L’Enfer (selon Dante)

EN COURS …

Sandro Botticelli, « La voragine infernale », v. 1480-1495. Pointe d’argent, tempéra et encre sur parchemin, 32,5 x 47,5 cm. Rome, Biblioteca apostolica vaticana.

L’Enfer est l’un des cinq lieux de l’au-delà médiéval. Il constitue aussi le thème du premier des trois cantiques qui, avec le Purgatoire et le Paradis, composent la Divine Comédie de Dante. Chacun des trois cantiques correspondant aux trois règnes de l’au-delà décrits par Dante est formé de trente-trois chants, à l’exception de l’Enfer qui comporte un chant préliminaire. Chaque chant est à son tour subdivisé en tercets dont les rimes sont enchaînées (ABA BCB CDC…).

Quand, au début des temps, l’ange Lucifer se rebella contre Dieu, ce dernier le précipita sur la Terre depuis le Paradis qui se trouve quelque part au-delà du système de rotation géocentrique propre à l’image médiévale de l’univers héritée de Ptolémée. À l’endroit de sa chute, la terre se serait rétractée de terreur à l’idée d’un contact avec lui, créant ainsi l’énorme cavité en entonnoir qui forme l’Enfer. La matière rétractée aurait alors réémergé dans l’hémisphère opposé couvert par les eaux, formant la montagne du Purgatoire qui se dresse au milieu d’une immense mer.

Lucifer est ainsi confiné au centre de la Terre, au point, par conséquent, le plus éloigné de Dieu, immergé jusqu’au buste dans le Cocyte [1]Le Cocyte est un lac souterrain constamment gelé à cause du vent froid produit par le mouvement continuel des six ailes de Lucifer.. À partir du centre de la Terre, sous les pieds de Lucifer, s’ouvre un long boyau conduisant vers la montagne du Purgatoire, dans l’autre hémisphère. 

Schéma de l’enfer selon Dante. D’après

La structure de l’Enfer, en forme d’entonnoir, est composée de neuf cercles qui s’enfoncent en spirale jusqu’au plus profond de la Terre. Les cercles les plus élevés sont nécessairement plus larges car les péchés qui y sont punis sont plus fréquents et donc les damnés plus nombreux. Au fur et à mesure que Dante et Virgile cheminent dans l’Enfer, les cercles se rétrécissent et le nombre d’âmes vouées à la damnation y est moindre que dans ceux qui affleuraient la surface terrestre. Plus on s’approche du centre de la Terre, plus on s’éloigne de Dieu car plus grand est le poids du péché commis par les âmes damnées.

Au-delà des murs de la cité de Dis [2]Dis : Abréviation latine de Dīs Pater, fréquemment écrit Dispater et abrégé Dis : nom romain d’un dieu des Enfers qui, au fil du temps, est devenu Pluton (gr. : pluto : le riche (lat. : dis : riche, opulent, abondant) séparent le cinquième cercle du sixième., se trouvent les pêcheurs ayant commis les fautes les plus lourdes : au cours de leur vie terrestre, loin d’être privés de raison, ils en ont au contraire usé pour commettre sciemment le mal.

