino el vensono e missorlo a ssaco, e rubaro ciò che v’era di buono, e ‘ disferlo tutto. [40, 5] Da poi a Monte Castelli e datovi la battaglia, e ‘l presono per forza, e fuvene assai morti, e al Conte Giordano [li] fu amazato il cavallo sotto, benché incontanente fusse rimesso a cavallo e presono il castello e rubarlo e disfello infino alle fondamenta. [40, 6] Da poi andaro a Tribbio, anco l’ebono per forza di battaglia, rubbarlo e disfello, e da poi andaro alla Castellina e dieronvi la battaglia, e per forza v’entraro per lla porta e presono la terra [e mis]sorla a ss[acco e ru]barola, e tutte le mura gittaro per [terra e tutte le] case arsono e disferolla tutta. [40, 7] [Era pa]ssato gennaio e entrato feraio [pri]ma che tornassono a Ssiena [nel detto anno] Mille dugento sesanta. [40, 8] In questo [tempo e’ Sa]nesi rifeciono Pongibonzi, ciò g[iù nel piano] che ssi chiama il borgo di Pogi[bonzi, benché] volcarmente si chiama Pogibo[nzi che pri]ma era in sul pogio (chiamasi [oggi Poggio] inperiale), el quale fecero guas[tare i Fior]entini per lle parti, con tuto [che fussono] il loro aiuto contra a’ Sanesi nel[la sopra]scritta sconfitta. [40, 9] E anco rifec[eno Cortona], la quale era stata guasta da’ [Perugini], e per quello per ll’aiuto si de a Cort[ona ne se]g[u])ì guerra co’ Perugini.

(…/…) [172]Début de la phrase au folio précédent : Les Siennois entrèrent ensuite sur les terres de Florence (…/…), c’est-à-dire à Monteluco della Berardenga [173]Monteluco della Berardenga : hameau de la Commune de Gaiole in Chianti., qu’ils prirent d’assaut et détruisirent jusque dans ses fondements. Monteluco a Lecchi [174]Monteluco a Lecchi : ancien château détruit dans le secteur de la l’actuelle Commune de Gaiole in Chianti. ne fut pas non plus épargnée : le 12 octobre, nos soldats en firent le siège, luttèrent contre ses défenseurs avec leurs arbalètes et firent beaucoup de morts et de blessés parmi eux ; ils se rendirent maîtres du château, le brûlèrent et saccagèrent les terres. Le 18 octobre, ils prirent d’assaut Tornano [175]Castello di Tornano (Gaiole in Chianti., qu’ils traitèrent de la même façon. Cela fait, ils marchèrent sur Montecastelli [176]Montecastelli, localité de Gaiole in Chianti., qui tomba également en leur pouvoir et dont la prise fut achetée par de sanglantes pertes. Le comte Giordano eut son cheval tué sous lui, mais il fut replacé en selle immédiatement ; le château fut enlevé de vive force et entièrement détruit. Les Siennois, changeant alors de direction, se dirigèrent sur Tribbio qu’ils brûlèrent après une faible résistance. Ils exercèrent une vengeance non moins terrible à l’égard de Castellina [177]Aujourd’hui commune de Castellina in Chianti., qu’ils saccagèrent, et dont ils abattirent les murailles et brulèrent les maisons. Ils tinrent ainsi la campagne jusqu’à la mi-février de l’année 1260, avant de retourner à Sienne. A cette époque, ils réparèrent Poggibonsi, village que l’on appelle populairement ainsi car il se trouvait sur la colline aujourd’hui appelée Poggio imperiale, que les Florentins et leur alliés avaient endommagée à cause de l’aide que ses habitants avaient apportée aux Siennois lors de la défaite florentine décrite plus haut. Ils reconstruisirent également Cortone, laquelle avaient été en partie détruite par les Pérugins, ce qui fut la cause d’une nouvelle guerre avec Pérouse.

I Senesi incendiano alcuni borghi in territorio fiorentino e rientrano a Siena carichi di bottino (Les Siennois incendient certains villages du territoire florentin et reviennent à Sienne chargés de leur butin).

Inscriptions :

  • « la castelina »
  • « monte luco allechi »
  • « mo[n]te luco di berardenga »
  • « tornano »

Deux ânes lourdement chargés de sacs dans lesquels est rassemblé le butin pris aux ennemis cheminent vers le droite ; ils sont suivis par cinq hommes, des prisonniers, mains liées dans le dos. Derrière eux s’avance un guerrier sur son cheval caparaçonné de pourpre, partiellement conservé, avec le bâton de commandement dans la main droite et une couronne sur la tête ; il est accompagné de deux trompettes, également couronnés de guirlandes, et était probablement suivi d’autres personnages, aujourd’hui perdus. La scène se déroule dans la campagne siennoise ; au sommet des collines sont visibles les murailles en feu de quatre villages. Quatre légendes, de gauche à droite, identifient ces lieux comme étant « la castelina » (aujourd’hui Castellina in Chianti), « monte luco allechi » (actuel Monteluco a Lecchi), « mo[n]te luco di berardenga » (Monteluco della Berardenga, château aujourd’hui disparu), « tornano » (le château de Tornano) ; un cinquième village était représenté, désormais presque illisible en raison des dommages subis dans la marge.

Folio 25r – Ritorno dell’esercito vittorioso a Siena (?) (Retour de l’armée victorieuse à Sienne [?]).

[41, 1] Da poi [tornaro] tutti a sSiena, con tanta preda [ch’era una] maraviglia la moltitudine del [bestiame] grosso e minuto, e molti pr[egioni, e] moltitudine di robba ; [valeva un tesoro] il quale avevano gu[adagnato, ed era] tanto e di valuta co Il[e taglia de’ pri]gioni che Siena ne d[ivenne molto rica]. [41, 2] Entrarono in Siena con tu[tte queste cose], e ‘ ccitadini tutti ne fe[ro grande allegrezza], [vedendo] tornare la lor gente [in po]nto co•lla robba guada[gnata], tutti col’ulivo in capo ; e co[sì tutti] insieme se n’andaro al Duomo [a rendare gra]tie e laulde a Dio e alla sua [santa Ma]dre Vergine Maria. [41, 3] Poi cia[scuno] torno alle sue stanze e cittadini [alle lor] case, con grandissima alleg[r]eza [e triun]fo per lla vittoria auta contra [a’ Monta]lcinesi e Artini e Fiorentini e Iloro [amicitia], e ris[c]ossi i pregioni e partito [il bottino] fra lloro, cioè il tesoro e robba [e ‘l bestiame] guadagnato, e ne furo tutti [allegri e ben con]tenti, e ciascuno ebbe la [parte sua] con pace e buona ventura, [che Dio ci dia] anco a noi, Amen Deo gra[tias]. [41, 4] [E un tale hon]ore abino ogni e ciasche[duna persona] che vuol male o volesse [male e dar co]ntra alla comunità di [Siena, come hanno auto e l’e]bbono e’ Fiorentini con tutta [la loro amicitia de’] fatti della inpresa de Mon[talcinesi ; a tale] sterminio possan[o venire é no]stri nemici, come traditori e mallvoglienti [della città di Siena e del suo con]tado. [41, 5] [E così pi]accia a Dio che sia, e così ne preghiamo Idio e lla sua dolce Vergine Maria sua madre che guardi e difenda la sua città di Siena e ‘I contado dalle mani de’ traditori e de’ gattivi huomini, e a nnoi gratia e pace tanta qua|n]to in cielo si canta, la sia con pace e triumpho e longa vita e salute dell’anima e de corpo, sì che alla fine nostra siamo nel suo regno con santi angioli suoi per infinita assecula seculorum, amen.

[41, 6] Qui finisce la sconfitta di Monte Aperto. Deo gratias Amen. Iscritta per me Nicolò di Giovanni di Francesco Venture da Siena, e finila a dì primo di dicenbre MCCCCXLIII.

