« Saint, sainte »

Le dictionnaire de Littré, dont la célébrité doit quelque chose à son approche attentive de la langue et à l’abondance de ses références littéraires indique, dans son édition abrégée, qu’ “un saint, [ou] une sainte, [est une] personne qui vit ou qui est morte en état de sainteté » ; il apporte confirmation par ailleurs, à la rubrique « sainteté », de ce que celle-ci réfère à la “qualité de qui est saint.”

Giovanni di Paolo, “Le Christ et les saints porteurs de croix”, vers 1470-1477. Tempera et or sur panneau, 28,6-29 x 200 cm. (30,5 x 202,4 avec ses ajouts modernes). Parme, Galleria Nazionale.

Au prétexte d’aller un peu plus loin dans la connaissance de ce qui fait un saint, le présent article n’est, en réalité, qu’une occasion de regarder une extraordinaire prédelle peinte par Giovanni di Paolo. Sans doute séparée depuis la fin du XVIIIe s., de la Grande Maestà encore visible à Sienne (Pinacoteca Nazionale) à laquelle elle appartenait, cette prédelle est aujourd’hui conservée à Parme (Galleria Nazionale).

Son « iconographie est plutôt insolite.” [1]

Le Christ apparaît au centre, debout sur un rocher, tenant dans son bras gauche une croix plus haute que lui. De la main droite, il donne à voir une inscription qui combine deux versets : l’un de Luc (Lc 14, 27), l’autre de Matthieu (Mc 10,38) : “[…] QVI NO[N] BAIVULAT C[RU]CE[M] SUA[M] ET SEQU[I]TUR ME NO[N] EST ME DIGNVS” (Celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n’est pas digne de moi). De chaque côté, une foule de saints chemine vers le Christ, chacun d’eux “portant appuyée sur l’épaule une pesante croix ; sur leur visage, une expression sereine et transfigurée.” [2] “Tous marchent à pas lents et mesurés, et le rythme grave, humble et doux de leur démarche est marqué et accentué par les montants inclinés des croix qui forment, en plus des acteurs de la scène, un ensemble singulièrement décoratif de lignes et d’angles entrecroisés.” [3]

Giovanni di Paolo, “Le Christ et les saints porteurs de croix”. (détail avec le Christ et Marie sur sa droite). Parme, Galleria Nazionale.

De part et d’autre du Christ, on peut voir :

Certains auteurs ont cru reconnaître ailleurs les saints

Mais il s’agit d’identifications incertaines (beaucoup de ces figures ne présentent pas d’attribut iconographique visible). Il semble, d’ailleurs, que dans l’œuvre, une moindre importance soit accordée à “leur identité individuelle qu’à la communion spirituelle de tous les saints réunis dans l’Imitatio Christi.” [4]

[1] Dorà Sallay, “Giovanni di Paolo : Cristo e santi portacroce”, in La fortuna dei primitivi. Tesori d’arte dalle collezioni italiane fra sette e ottocento, ed. Angelo Tartuferi and Gianluca Tormen. Cat. expo.. (Florence, Galleria dell’Accademia), Milano, Giunti, 2014, pp. 222–224, cat. 23.

[2] Idem.

[3] PERKINS 1931, cité par Dorà Sallay, ibid.

[4] Dorà Sallay, ibid.

Laisser un commentaire