Structure de l’enfer [3]Les citations de Dante ainsi que leurs traductions sont extraites de La Divine Comédie (éd. sous la direction de Carlo Ossola, traduction de Jacqueline Risset), Paris, Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 2021.
Chant Lieu Catégorie(s) de damnésPeine enduréePersonnages
présents (ou évoqués)
IUne « forêt obscure » [4]« […] esta selva selvaggia e aspra e forte […]. Tant’è amara che poco è più morta » (« […] cette forêt féroce et âpre et forte […] est si amère que mort l’est à peine plus », v. 5-7., puis une colline. Jérusalem est le centre de ce monde dont le Gange et les colonnes d’Hercule [5]Les Colonnes d’Hercule représentent symboliquement les deux monts qui marquent l’entrée du détroit de Gibraltar, séparant l’Europe et l’Afrique : Calpé (le rocher de Gibraltar) au nord, sur la rive européenne, et Abyla (« le Mont aux Singes », aujourd’hui Djebel Musa) au sud, sur la rive marocaine. Le géographe romain Pomponius Mela (Ier … Poursuivre marquent les deux extrémités.La lonce [6]La lonce (lonza) : félin semblable au lynx, symbole de la luxure., le lion [7]Le lion (leone) représente allégoriquement l’orgueil., la louve [8]La louve (lupa) représente le plus grave des vices des vivants : l’avidité, la soif irrésistible de posséder., le lévrier [9]Le lévrier (veltro), nouvelle figure allégorique, est évoqué comme le monarque universel (l’empereur) qui viendra bloquer l’action destructrice de la louve-avidité dans le monde « [« infin che l’veltro verrà, che la farà morir con doglia » (« jusqu’au jour où viendra le lévrier, qui la fera mourir dans la douleur »), v. 101-102., le poète Virgile [10]Virgile, l’un des plus grands poètes qu’ait connu l’humanité (v. 82), apparaît à Dante, une figure « qu’un long silence avait tout affaiblie » (« chi per lungo silenzio parea fioco », v. 63)., que Dante identifie aussitôt comme son maître. [11]Sont également évoqués au Chant I sans être physiquement présents : les empereurs César et Auguste, Enée, le héros troyen et son père Anchise, Camilla (personnage de l’Enéide de Virgile, Camilla est la jeune reine des Volsques, peuple italique de l’antiquité), Euryale et Nisus (compagnons d’Énée dans l’Enéide de Virgile : V, 294 ; IX, 176 et … Poursuivre
IIPorte de l’EnferDante a peur. [12]« Io cominciai : ‘Poeta che mi guidi, / guarda la mia virtù s’ell’è possente, / prima ch’a l’altro passo tu mi fidi.’ » (« Je commençai : «  Poète qui me guides, / vois bien si la vertu est assez forte, / avant de me confier à ce voyage ardu. »), v. 10-12. Virgile le rassure et évoque Béatrice. [13]« Si ho ben la parola tua intesa », rispuose del magnanimo quell’ombra, « l’anima tua è da viltade offesa ; la qual molte fiate l’omo ingombra :sì che d’onrata impresa lo rivolve, come falso veder bestia quand’ombra. Da questa tema acciò che tu ti solve, dirotti perch’io venni e quel ch’io ‘ntesi nel primo punto che di te mi dolve./ Io … Poursuivre
IIIVestibule de l’Enfer (antinferno) ; au-dessus de la porte de l’Enfer, on peut lire de sombres paroles. [14]« Per me si va ne la città dolente, per me si va ne l’etterno dolore, per me si va tra la perduta gente. Giustizia mosse il mio alto fattore ; fecemi la divina podestate, la somma sapïenza e ‘l primo amore. Dinanzi a me non fuor cose create se non etterne, e io etterno duro. Lasciate ogne speranza, voi ch’intrate » (« Par moi on va dans la cité dolente, par moi … Poursuivre Indolents (ignavi)
[15]Les indolents sont neutres par lâcheté.
Ils courent nus, piqués et griffés par des guêpes et des mouches, et suivent une bannière sans emblème ; leur sang mélangé à leurs larmes est recueilli au sol par la vermine qu’ils piétinent.« […] celui qui fit par lâcheté le grand refus » [16]« […] colui / che fece per viltade il gran rifiuto. » (celui qui fit par lâcheté le grand refus), Enfer, III, 59-60) est le plus souvent considéré comme étant le pape Célestin V.
IIIAchéron [17]Dans la mythologie grecque, l’Achéron est une branche de la rivière souterraine du Styx, sur laquelle Charon transporte en barque les âmes des défunts vers les Enfers. Il reçoit deux affluents en sens contraire : le Cocyte et le Phlégéthon.Âmes qui attendent le passage en bateau vers l’EnferCharon [18]Charon, le passeur, a pour fonction de faire traverser l’Achéron (ou le Styx) aux âmes de tous ceux qui doivent entrer dans le royaume des morts : « Charon, le diable aux yeux de braise, / les recueillent toutes et leur fait signe, battant avec sa rame celles qui s’attardent. » (« Caron dimonio, con occhi di bragia / loro accennando, tutte le raccoglie ; / batte col remo … Poursuivre
IVPremier cercle de l’enfer : le Limbe
(Limbo) des patriarches, puis le « noble château sept fois entouré de haut murs et défendu par une belle rivière » [19]« […] un nobile castello / sette volte cerchiato d’alte mura, / difeso intorno d’un bel fiumicello », v. 106-108. « Le château est ‘noble’ probablement dans le sens indiqué dans le Banquet (livre IV), où la noblesse est interprétée […] comme racine de toute vertu et tendance naturelle à effectuer des actions vertueuses(c’est-à-dire, dans le sens … Poursuivre.
Esprits vertueux non baptisés (Justes de l’Ancien Testament [20]Parmi les Justes, se trouvent les patriarches, les prophètes, ainsi qu’Adam et Ève. Ayant vécu avant le baptême, ils n’ont pu acquérir ce « passeport obligatoire pour le Paradis » (Jacques Le Goff, « L’attente dans le Christianisme : le Purgatoire », Communications, Année 2000, 79, p. 300).), sans autre peine que le désir éternellement insatisfaits de voir DieuDésir éternellement insatisfait de voir Dieu. Homère, le « poète souverain »,  Horace « satiriste », Ovide et Lucain,  Électre,  Hector, ÉnéeCésar « armé au regard de griffon », « Camille et la Penthésilée », Latinus, Lavinia [21]Lavinia ou Lavinie : fille de Latinus., « ce Brutus [22]Premier consul romain. qui chassa Tarquin [le Superbe] [23]« Bruto che cacciò Tarquino », v. 127. », Lucrèce, Julia [24]Julia Caesaris filia ou Julia Augusti filia (39 av. J.-C. – 14 ap. J.-C.) : unique fille biologique du premier empereur romain, Auguste, née de sa seconde épouse Scribonia., Martia [25]Épouse de Caton d’Utique, Martia sera évoquée une nouvelle fois dans le Purgatoire, I, 79-80., Cornélia [26]Il peut s’agir soit de Cornélia (v.  – v. ) : fille de Scipion l’Africain et mère des Gracques dont les actes politiques ont eu un grand retentissement sur l’histoire de Rome ; soit de Cornélia, seconde femme de Pompée, mentionnée par Lucain dans Pharsale (II, 344-349)., SaladinAristote [27]Aristote : « le maître de ceux qui savent » (« […] ‘l maestro di color che sanno »), v. 131., SocratePlaton, Démocrite, Diogène, Anaxagore, Thalès, Empédocle, HéracliteZénonDioscoride [28]Dioscoride : « e vidi il buon accoglitor del quale, Dïascoride dico (« et je vis celui qui décrit les qualités des plantes, je veux dire Dioscoride », v. 139-140.Orphée, TulliusLinus, Sénèque, Euclide « géomètre », Ptolémée, Hippocrate, AvicenneGalien, Averroès « celui qui fit le grand commentaire » [29]« […] colui chel gran comento feo », v. 144. Le « grand commentaire » : le philosophe Averroès, que Dante semble considérer comme un médecin, est « le commentateur d’Aristote par excellence » (Dante Alighieri, op.cit., p. 876, n. 59)..
Sont également évoqués au chant IV : Adam [30]Virgile informe Dante que Jésus lui-même, « un puissant, avec un signe de victoire, et couronné » (« un possente, / con segno di vittoria, coronato », v. 53-54) est venu chercher Adam, « le premier aïeul » (« primo parente », v. 55. ainsi qu’AbelNoé, Moïse, « légiste obéissant », Abraham « patriarche », David « roi », « Israël [Isaac], avec son père [Jacob] et ses enfants, et avec Rachel pour laquelle il fit tant », « et beaucoup d’autres qu’il fit bienheureux [qu’il emmena au ciel »] (« e altri molti, e feceli beati »,  v. 61). En dépit du nombre important des personnages rencontrés ou seulement évoqués au chant IV, Dante précise qu’il ne peut tous les nommer. [31]« Je ne peux les nommer tous pleinement car mon long poème me pousse tant que mon dire souvent doit sauter les faits » ((« Io non posso ritrar di tutti a pieno / però che si mi caccia il lungo tema, / che molte volte al fatto il dir vien meno. » v. 145-147.
VDeuxième cercle [32]Le deuxième cercle de l’Enfer « enclôt moins d’espace, mais douleur plus poignante, et plus de cris. » (« […] che men loco cinghia / e tanto più dolor, che punge a guaio », v. 2-3).« Dante entre en contact avec les premières âmes punies pour leurs actions » (Divine Comédie, op.cit., p. 876, notule).Luxurieux (lussuriosi) emportés par l’ouragan infernal [33]Les luxurieux sont les premières âmes que rencontre Dante à être punies pour leurs actions, les esprits neutres décrits dans les chants précédents n’ayant jamais exercé leur libre arbitre pour choisir entre le bien et le mal. Leur péché d’incontinence est le moins grave des péchés capitaux car le désir charnel est celui que la raison a le plus de mal à dominer : « Intesi … PoursuivreIls sont sans cesse emportés par une tempête de la même manière que pendant leur vie, ils l’ont été par la passion.MinosSémiramis [34]Ninus, son époux auquel elle succéda, est évoqué à la vue de Sémiramis., Didon [35]Didon, princesse phénicienne, fondatrice légendaire et première reine de Carthage, n’est pas nommée mais désignée comme « celle-ci qui se tua par amour en trahissant les cendres de Sichée » (« […] colei che s’ancise amorosa, / e ruppe al cener di Sicheo »)., « la luxurieuse Cléopâtre », HélèneAchillePârisTristanPaolo et Francesca [36]Gianciotto Malatesta, frère de Paolo, est mentionné. De même que Lancelot, héros du roman lut par les amants, et le noble Galehaut qui, dans ce même roman (Lancelot du lac), demande à Guenièvre d’accorder un baiser à Lancelot..
VITroisième cercleGourmands (golosi). [37]Les gourmands sont coupables du « nocif péché de bouche » (« la dannosa colpa de la gola », v. 53.Ils gisent dans la boue sous des pluies incessantes, noires et glaciales ; les âmes sont tourmentées par Cerbère [38]Cerbère, « tel un chien aboyant et vorace » (« qual e cane ch’abbaiando agogna », v. 28), dont Dante fait le gardien du troisième cercle, assourdit les damnés de ses aboiements et les réduit en lambeaux de « ses mains onglées » (« unghiate le mani »), v. 17..Cerbère [39]Voir note précédente., Ciacco [40]Dante engage une longue conversation avec l’esprit du banquier florentin Ciacco (diminutif de Iacopo – Jacques – ou surnom infâmant). Celle-ci ne porte pas sur le péché qui lui vaut sa damnation, mais sur Florence, dont il prédit les désordres après sa déchéance morale, ainsi que sur sa propre « vie sereine » perdue à jamais. Plusieurs personnages sont évoqués … Poursuivre, Plutus [41]Fils de Jason et Déméter, Plutus est, dans la mythologie grecque, le dieu de la richesse. Il a souvent été identifié Pluton. Il apparaît à la fin du chant VI et fait le lien avec le chant VII qui le suit..
VII Quatrième cercle (le récit se déplace dans le cinquième cercle au cours de la dernière partie du chant).Avares et prodigues (avari e prodighi) du 4e cercle roulent des rochers en s’injuriant mutuellement.