[42, 1] Seguitò da poi che lla gente dell’arme, per lla grande vittoria e grande guadagno che fecero, edificaro una bellissima chiesa a honore di Dio e di santo Giorgio, là dove è oggi, in Pantaneto, benché si crede che piccola chiesa di San Giorgio vi fosse, ma ferola grande e magna (…/…)

Puis ils rentrèrent à Sienne, avec tant de prises que c’était une merveille de voir avec eux la multitude de bétail, gros ou petit, le nombre de prisonniers et la richesse du butin. Ce qu’ils avaient rapporté valait un trésor, et avec le montant de toutes les rançons des prisonniers, Sienne devint très riche. Ils rentrèrent à Sienne avec toutes ces choses, et les citoyens furent tous en grande allégresse en voyant leur peuple revenir ainsi, tous avec l’olivier sur la tête, et un pareil butin. Tous ensemble, ils se rendirent à la Cathédrale pour rendre grâce et louange à Dieu et à sa sainte Mère la Vierge Marie. Alors chacun retourna chez lui, et les citoyens dans leurs maisons, avec une joie triomphante de la victoire remportée contre les populations de Montalcino, d’Arezzo, de Fiorence et de leurs alliés. Les rançons payées par les prisonniers furent collectées et le butin, c’est-à-dire le trésor, les biens et le bétail gagnés, partagé entre eux. Ils furent tous joyeux et bien contents, et chacun reçut sa part avec la paix et la bonne fortune que Dieu nous donne aussi, Amen, Deo gratias. Qu’à l’avenir les Florentins, leurs alliés, ou tout autre peuple, qui nourriraient de mauvais desseins contre la commune de Sienne, ne recueillent de leurs tentatives d’autre fruit qu’une réputation semblable à celle des Florentins après leur expédition en faveur de Montalcino ! Que tous les ennemis, les traîtres, les rebelles, qui conspireraient contre la ville ou la contrée de Sienne, puissent être exterminés de même ! Je prie Dieu et sa mère la Vierge Marie de permettre qu’il en arrive ainsi, et qu’il nous soit accordé aussi l’immense grâce d’assister une autre fois, avant de mourir, à de semblables événements. Amen.

Ici finit la narration de la déroute de Montaperto. Deo gratias, Amen. Écrite par moi, Nicolo de Giovanni de Francesco Ventura, natif de Sienne, et terminée le 1er décembre 1442.

Dans la suite, les citoyens, en commémoration de la grande victoire qu’ils avaient remportée, et du profit considérable qui en était résulté pour eux, érigèrent en l’honneur de Dieu et de saint Georges la splendide église qui s’élève aujourd’hui dans Pantaneto. On suppose qu’il y existait, avant la bataille, une petite chapelle dédiée à saint Georges ; mais ils l’agrandirent et lui donnèrent la magnificence (…/…)

Ritorno dell’esercito vittorioso a Siena (?) (Retour de l’armée victorieuse à Sienne [?]).

Le sujet de l’image n’est pas facilement interprétable en raison de la perte d’environ la moitié de la représentation. Compte tenu de la présence d’une porte à droite, il pourrait s’agir du retour en ville du cortège triomphal ; le retour de l’armée victorieuse est mentionné dans le texte au début du même folio. Au centre se trouvent deux hommes en civil ; un troisième personnage, perdu, se devine grâce à la présence d’une main, qui ne peut être attribuée à aucun des deux autres. Sur la droite, est représentée une porte de ville ouverte, depuis l’arche d’entrée de laquelle on peut apercevoir la deuxième porte, à l’intérieur ; sur le mur extérieur, une sculpture représentant la louve allaitant ses jumeaux, et les armoiries avec la Balzana au-dessus indiquent qu’il s’agit de l’une des portes de Sienne. Le bâtiment crénelé est surmonté de deux tours de garde, qui présentent une meurtrière sur chaque côté visible.

Folio 25v – Sacra rappresentazione indetta in memoria della battaglia con San Giorgio a cavallo che uccide i drago (Représentation sacrée donnée en mémoire de la bataille, avec Saint Georges à cheval tuant le dragon)

(…/…) [178]Début de la phrase au folio précédent : [42, 1] Seguitò da poi che lla gente dell’arme, per lla grande vittoria e grande guadagno che fecero, edificaro una bellissima chiesa a honore di Dio e di santo Giorgio, là dove è oggi, in Pantaneto, benché si crede che piccola chiesa di San Giorgio vi fosse, ma ferola grande e magna (…/…). come al presente si vede. [42, 2] Ordinaro questo a perpetua mimoria, che ogni anno per la festa di santo Giorgio vi si facesse una solenne festa in questo modo, cioè in prima una selva, da poi uno huomo armato in forma di san Giorgio conbatta col dragone, e lla donzella istia in oratione. [42,3] Questo si faceva a similitudine di san Giorgio fé i• Llibia nella città di Silenza, libarò il re della città di Silenza e lla figliola con tutto il popolo dal dragone, e così a similitudine e Sanesi, perché furo dilibarati da tanta fortuna, ordinaro che ogni anno si conbattesse dinanzi alla chiesa di Santo Giorgio uno drago contrafatto e una donzella stesse in orationi, e questo conbattesse con uno huomo armato, in modo di festa, e fusse ogni anno a perpetua mimoria. [42, 4] Avenne che per lla istrettezza del luogo si trasmutò in sul canpo di Siena e ridussesi per la festa di [sant’Ambrogio] da Siena dell’ordine di santo [Domenico], perché lui ci fé avere la grla]ti[a dal Pa[pa, che stavamo interdeti, le anco per la] onestà de’ nostri vicini fu [traslatata] la festa ‘l conbattare in [sul campo], e anco si seguita per infinita [assecula] asseculorum amen Deo grat[ias].

[43, 1] Nel MCCCCXLII di I[ulio fu] finito tutto questo libro di dipegne]re, le quali dipenture [fece e vi] pose e’ colori tutte qu|…..] Nicolò di Giovanni di F[rancesco Venture] da Siena detto. [43, 2] E in quel tempo Eugenio Papa quarto a[bitò in Siena] co’ suoi cardinali [e con tutta la corte], il quale venne a Ssiena [in domenica] a di 10 di marzo [millequattrocentoquarantatré in] sabato ; a dì [quattordici di settembre millequattrocentoquarantatr]é andonne [a Roma con tutti e’ suoi cardenali], lald[ando e magnificando il nostro] Signore Idio lesu Cristo in sen[piter]n[a secula seculorum].

(…/…) [179]Début de la phrase au folio précédent : Dans la suite, les citoyens, en commémoration de la grande victoire qu’ils avaient remportée, et du profit considérable qui en était résulté pour eux, érigèrent en l’honneur de Dieu et de saint Georges la splendide église qui s’élève aujourd’hui dans Pantaneto. On suppose qu’il y existait, avant la bataille, une … Poursuivre) qui la distingue actuellement. On ordonna aussi que chaque année, à l’anniversaire de la Saint Georges, on y célébrerait une fête solennelle pour perpétuer le souvenir de ces événements remarquables. Cette fête présentait diverses particularités curieuses : on voyait en premier lieu une forêt, puis un homme armé représentant saint Georges combattant un dragon, non loin d’une jeune fille en prière. Cette allégorie était destinée à rappeler que saint Georges délivra d’un dragon, dans la ville de Silenza en Libye, le roi de Silenza, sa fille, et toute la population. Les Siennois, délivrés avec le même bonheur, ordonnèrent qu’à perpétuité on fît combattre, chaque année, un dragon figuré et un homme armé, en face de l’église de Saint Georges. Mais l’exiguïté de la place obligea de transporter la représentation de ce spectacle sur le Campo de Sienne, et de la reculer jusqu’à l’époque de la fête de saint Ambroise, afin d’honorer ce saint, natif de Sienne, membre de l’ordre de Saint-Dominique, et qui nous fit la grâce d’obtenir du pape la levée de l’interdiction lancée sur notre ville [180]Sur les raisons de l’interdit qui a frappé la ville de Sienne : . Cette translation du spectacle sur le Campo fut résolue également dans le but d’en rendre l’accès plus facile à nos voisins ; ce spectacle a lieu encore et s’exécutera à l’infini, in saecula saeculorum. Amen. Deo gratias.