Coléreux (iracondi) du 5e cercle : ils sont immergés dans les eaux boueuses du Styx,
.
Ils « sont soumis à un supplice qui rappelle celui de Sisyphe : contraints de pousser inutilement ‘des fardeaux à coup de poitrine’ (v. 27), ils se meuvent dans des directions contraires les uns des autres, exécutant une sorte de danse grotesque et violente. » [42]La divine comédie (éd. sous la direction de Carlo Ossola, traduction de Jacqueline Risset), op. cit., notule, p. 888.Plutus [43]Dante fait de Plutus le gardien du quatrième cercle de l’Enfer. « ‘Pape Satàn, pape Satàn aleppe !’ / commença Plutus à la voix enrouée » (« cominciò Pluto con la voce chiocca »), v. 1-2).. À l’exception de Plutus, Dante et Virgile sont les seuls à prendre la parole [44]Sont cependant évoqués : Charybde et Scylla, monstres marins qui résident dans le détroit de Messine (ou dans les abysses, selon les auteurs), en un lieu où les vagues, en se brisant, créent un gouffre..
VIIICinquième cercleAvares et prodigues (avari e prodighi) du chant VII ; coléreux et pécheurs par acédie (iracondi ed accidiosi).Embourbés dans les eaux marécageuses du Styx, ils se frappent et, le cas échéant [45]C’est le cas de Francesco Argenti., s’auto-mutilent « avec les dents » (« in sé stesso co’ denti » [vv. 58-63]).Phlégyas [46]Phlégyas ou Phlégias : personnage de la mythologie grecque, père d’Ixion et de Coronis. Cette dernière, violée par Apollon, donnera naissance à Esculape, le dieu gréco-romain de la médecine.Rendu furieux par le viol de sa fille, Phlégias incendie le temple d’Apollon à Delphes. Pour ce sacrilège, les dieux le punissent et le condamnent à une peine éternelle au Tartare. Dante fait … Poursuivre, Filippo Argenti degli Adimari [47]Filippo Argenti degli Adimari, dit Argenti parce qu’il auraient ferré son cheval avec des fers d’argent (« equum ferris argenti ferrari fecit » [Chiose Cassinesi cité par Fiorenzo Forti, Enciclopedia Dantesca, 1970 (en ligne).]). L’Argenti est l’ennemi personnel de Dante pour des raisons qui demeurent obscures., démons [48]Au vers 124, Virgile rappelle que les diables tentèrent aussi d’empêcher le Christ d’entrer dans les Limbes (selon l’Évangile de Nicodème, 24,1). protecteurs de la cité de Dité.
IXRemparts de la cité de Dité [49]La cité de Dis, ou Dité, possède des murailles, une tour et une porte à la manière d’une cité médiévale. Le bas enfer se trouve dans l’enceinte de la cité de Dité. Cette enceinte est franchie au Chant IX grâce à l’intervention d’un « envoyé du ciel »..Les Érinyes [50]Les Erinyes sont les trois déesses de la vengeance. Elles seront appelées Furies dans la mythologie romaine. Mégère, Alecto et Tisiphone exhortent Méduse à apparaître ; Thésée, un « envoyé du ciel » [51]« Ben m’accorsi ch’elli era dal ciel messo » (« Je compris que c’était un envoyé du ciel »), v. 85.
(probablement un ange).
XSixième cercle,
parmi les tombeaux enflammés.
Hérétiques (eretici).Ils sont couchés dans des tombes, ouvertes et éternellement brûlantes.Farinata degli Uberti, Epicure, Cavalcante Cavalcanti, Guido Cavalcanti, Frédéric II, Ottoviano degli Ubaldini
XISixième cercle [52]On apprend dans le chant XI la subdivision du septième cercle en 3 gironi : ceux qui ont été violents envers leur prochain, ceux qui furent violents envers eux-mêmes et finalement ceux qui l’ont été envers Dieu, les blasphémateurs, ainsi que ceux qui ont été violents contre la nature (les sodomites).Hérétiques.
XIISeptième cercle

Premier giron
Violents contre leur prochain
(omicidi, tirando e predoni), plongés dans un fleuve de sang bouillant et ceux qui ont commis le péché de fraude.
Tombe du pape Anastase II.
Minotaure, (Thésée [53]Thésée : héros de l’Attique, fils d’Égée (ou de Poséidon) et d’Éthra.Arianna), 
Centaures [54]Les damnés sont tourmentés par les flèches de trois centaures : Chiron (né des amours de Philyra et de Cronos, le plus sage et le plus savant des Centaures), Nessos (Nessos ou Nessus, issu comme la plupart de ses congénères de l’union d’Ixion et Néphélé) et Pholos (fils de Silène et d’une Méliade). Chiron et Pholos n’ont pas le … Poursuivre (Déjanire [55]Déjanire, fille d’Œnée (roi de Calydon) et d’Althée, dernière épouse mortelle d’Héraclès (Hercule à Rome). Hercule fit l’erreur de confier Déjanire au centaure Nessus qui s’était offert de lui faire passer la rivière Evene. Le centaure tenta d’abuser de la princesse une fois parvenu sur l’autre rive. Entendant les appels au secours de … Poursuivre, Achille [56]Héros grec légendaire, fils de la néréide Thétis et du roi des Myrmidons Pélée, réunissant en lui, beauté, haute naissance, formation exceptionnelle et caractère fougueux, Achille est le personnage principal de l’Iliade, épopée homérique qui conte la campagne contre Ilion (Troie), conduite par les Achéens.  La « colère d’Achille », à … Poursuivre),
Alessandro di Fere [57]Alexandre de Phérès (IVe siècle av. J.-C.) : tyran de la cité de Phères en Thessalie de 369 à 358 av. J.-C. Cicéron le cite dans De Officiis comme l’exemple même de l’homme qui veut maintenir sa puissance par la terreur et la crainte, et qui périt victime de la haine qu’il suscite. Valère Maxime … Poursuivre, Denys de Syracuse [58]Dionysios ou Denys de Syracuse, dit l’Ancien ou le Grand (430 av. J.-C. – 367 av. J.-C.) : tyran de Syracuse. Prenant le pouvoir en 405 av. J.-C., il réussit à abattre la démocratie instaurée à Syracuse depuis 465 av. J.-C., année de la mort de Thrasybule, dernier tyran de la dynastie des Deinoménides., Ezzelino III da Romano [59]Ezzelino (o Ecelino) III da Romano, dit le Terrible (…, 1194 – Soncino, 1259) : condottiere, seigneur de la Marche de Trévise., Obizzo II d’Este [60]Obizzo II d’Este (Naples (?), entre 1247 et 1252 – 1293) : seigneur de Ferrare de la Marche d’Ancone et d’Este., Azzo VIII d’Este [61]Azzo VIII d’Este (Ferrare, après 1263 – Este, 1308) : fils di Obizzo II dont il fût probablement aussi l’un des assassins, seigneur de Ferrare, Modena et Reggio de 1293 à sa mort en 1308., Guy de Montfort [62]Guy de Montfort (…, 1243 – Messine, 1288/1291) : comte de Nola, condottière anglais, fils de Simon V de Montfort, cinquième seigneur de Leicester, et d’Eléonore d’Angleterre., Attila [63]Attila le Hun : souverain des Huns de 434 jusqu’à sa mort en mars 453. Il est aussi le chef d’un empire tribal composé de Huns, d’Ostrogoths, et d’Alains (peuple iranien « scythique », mentionné à partir du Ier siècle dans la steppe eurasienne au nord du Caucase.), entre autres, sur le … Poursuivre, Pirro Neottolemo [64]Néoptolème, également appelé Pyrrhus : personnage de la mythologie grecque, fils d’Achille et de la princesse Déidamie (fille du roi Lycomède)., Sesto Pompeo [65]Sesto Pompeo Magno Pio ou Sextus Pompeius Magnus Pius (v. 67 av. J.-C. – Milet (Asie mineure), 35 av. J.-C) : militaire et homme politique de la fin de la République romaine., Rinieri da Corneto [66]Rinieri da Corneto (Tarquinia, … – av. 1300) : maraudeur célèbre pour sa brutalité. Il sévissait principalement le long des routes de la Maremme et de la zone rurale située autour de Rome, appelée l’Agro Romano., Rinieri de’ Pazzi [67]Rinieri de’ Pazzi (… – … ; fin du XIIIe s.) : maraudeur de la famille florentine des Pazzi du Valdarno (ne pas confondre avec les plus célèbre Pazzi florentins). Il vivait de brigandage, attaquant les passants sur certaines routes, notamment celle entre Florence et Arezzo. Pendant un temps, Farinata degli Uberti le rejoignit, à l’occasion d’un bref exil. … Poursuivre.
XIIISeptième cercle

Deuxième giron
Violents contre eux-mêmes
– Suicidés, changés en arbres qui parlent et se lamentent
– Dissipateurs, déchirés par des chiennes (suicidi e scialacquatori).
Pierre des Vignes, Jacques de Saint-André.
XIVSeptième cercle

Troisième giron
Violents contre Dieu (bestemmiatori).Couchés dans le sable sous une pluie de feu
XVSeptième cercle

Troisième giron
Violents contre la Nature, sodomites, (sodomiti)Ils courent sous la pluie de feu.Brunetto Latini
XVISeptième cercle

Troisième giron
Violents contre la Nature.Guido Guerra, Thegghiajo Aldobrandi et Jacopo Rusticucci.
XVIISeptième cercle

Troisième giron puis descente (et arrivée) au 8e cercle
Violents contre l’art, usuriers  (usurai). Assis sous la pluie de feu avec leurs armoiries pendues au cou.Géryon. [68]Dans la mythologie grecque, Géryon est un Géant triple, fils de Chrysaor et de Callirrhoé. Hésiode (Théogonie) décrit Géryon avec un corps mais doté de trois têtes anthropomorphes. Eschyle (Ve s. av. J.-C.) mentionne Géryon et le dote de trois corps joints à la taille. Stésichore, dans un texte perdu, le décrit avec six bras … Poursuivre
XVIIIHuitième cercle :
Maleborge [69]« Luogo è in inferno detto Malebolge,/ tutto di pietra di color ferrigno,/ come la cerchia che dintorno il volge » (« Il est en enfer un lieu dit Maleborge, / tout fait de pierre, couleur du fer, / comme le cercle de riche qui l’entoure. ») XVIII, vv. 1-3.