Au mois de juillet 1443, on acheva de peindre ce livre, dont les figures ont été exécutées par Nicolo de Francesco de Giovanni Ventura. Le pape Eugène IV résidait à cette époque, avec ses cardinaux, à Sienne, où il était arrivé le samedi 10 mars 1442 ; il retourna à Rome le 14 septembre 1443 avec ses cardinaux et toute sa cour, en louant et glorifiant notre Seigneur Dieu Jésus-Christ, in sempiterna saecula saeculorum.

Pendant le séjour du pape Eugène IV à Sienne, le feu du ciel tomba sur la ville et incendia les deux côtés du toit de l’église de San Domenico, située dans le quartier de Camporegi. Ce désastre eut lieu dans la nuit du 30 août 1443. 

Sacra rappresentazione indetta in memoria della battaglia con San Giorgio a cavallo che uccide i drago (Représentation sacrée donnée en mémoire de la bataille, avec Saint Georges à cheval tuant le dragon)

Le saint chevalier, chevauchant entièrement armé, se retourne avec son épée dégainée pour menacer le dragon derrière lui ; le monstre apparaît comme un grand serpent de couleur bleu-vert, avec un visage humain, une petite corne sur le front et des pattes de lion qui se transforment en ailes de chauve-souris. Sur une petite colline, la princesse, à genoux et les mains jointes, attend le moment de sa libération.

Dès que le soleil commença à se lever sur la journée bénie du vendredi 3 septembre, les troupes, rangées en bataille et bien préparées, s’acheminèrent vers le Bozzone. Les bataillons marchaient étroitement unis, sous la conduite du sénéchal de la commune de Sienne et celle de monseigneur le comte Giordano. Le premier, appelé Nicolo de Bigozzi, était un homme plein de courage et de prudence ; l’autre sénéchal, égale ment rempli de mérite, était le comte d’Arras. Tous deux cherchaient à pourvoir les troupes de ce qui pouvait leur être nécessaire, selon les inspirations et les conseils de leur expérience. Les soldats se suivaient de près, en côtoyant le Bozzone et en invoquant l’appui du ciel. L’armée atteignit ainsi le pied d’une colline, dit le Poggio des Rospoli, et qui faisait face au lieu où l’on voyait apparaître le camp de l’armée florentine. 

Alice Cavinato, La sconfitta del Monte Aperto di Niccolò Di Giovanni, Sienne, Accademia degli Intronati, 2016.

Alice CAVINATO, « Niccolò di Giovanni da Siena a fatto questo libro di sua spontanea volontà » : Note su due manoscritti illustrati senesi del Quattrocento e le loro sottoscrizioni, Opera Nomina Historiae. Giornale di cultura artistica, 2 (2010), pp. 219-262.

Anne-Laure Imbert, « Un miroir pour la Commune : les peintures de batailles à Sienne entre Trecento et Quattrocento », dans Philippe Morel (dir.), Le miroir et l’espace du prince dans l’art italien de la Renaissance, Tours, Presses universitaires François-Rabelais, 2012 (généré le 05 juin 2023). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/pufr/7870&gt;, pp. 257-281.

Giuseppe Porri, Miscellanea storica sanese. Il primo libro delle istorie sanesi di Marcantonio Bellarmati. Due narrazioni sulla sconfitta di Montaperto tratte da antichi manoscritti. Cenni sulla zecca sanese con documenti inediti, Sienne, Onorato Porri, 1844, pp. 33-95.

Cronache seneni, Alessandro LISINI e Fabio Iacometti, dans L. A. Muratori, Rerum Italicarum Scriptores, XV, VI, Bologne, Nicola Zanichelli, 1931-1939.

[181]https://bds.comune.siena.it/it/29/ricerca/detail/9917415062103300/.