Première bolge [70]Une bolge est l’une des dix fosses concentriques encerclées de remparts et surplombées de ponts rocheux semblables aux fortifications externes d’un château, et qui constituent le malebolge, nom donné par Dante au huitième cercle de l’Enfer. Voir note ci-après. (it. : bolgia [71]Bolgia signifie proprement bissac (sac ouvert en long par le milieu et fermé par les deux bouts, de sorte qu’il forme comme un double sac). Dante appelle ainsi les divisions du huitième cercle, à cause de leur forme étroite et profonde.)

Deuxième bolge
Fraudeurs
XIXHuitième cercle

Troisième bolge
Simoniaques
XXHuitième cercle

Quatrième bolge
Mages et devins
XXIHuitième cercle

Cinquième bolge
Trafiquants et concussionnaires
XXIIHuitième cercle

Cinquième bolge
Trafiquants dans la paix
XXIIIHuitième cercle

Sixième bolge
Hypocrites, vêtus de chapes dorées doublées de plomb
XXIVHuitième cercle

Sixième bolge
Voleurs
XXVHuitième cercle

Septième bolge
Voleurs
XXVIHuitième cercle

Huitième bolge
Conseillers perfides, entourés de flammes
XXVIIHuitième cercle

Huitième bolge
Conseillers perfides
XXVIIIHuitième cercle

Neuvième bolge
Fauteurs de schismes et de discordes, dépecés par l’épée d’un diable
XXIXHuitième cercle

Dixième bolge
Faussaires
XXXHuitième cercle

Dixième bolge
Faussaires
Falsificateurs de personnes : fous furieux, ils mordent et déchirent leurs compagnons de peine
Falsificateurs de monnaie : hydropiques dévorés par la soif
Falsificateurs de paroles : ils sont dévorés de fièvres ardentes
XXXIDu huitième au neuvième cerclePuits des géants
XXXIINeuvième cercle Traîtres, tous pris dans la glace
– 1ère zone (la Caïne) : traîtres à leurs parents
– 2ème zone (l’Anténore) : traîtres à leur patrie et à leur parti
XXXIIINeuvième cercle– 2ème zone (l’Anténore) : traîtres envers leur patrie
-3ème zone (la Tolomée) : traîtres envers leurs hôtes
XXXIVNeuvième cercle– 4ème zone (la Giudecca) : traîtres envers leurs bienfaiteurs, envers l’autorité humaine ou divine

Notes

Notes
1 Le Cocyte est un lac souterrain constamment gelé à cause du vent froid produit par le mouvement continuel des six ailes de Lucifer.
2 Dis : Abréviation latine de Dīs Pater, fréquemment écrit Dispater et abrégé Dis : nom romain d’un dieu des Enfers qui, au fil du temps, est devenu Pluton (gr. : pluto : le riche (lat. : dis : riche, opulent, abondant) séparent le cinquième cercle du sixième.
3 Les citations de Dante ainsi que leurs traductions sont extraites de La Divine Comédie (éd. sous la direction de Carlo Ossola, traduction de Jacqueline Risset), Paris, Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 2021.
4 « […] esta selva selvaggia e aspra e forte […]. Tant’è amara che poco è più morta » (« […] cette forêt féroce et âpre et forte […] est si amère que mort l’est à peine plus », v. 5-7.
5 Les Colonnes d’Hercule représentent symboliquement les deux monts qui marquent l’entrée du détroit de Gibraltar, séparant l’Europe et l’Afrique : Calpé (le rocher de Gibraltar) au nord, sur la rive européenne, et Abyla (« le Mont aux Singes », aujourd’hui Djebel Musa) au sud, sur la rive marocaine. 
Le géographe romain Pomponius Mela (Ier siècle ap. J.-C.) les décrit ainsi :
« Une très haute montagne fait face à celle qui s’élève sur la côte opposée de l’Hispanie : l’une se nomme Abyla, l’autre Calpé, et toutes deux ensemble les colonnes d’Hercule (« hunc Abylam, illum Calpen, vocant, Columnas Herculis utrumque. »). La fable ajoute qu’autrefois ces deux montagnes n’en faisaient qu’une, qui fut divisée par Hercule ; et qu’ainsi l’Océan, jusqu’alors arrêté par cette barrière, trouva un passage pour se répandre dans les lieux qu’il inonde aujourd’hui. » (Description de la terre, livre I, 5).
6 La lonce (lonza) : félin semblable au lynx, symbole de la luxure.
7 Le lion (leone) représente allégoriquement l’orgueil.
8 La louve (lupa) représente le plus grave des vices des vivants : l’avidité, la soif irrésistible de posséder.
9 Le lévrier (veltro), nouvelle figure allégorique, est évoqué comme le monarque universel (l’empereur) qui viendra bloquer l’action destructrice de la louve-avidité dans le monde « [« infin che l’veltro verrà, che la farà morir con doglia » (« jusqu’au jour où viendra le lévrier, qui la fera mourir dans la douleur »), v. 101-102.
10 Virgile, l’un des plus grands poètes qu’ait connu l’humanité (v. 82), apparaît à Dante, une figure « qu’un long silence avait tout affaiblie » (« chi per lungo silenzio parea fioco », v. 63).
11 Sont également évoqués au Chant I sans être physiquement présents : les empereurs César et Auguste, Enée, le héros troyen et son père Anchise, Camilla (personnage de l’Enéide de Virgile, Camilla est la jeune reine des Volsques, peuple italique de l’antiquité), Euryale et Nisus (compagnons d’Énée dans l’Enéide de Virgile : V, 294 ; IX, 176 et 444), Turnus (roi des Rutules, tué par Énée en combat singulier dans l’Énéide, XII, 945-953), les Muses, Silvius (l’un des rois légendaires d’Albe la Longue), saint PaulBéatrice, la « Madone », sainte LucieRachel.
12 « Io cominciai : ‘Poeta che mi guidi, / guarda la mia virtù s’ell’è possente, / prima ch’a l’altro passo tu mi fidi.’ » (« Je commençai : «  Poète qui me guides, / vois bien si la vertu est assez forte, / avant de me confier à ce voyage ardu. »), v. 10-12.
13 « Si ho ben la parola tua intesa »,
rispuose del magnanimo quell’ombra,
« l’anima tua è da viltade offesa ;
la qual molte fiate l’omo ingombra :
sì che d’onrata impresa lo rivolve,