Notes

Notes
1 « Le texte, organisé en deux colonnes, occupe la moitié supérieure de la page. L’espace d’écriture mesure environ 170 x 185 mm ; il y a en moyenne 27 lignes de texte, mais la hauteur des colonnes est variable, selon l’espace occupé par l’image sous-jacente. Pagination ancienne dans la marge supérieure droite des folios 1 à 25, à l’encre brune, semblable à celle du texte. Une deuxième pagination moderne au crayon, placée dans la marge restaurée du coin supérieur droit, commence au fol. II avec le numéro 1, et continue jusqu’à 30. » Alice CAVINATO, « Niccolò di Giovanni di Francesco di Ventura (Siena, documentato dal settembre 1403 a 1464 », dans Max SEIDEL (dir.), Da Jacopo della Quercia aDonatello. Le arti a Siena nel primo Rinacimento (cat. d’exp. Sienne 2010), Federico Motta, 2010, p. 580.
2 « Au folio 1r-v, une note du bibliothécaire Luigi De Angelis, datée du 20 mars 1810, atteste que le manuscrit se trouvait anciennement dans la bibliothèque du couvent de San Niccolò al Carmine, à Sienne (dans cette même Bibliothèque, se trouve la copie faite de la main du cavaliere Giovanni Pecci), et qu’il passa dans celle des Intronati sur décision du Grand-duc Pietro Leopoldo. Au fol. 2r sont rapportés un encart de papier comportant le nom de l’auteur et le titre de l’œuvre, ainsi que la copie d’une lettre du comte Giordano d’Agliano, vicaire de Toscanae, podestat de Sienne e capitaine des Siennois lors de la bataille de Montaperti (mais actuellement non conservée dans le manuscrit), Aux folios 28r-32r, plusieurs mains différentes ont rédigé une série de souvenirs historiques. Au fol. 28r, des mémoires relatives aux années 1508-1510. Aux fol. 28v-29r un certain Armando d’Ulivieri Vanni (1584) dresse une liste des événements importants concernant la ville de Sienne de 1381 à 1345 et calcule la taille de la population siennoise, en s’inspirant d’un livre ancien de Messer Antonio di Domenico Fantini. Au 29v, des mémoires relatives au années 1658 et 1665. Au 30r, des annotations du XVe s. Aux 31r et 32r, des mémoires de 1677 ; au fol. 31 des mémoires de 1555. Le manuscrit, objet de nombreuses études, principalement pour ses miniatures) a été écrit et entièrement illustré, aux folios 27r-v, par le soussigné Niccolò di Giovanni di Francesco Ventura da Siena. » Voir : https://bds.comune.siena.it/it/29/ricerca/detail/9917415062103300/
3 Le manuscrit A.IV.5 est signé et daté (fol. 27r-v) : « Iscritta per me Nicholò di Giovanni di Francescho Venture da Siena e finila a dì primo di dicembre M° CCCC° XLII » (« Écrite par moi Niccolò di Giovanni di Francesco di Ventura de Sienne et terminée le premier décembre 1442 »). Au folio 27v, signature ultime et définitive : « Nel nel [sic] M° CCCC° XLIII di lu[glio] fu finito tutto questo libro d[…]re, le quali dipenture se[…] pose e cholori tutte qual[…] Nicholo di Giovanni di Fr[…] da Siena detto, e in qu[…]nio papa quarto […] cho suoi chardenali […] el quale venne a Siena a dì 10 di marzo 14[43] e andone […] » (« En en [sic] M° CCCC° XLIII de juillet, tout ce livre de[… ] était terminé, dont les images étaient […] toutes mises en place et peintes comme […] ses ​​cardinaux […] qui vint à Sienne le 10 mars 14[43] et s’en alla […] » (Voir : Folio 25v – Sacra rappresentazione indetta in memoria della battaglia con San Giorgio a cavallo che uccide i drago [43, 3], ci-dessous) ; la mention souscrite se poursuit sur deux demi-lignes complètement impossible à restituer. Le pape concerné est Eugène IV. Une autre annotation (fol. 28r) de la main du copiste (qui continue peut-être ce qui est dit au fol. 27vb, se référant à nouveau à la visite papale) avec la date : « dans les années [de no]tre Seigneur 1443. »
4 Neuf des trente-neuf illustrations occupent deux pages du manuscrit se faisant face.
5 Alice Cavinato, « Stemmi a Siena e a Montaperti : i manoscritti di Niccolò di Giovanni di Francesco di Ventura », dans Matteo Ferrari (éd.), L’arme segreta. Araldica e storia dell’arte nel Medioevo (sec. XIII-XV), actes du colloque international (Florence et Pise, 25-26 novembre 2011, organisées par le Kunsthistorisches Institut in Florenz et la Scuola Normale Superiore di Pisa), Florence, Le Lettere (coll. Le Vie della Storia, 86, 2015).
6 L’esercito fiorentino in marcia per recare aiuti a Montalcino.
7 Gli ambasciatori fiorentini giungono alla chiesa di San Cristoforo.
8 Il consiglio dei Ventiquattro riunito in assemblea in San Cristoforo.
9 Il conte Giordano d’Agliano si reca a San Cristoforo.
10 In Piazza Tolomei viene portato un carro di denaro offerto da Salimbene de’ Salimbeni.
11 Il vescovo predica ai canonici in Duomo.
12 Incontro tra Buonaguida e il vescovo in Duomo.
13 Buonaguida offre le chiavi della città alla Vergine sull’altare maggiore del Duomo.
14 Processione con l’immagine della Madonna.
15 Un Banditore chiama i Senesi alle armi.
16 Il Conte Giordano con la schiera del terzo di San Martino.
17 L’esercito senese esce dalla città e stabilisce il campo sul poggio delle Ropole. 1.
18 L’esercito senese esce dalla città e stabilisce il campo sul poggio delle Ropole. 2.
19 Le retrovie derll’esercito senese con i rifornimenti raggiungono il campo sul poggio. 1.
20 Le retrovie derll’esercito senese con i rifornimenti raggiungono il campo sul poggio. 2.
21 I soldati senesi in preghiera a seguito dell’apparizione della Vergine sulla città e sul campo.
22 I fiorentini fanno i preparativi per rimuovere il campo.
23 L’esercito senese in marcia con il carroccio verso il campo nemico. 1
24 L’esercito senese in marcia con il carroccio verso il campo nemico. 2
25 Preparativi per la battaglia. 1.
26 Preparativi per la battaglia. 2.
27 Discussione tra Arrigo da Stimbergo e il nipote Gualtieri su chi debba essere il primo feritore. 1.
28 Discussione tra Arrigo da Stimbergo e il nipote Gualtieri su chi debba essere il primo feritore. 2.
29 Inizio della battaglia : i cavalieri senesi vanno all’attacco. 1.
30 Inizio della battaglia : i cavalieri senesi vanno all’attacco. 2.
31 Eroiche imprese del siniscalco Niccolò da Bigozzi. 1.
32 Eroiche imprese del siniscalco Niccolò da Bigozzi. 2.
33 Mischia fra i fanti senesi e quelli fiorentini.
34 Sortita del conte di Arras che uccide il capitano dei fiorentini ; i senesi si impauriscono dei gonfaloni degli avversari.
35 Il popolo senese riceve dalla vedetta la notizia dell’esito della battaglia.
36 Ritirata dei Fiorentini e strage compiuta dai Senesi.
37 I commandanti senesi riuniti in assemblea decidono di permettere ai soldati di prendere prigionieri i Fiorentini che si arrendano, anziché ucciderli.
38 Resa dei Fiorentini sopravvissuti ; Usilia “treccola” lega alcuni prigionieri con una benda.
39 Corteo trionfale dei Senesi di rientro a Siena. 1.
40 Corteo trionfale dei Senesi di rientro a Siena. 2.
41 Arrivo del corteo al Duomo.
42 Arrivo del corteo a San Cristoforo.
43 Danze di festeggiamento per la vittoria.
44 Il consiglio dei Ventiquattro adunato a San Cristoforo dopo la battaglia.
45 Solenne processione di ringraziamento. 1.
46 Solenne processione di ringraziamento. 2.
47 Pagamento del riscatto dei prigionieri a Fonte Becci.
48 L’esercito senese in marcia verso Montalcino.
49 Assalto dell’esercito senese a Montalcino.
50 I Senesi conquistano Montalcino ; gli abitanti in veste di supplici la abbandonano.
51 I Senesi incendiano alcuni borghi in territorio fiorentino e rientrano a Siena carichi di bottino.
52 Ritorno dell’esercito vittorioso a Siena (?).
53 Sacra rappresentazione indetta in memoria della battaglia con San Giorgio a cavallo che uccide i drago.
54 Niccolò da Bigozzi : commandant du Terziere di Camollia, il est à la tête d’environ 4.000 soldats et 200 cavaliers.
55 Colette GROS, « Montaperti, entre défaite et trahison », dans Claude Carozzi, Huguette Taviani-Carozzi (dir.), Faire l’événement au Moyen Âge, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, 2007, pp. 103-118.
56 Le texte, on le voit, ne respecte aucunement la concordance des temps.
57 Niccolò Garzoni : capitaine des Guelfes de Lucques.
58 Walther von Astimbergh : chevalier allemand, le plus hardi des commandants siennois, il a le privilège chevaleresque d’attaquer le premier. Le capitaine des Guelfes lucquois, Niccolò Garzoni, est transpercé dès le début de l’offensive par la lance de l’Allemand. A partir de ce moment, commence une bataille particulièrement féroce et sanglante, où l’armée des Guelfes subit la pire des souffrances, et où personne ne sera épargné jusqu’au soir.
59 Niccolò da Bigozzi : commandant du terziere de Camollia.
60 Berchtold, comte d’Arras : l’un des commandants du contingent de cavaliers allemands envoyés par le roi Manfred en soutient aux soldats de Sienne.
61 Niccolò VENTURA, La battaglia di Mont’Aperto (éd. A. Ceruti), dans Il Propugnatore, VI (1893), p. 282.
62 Niccolò VENTURA, « La battaglia di Mont’Aperto » (a cura di A. Ceruti), dans Il Propugnatore, VI, 1893, pp. 27-62 (réédition G. Lipparini dans Le pagine della letteratura italiana, Milan, Signorelli, 1945, vol. I (description de la bataille, p. 274-284.
63 Niccolò di Giovanni, La sconfitta di Monte Aperto di Niccolò di Giovanni (édition critique d’Alice Cavinato), Sienne, Accademia degli Intronati, 2016.
64 Nicolo de Giovanni de Francesco Ventura, Chronique de la Bataille de Monte-Aperto, dans Chroniques siennoises (traduites de l’italien, précédées d’une introduction et accompagnées de notes par le duc de Dino), Paris, Curmer, 1846.
65 « […] men che mediocre pittore del quattrocento ». Cronache seneni, Alessandro LISINI, Fabio Iacometti (éd.), dans L. A. Muratori, Rerum Italicarum Scriptores, XV, VI, Bologne, Nicola Zanichelli, 1931-1939.
66 « […] non ebbe altro merito che quello di averla ricopiata, con l’aggiunta di qualche inopportuna ed enfatica amplificazione, e di aver raffigurate a piè di ogni pagina, con rozzi disegni a colori, le cose che superiormente vi si leggono ». Ibid.
67 Bernhard Degenhart, Annegrit Schmitt, Corpus der Italianischen Zeinungen, 1330-1450, Berlin, Mann, 1968-2004, I, Süd und Mittleitalien, 1968, p. 322.
68 Alice CAVINATO, op. cit., p. .
69 Arétins : habitants d’Arezzo.
70 « Malavolti (tome XI, page 16) prétend que le capitaine général des Siennois, lors de la bataille de Montaperto, ne fut pas le comte Aldobrandino Aldobrandeschi de Santa Fiore, mais bien le podestat Francesco Troisi. Cette assertion, contestée par Uberto Benvoglienti (voir MURATORI, Reritalscript., tome XV, page ), contredit presque tous les chroniqueurs siennois. L’auteur se fonde sur les motifs d’inimitié existants à cette époque entre ledit comte Aldobrandino et la république, qui avait fait non seulement envahir une partie de ses domaines, mais tuer son propre cousin, le comte Uberto, à Campagnatico. On peut opposer à cette argumentation (ce à quoi Malavolti n’a pas songé), qu’attaché au parti gibelin, comme il l’était, le comte Aldobrandino de Santa Fiore dut craindre pour sa propre existence en voyant celle de Sienne menacée. Il ignore, ce que nous apprend Tommasi (tome I, page 320), que le comte Aldobrandino avait contracté un engagement avec la république pour faire sa paix avec elle ; il ne sait pas que le roi Manfred s’était employé comme médiateur entre lui et la république, qui, le connaissant pour un homme généreux et vaillant, n’hésita pas à lui confier le commandement supérieur de ses forces, dans la situation périlleuse où elle se trouvait. Un autre Aldobrandino Aldobrandeschini, dit le Roux, comte de Pitigliano et de Sovana, combattit à Montaperto contre les Siennois ; mais ses débats avec la république de Sienne ne provenaient pas de discussions touchant des droits féodaux, ils tenaient uniquement à l’attachement extrême qu’il portait au parti guelfe. » Note de l’édition de La Sconfitta di Monte Aperto traduite en français et publiée en 1846. Voir note précédente.
71 Début de la phrase au folio précédent : « [1, 7] Con questa intentione e malvagità e detti Fiorentini venoro col loro essercito, (…/…) ».
72 Début de la phrase au folio précédent : « Dans cette intention et avec cette méchanceté, lesdits Florentins vinrent avec leur armée (…/…) ».
73 Aujourd’hui Pieve Asciata.
74 La concentration de l’autorité entre les mains de vingt-quatre magistrats fut la seconde forme du gouvernement républicain de la ville. Ces magistrats étaient élus au sein d’un conseil général. Chaque tiers de la ville (Sienne est partagée en trois “quartiers” appelés Terzi) en nommait huit, dont quatre nobles et quatre roturiers ; sur ce nombre, on en choisissait un dans chaque tiers, et ces trois magistrats devenaient, sous la qualification de prieurs, les chefs de cette magistrature. Leurs fonctions duraient quinze jours, de manière que chacun des vingt-quatre était trois fois prieur dans la même année.
75 Le sujet était probablement explicité par la légende, aujourd’hui incomplète, qui se trouve dans la marge inférieure.
76 La Malena et la Biena sont deux petits cours d’eau qui coulent près de Montaperti et se jettent tous deux dans l’Arbia.
77 Buonaguida Boccacci : « Fils de Gregorio Boccacci, noble siennois et docteur en droit, il fut ambassadeur de Sienne, en même temps que Buonattacca et Provenzano Salvani, auprès du roi Manfred pour lui exposer l’état des choses en Toscane et le supplier d’embrasser chaudement les intérêts de la patrie, en envoyant de l’aide et de nouvelles personnes, et en lui recommandant à nouveau le peuple siennois en 1259. Les Siennois ayant ensuite obtenu la fameuse victoire dite de Monte Aperto contre les Florentins et les Guelfes de Toscane et de Lombardie comme l’écrivent les historiens). En 1260, il fut l’un des syndics désignés pour signer la paix avec ces mêmes Florentins. » Antonio TIVANI, Biblioteca Universale Sacro-Profana, Antico-Moderna : in cui si spiega con ordine Alfabetico Ogni Voce, Anche Straniera, Che può aver significato nel nostro Idioma Italiano. Appartenente a Qualunque Materia, 1706.
78 Dante place Provenzano Salvani dans le purgatoire, malgré la qualité de Gibelin de ce dernier. Malavolti (tome XI, p. 14) affirme « qu’on ne peut pas induire des papiers publics de cette époque (1260), que Provenzano Salvani exerçât dans Sienne un pouvoir plus étendu que les autres gentilshommes […]. Les registres publics prouvent qu’il fut envoyé plusieurs fois en ambassade dans divers lieux, comme les autres particuliers ; que, dans le conseil, ses avis ne prévalaient pas sur ceux des autres citoyens. On trouve dans ces mêmes papiers, qu’il se rendit en qualité de podestat à Montepulciano après la bataille de Montaperto : s’il avait été aussi puissant à Sienne qu’on le dit, il n’eût point quitté le gouvernement de la ville pour une charge de podestat […]. Le fait est qu’il n’eut jamais dans Sienne une grande autorité, et que son caractère était trop doux et son ambition trop modeste pour ne pas obéir aux magistrats. » Il joignait à une probité parfaite un sens éminemment juste. La considération que des qualités si distinguées lui valurent chez les peuples voisins, de même que dans sa patrie, fut probablement appelée domination, et le fit qualifier de sire et de tyran, effet ordinaire de la disposition du public à mal interpréter les choses et à mal juger des hommes. Cet illustre Siennois mourut le 11 juin 1269 ; il commandait alors, avec des alternatives de réussites et de revers, une armée siennoise occupée au siège de Colle, ville du val d’Elsa, et véritable repère des Guelfes, défendue par des Français et des Florentins.