come falso veder bestia quand’ombra.
Da questa tema acciò che tu ti solve,
dirotti perch’io venni e quel ch’io ‘ntesi
nel primo punto che di te mi dolve.
/ Io era tra color che son sospesi,
/ e donna mi chiamò beata e bella, /
tal che di comandare io la richiesi.
Lucevan li occhi suoi più che la stella ;
e cominciommi a dir soave e piana,
/ con angelica voce, in sua favella :
‘O anima cortese mantoana,
di cui la fama ancor nel mondo dura,
e durerà quanto ‘l mondo lontana,
l’amico mio, e non de la ventura,
ne la diserta piaggia è impedito
sì nel cammin, che vòlt’è per paura ;
e temo che non sia già sì smarrito,
/ ch’io mi sia tardi al soccorso levata,
per quel ch’i ho di lui nel cielo udito.
Or movi, e con la tua parola ornata
e con ciò c’ha mestieri al suo campare,
l’aiuta sì ch’i’ ne sia consolata.
I’ son Beatrice che ti faccio andare
’ […]. »
(« Si j’ai bien compris ta parole »,
répondit l’ombre du magnanime,
« ton âme est accablée de lâcheté ;
laquelle encombre l’homme bien souvent
et le détourne d’une noble entreprise,
comme fausse vision à bête qui s’ombrage.
Je te dirai, pour t’ôter cette crainte,
pourquoi je vins et ce que j’entendis
dans le premier moment où je souffris pour toi.
J’étais parmi ceux qui sont en suspens
quand une dame heureuse et belle m’appela,
telle que je la priai de me commander.
Ses yeux brillaient plus que l’étoile,
et elle me parla, douce et calme,
d’une voix d’ange, en son langage :
‘Ô âme courtoise de Mantoue,
dont la gloire dure encore dans le monde,
et durera autant que le monde,
mon ami vrai, et non ami de la fortune,
est empêché si fort, sur la plage déserte,
que la peur le fait s’en retourner,
et je crains qu’il ne soit déjà si égaré
que je me sois levée trop tard à son secours,
pour ce que j’entendis de lui au ciel.
Va donc, et aide-le si bien
par ta parole ornée, et ce qui peut servir
à son salut, que j’en sois consolée.
Je suis Béatrice, qui te prie d’aller ; […]’) », v. 43-70.
14 « Per me si va ne la città dolente,
per me si va ne l’etterno dolore,
per me si va tra la perduta gente.
Giustizia mosse il mio alto fattore ;
fecemi la divina podestate,
la somma sapïenza e ‘l primo amore.
Dinanzi a me non fuor cose create
se non etterne, e io etterno duro.
Lasciate ogne speranza, voi ch’intrate »
(« Par moi on va dans la cité dolente,
par moi on va dans l’éternelle douleur,
par moi on va parmi la gent perdue.
Justice a mû mon sublime artisan,
puissance divine m’a faite,
et la haute sagesse et le premier amour.
Avant moi rien n’a jamais été créé
qui ne soit éternel, et moi je dure éternellement.
Vous qui entrez, laissez toute espérance »), v. 1-10.
15 Les indolents sont neutres par lâcheté.
16 « […] colui / che fece per viltade il gran rifiuto. » (celui qui fit par lâcheté le grand refus), Enfer, III, 59-60) est le plus souvent considéré comme étant le pape Célestin V.
17 Dans la mythologie grecque, l’Achéron est une branche de la rivière souterraine du Styx, sur laquelle Charon transporte en barque les âmes des défunts vers les Enfers. Il reçoit deux affluents en sens contraire : le Cocyte et le Phlégéthon.
18 Charon, le passeur, a pour fonction de faire traverser l’Achéron (ou le Styx) aux âmes de tous ceux qui doivent entrer dans le royaume des morts : « Charon, le diable aux yeux de braise, / les recueillent toutes et leur fait signe, battant avec sa rame celles qui s’attardent. » (« Caron dimonio, con occhi di bragia / loro accennando, tutte le raccoglie ; / batte col remo qualunque s’adagia. »), v. 109-111.
19 « […] un nobile castello / sette volte cerchiato d’alte mura, / difeso intorno d’un bel fiumicello », v. 106-108. « Le château est ‘noble’ probablement dans le sens indiqué dans le Banquet (livre IV), où la noblesse est interprétée […] comme racine de toute vertu et tendance naturelle à effectuer des actions vertueuses
(c’est-à-dire, dans le sens aristotélicien, excellentes). Les sept murs et les ‘sept portes’ (v. 110) du château font probablement allusion aux vertus éthiques (prudence, tempérance, courage et justice) et dianoétiques (intellect, science et sagesse). C’est justement parce qu’il ne s’agit pas de vertus infuses, mais d’habitus acquis, que ces vertus restent insuffisantes pour le salut. » Voir Dante Alighieri, op. cit., p. 875, note 28.
20 Parmi les Justes, se trouvent les patriarches, les prophètes, ainsi qu’Adam et Ève. Ayant vécu avant le baptême, ils n’ont pu acquérir ce « passeport obligatoire pour le Paradis » (Jacques Le Goff, « L’attente dans le Christianisme : le Purgatoire », Communications, Année 2000, 79, p. 300).
21 Lavinia ou Lavinie : fille de Latinus.
22 Premier consul romain.
23 « Bruto che cacciò Tarquino », v. 127.
24 Julia Caesaris filia ou Julia Augusti filia (39 av. J.-C. – 14 ap. J.-C.) : unique fille biologique du premier empereur romain, Auguste, née de sa seconde épouse Scribonia.
25 Épouse de Caton d’Utique, Martia sera évoquée une nouvelle fois dans le Purgatoire, I, 79-80.
26 Il peut s’agir soit de Cornélia (v.  – v. ) : fille de Scipion l’Africain et mère des Gracques dont les actes politiques ont eu un grand retentissement sur l’histoire de Rome ; soit de Cornélia, seconde femme de Pompée, mentionnée par Lucain dans Pharsale (II, 344-349).
27 Aristote : « le maître de ceux qui savent » (« […] ‘l maestro di color che sanno »), v. 131.
28 Dioscoride : « e vidi il buon accoglitor del quale, Dïascoride dico (« et je vis celui qui décrit les qualités des plantes, je veux dire Dioscoride », v. 139-140.
29 « […] colui chel gran comento feo », v. 144. Le « grand commentaire » : le philosophe Averroès, que Dante semble considérer comme un médecin, est « le commentateur d’Aristote par excellence » (Dante Alighieri, op.cit., p. 876, n. 59).