79 Le comte Giordano d’Agliano était parent du roi Manfred par sa mère et fut un de ses plus fidèles serviteurs. Lors de l’invasion du royaume de Naples par Charles d’Anjou, il fut chargé de défendre, conjointement avec le comte de Caserta, beau-frère de Manfred, le passage du Garignano. La trahison du comte de Caserta força le comte Giordano à se retirer. Lors du combat livré sur les rives du Caloro, près de Bénévent, il fut fait prisonnier et amené par ordre de Charles d’Anjou, pour constater la mort de Manfred, face aux restes sanglants de ce prince, que l’on venait de découvrir sur le champ de bataille, sous un monceau de morts. Le comte Giordano n’écouta que son affection pour son ancien maître, se frappa la tête de ses mains, et se jeta sur le corps en pleurant et en criant : « Hélas ! mon Dieu ! qu’est-ce que je vois ! Bon seigneur, sage maître, qui a pu ainsi t’arracher inhumainement la vie ! Vase de philosophie, ornement des armées, modèle des rois, pourquoi me refuse-t-on un couteau pour m’en frapper et devenir ton compagnon dans la mort, comme j’ai été, durant ta vie, le compagnon de ta gloire et de tes infortunes ! »
80 La famille des Salimbeni était une des plus nobles et des plus anciennes de Sienne.
81 Début de la phrase au folio précédent : « [6, 1] Avendo uditi li cittadini di Siena la crudele adimanda de’ Fiorentini a’ Sanesi, ch’era già isparta per lla città quando si cercava per li denari e lla boce si sparse per la città di quello che lli inbasciadori fiorentini, (…/…).
82 Début de la phrase au folio précédent : « L’annonce de la cruelle sommation faite par les Florentins au Siennois s’étant ébruitée dans la ville tandis qu’on cherchait l’argent nécessaire [pour solder les troupes], (…/…).
83 La Madonna degli occhi grossi.
84 L’événement décrit par le notaire désigné par le personnage principal lui-même, mérite d’être rapporté. Le podestat fait écrire : « Aujourd’hui, 2 septembre 1260, moi, Buonaguida Lucari, Magistrat de Sienne, et messire l’évêque Thomas sortîmes en procession avec le peuple afin de solliciter la protection de Marie sur Sienne, pour la bataille contre le florentin. Après avoir traversé la ville en chemise et chausses, et sans rien sur la tête, je suis parvenu à la Cathédrale, et là, je me suis retourné vers la population : ‘Messieurs les Siennois […], nous avons reçu la protection de la sainte couronne du roi Manfred ; aujourd’hui, il me semble, que nous-mêmes, nos personnes, nos propriétés, la ville et la campagne, appartenons en vérité à la Reine de la vie éternelle, c’est-à-dire à notre Mère la Vierge Marie’. Après quoi nous entrâmes, parcourûmes la nef en chantant et en louant le Très-Haut jusqu’au maitre-autel où resplendissait la Madone aux grands yeux. Et j’osai m’adresser à elle en ces termes : ‘Vierge de grâce, Reine du Ciel, Mère des pêcheurs, moi, misérable pécheur, je vous donne et vous dédie cette ville de Sienne et les campagnes qui sont alentour, et je vous prie, ô la plus tendre des Mères, qu’il vous plaise de l’accepter sous votre protection, bien que ce don soit bien peu de chose au regard de votre puissance. Et je vous prie encore de protéger notre Ville et que vous la défendiez des mains de nos ennemis les Florentins, et de ceux qui voudraient l’opprimer ou lui nuire’. Après quoi, j’ai posé les clés de la ville sur l’autel de la Cathédrale. Et j’ai voulu qu’un notaire écrive cela en mémoire, pour la postérité. Moi-même, je n’ai pas entendu la réponse de la Vierge […] et Messire l’évêque non plus […] mais je sais que demain nous vaincrons les Florentins et que la main protectrice de Marie s’entendra sur Sienne, pour des siècles et des millénaires […]. Buonaguida Lucari » (« Oggi, 2 settembre 1260, io, Buonaguida Lucari, Magistrato di Siena, e Messer lo Vescovo Tommaso uscimmo in processione con il popolo onde sollecitare la protezione di Maria su Siena, per la battaglia contro il fiorentino. Dopo aver proceduto per la città in camicia e scalzo e senza niente in capo, giunsi al Duomo, e lì mi rivolsi al popolo: ‘Signori miei Sanesi… noi ci siamo raccomandati a la santa corona di re Manfredi ; ora a me pare che, noi siamo in verità, in avere e in persona, la città e ‘l contado, a la Reina di vita eterna, cioè a la nostra Madre Vergine Maria’. Dopodiché entrammo, percorremmo la navata, cantando Lodi all’Altissimo, fino all’altar maggiore, ove splendea la Madonna dagl’occhi grossi. A Lei osai dire : Vergine graziosa Regina del Cielo, Madre de’ peccatori, io misero peccatore ti dò, e dono , e raccomando questa Città, e lo Contado di Siena , e voi prego Madre del Cielo, che vi piaccia daccettarla , benche a la Vostra grande potenzia fia piccolo dono: e simile prego che la nostra Città guardiate , liberiate , e difendiate dale mani de nostri nemici Fiorentini, e da chi la volesse oppressare o in mettere in ruina…‘. Dopodiché posi le chiavi della città sull’altare del Duomo. Volli un notaio a scrivere questo, a memoria dei posteri. Io non udii la risposta di Maria Vergine … e neppur Messer lo Vescovo … ma so che domani vinceremo il fiorentino e che la mano di Maria si stenderà benigna su Siena per secoli e millenni … Buonaguida Lucari. » Pierluigi Romeo di Colloredo-Mels, Lusus Troiae, Equorum Probatio e Palio di Siena, mise en ligne : https://www.academia.edu/36102366/Lusus_Troiae_Equorum_Probatio_e_Palio_di_Siena.
85 Il s’agit aujourd’hui du premier autel situé dans le bras gauche du transept de la Cathédrale, après la chapelle de San Giovanni. Sur cet autel, on peut encore voir un Crucifix dit de Montaperti.
86 Suite au folio 5v.
87 Début de la phrase figure dans le folio précédent : “[11, 1] In quello tenpo, sappi lettore, fu fatta una tavola a quello altare magiore di Duomo, dove fu fatta tale donagione, colla figura di nostra Donna (…/…)”.
88 Début de la phrase dans le folio précédent : Sache, lecteur, qu’à cette époque, on fit placer dans le Dôme, au-dessus du maître-autel devant lequel avait été faite la donation de la ville, un tableau peint sur bois représentant notre Dame (…/…) .
89 Le passage qui précède a soulevé bien des interrogations avant que celles-ci ne soient finalement résolues. En effet, il concerne trois œuvres distinctes, représentant essentiellement le même sujet principal : une Vierge à l’Enfant. Le plus ancien, dont parle en premier lieu Nicolo Ventura, est une peinture sur bois attribuée au ‘Maître de Tressa‘ (La Madonna degli Occhi Grossi), actuellement au Museo dell’Opera del Duomo de Sienne ; ses dimensions ayant été diminuées, les figures qui l’entouraient ont disparu. La seconde est la Madone des Grâces, peinte par Dietisalvi di Speme deux ans après la bataille de Montaperti pour en célébrer la mémoire ; elle se trouve encore actuellement dans la cathédrale (chapelle de la Madone du Vœu). Après avoir remplacé la Madone du ‘Maître de Tressa sur la maître-autel, celle de Dietisalvi fut à son tour détrônée par la troisième œuvre évoquée par Nicolo Ventura : la Maestà de Duccio di Buoninsegna, qui, cette fois-ci, demeura en place pendant près de deux siècles.
90 Gonfalonier : personne chargée de porter le gonfalon (ou gonfanon).
91 Ce manuscrit est contenu dans le codex BCI A.VI.15, S4, folios 38r-82v de la Biblioteca Comunale degli Intronati.
92 Voir : Niccolò di Giovanni VENTURA, La Sconfitta di Monte Aperto [1443] (édition critique d’Alice CAVINATO), Sienne, Accademia Senese degli Intronati, 2017, p. 127.
93 Début du texte dans le folio précédents : [12, 3] Così passò tutto quell[o dì e par]te della notte ; da poi ven[uta l’ora] del mattino, per dilibaratione [de’ Vintiquatro] subito mandaro tre banditori, [uno per ter]zo, bandendo così : “Valenti ci[ttadini, state] su e incontanente armate [le vostre persone e pigliate le vostre [armadure]”, e ciascuno col nome di [Dio e della no]stra Madre Vergine Ma[ria andava a] casa del suo gonfaloni[ere] (…/…).
94 Début du texte dans le folio précédents : Lorsque l’heure des matines fut sonnée, les Vingt-quatre envoyèrent trois crieurs publics dans chacun des trois quartiers de Sienne faire la proclamation suivante : « Vaillants citoyens, levez-vous et armez-vous, prenez vos armures, et que chacun suive son gonfalonier en se recommandant toujours à Dieu et à sa Mère » (…/…).
95 Aujourd’hui Porta Pispini.
96 Robert d’Anjou, dit le Sage (Torre di Sant’Erasmo, 1277 – Naples, 1343) : fils du roi Charles II d’Anjou et de la reine Marie Árpád de Hongrie (1257 – 1323), fut nommé en 1296, sous le règne de son père, premier duc de Calabre, titre qu’il conservera jusqu’à son couronnement comme roi de Naples, survenu à la mort de son père en 1309. Il sera souverain du royaume de Naples, comte de Provence et de Forcalquier, et roi titulaire de Jérusalem, jusqu’à sa propre mort, survenue en 1343.
97 Début de la phrase dans le folio précédent : [14, 9] e doppo questi [se]guiva il gonfaloniere del terzo di [San] Martino, ed era [il gon]faloniere [Gio]vanni Guastellini ; el gonfalon[e ver] (…/…).
98 Début de la phrase dans le folio précédent : et après eux suivit le gonfaloniere du quartier de San Martino, et c’était le gonfaloniere Giovanni Guastellini ; le gonfalon (…/…).
99 Début de la phrase se trouvant au folio 8r : Incominciaro a salire su per lo poggio per quella parte che mostrava verso il capo de Fiore[n]tini, e così saliro in sul pogio per (…/…).
100 Début de la phrase se trouvant au folio 8r : Arrivés sur le plateau, (…/…).
101 Besciolini : surnom donné aux Siennois par les Florentins, qui signifie à la fois fous, sots, impertinents, …
102 Début de la phrase dans le folio précédents : [17, 6] Ine presono per partito di fare la matina seguente la battaglia in questo modo, che lla notte seguente per molte volte sia assaltato il capo de Fiorentini in diverse parti, per modo sia che la notte (…/…).
103 Début de la phrase dans le folio précédents : Ils décidèrent qu’on livrerait bataille dès le matin du jour suivant, et que pendant la nuit on simulerait quelques attaques sur différents points (…/…).
104 Début de la phrase dans le folio précédent : « “None avete voi veduto che st[ama]ne, quando feciono loro assembrament[o] (…/…).
105 Début de la phrase dans le folio précédent : « N’avez-vous pas remarqué ce matin, lorsque l’armée des Siennois s’est rassemblée (…/…).
106 Aldobrandino Aldobrandeschi de Santa Fiore (av. 1236 – v. 1283) : fils du comte Bonifacio, initiateur de la branche des Aldobrandeschi de Santa Fiore, grande famille féodale d’origine probablement lombarde. Lui-même ghibelin, il combattit comme capitaine de division au côté des Siennois à Montaperti, affrontant à cette occasion son cousin Ildebrandino il Rosso, partisan des guelfes.
107 Début de la phrase dans le folio précédent : [19, 11] Poi seguiva altri cento cavallieri], tutti bene armati, e Ilo’ capita[no] (…/…).
108 Début de la phrase dans le folio précédent : Venaient immédiatement après cent autres cavaliers dont la tenue était très remarquable et leur capitaine (…/…).
109 Début de la phrase au folio précédent : [20, 3] poi lassate fare a noi con questi franchi e arditi tedeschi, inperò che noi pigliaremo ogni vantagio dal tereno e ogni avisamento, inperò che domattina quando si levarà il (…/…).
110 Début de la phrase au folio précédent : « Cependant, demain matin, en se levant, le (…/…).
111 Début de la phrase au folio précédent : [20, 10] Poi conte d’Arasi, tiratosi da parte con capitano generale, el conte Giordano e ‘ (…/…).
112 Début de la phrase au folio précédent : Ces harangues terminées, le comte d’Arras, prenant à part le capitaine général, le comte Giordano et (…/…).
113 Début de la phrase dans le folio précédent : “e andando verso Monteselvoli e discese per lla valle di Val di Biena, e ine si posono in aguatio molto cuperti, sempre stavano attenti quando sentissono le grida della gente de’ Senesi (…/…).
114 Début de la phrase dans le folio précédent : se dirigeant vers Monteselvoli, il descendit le long de la Valdibiena et s’y cacha avec le plus grand soin. Toute sa troupe se tint aux aguets pour distinguer les cris que devaient pousser les Siennois (…/…).
115 Début de la phrase au folio précédent : [Allo]ra, per Ili preghi del suo nipote e per lli (…/…).
116 Début de la phrase au folio précédent : Alors, vaincu par les prières de son neveu et par celles (…/…).
117 Début de la phrase dans le folio précédent : ed era covortato tutto di zendato vermiglio, aracamata di draghi verdi con razi d’oro, e verame[n]te quello cavallo pareva uno dragone che volesse con rabbia divorare chi inanzi li veniva, ed era il più forte cavallo che in quel tenpo si trovasse, ed era valoroso [e] di (…/…).
118 Début de la phrase dans le folio précédent : dragon furieux prêt à dévorer quiconque passait devant lui, et c’était le cheval le plus fort qui puisse se trouver alors ; il était valeureux et d’un (…/…).
119 La tour « des Marescotti » est celle de l’actuel palais Chigi Saracini.
120 Ce tambour auquel rien ne semble pouvoir échapper, devait avoir une excellente acuité visuelle pour tout voir aussi bien depuis le point où il se trouvait, a fortiori dans la faible lumière du petit matin.
121 « Tour et palais des Marescotti », aujourd’hui Palais Chigi-Saracini.
122 Début de la phrase au folio précédent : [24, 5] E quello della torre vede bene [ogni cosa e dice]a : (…/…).
123 Début de la phrase au folio précédent : Et celui de la tour, voyant tout parfaitement bien, continuait à instruire la foule : (…/…).
124 Début de la phrase dans le folio précédent : “Po’ sì si cacciò fra quelli Artini colla spada in mano, veramente e’ parea uno Ercole (…/…).
125 Début de la phrase dans le folio précédent : Puis il s’enfonça dans les rangs des Arétins l’épée à la main, véritablement pareil à un nouvel Hercule (…/…).
126 Zanobi (Florence, milieu du siècle – v. 417) : saint florentin. D’après une Vie du XIe siècle, recommandé par saint Ambroise au pape Damase, il fut appelé par lui à Rome et chargé de diverses missions, dont une à Constantinople. De retour à Florence après la mort de Damase, il fut élu évêque. La tradition veut qu’il soit mort un 25 mai. Son corps a été enterré dans la basilique de San Lorenzo, puis transféré dans celle du Salvatore.
127 Sainte Réparate, ou Reparada, ou Reparata :  sainte, vierge et martyre, Patronne de Florence,
128 Début de la phrase dans le folio précédent : Tutte ques[te co]se (…/…).
129 Début de la phrase dans le folio précédent : Tout cela (…/…).
130 Début de la phrase dans le folio précédent : “Alla morte a questi traditori”, e uccidevano huomini cavalli in grandissima (…/…).
131 Début de la phrase dans le folio précédent : Les cris : « Mort à ces traîtres » dominaient le tumulte, tandis qu’ils tuaient hommes et chevaux en très grand (…/…).
132 Début de la phrase au folio précédent : [27, 10] Così conbattendo per[ven]noro con quelli Tedeschi che tra[evano alle] (…/…).
133 Début de la phrase au folio précédent : Ce fut en combattant de cette manière que les Allemands parvinrent (…/…).
134 La formule n’est pas sans évoquer les fameux vers de Dante que l’on trouve au chant X de l’Enfer. Farinata degli Uberti vient de demander à Dante de lui dire la cause de la dureté de Florence à l’égard des siens : Ond’io a lui : « Lo strazio e ‘l grande scempio che fece l’Arbia colorata in rosso, tal orazion fa far nel nostro tempio. » (Je répondis : « Le massacre et l’horreur qui teignirent de rouge le cours de l’Arbia font faire cette oraison à notre temple. »). Dante, La Divine Comédie (éd. sous la direction de Carlo Ossola, traduction de Jacqueline Risset), Paris, Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 2021.
135 Début de la phrase au folio précédent : [29, 4] Sapiate quello che dove[vano fare i Tedeschi e ‘ Sanesi] (…/…).
136 Début de la phrase au folio précédent : [29, 4] Vous jugerez de ce que faisaient les autres citoyens et les Allemands (…/…).