30 Virgile informe Dante que Jésus lui-même, « un puissant, avec un signe de victoire, et couronné » (« un possente, / con segno di vittoria, coronato », v. 53-54) est venu chercher Adam, « le premier aïeul » (« primo parente », v. 55.
31 « Je ne peux les nommer tous pleinement car mon long poème me pousse tant que mon dire souvent doit sauter les faits » ((« Io non posso ritrar di tutti a pieno / però che si mi caccia il lungo tema, / che molte volte al fatto il dir vien meno. » v. 145-147.
32 Le deuxième cercle de l’Enfer « enclôt moins d’espace, mais douleur plus poignante, et plus de cris. » (« […] che men loco cinghia / e tanto più dolor, che punge a guaio », v. 2-3).« Dante entre en contact avec les premières âmes punies pour leurs actions » (Divine Comédie, op.cit., p. 876, notule).
33 Les luxurieux sont les premières âmes que rencontre Dante à être punies pour leurs actions, les esprits neutres décrits dans les chants précédents n’ayant jamais exercé leur libre arbitre pour choisir entre le bien et le mal. Leur péché d’incontinence est le moins grave des péchés capitaux car le désir charnel est celui que la raison a le plus de mal à dominer : « Intesi ch’a così fatto tormento / enno dannati i peccator carnali, / che la ragion sommettono al talento » (« Et je compris qu’un tel tourment / était le sort des pêcheurs charnels, / qui soumettent la raison aux appétits »), v. 38-39.
34 Ninus, son époux auquel elle succéda, est évoqué à la vue de Sémiramis.
35 Didon, princesse phénicienne, fondatrice légendaire et première reine de Carthage, n’est pas nommée mais désignée comme « celle-ci qui se tua par amour en trahissant les cendres de Sichée » (« […] colei che s’ancise amorosa, / e ruppe al cener di Sicheo »).
36 Gianciotto Malatesta, frère de Paolo, est mentionné. De même que Lancelot, héros du roman lut par les amants, et le noble Galehaut qui, dans ce même roman (Lancelot du lac), demande à Guenièvre d’accorder un baiser à Lancelot.
37 Les gourmands sont coupables du « nocif péché de bouche » (« la dannosa colpa de la gola », v. 53.
38 Cerbère, « tel un chien aboyant et vorace » (« qual e cane ch’abbaiando agogna », v. 28), dont Dante fait le gardien du troisième cercle, assourdit les damnés de ses aboiements et les réduit en lambeaux de « ses mains onglées » (« unghiate le mani »), v. 17.
39 Voir note précédente.
40 Dante engage une longue conversation avec l’esprit du banquier florentin Ciacco (diminutif de Iacopo – Jacques – ou surnom infâmant). Celle-ci ne porte pas sur le péché qui lui vaut sa damnation, mais sur Florence, dont il prédit les désordres après sa déchéance morale, ainsi que sur sa propre « vie sereine » perdue à jamais. Plusieurs personnages sont évoqués dans le monologue de Ciacco : Farinata degli Uberti (chef du parti gibelin, mort en 1264), Tegghiaio Aldobrandi (« Tegghiaio » Aldobrandi degli Adimari, guelfe, mort en 1266 ; nous le retrouverons au chant XVI de l’Enfer), Iacopo Rusticucci (guelfe, également, mort en 1269, réapparaîtra également au chant XVI), Arrigo, Mosca dei Lamberti.
41 Fils de Jason et Déméter, Plutus est, dans la mythologie grecque, le dieu de la richesse. Il a souvent été identifié Pluton. Il apparaît à la fin du chant VI et fait le lien avec le chant VII qui le suit.
42 La divine comédie (éd. sous la direction de Carlo Ossola, traduction de Jacqueline Risset), op. cit., notule, p. 888.
43 Dante fait de Plutus le gardien du quatrième cercle de l’Enfer. « ‘Pape Satàn, pape Satàn aleppe !’ / commença Plutus à la voix enrouée » (« cominciò Pluto con la voce chiocca »), v. 1-2).
44 Sont cependant évoqués : Charybde et Scylla, monstres marins qui résident dans le détroit de Messine (ou dans les abysses, selon les auteurs), en un lieu où les vagues, en se brisant, créent un gouffre.
45 C’est le cas de Francesco Argenti.
46 Phlégyas ou Phlégias : personnage de la mythologie grecque, père d’Ixion et de Coronis. Cette dernière, violée par Apollon, donnera naissance à Esculape, le dieu gréco-romain de la médecine.
Rendu furieux par le viol de sa fille, Phlégias incendie le temple d’Apollon à Delphes. Pour ce sacrilège, les dieux le punissent et le condamnent à une peine éternelle au Tartare. Dante fait du personnage le gardien du Cinquième cercle.
47 Filippo Argenti degli Adimari, dit Argenti parce qu’il auraient ferré son cheval avec des fers d’argent (« equum ferris argenti ferrari fecit » [Chiose Cassinesi cité par Fiorenzo Forti, Enciclopedia Dantesca, 1970 (en ligne).]). L’Argenti est l’ennemi personnel de Dante pour des raisons qui demeurent obscures.
48 Au vers 124, Virgile rappelle que les diables tentèrent aussi d’empêcher le Christ d’entrer dans les Limbes (selon l’Évangile de Nicodème, 24,1).
49 La cité de Dis, ou Dité, possède des murailles, une tour et une porte à la manière d’une cité médiévale. Le bas enfer se trouve dans l’enceinte de la cité de Dité. Cette enceinte est franchie au Chant IX grâce à l’intervention d’un « envoyé du ciel ».
50 Les Erinyes sont les trois déesses de la vengeance. Elles seront appelées Furies dans la mythologie romaine.
51 « Ben m’accorsi ch’elli era dal ciel messo » (« Je compris que c’était un envoyé du ciel »), v. 85.
52 On apprend dans le chant XI la subdivision du septième cercle en 3 gironi : ceux qui ont été violents envers leur prochain, ceux qui furent violents envers eux-mêmes et finalement ceux qui l’ont été envers Dieu, les blasphémateurs, ainsi que ceux qui ont été violents contre la nature (les sodomites).
53 Thésée : héros de l’Attique, fils d’Égée (ou de Poséidon) et d’Éthra.
54 Les damnés sont tourmentés par les flèches de trois centaures : Chiron (né des amours de Philyra et de Cronos, le plus sage et le plus savant des Centaures), Nessos (Nessos ou Nessus, issu comme la plupart de ses congénères de l’union d’Ixion et Néphélé) et Pholos (fils de Silène et d’une Méliade). Chiron et Pholos n’ont pas le caractère sauvage des autres centaures ; ils sont hospitaliers, bienfaisants, aiment les hommes, et ne recourent pas à la violence.