137 Début de la phrase au folio précédent : “A mme parebbe che noi mandassimo uno bando, che chi si vuole arendare fusse preso (…/…).
138 Début de la phrase au folio précédent : « Il me semble qu’il est temps d’ordonner que ceux qui voudront se rendre prisonniers soient (…/…).
139 Tous les chroniqueurs sans exception ont fait mention de l’anecdote relative à Usiglia, fruitière de Sienne, et de son mari, le bucheron Geppo.
140 Début de la phrase au folio précédent : [30, 8] Questa [Usiglia], vedendo che ‘ Fiorentini erano [rotti e iscon]fitti, subito si partì del campo [che era] sul poggio a Rompoli, dov’era tutt[a la brigata collo (…/…).
141 Début de la phrase au folio précédent : Voyant que les Florentins étaient en pleine déroute, elle partit immédiatement du camp qui se trouvait sur la colline de Ropoli, où étaient les Siennois avec (…/…
142 Sienne eut aussi des pertes à déplorer. Tommasi rapporte que les corps des Siennois et des Allemands tués pendant cette journée furent enterrés dans la ville ; un décret public ordonna même d’ensevelir dans la cathédrale deux nobles qui avaient trouvé la mort dans ce combat mémorable, Andrea Beccarini et Giovanni Ugurgieri. Ils furent les premiers auxquels un tel honneur fut accordé. Voici les inscriptions gravées sur leurs tombes : « Andreas ex nobili Beccarinorum familia, qui in Montisaperti certamine cecidit, hic situs est primus. A. D. MCCLX. » ; « Joannes Ugurgerius decreto publico hic situs est. Decessit Montisaperti clade, anno salutis MCCLX. » Voir Inscriptions lapidaires de la Cathédrale de Sienne.
143 Début de la phrase dans le folio, précédent : […] e llo stendardo tutto bianco istà nella sagrestia dell’ospedale Sancte Marie, nel cassone dove (…/…).
144 Début de la phrase dans le folio, précédent : […] et l’étendard tout blanc se trouve dans la sacristie de l’hôpital de Santa Maria della Scala, dans le coffre où (…/…
145 Il paraît qu’en 1700, cet étendard se conservait encore dans les archives de l’hôpital, puisqu’il est dit dans les mémoires de Macchi, qui vivait à cette époque (tomes i, vi, LXVI), que l’on gardait « dans le sac de l’étendard de Montaperto » un contrat daté du 10 avril 1257, par lequel Ranieri de Ugone vendait quelques terres peu éloignées de Montaperto. En 1775, tous les livres et diplômes qui n’appartenaient pas à l’administration de l’hôpital furent transportés dans les archives des Réformations, et il est probable que ce sac, ainsi appelé à cause de l’étendard, y fut également déposé.
146 Début de la phrase au folio précédent : ”E]co il traditore che [voleva che noi gittassi]mo le mura della città [per terra, e tutti gridano,] (…/…).
147 Début de la phrase au folio précédent : « Voici le traître qui voulait que nous rasions jusqu’à terre les murs de la ville (…/…).
148 Début de la phrase au folio précédent : tutti avevano (…/…).
149 Début de la phrase au folio précédent : tous avaient (…/…).
150 En tête de l’inscription lisible sur la cloche, aujourd’hui conservée au Palazzo Pubblico, on trouve inscrit le millésime A. D. MCCLXII. Cette date, postérieure de deux ans à la bataille, prouve, au risque de la légende, qu’il ne peut s’agir de la Martinella.
151 On ignore ce que sont devenus ces trophées.
152 Début de la phrase au folio précédents : [33, 4] Come fu ordinato subitamente si mandò] un bando per la città di Siena “[che tutti e’ religio]si come frati, preti, mon[aci e abati fu]ssono parati con t[[utte le reliquie venghi]no al Duomo di Madonna Santa Maria, e ine] aspettino tanto che l’o[fitio de’ Vintiquatro] e li (…/…).
153 Début de la phrase au folio précédents : On envoya aussitôt dans la ville publier un ban par lequel il était enjoint aux divers membres du clergé de se réunir immédiatement dans la Cathédrale de Santa Maria [Assunta], avec toutes les reliques, et d’y attendre l’arrivée du Conseil des Vingt-quatre et des (…/…
154 Aujourd’hui Quercegrossa.
155 Début de la phrase au folio précédent : None istà la sigularità (…/…).
156 Début de la phrase au folio précédent : Quel qu’il soit (…/…
157 Début de la phrase au folio précédent : [34, 11] “però che noi [aviamo molti nemici] (…/…).
158 Début de la phrase au folio précédent : « mais que cependant, ajouta-t-il, nous avons beaucoup d’ennemis (…/…
159 Début de la phrase au folio précédent : [35, 6] Sì che a me pare si debba fare inpresa in prima contra a Moltacinesi (…/…).
160 Début de la phrase au folio précédent : « C’est pourquoi il me semble me semble que nous devons commencer par attaquer ceux de Montalcino, (…/…
161 Début de la phrase au folio précédent : e ‘ suo’ fedeli chi poco e chi assai, e per ogni prigione uno becco, e così (…/…).
162 Début de la phrase au folio précédent : et pour ses fidèles, peu pour les uns et beaucoup pour les autres, et pour chacun, un bouc, et ainsi (…/…
163 Gigli (Diario Sanese, t. II, p. 144), d’accord avec les historiens siennois les plus estimés, ne partage pas l’opinion de Ventura touchant l’origine du nom de Becci donné à cette fontaine. Il cite à ce sujet les assertions de Francesco Patrizi, qui voit dans ce mot une corruption de bessia, terme grec qui signifie lieu désert et boisé.
164 A ce propos, voir : La piramide della battaglia di Monteaperti.
165 L’auteur entend ici les Florentins réfugiés.
166 Début de la phrase au folio précédent : [38, 2] [Nella] prima furo trecento caval[ieri bene] a cavallo e bene in ponto d’arme, e lor capitano fu maestro Ar[igo di Stin]bergo, e alla sua conpagnia [v’era il] franco conte d’Arasi e [avevano] secento fanti a piè co mol[te] (…/…).
167 Début de la phrase au folio précédent : Le premier corps se composait de trois cents cavaliers parfaitement équipés et commandés par maître Arrigo d’Astimbergh, accompagné par le brave comte d’Arras et par six cents fantassins avec beaucoup (…/…
168 Début de la phrase au folio précédent : “E sarebbe meglio di fare ora acordo co.Iloro, che le cose sono giovane, che poi che lle sarano vechie non si possono così aconciare come (…/…).
169 Début de la phrase au folio précédent :« Il serait mieux de traiter avec eux dès le début, car lorsque les choses seront plus avancées, nous serons contraints de (…/…
170 Fascine (du lat. fascina « fagot, botte ») : Fagot de bois ou de branchages, la fascine fait partie des outils d’attaque et de défense des places fortes au Moyen Âge, notamment pour combler les fossés avant une attaque.
171 Début de la phrase au folio précédent : [40, 2] Questo fu come Montalcino fu disfatto, poi cavalcarono ne quel di Firenze, (…/…).
172 Début de la phrase au folio précédent : Les Siennois entrèrent ensuite sur les terres de Florence (…/…
173 Monteluco della Berardenga : hameau de la Commune de Gaiole in Chianti.
174 Monteluco a Lecchi : ancien château détruit dans le secteur de la l’actuelle Commune de Gaiole in Chianti.
175 Castello di Tornano (Gaiole in Chianti.
176 Montecastelli, localité de Gaiole in Chianti.
177 Aujourd’hui commune de Castellina in Chianti.
178 Début de la phrase au folio précédent : [42, 1] Seguitò da poi che lla gente dell’arme, per lla grande vittoria e grande guadagno che fecero, edificaro una bellissima chiesa a honore di Dio e di santo Giorgio, là dove è oggi, in Pantaneto, benché si crede che piccola chiesa di San Giorgio vi fosse, ma ferola grande e magna (…/…).
179 Début de la phrase au folio précédent : Dans la suite, les citoyens, en commémoration de la grande victoire qu’ils avaient remportée, et du profit considérable qui en était résulté pour eux, érigèrent en l’honneur de Dieu et de saint Georges la splendide église qui s’élève aujourd’hui dans Pantaneto. On suppose qu’il y existait, avant la bataille, une petite chapelle dédiée à saint Georges ; mais ils l’agrandirent et lui donnèrent la magnificence (…/…
180 Sur les raisons de l’interdit qui a frappé la ville de Sienne :
181 https://bds.comune.siena.it/it/29/ricerca/detail/9917415062103300/