55 Déjanire, fille d’Œnée (roi de Calydon) et d’Althée, dernière épouse mortelle d’Héraclès (Hercule à Rome). Hercule fit l’erreur de confier Déjanire au centaure Nessus qui s’était offert de lui faire passer la rivière Evene. Le centaure tenta d’abuser de la princesse une fois parvenu sur l’autre rive. Entendant les appels au secours de Déjanire, Hercule atteignit le centaure d’une flèche empoisonnée du sang de l’Hydre.
56 Héros grec légendaire, fils de la néréide Thétis et du roi des Myrmidons Pélée, réunissant en lui, beauté, haute naissance, formation exceptionnelle et caractère fougueux, Achille est le personnage principal de l’Iliade, épopée homérique qui conte la campagne contre Ilion (Troie), conduite par les Achéens.  La « colère d’Achille », à l’origine de la mort de nombreux héros grecs catalyse à elle seule tous les éléments du mythe.
57 Alexandre de Phérès (IVe siècle av. J.-C.) : tyran de la cité de Phères en Thessalie de 369 à 358 av. J.-C. Cicéron le cite dans De Officiis comme l’exemple même de l’homme qui veut maintenir sa puissance par la terreur et la crainte, et qui périt victime de la haine qu’il suscite. Valère Maxime et Plutarque ont évoqué son caractère.
58 Dionysios ou Denys de Syracuse, dit l’Ancien ou le Grand (430 av. J.-C. – 367 av. J.-C.) : tyran de Syracuse. Prenant le pouvoir en 405 av. J.-C., il réussit à abattre la démocratie instaurée à Syracuse depuis 465 av. J.-C., année de la mort de Thrasybule, dernier tyran de la dynastie des Deinoménides.
59 Ezzelino (o Ecelino) III da Romano, dit le Terrible (…, 1194 – Soncino, 1259) : condottiere, seigneur de la Marche de Trévise.
60 Obizzo II d’Este (Naples (?), entre 1247 et 1252 – 1293) : seigneur de Ferrare de la Marche d’Ancone et d’Este.
61 Azzo VIII d’Este (Ferrare, après 1263 – Este, 1308) : fils di Obizzo II dont il fût probablement aussi l’un des assassins, seigneur de Ferrare, Modena et Reggio de 1293 à sa mort en 1308.
62 Guy de Montfort (…, 1243 – Messine, 1288/1291) : comte de Nola, condottière anglais, fils de Simon V de Montfort, cinquième seigneur de Leicester, et d’Eléonore d’Angleterre.
63 Attila le Hun : souverain des Huns de 434 jusqu’à sa mort en mars 453. Il est aussi le chef d’un empire tribal composé de Huns, d’Ostrogoths, et d’Alains (peuple iranien « scythique », mentionné à partir du Ier siècle dans la steppe eurasienne au nord du Caucase.), entre autres, sur le territoire de l’Europe centrale et orientale.
64 Néoptolème, également appelé Pyrrhus : personnage de la mythologie grecque, fils d’Achille et de la princesse Déidamie (fille du roi Lycomède).
65 Sesto Pompeo Magno Pio ou Sextus Pompeius Magnus Pius (v. 67 av. J.-C. – Milet (Asie mineure), 35 av. J.-C) : militaire et homme politique de la fin de la République romaine.
66 Rinieri da Corneto (Tarquinia, … – av. 1300) : maraudeur célèbre pour sa brutalité. Il sévissait principalement le long des routes de la Maremme et de la zone rurale située autour de Rome, appelée l’Agro Romano.
67 Rinieri de’ Pazzi (… – … ; fin du XIIIe s.) : maraudeur de la famille florentine des Pazzi du Valdarno (ne pas confondre avec les plus célèbre Pazzi florentins). Il vivait de brigandage, attaquant les passants sur certaines routes, notamment celle entre Florence et Arezzo. Pendant un temps, Farinata degli Uberti le rejoignit, à l’occasion d’un bref exil. Il fut excommunié par le pape Clément IV en 1268, après avoir attaqué un groupe d’ecclésiastiques se rendant à Rome, Dante l’a placé parmi les maraudeurs du VIIe cercle de l’Enfer, à côté de son compère et homonyme Rinieri da Corneto (Enfer, XII, 137-138). Dante a également cité parmi les traîtres Camicione de ‘Pazzi, issu de la même famille.
68 Dans la mythologie grecque, Géryon est un Géant triple, fils de Chrysaor et de Callirrhoé. Hésiode (Théogonie) décrit Géryon avec un corps mais doté de trois têtes anthropomorphes. Eschyle (Ve s. av. J.-C.) mentionne Géryon et le dote de trois corps joints à la taille. Stésichore, dans un texte perdu, le décrit avec six bras et trois corps. Le texte le plus complet est celui de la Bibliothèque du pseudo-Apollodore (Ier ou IIe s. apr. J.-C.). Dans cette version de la légende, Géryon est tué par Héraclès qui peut ainsi s’emparer de son troupeau de bœufs et accomplir le dixième de ses travaux. Héraclès traverse le désert libyen et arrive en Érythie. Alors qu’il vient d’arriver, il tue le bouvier Eurytion, et est attaqué par Orthros, le chien à deux têtes de Géryon. Orthros serait le frère de Cerbère. D’un seul coup de sa massue en bois d’olivier, Héraclès tue le chien. Lorsque Géryon est mis au courant, il s’arme de ses trois boucliers, trois lances et met ses trois casques. Il poursuit Héraclès et tombe, victime d’une flèche empoisonnée qui avait été plongée dans le venin de l’Hydre de Lerne. Héraclès peut ainsi dérober les bœufs et les ramener à Eurysthée.
69 « Luogo è in inferno detto Malebolge,/ tutto di pietra di color ferrigno,/ come la cerchia che dintorno il volge » (« Il est en enfer un lieu dit Maleborge, / tout fait de pierre, couleur du fer, / comme le cercle de riche qui l’entoure. ») XVIII, vv. 1-3.
70 Une bolge est l’une des dix fosses concentriques encerclées de remparts et surplombées de ponts rocheux semblables aux fortifications externes d’un château, et qui constituent le malebolge, nom donné par Dante au huitième cercle de l’Enfer. Voir note ci-après.
71 Bolgia signifie proprement bissac (sac ouvert en long par le milieu et fermé par les deux bouts, de sorte qu’il forme comme un double sac). Dante appelle ainsi les divisions du huitième cercle, à cause de leur forme étroite et profonde.